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La primauté des formes

Publié le 29/01/2011

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Etudiez et commentez ces lignes de Paul Valéry (Variétés, Gallimard) : «Quel est donc ce principe de durée, cette qualité singulière qui préserve les écrits de l'effacement total, qui les assure d'une valeur analogue à celle de l'or, car, par elle, ils opposent aux effets du temps je ne sais quelle incorruptibilité merveilleuse? Voici la réponse dont j'emprunte la formule excellente à Mistral : «II n'y a que la forme«, a dit le grand poète de Provence ; «la forme seule conserve les oeuvres de l'esprit.« (ENS, Sèvres, 1970.)

Le romancier Alain Robbe-Grillet a dit dans une conférence faite à l'Université de Keele en février 1960 : «Chaque artiste doit créer les propres formes de son propre monde. Seulement je crois que justement si le projet de forme est si intéressant dans l'oeuvre d'art, c'est parce que cette forme peut avoir un contenu que le romancier ne connaît pas encore... Les formes que nous créons ne sont pas pour cela gratuites. Ce sont au contraire ce qu'on peut appeler des formes absolument réalistes. Pour nous, c'est le réalisme même ; c'est l'émotion que le monde nous a communiquée qui est transcrite immédiatement par ces formes. Quant à savoir ce qu'elles signifient, c'est une autre affaire.« Vous commenterez ces lignes, sans vous en tenir nécessairement à l'esthétique du roman.

Que pensez-vous de cette analyse de la création littéraire par Jean Rousset : «Aux structures de l'imagination correspondent de toute nécessité des structures formelles. Les mêmes principes secrets qui fondent et organisent la vie sous-jacente d'une création organisent aussi la composition. Principes secrets : la composition, l'action sur les formes, les parties de présentation, les choix techniques eux-mêmes sont commandés par les forces et les suggestions implicites, qui gouvernent obscurément l'artiste au travail.« (Forme et Signification, José Corti, 1962.)

Engagé dans la polémique actuelle sur la critique, M. Raymond Picard écrit : «La vérité d'un écrivain est dans ce qu'il a choisi, non pas exclusivement dans ce qui l'a choisi. Ce qui m'importe le plus dans l'oeuvre littéraire, ce n'est pas le monde obscur de tensions anarchiques qu'elle dépasse par l'exercice même du langage cohérent, c'est elle-même, ce qu'elle dit et ce qu'elle apporte dans l'effort d'une expression qui se cherche.« (Nouvelle critique ou nouvelle imposture, Jean-Jacques Pauvert, 1965.) Vous commenterez librement ce choix en vous référant à l'oeuvre de grands écrivains que vous aimez. (CAPET, toutes langues vivantes, 1967.)

Expliquez et, s'il y a lieu, discutez cette analyse de Charles Mauron : «L'artiste est d'abord cet homme qui crée des êtres de langage. Il use, à cet effet, d'une parole qui n'est celle ni de l'information, ni du rêve, mais semble émerger des deux à la fois. Lorsque Mallarmé «cède l'initiative aux mots«, il se conforme par avance, en artisan du verbe, à l'avis que C.-G. Jung formule en psychologue : l'homme doit écouter ses rêves. Mais à trop céder l'initiative aux mots, le poète tomberait dans une excentricité opposée : la seule expression de l'inconscient. La création naît d'un équilibre ; c'est l'étude de son langage qui constitue l'objet central de la critique.« (Des Métaphores obsédantes au mythe personnel, José Corti, 1964.)

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