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La notion d'inconscient introduit-elle la fatalité dans la vie de l'homme ?

Publié le 16/01/2011

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 Envisager que l’inconscient fusse à l’origine de la fatalité dans la vie de l’homme peut paraitre comme évident dans un premier temps. L’inconscient est une source de trouble pour l’homme, en effet c’est une partie du psychisme qui a son fonctionnement propre dont le sujet n’a pas conscience. L’inconscient regroupe les zones d’ombre du sujet, c’est-à-dire, selon Freud, Le « ça « et le « surmoi «, le « ça « étant l’ensemble des désirs régis sous la notion de plaisir, et le « surmoi « les interdits moraux intériorisés par le sujet. L’homme n’est donc pas libre de lui-même, il ne peut pas lutter, son destin est donc lié à la fatalité. 

 Cependant l’inconscient ne serait-il que fatalité ? N’aurait-il pas un rôle à jouer dans la vie de l’homme ? En effet l’inconscient peut permettre le développement de la personnalité lors de la petite enfance en mettant en place ce que l’on appelle la conscience morale, c’est-à-dire la capacité à formuler un jugement fondé qui parvient à distinguer le bien du mal. La découverte de l’inconscient peut d’ailleurs être bénéfique pour le sujet, lui permettant d’obtenir une plus grande liberté dans sa vie. L’inconscient ne peut donc pas être source de fatalité si au contraire il fait preuve de vertu. 

 La notion d’inconscient serait-elle à l’origine de la fatalité dans la vie de l’homme ? Le fait que l’homme ne soit pas totalement maître de lui-même influencerait-il le caractère tragique de son destin ? 

 L’inconscient est en lui-même une source de troubles faces auxquels le sujet est impuissant, dont-il ne peut pas lutter malgré une forte volonté car il n’en n’a pas conscience. Ces troubles résultent d’un mal-être permanant qui prend le plus souvent une apparence physiologique. La cause est pourtant fort simple : il s’agit généralement d’un refoulement des désirs pour satisfaire la morale mise en place, c’est une sorte d’interdiction que l’homme se fixe à lui-même sans en prendre véritablement conscience. L’homme ressent donc, mais n’a pas conscience de ses propres désirs enfouis en lui, de là il apparait clairement que la notion d’inconscient est directement liées à la fatalité car le sujet demeure impuissant. L’exemple le plus concret serait celui de Anna O. une patiente de Freud et du docteur Breuer qui disait souffrir de troubles de la vision alors qu’elle n’avait aucunes liaisons organiques. La cause de ce malaise n’était donc pas physique mais psychique, en effet son trouble venait d’une intériorisation de ses sentiments dans le passé, lors de la mort de son père. Elle s’était interdit de pleurer ce qui l’a beaucoup affecté par la suite, au point d’en faire indirectement souffrir son propre corps. 

 Cependant cette théorie n’est pas suffisante, elle reste à approfondir car le terme « notion d’inconscient « demeure très vague, aussi il est nécessaire d’étudier ce que produit la découverte de l’inconscient chez le sujet. Découvrir son inconscient est une étape très importante dans la vie de l’homme car c’est à ce moment là qu’il découvre qu’il ne se connait pas véritablement, qu’il existe des zones d’ombre en lui qu’il ne percera jamais totalement à jour. Il ne sera jamais maître de lui-même, et par cette réflexion il réalise qu’il ne peut pas lutter, qu’il est impuissant et que son destin est lié à la fatalité puisqu’il ne peut pas savoir qui il est réellement. Il doit donc renoncer à l’idée d’une liberté totale qui n’était qu’illusion. En effet le « moi « qu’il connait ne représente qu’une infime partie de lui-même, pour expliquer cela Freud utilise la métaphore de l’iceberg qui dit que le « moi « est la partie visible et que le « ça « et le « surmoi « forme le dessous que l’on ne voit pas mais que l’on sait bien plus conséquent. Cela veut dire que nos désirs, nos pulsions sont réprimées, et intériorisées dans une partie du psychisme dont le sujet n’a pas accès et dont il n’a pas conscience. C’est à ce propos que Freud à dit que « le moi n’est plus maître en sa propre maison «, c’est-à-dire que l’homme n’est pas véritablement maître de lui-même, puisqu’il n’a pas connaissance de ce qu’il est vraiment. 

 Nous avons donc vu que l’inconscient, pourtant présent dans tout homme, est source de troubles induisant la fatalité dans la vie du sujet, mais aussi que la découverte de cet inconscient provoquait une remise en cause des libertés que l’on croyait acquises. L’homme n’est donc pas maître de lui-même, voila qui le plonge dans une sorte de désespoir et de questionnement sans fin sur sa véritable identité. Cependant l’inconscient n’est-il que troubles ? Ne possède t-il pas certaines qualités favorable à la vie de l’homme ? 

 Le terme fatalité est peut être trop radical, en effet l’inconscient permet avant tout de former notre personnalité lors de la petite enfance, dans ce sens il devient bénéfique pour l’homme. Assurément c’est grâce à lui que se développe notre conscience morale puisque l’enfant renonce à ses désirs et les intériorisent sans en tenir compte. Par cette étape il parvient peu à peu à distinguer le bien du mal et à proclamer un jugement fondé. L’inconscient est donc parfois au service de la vie et non un poids pour l’homme, une fatalité. 

 Notons aussi que sans l’inconscient, le « ça « serait trop mis en avant et les règles pour vivre en société seraient inopérantes. Il permet, effectivement, de réguler nos désirs, d’intérioriser certaines pulsions afin de trouver le bon équilibre pour se sentir bien en société. Nous pouvons prendre l’exemple du désir sexuel lors de l’enfance, mis en place par Freud dans les Cinq leçons sur la psychanalyse où le bambin doit comprendre ce qu’il est bien de faire, ou de ne pas faire pour ensuite refouler en lui certains plaisirs comme de jouer avec la bouche, qui serait pas correct voire gênant en grandissant au sein d’un communauté. 

 Mais nous pourrions aller plus loin en affirmant que la connaissance de mon inconscient supprime d’elle-même l’idée de fatalité. En effet si je découvre, et que j’accepte même l’idée de ne pas être maître de moi-même la « destinée tragique « disparait puisque je prends conscience de mon inconscient, de mon incapacité à me connaitre entièrement. Le fait de connaitre ses propres zones d’ombres permet une plus grande liberté intérieure, je connais enfin la vérité, bien que la nature et les éléments enfouis dans cet inconscient demeurent inconnus. 

 Seulement la connaissance de son inconscient ne se fait pas naturellement, la plupart des gens bien que de moins en moins nombreux ignorent encore sa présence. Quant bien même nous parvenions à le savoir il reste nécessaire de connaitre ces éléments refoulés du moins ceux qui dérangent note quotidien. Cela permet, en effet, de faire un retour sur ses actes, de mieux les comprendre et d’en avoir réellement conscience. Une méthode à été mise en place dans ce but par Freud lors de l’étude du cas d’Anna O. nommée « méthode cathartique «. Il s’agit de faire ressortir de son inconscient des éléments refoulés plus ou moins traumatisants, de prendre conscience de ses cause inconscientes afin de s’en libérer. Cela se fait par le biais de l’hypnose ou bien par des séances dites de « libres paroles « où le patient s’exprime librement et tente, avec l’aide du psychanalyste, de retrouver des souvenirs enfouis. Dans ce sens nous pouvons affirmer que le sujet se construit avec l’inconscient qui permet d’un certain côté à mieux se maîtriser. L’idée de fatalité devient donc pratiquement inexistante car la notion d’inconscient présent bel et bien des avantages. 

 Il nous apparait donc comme évident que la notion d’inconscient demeure très vaste, qu’il est difficile de l’exploiter dans sa globalité. Néanmoins nous avons pu constater d’une part que l’inconscient était source de troubles face auxquels l’on ne pouvait rien, mais d’une autre part qu’il présentait des aspects séduisants pour le sujet par rapport à sa vie sociale ou encore pour sa propre liberté. Mais malgré tout nous sommes en droit de nous demander si c’est réellement l’inconscient qui est source de fatalité dans la vie de l’homme, s’il existe un véritable lien entre ces deux idées. 

 De ce fait nous pouvons affirmer que la notion même d’inconscient peut-être remise en cause dans sa globalité. En effet si le sujet invoque l’inconscient pour expliquer ses actions on dit de lui qu’il est de « mauvaise foi «. Il s’agit d’un mensonge envers quelqu’un d’autre mais aussi envers soi-même, on se ment et on tente de se convaincre de son mensonge. C’est d’ailleurs la thèse de Sartre dans son ouvrage L’Etre et le Néant qui dit que si j’ai conscience que je souffre c’est donc que j’ai eut un moment de lucidité dans l’inconscient mais que j’ai préféré fermer les yeux et entreprendre une sorte de projet de déguisement et par conséquent me mentir à moi-même. Ainsi la fatalité ne peut pas être remise en cause puisque la notion d’inconscient elle-même peut être réfutée. 

 Néanmoins nous pouvons aussi affirmer que la fatalité ne s’installe pas dans la vie de l’homme seulement par son inconscient, il est même récurent qu’elle soit identifiée comme une force surnaturelle extérieure face à laquelle nous sommes impuissants. La fatalité est dans ce cas assimilée à une destinée tragique déterminée par avance dont le coup semble funeste. Bon nombre de récits sont basés sur cette idée de sort, de fortune dont nous ne pouvons rien, par exemple Roméo et Juliette de Shakespeare où l’amour de deux amants se voit contrarié par la haine de leur deux familles. Leur destin est de mourir afin de punir cette haine et la fatalité qui les frappe provient, en effet, d’éléments extérieurs et non de leur inconscient. 

 La notion d’inconscient n’est donc pas source de fatalité dans la vie de l’homme, c’est une notion très complexe qui peut apparaitre comme en tant la cause de cette fatalité mais qui se révèle si incertaine qu’elle ne peut être que réfutée. De plus la fatalité elle-même peut provenir d’éléments extérieurs à l’homme ce qui évidement déculpabilise l’inconscient et discrédite totalement notre première affirmation.

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