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La monnaie nature et histoire: Existe-il une dématérialisation croissante de la monnaie ?

Publié le 05/12/2010

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histoire

La monnaie dans l'économie ne désigne pas la monnaie au sens courant du terme. Lorsque l'on parle de monnaie dans le langage de tout les jours, on parle en réalité de la monnaie divisionnaire. Or la monnaie divisionnaire n'est qu'un moyen de paiement parmis d'autres. Pour les économistes, la monnaie représente tout ce qui est accepté en moyen de paiement dans l'économie.

Depuis quelques années, la place de la monnaie divisionnaire dans les moyens a diminué. Peut-on pour autant parler d'une dématérialisation croissante de la monnaie dans l'économie?

Dans une première partie, nous allons voir que la part de la monnaie manuelle  a considérablement baissé. Puis dans une seconde partie, nous verrons que même si celle-ci a diminué, nous ne sommes tout de même pas dans une économie totalement dématérialisée.

 

Il est impossible de passer à côté du processus de dématérialisation de la monnaie qui s'impose depuis un certain nombre d'années. Cependant, ce processus n'est pas récent, depuis le début de son histoire, la monnaie et ses formes ont beaucoup évolué. Avant le 17ème siècle, les pièces d'or et d'argent faisaient office de monnaie officielle, mais elles circulaient très peu car les gens avaient peur d'être volé. Les gens échangeaient donc leur pièces d'or contre des certificats d'or. A partir de 1656 (avec la banque d'Amsterdam), les certificats d'or sont peu à peu remplacés par des billets. Avant même l'apparition des billets, les banquiers effectuaient des transactions sans qu'il y ai pour autant un échange de pièces d'or. Ils tenaient une comptabilité très précise et cette organisation fonctionnait grâce aux différents réseaux de chaque banquiers. Ces opérations sont les ancêtres du virement bancaire. En parallèle des billets et de ces transactions, il y avait aussi les chèques et les lettres de change. On voit donc bien que dès le début, la monnaie est dématérialisée. Les chèques et les transactions interbancaires font partie de la monnaie scripturale. Ils représentent des moyens de paiement mais ne sont pas considérés comme de la monnaie au sens stricte du terme.

Ce processus de dématérialisation s'est peu à peu accéléré . En effet, la création monétaire s'est avérée beaucoup plus simple grâce à la monnaie scripturale. Le document 1 explique clairement que la monnaie scripturale donne une plus grande souplesse à la création monétaire car celle-ci n'est pas limitée par le stock d'or. Comme nous l'avons vu dans le paragraphe précèdent, au début du 17ème siècle, la monnaie officielle est la monnaie métallique frappée dans des métaux précieux, or il était impossible de créer plus de monnaie qu'il n'y avait de métaux précieux, l'offre de monnaie était donc restainte. C'est en partie pour cela que ce sont développés des moyens alternatifs à la monnaie métallique. De plus, les transactions en monnaie métallique revenaient très cher à l'époque. Pour les besoins du commerce, les banques ont donc commencé à émettre plus de billets qu'elles n'avaient de réserve en or. Sans cette évolution, l'économie n'aurait pas pu se développer car elle aurait toujours été restrainte par la disponibilité en métaux précieux.

Depuis le 20ème siècle et l'apparition des nouvelles technologies, les moyens de paiements ont encore beaucoup évolués et la monnaie s'est encore plus dématérialisée. La part de la monnaie et des billets dans l'agrégat monétaire M1 a , en règle générale, diminuée (d'après le document 3). En 1988, la monnaie métallique représentait 14,1% de l'agrégat monétaire M1 au Royaume Uni. En 2002, elle n'en représente plus que 5%. Même l'utilisation des chèques s'est considérablement affaiblit. D'après le document 2, en France, en 2006, les chèques ne représentent plus que 10,2% des moyens de paiement utilisés dans la monnaie scripturale. Or, un chèque est le seul moyen de règlement de la monnaie scripturale qui est matériel. Et même ceux-ci commentcent à s'essouffler. Les personnes préfèrent des moyens de paiements plus simple tel que la carte bancaire ou les virements.

 

Ces dernières années, le processus de dématérialisation de la monnaie s'est accéléré. Beaucoup de spécialistes ont abordé le thème d'une économie sans "monnaie". Dans cette seconde partie nous allons voir pourquoi nous ne sommes pas encore arrivé à cette économie sans "monnaie".

 

La part de la monnaie manuelle s'est rétrécie, cependant, la monnaie manuelle reste présente dans notre économie. En 2002, dans l'union européenne, elle est entre 20% et 14% (21,9% pour l'Allemagne et 14,3% pour l'Italie d'après le document 3). On peut penser que la monnaie manuelle ne disparaît pas totalement pour différentes raisons.

Dans toutes les économies, il existe une part de commerce illégal. Or ce commerce illégal s'effectue par de la monnaie manuelle uniquement en règle générale, car c'est la seule qui ne laisse pratiquement pas de traces (contrairement à la monnaie scripturales dont tous les mouvements sont répertoriés dans les fichiers des différentes banques). Cet argument peut en partie être vérifié si l'on prend l'exemple de l'Italie. Dans le document 3,  on voit que l'Italie est le seul pays de l'Union Européenne dont la part de monnaie et billets dans l'agrégat n'a pas diminué entre 1988 et 2002, alors que dans tous les autres pays de l'Union européenne présent dans ce document, cette part a diminué. Or, on sait que le commerce illégal est très présent en Italie, surtout dans le sud de l'Italie avec la mafia; et le moyen de paiement le plus discret reste la monnaie manuelle. C'est le moyen de paiement qui protège le plus la vie privée. Car grâce aux paiements scripturaux, il est très facile de faire ressortir les habitudes de consommation d'une personne, les règlements qu'elle effectue à un tier. Des solutions très récentes tentent justement de rétablir ce concept de vie privée malgré les paiements par internet ou par carte bancaire. Le site wexpay (site de paiement sur internet) a mis en place un processus pour que les gens puissent payer sur internet en espèces afin de ne pas laisser de traces.

En plus du commerce illégaux et du respect de la vie privée, les processus de paiements scripturaux sont parfois très onéreux. Si il revient moins cher pour les banques d'effecteur des transactions par virement plutôt que de faire circuler de l'espèce, pour les commerçants c'est souvent le phénomène inverse qui se produit. En effet, pour eux, l'installation du matériel qui permet les transactions par carte bleu ou par moneo est souvent très coûteuse. De plus, ils doivent souvent payer des frais bancaires en plus lors de ce genre de transactions. Ce sont des frais qui sont parfois difficile à assumer pour des petits commerçants. c'est pour cela qu'un très petit nombre seulement de commerçants a pu mettre en place le système moneo. Et c'est aussi pour cela qu'un si grand nombre de commerçants mettent en place un montant minimum pour les paiements par carte bancaire. Il est très courant de voir dans une petite épicerie ou un bureau de tabac que la carte bancaire n'est acceptée qu'à partir d'une certaine somme. Les consommateurs ne peuvent donc pour l'instant pas se passer de la monnaie manuelle.

Enfin, même si la monnaie scripturale a un côté assez pratique dans la vie de tous les jours pour les consommateurs; la monnaie manuelle a tout de même un côté plus rassurant. En effet, les ménages ont parfois tendance à craindre les institutions financières. Il est plus rassurant pour un ménage d'avoir dix euros dans son porte monnaie plutôt que dix euros dans son compte en banque. Les dix euros du porte monnaie sont accessibles immédiatement contrairement à ceux du compte en banque. Les ménages ont aussi peur des hackers sur internet, ils sont beaucoup plus prudents. De plus, avec la crise, ils ont beaucoup d'appréhensions, ils préfèrent avoir de la monnaie manuelle disponible de suite en cas de besoin. C'est donc aussi pour cette raison que la monnaie divisionnaire n'est pas totalement laissée pour compte.

 

Depuis le début, la monnaie s'est dématérialisée petit à petit. Cependant ce phénomène s'est considérablement accéléré ces dernières années grâce aux autres moyens de paiements beaucoup plus utilisés. Malgré tout, nous ne sommes pas encore dans une phase de dématérialisation totale de la monnaie dans l'économie. La monnaie manuelle reste encore assez présente et elle est encore très utile dans certains cas.

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