La société est-elle le propre de l'homme ?

Société dérive du latin societas qui signifie association, regroupement, ensemble d'individus. Au sens large, elle est un groupe organisé d'individus unis par des relations et des services réciproques. La société n'est pas le propre de l'homme puisqu'il existe de nombreuses sociétés animales (fourmis, abeilles, castors, etc.). Ce qui est le propre de l'homme, c'est de ne pouvoir s'épanouir individuellement qu'en société. Pour Aristote, la société est une donnée de nature : 1 vivre seul, c'est s'exposer à l'excès et à l'injustice. L'autarcie vaut pour une Cité, jamais pour un individu. Si l'état de nature n'est pas un état réel, Rousseau a montré que l'homme ne peut sortir d'un état primitif, qu'à la condition du contrat social, convention par laquelle "chacun s'unissant à tous, n'obéit pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant". L'état de nature est celui du règne de la force, sans aucune règle de justice immanente : la justice est un produit social. Sortir de l'état naturel pour accéder à l'état civil permet de réunir toutes les conditions pour se rendre meilleur et se perfectionner, mais les hommes s'en sont servis pour le pire : la raison se met au service des ambitions mesquines et étroites de l'égoïsme, et l'homme social se déprave. Tout au contraire, Kant montrera que c'est par son asociabilité que l'homme est conduit, bon gré mal gré, à se dépasser lui-même, en société, vers des sentiments meilleurs. Cette résistance à la socialisation, M. Stirner en fera une interrogation philosophique capitale : si le pouvoir se moque des relations que les individus peuvent nouer entre eux, tant qu'elles ne menacent pas l'ordre du système, ne pourrait-on pas concevoir une société libre fondée sur des associations d'individus libres à tout moment de rompre le contrat lorsque celui-ci va à l'encontre de leurs intérêts ?