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Jelinek, Elfriede - littérature.

Publié le 30/04/2013

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Jelinek, Elfriede - littérature. 1 PRÉSENTATION Jelinek, Elfriede (1946- ), romancière et dramaturge autrichienne, prix Nobel de littérature en 2004. 2 « L'ENFANCE, C'EST CE QUI FORGE L'ARTISTE « Née à Mürzzuschlag, dans l'est de l'Autriche, Elfriede Jelinek grandit entre un père tchèque d'origine juive, de sensibilité socialiste et une mère d'origine roumaine, grande bourgeoise catholique. Dès l'âge de 7 ans, elle est initiée à la musique par sa mère, qui l'oblige à prendre des cours de violon, d'alto et de piano. À 16 ans, elle entre au Conservatoire de musique de Vienne pour étudier la composition. Elle se plonge dans le langage qui devient pour elle une arme contre sa mère excessive. Elle continue cependant l'étude de la musique tout en prenant des cours de théâtre et en suivant un cursus d'histoire de l'art à l'université de Vienne. En 1968, son père meurt aliéné dans un asile. 3 « LE LANGAGE COMME UNE MUSIQUE « En 1971, Elfriede Jelinek obtient un diplôme d'organiste, mais préfère la littérature à la musique : « je ne suis pas douée pour les mathématiques. Pour composer, il faut calculer tout le temps. [...] En littérature, le problème ne se pose pas. « Elle veut cependant « utiliser le langage comme une musique dont le matériau serait le mot «. Elfriede Jelinek écrit comme on compose, elle travaille le mot avec sa sonorité, sa tonalité, son rythme. Sa prose s'approche même parfois de l'hymne, de l'incantation, de la poésie. Son style est multiple, usant de plusieurs niveaux de langage et s'interrogeant sans cesse sur la langue, allant de plus en plus vers une décomposition du langage. C'est une langue subversive, d'une grande violence, dans la lignée des satiristes comme Thomas Mann. 4 « J'AI DÛ CRIER TRÈS FORT « Elfriede Jelinek écrit d'abord de la poésie avant de choisir comme lieu d'expression le roman satirique et la critique de la société autrichienne. Son premier roman, Wir sind Lockvögel, baby! (« Nous sommes des appâts, baby ! «, 1970), dénonce la culture populaire et les mensonges véhiculés par la société. « En raison de l'histoire de ma famille, je me suis sentie engagée, j'ai dû crier très fort à chaque fois que j'ai constaté des tendances totalitaires «, affirme-t-elle pour justifier cette écriture militante qui la caractérise. Dans toute son oeuvre, à travers des destins personnels, elle dénonce sans cesse la culture patriarcale dans laquelle la femme ne trouve pas sa place, les rapports de forces sociaux, familiaux et sexuels, l'indifférence des hommes par rapport au monde et aux discriminations, l'aliénation de l'individu notamment par l'industrie du divertissement et enfin la perversité, l'obscénité et les faux-semblants de la société autrichienne. Elle n'est pas tendre avec son pays, dont l'attitude face au poids du passé lui est intolérable. « Toute une vie j'ai voulu venger mon père «, persécuté par les nazis autrichiens. De cette Autriche, qui lui inspire un violent dégoût, elle exacerbe tous les travers de la société contemporaine, ce qui lui vaut très souvent les foudres de ses compatriotes. Sur ce thème récurrent, les Exclus (Die Ausgesperrten, 1980) parle du besoin d'amnésie de l'Autriche et de son refus d'exorciser son passé, sa pièce de théâtre Burgtheater (1984) traite de l'irresponsabilité des Autrichiens et Die Kinder der Toten (« les Enfants des morts «, 1995), insiste sur le poids du passé autrichien. 5 UNE VOIX FÉMININE QUI NE SE VEUT PAS FÉMINISTE Après le succès des Amantes (Die Liebhaberinnen, 1975), portrait ironique et pessimiste de deux femmes sur fond d'une société autrichienne lâche et mensongère, c'est la Pianiste (Die Klavierspielerin, 1983) qui fait réellement connaître Elfriede Jelinek (premier livre publié en France en 1988). Roman quasi-autobiographique, la Pianiste raconte les difficiles relations de soumission entre une fille et sa mère, ainsi que l'aliénation par la musique. Le roman est adapté au cinéma par Michael Haneke en 2001. Lust (1989) (littéralement « envie «) est « le livre [qu'elle a] toujours voulu écrire «, sur le désir, la jouissance de la femme. Inspirée du roman pornographique, l'Histoire de l'oeil, de Georges Bataille, elle a voulu proposer un vision féminine du plaisir, mais elle considère qu'« il ne peut y avoir de langue spécifiquement féminine du plaisir et de l'obscénité, parce que l'objet de la pornographie ne peut avoir de langage qui lui soit propre. « Son théâtre ne veut refléter aucune psychologie. Lieu artificiel, berceau de la langue travaillée (ses personnages sont « des surfaces linguistiques «), il fait « se rencontrer des idées «. Il est à son sens très féminin, revendiquant le droit à la parole pour lequel les femmes ont toujours dû se battre. Ses personnages principaux sont souvent des femmes, comme dans Ce qui arriva quand Nora quitta son mari ou les piliers des sociétés (Nora, 1979), suite de la Maison de poupée d'Henrik Ibsen où Nora, qui échoue dans son émancipation, retourne à la case départ, victime de la société et victime d'elle-même. De même Clara S. (1984), tragédie musicale, met en scène une femme pianiste dans un monde dominé par les hommes où elle ne reste au final qu'une mère, une épouse et a du mal à s'imposer comme artiste. 6 UNE OEUVRE SUBVERSIVE ET VARIÉE Dérangeante, l'oeuvre d'Elfriede Jelinek est reconnue dans de nombreux pays, notamment en Allemagne où elle publie ses romans. Elle partage d'ailleurs sa vie entre Vienne et Munich. L'écrivain engagé, de moins en moins militante pourtant, entretient une relation très difficile avec l'Autriche conservatrice qui considère son oeuvre comme une traîtrise. Elle a également écrit de nombreuses pièces radiophoniques (depuis 1974), traduit quelques écrivains français et anglophones, écrit un livret d'opéra et travaillé comme scénariste pour le cinéma. Elfriede Jelinek a reçu plusieurs récompenses littéraires, notamment le prix autrichien de poésie des collèges universitaires en 1969, le prix Heinrich Böll de la ville de Cologne en 1986, ou le prix de théâtre de Berlin en 2002. En 2004, elle reçoit le prix Nobel de littérature « pour le flot musical de voix et contre-voix dans ses romans «. L'académie suédoise souligne également que son oeuvre dévoile « avec une exceptionnelle passion langagière l'absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux «. L'écrivain a affirmé que ce prix n'était pas « une fleur à la boutonnière de l'Autriche «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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