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La démarche sectaire

Publié le 29/04/2013

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La démarche sectaire, quelle qu’en soit l’origine, entraîne le risque d’une rupture entre un groupe affirmant détenir la vérité absolue et le reste de la société. Elle caractérise nombre de mouvements qui ne sont pas pour autant des sectes dangereuses. Le phénomène sectaire est complexe et mouvant. Dans la tradition religieuse, il désigne un groupe hérétique, « une église qui n’a pas réussi « pour certains, un « nouveau mouvement religieux « pour d’autres. Aujourd’hui, le terme renvoie à l’idée de danger pour les personnes ou pour la société. Il ne s’inscrit pas forcément dans un courant religieux. On ne peut se fier totalement aux listes de sectes répertoriées : tel mouvement, apparemment inoffensif à l’origine, se révélera par la suite déstabilisant pour ses adeptes ; tel autre, fondé sur des théories absurdes, ne dépassera pas un groupe d’adultes consentants. Malgré l’absence de définition juridique, des travaux concordants ont permis de définir des critères de dangerosité et d’identifier des stratégies. Les critères de dangerosité selon le rapport parlementaire Guyard (20.12.95) concernent les personnes (déstabilisation mentale, atteintes à l’intégrité physique, exigences financières exorbitantes, rupture avec l’environnement d’origine, embrigadement des enfants) ou la collectivité (détournement des circuits économiques, discours antisocial, troubles à l’ordre public, démêlés judiciaires, infiltration des pouvoirs publics). Une approche plus sociologique, fondée sur plusieurs travaux (Anne Fournier, Michel Monroy, Wilson, Beckford) conduit à d’autres critères : présence d’un chef charismatique autoritaire, de ses successeurs ou de ses représentants, pressions sur les adeptes pour parvenir à une allégeance inconditionnelle, engagement pour un mode de vie, éventuellement par enfermement ou exil, irréversibilité visée de cet engagement, rupture des relations antérieures, déconstruction de la personnalité. Elle permet aussi de caractériser certaines des méthodes le plus souvent utilisées : dissimulation des finalités (sociétés écran, masques divers), exploitation des personnes, au mépris de leur dignité et des lois sociales, parfois, atteintes à l’intégrité physique (privation de sommeil, de nourriture, voire drogues), - procédés d’endoctrinement tels que culpabilisation/séduction, témoignages programmés, utilisation des attentes repérées par des tests de personnalité, diabolisation de ce qui n’est pas le groupe, utilisation de sons, images ou propos répétés jusqu’à l’obsession, langage propre contribuant à isoler le groupe... On notera que certains critères, certaines méthodes peuvent se rencontrer ailleurs que dans les sectes. Selon Michel Monroy et Anne Fournier, peu de groupes réunissent tous les critères mentionnés, mais la présence de plusieurs d’entre eux dans un même groupe ou le recours aux méthodes indiquées doivent conduire à la plus grande prudence. Le mot secte apparaît devoir être réservé au cas particulier, souvent extrême, des organisations de type totalitaire qui obtiennent une emprise sur l’autre, sujétion obtenue à son seul profit, exploitation de l’homme par l’homme quand ce n’est pas, dans le cas des groupes terroristes et des projets totalitaires, la volonté d’asservir ou de détruire ceux ne partageant pas la même appartenance, la même philosophie, la même religion. Rappelons que, pour qualifier un groupe de secte et le distinguer de toutes les organisations alimentant le phénomène sectaire, il faut qu’il présente un caractère coercitif, que la personnalité des adeptes ait été détruite, qu’une nouvelle personnalité ait été reconstruite. C’est bien le cas des adeptes de la Scientologie, de Moon, et de bien d’autres. Par contre, ce n’est pas vraiment le cas des nombreux groupes où l’on croit aux vertus extraordinaires de certaines techniques, aux pouvoirs de thaumaturges, ni même des mouvements dont toute rationalité est absente. Bien qu’il soit inopportun de traiter ces groupes de sectes, il ne faut pas ignorer le risque de les voir évoluer vers un caractère nettement sectaire et totalitaire, le thaumaturge devenant gourou et l’usager adepte. Quelques caractéristiques du phénomène sectaire  La diversité Le rapport Guyard déjà cité propose une typologie des mouvements sectaires selon le type dominant : mouvance New Age, orientalistes, guérisseurs, occultistes, apocalyptiques, évangéliques, pseudo-catholiques, syncrétiques, psychanalytiques, extraterrestres, alternatifs, sataniques, néopaïens. Un même mouvement peut relever de plusieurs types, par exemple se vouloir à la fois syncrétique et guérisseur. Le nombre d’adeptes est aussi très variable : on trouve des multinationales dont certaines revendiquent une forte expansion comme la Scientologie, ou sont en situation de stagnation voire de déclin en France comme Moon, ou des micro groupes. Selon la Miviludes*, ces derniers se multiplient, en particulier en utilisant Internet, qui permet aussi de constituer des réseaux à partir d’internautes isolés. Les mouvements sataniques, très minoritaires il y a une dizaine d’années, sont en progression en France et dans les autres pays européens.  L’importance Le nombre de mouvements sectaires est d’autant plus difficile à évaluer que plusieurs groupes présentent des caractères inquiétants sans pour autant pouvoir être clairement identifiés. Aussi les estimations sont-elles toujours divergentes : 116 selon le rapport Vivien en 1983 contre 200 au même moment pour le ministère de l’Intérieur ; 172 selon le rapport Guyard ; bien davantage si l’on inclut les micro groupes auxquels s’intéresse aussi la Miviludes. Le nombre des adeptes est tout aussi problématique ; il est difficile de distinguer les cadres des usagers réguliers ou occasionnels (stagiaires, consultants...) La population influencée par les sectes, minorités religieuses comprises, a été évaluée à 20% dans la région de Chicago et à 10% pour l’ensemble de l’Amérique du Nord dans les années 70 ! En France, une enquête du Centre Roger Ikor dans les années 90 la situait autour de 3%. Les adeptes constituent donc de faibles minorités, pourtant le phénomène sectaire existe et inquiète, pour plusieurs raisons : il peut conduire à des drames retentissants, comme les meurtres ou suicides collectifs, Guyana ou le Vercors par exemple, il brise ou ruine des familles, il constitue un trouble à l’ordre public, une atteinte à la dignité et aux droits de la personne, il est l’indicateur d’un phénomène plus large où se mêlent aspiration à la réussite ou au salut et besoin de miracle, perte du sens critique et de la responsabilité.  Le caractère essentiellement non religieux Nombreuses sont les sectes à n’avoir aucun caractère religieux. En outre, si les particuliers et les associations peuvent critiquer les doctrines des sectes, en revanche, la laïcité implique que les pouvoirs publics ne traitent pas le phénomène sectaire à travers le prisme des idéologies, mais au travers de la seule atteinte à l’ordre public. Si le sectarisme soulève un problème de libertés publiques, ce n’est donc pas la liberté religieuse telle qu’elle est définie à l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’Homme qui est le moins du monde menacée. En fait le problème est plus délicat encore. Le propre de la secte est de porter atteinte aux droits fondamentaux et à la dignité humaine quotidiennement, mais avec le consentement des victimes. En effet, la coercition ne réside pas, dans la quasi-totalité des cas, dans la contrainte physique ni dans une obligations contractuelle. Le sectateur se trouve dans une soumission volontaire qui l’amène à accepter de travailler gratuitement, à répondre favorablement à des sollicitations assimilables au harcèlement, à sacrifier son aisance financière ou encore suivant les cas à laisser porter atteinte à son intégrité sexuelle. Le renoncement de l’individu à sa liberté est -il valide ? Tel est le problème de libertés publiques posé par le sectarisme. La laïcité, dans son principe même, est le contraire de tout sectarisme. L’exigence d’une éducation respectueuse des enfants et apte à développer leur sens critique est l’un des meilleurs moyens de prévention des dérives sectaires. La démarche sectaire, quelle qu’en soit l’origine, entraîne le risque d’une rupture entre un groupe affirmant détenir la vérité absolue et le reste de la société. Elle caractérise nombre de mouvements qui ne sont pas pour autant des sectes dangereuses. Le phénomène sectaire est complexe et mouvant. Dans la tradition religieuse, il désigne un groupe hérétique, « une église qui n’a pas réussi « pour certains, un « nouveau mouvement religieux « pour d’autres. Aujourd’hui, le terme renvoie à l’idée de danger pour les personnes ou pour la société. Il ne s’inscrit pas forcément dans un courant religieux. On ne peut se fier totalement aux listes de sectes répertoriées : tel mouvement, apparemment inoffensif à l’origine, se révélera par la suite déstabilisant pour ses adeptes ; tel autre, fondé sur des théories absurdes, ne dépassera pas un groupe d’adultes consentants. Malgré l’absence de définition juridique, des travaux concordants ont permis de définir des critères de dangerosité et d’identifier des stratégies. Les critères de dangerosité selon le rapport parlementaire Guyard (20.12.95) concernent les personnes (déstabilisation mentale, atteintes à l’intégrité physique, exigences financières exorbitantes, rupture avec l’environnement d’origine, embrigadement des enfants) ou la collectivité (détournement des circuits économiques, discours antisocial, troubles à l’ordre public, démêlés judiciaires, infiltration des pouvoirs publics). Une approche plus sociologique, fondée sur plusieurs travaux (Anne Fournier, Michel Monroy, Wilson, Beckford) conduit à d’autres critères : présence d’un chef charismatique autoritaire, de ses successeurs ou de ses représentants, pressions sur les adeptes pour parvenir à une allégeance inconditionnelle, engagement pour un mode de vie, éventuellement par enfermement ou exil, irréversibilité visée de cet engagement, rupture des relations antérieures, déconstruction de la personnalité. Elle permet aussi de caractériser certaines des méthodes le plus souvent utilisées : dissimulation des finalités (sociétés écran, masques divers), exploitation des personnes, au mépris de leur dignité et des lois sociales, parfois, atteintes à l’intégrité physique (privation de sommeil, de nourriture, voire drogues), - procédés d’endoctrinement tels que culpabilisation/séduction, témoignages programmés, utilisation des attentes repérées par des tests de personnalité, diabolisation de ce qui n’est pas le groupe, utilisation de sons, images ou propos répétés jusqu’à l’obsession, langage propre contribuant à isoler le groupe... On notera que certains critères, certaines méthodes peuvent se rencontrer ailleurs que dans les sectes. Selon Michel Monroy et Anne Fournier, peu de groupes réunissent tous les critères mentionnés, mais la présence de plusieurs d’entre eux dans un même groupe ou le recours aux méthodes indiquées doivent conduire à la plus grande prudence. Le mot secte apparaît devoir être réservé au cas particulier, souvent extrême, des organisations de type totalitaire qui obtiennent une emprise sur l’autre, sujétion obtenue à son seul profit, exploitation de l’homme par l’homme quand ce n’est pas, dans le cas des groupes terroristes et des projets totalitaires, la volonté d’asservir ou de détruire ceux ne partageant pas la même appartenance, la même philosophie, la même religion. Rappelons que, pour qualifier un groupe de secte et le distinguer de toutes les organisations alimentant le phénomène sectaire, il faut qu’il présente un caractère coercitif, que la personnalité des adeptes ait été détruite, qu’une nouvelle personnalité ait été reconstruite. C’est bien le cas des adeptes de la Scientologie, de Moon, et de bien d’autres. Par contre, ce n’est pas vraiment le cas des nombreux groupes où l’on croit aux vertus extraordinaires de certaines techniques, aux pouvoirs de thaumaturges, ni même des mouvements dont toute rationalité est absente. Bien qu’il soit inopportun de traiter ces groupes de sectes, il ne faut pas ignorer le risque de les voir évoluer vers un caractère nettement sectaire et totalitaire, le thaumaturge devenant gourou et l’usager adepte. Quelques caractéristiques du phénomène sectaire  La diversité Le rapport Guyard déjà cité propose une typologie des mouvements sectaires selon le type dominant : mouvance New Age, orientalistes, guérisseurs, occultistes, apocalyptiques, évangéliques, pseudo-catholiques, syncrétiques, psychanalytiques, extraterrestres, alternatifs, sataniques, néopaïens. Un même mouvement peut relever de plusieurs types, par exemple se vouloir à la fois syncrétique et guérisseur. Le nombre d’adeptes est aussi très variable : on trouve des multinationales dont certaines revendiquent une forte expansion comme la Scientologie, ou sont en situation de stagnation voire de déclin en France comme Moon, ou des micro groupes. Selon la Miviludes*, ces derniers se multiplient, en particulier en utilisant Internet, qui permet aussi de constituer des réseaux à partir d’internautes isolés. Les mouvements sataniques, très minoritaires il y a une dizaine d’années, sont en progression en France et dans les autres pays européens.  L’importance Le nombre de mouvements sectaires est d’autant plus difficile à évaluer que plusieurs groupes présentent des caractères inquiétants sans pour autant pouvoir être clairement identifiés. Aussi les estimations sont-elles toujours divergentes : 116 selon le rapport Vivien en 1983 contre 200 au même moment pour le ministère de l’Intérieur ; 172 selon le rapport Guyard ; bien davantage si l’on inclut les micro groupes auxquels s’intéresse aussi la Miviludes. Le nombre des adeptes est tout aussi problématique ; il est difficile de distinguer les cadres des usagers réguliers ou occasionnels (stagiaires, consultants...) La population influencée par les sectes, minorités religieuses comprises, a été évaluée à 20% dans la région de Chicago et à 10% pour l’ensemble de l’Amérique du Nord dans les années 70 ! En France, une enquête du Centre Roger Ikor dans les années 90 la situait autour de 3%. Les adeptes constituent donc de faibles minorités, pourtant le phénomène sectaire existe et inquiète, pour plusieurs raisons : il peut conduire à des drames retentissants, comme les meurtres ou suicides collectifs, Guyana ou le Vercors par exemple, il brise ou ruine des familles, il constitue un trouble à l’ordre public, une atteinte à la dignité et aux droits de la personne, il est l’indicateur d’un phénomène plus large où se mêlent aspiration à la réussite ou au salut et besoin de miracle, perte du sens critique et de la responsabilité.  Le caractère essentiellement non religieux Nombreuses sont les sectes à n’avoir aucun caractère religieux. En outre, si les particuliers et les associations peuvent critiquer les doctrines des sectes, en revanche, la laïcité implique que les pouvoirs publics ne traitent pas le phénomène sectaire à travers le prisme des idéologies, mais au travers de la seule atteinte à l’ordre public. Si le sectarisme soulève un problème de libertés publiques, ce n’est donc pas la liberté religieuse telle qu’elle est définie à l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’Homme qui est le moins du monde menacée. En fait le problème est plus délicat encore. Le propre de la secte est de porter atteinte aux droits fondamentaux et à la dignité humaine quotidiennement, mais avec le consentement des victimes. En effet, la coercition ne réside pas, dans la quasi-totalité des cas, dans la contrainte physique ni dans une obligations contractuelle. Le sectateur se trouve dans une soumission volontaire qui l’amène à accepter de travailler gratuitement, à répondre favorablement à des sollicitations assimilables au harcèlement, à sacrifier son aisance financière ou encore suivant les cas à laisser porter atteinte à son intégrité sexuelle. Le renoncement de l’individu à sa liberté est -il valide ? Tel est le problème de libertés publiques posé par le sectarisme. La laïcité, dans son principe même, est le contraire de tout sectarisme. L’exigence d’une éducation respectueuse des enfants et apte à développer leur sens critique est l’un des meilleurs moyens de prévention des dérives sectaires.

« rupture des relations antérieures, déconstruction de la personnalité. Elle permet aussi de caractériser certaines des méthodes le plus souvent utilisées : dissimulation des finalités (sociétés écran, masques divers), exploitation des personnes, au mépris de leur dignité et des lois sociales, parfois, atteintes à l'intégrité physique (privation de sommeil, de nourriture, voire drogues), - procédés d'endoctrinement tels que culpabilisation/séduction, témoignages programmés, utilisation des attentes repérées par des tests de personnalité, diabolisation de ce qui n'est pas le groupe, utilisation de sons, images ou propos répétés jusqu'à l'obsession, langage propre contribuant à isoler le groupe... On notera que certains critères, certaines méthodes peuvent se rencontrer ailleurs que dans les sectes. Selon Michel Monroy et Anne Fournier, peu de groupes réunissent tous les critères mentionnés, mais la présence de plusieurs d'entre eux dans un même groupe ou le recours aux méthodes indiquées doivent conduire à la plus grande prudence. Le mot secte apparaît devoir être réservé au cas particulier, souvent extrême, des organisations de type totalitaire qui obtiennent une emprise sur l'autre, sujétion obtenue à son seul profit, exploitation de l'homme par l'homme quand ce n'est pas, dans le cas des groupes terroristes et des projets totalitaires, la volonté d'asservir ou de détruire ceux ne partageant pas la même appartenance, la même philosophie, la même religion. Rappelons que, pour qualifier un groupe de secte et le distinguer de toutes les organisations alimentant le phénomène sectaire, il faut qu'il présente un caractère coercitif, que la personnalité des adeptes ait été détruite, qu'une nouvelle personnalité ait été reconstruite.

C'est bien le cas des adeptes de la Scientologie, de Moon, et de bien d'autres. Par contre, ce n'est pas vraiment le cas des nombreux groupes où l'on croit aux vertus extraordinaires de certaines techniques, aux pouvoirs de thaumaturges, ni même des mouvements dont toute rationalité est. »

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