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la troisième antinomie kantienne

Publié le 19/12/2014

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La troisième antinomie kantienne  1) Qu’est-ce qu’une antinomie au sens kantien ? Une antinomie est une opposition entre deux thèses qui semblent nécessaires et qui sont pourtant contradictoires. Or, d’après le principe de contradiction (« de deux propositions contradictoires, l’une au moins est fausse »), deux thèses antinomiques ne peuvent être également vraies. C’est pourquoi la raison ne saurait se satisfaire d’une antinomie, laquelle est toujours l’expression d’« un conflit de la raison avec elle-même ». Ces antinomies de la raison sont nombreuses. L’une des plus célèbres concerne la réalité de l’atome  (la matière est-elle divisible à l’infini ? Ou bien est-elle constituée de particules éternelles et indestructibles ?) Une autre antinomie concerne les limites spatiales du monde (le monde est-il infini dans l’espace ? Ou bien admet-il des limites ?) Le problème du commencement du monde dans le temps constitue une nouvelle antinomie  (le monde existe-t-il de toute éternité ? Ou bien a-t-il commencé d’exister à un moment du temps ?) La thèse de Kant est que la raison produit nécessairement des antinomies qui tendent à faire de la philosophie (ou plus précisément de la métaphysique) un véritable « champ de bataille ». Comment donc se fait-il que l’intelligence humaine triomphe dans les sciences mathématiques et physiques, et qu’elle soit empêtrée dans des antinomies insolubles en philosophie ? C’est à cette question que Kant tente de répondre dans La Critique de la raison pure (1781), son premier grand ouvrage, lequel est conçu comme un véritable « tribunal de la raison », où la raison (et sa prétention à tout connaître) est appelée à comparaître devant la raison elle-même, pour répondre des limites de la connaissance humaine (que pouvons-nous connaître ?). La « troisième antinomie » est la plus célèbre de toutes les antinomies. Elle a pour objet la réalité de la liberté. La solution que propose Kant à cette antinomie sera étudiée plus tard, lors du cours sur la morale. Il s’agit ici de bien comprendre le problème, c’est à dire l’antinomie en tant que telle. 2) La thèse déterministe   D’après la thèse déterministe, non seulement rien n’arrive sans cause, mais les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il y a donc une relation nécessaire entre une cause et son effet : l’effet que produit la cause, la cause ne peut pas ne pas le produire (une cause ne peut pas produire un autre effet que celui qu’elle produit). La moindre variation dans l’effet signale un changement dans la cause. Et la moindre variation dans la cause doit entraîner une variation dans l’effet. Cette relation absolument nécessaire entre deux phénomènes est ce qu’on appelle une loi de la nature. Le déterminisme est la thèse philosophique selon laquelle « tout arrive dans le monde uniquement selon les lois de la nature ». Le déterminisme ne reconnaît donc qu’un seul type de causalité, la « causalité selon les lois de la nature ». « Dieu ne joue pas aux dés » plaisantait Einstein, ce qui signifie qu’une cause ne produit jamais son effet au hasard (de manière indéterminée), mais toujours selon la nécessité d’une loi inviolable : le déterminisme est la thèse selon laquelle toute cause est déterminée à produire son effet selon une loi de la nature. C’est pourquoi la découverte des lois de la nature est le principal objet de la science, car leur connaissance rend non seulement possible d’expliquer pourquoi les choses sont ce qu’elles sont (en remontant des effets vers leurs causes), mais également de prédire ce qu’elles seront (en descendant des causes vers leurs effets). C’est ainsi que le physicien Louis de Broglie affirme qu’ « il y a déterminisme lorsque la connaissance d’un certain nombre de faits observés à l’instant présent ou aux instants antérieurs, jointe à la connaissance de certaines lois de la nature, permet de prévoir rigoureusement que tel ou tel phénomène observable aura lieu à telle époque postérieure ». La science ne cesse pas de nous révéler en ce sens les déterminismes multiples qui structurent la réalité. Le déterminisme est une thèse ontologique, c’est à dire portant sur l’essence de la réalité. Selon cette thèse, « tout arrive uniquement selon les lois de la nature », ce qui signifie que tout événement peut être prédit, au degré de précision voulu, à condition qu’une description suffisamment précise des évènements passés, ainsi que toutes les lois de la nature nous soient données. La formulation la plus conséquente du déterminisme réside peut-être dans l’hypothèse du Démon de Laplace : « Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée (…) embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux.   L'esprit humain offre, dans la perfection qu'il a su donner à l'astronomie, une faible esquisse de cette intelligence. (…) Tous ses efforts dans la recherche de la vérité tendent à le rapprocher sans cesse de l'intelligence que nous venons de concevoir, mais dont il restera toujours infiniment éloigné ». Le déterminisme en ce sens continue de définir l’horizon indépassable de la science, laquelle tend à la connaissance de la nécessité suivant laquelle les phénomènes de la nature adviennent ; mais il est clair également que si tout ce qui arrive arrive selon un enchaînement nécessaire de causes et d’effets, de telle sorte que ces causes étant ce qu’elles sont, ces effets ne peuvent pas ne pas être, l’idée d’un déterminisme absolu ne laisse aucune place à l’idée de liberté.  3) L’idée de causalité libre Ce que montre Kant, c’est que la thèse déterministe aboutit nécessairement à une limite : il est en effet impossible de dériver tous les phénomènes de causes antécédentes selon les lois de la nature, sans quoi nous aboutirions à une régression à l’infini. Par conséquent, il est nécessaire d’admettre une cause première, c’est à dire une cause qui n’est pas elle-même l’effet d’une autre cause. Cette cause peut-être dite libre, en ce sens qu’elle est indépendante de toute cause antérieure. La spontanéité, c’est à dire le fait d’inaugurer une suite d’effets par soi-même (et non par autre chose) est donc la propriété la plus remarquable de cette cause. Elle permet de définir l’essence de la liberté comme un certain type de cause. Rien ne prouve l’existence d’une causalité libre : sa reconnaissance relève du pur raisonnement- ce n’est pas parce qu’on peut penser une telle cause que cela suffit pour prouver qu’elle existe. Son existence est un problème, pas un fait : c’est la raison qui nous conduit à poser son existence, et non l’expérience. C’est pourquoi une causalité libre est une Idée de la raison. 4) Qui est susceptible d’agir par causalité libre ? Il est clair que l’idée de causalité libre permet de définir philosophiquement Dieu : L’idée de Dieu ne désigne pas autre chose que l’idée d’une cause première, c'est à dire d'une cause sans laquelle rien de ce qui existe n'existerait. Dieu en ce sens ne désigne pas seulement la source absolue de toute existence, mais également de la sienne: Dieu est l'être dont l'essence est d'être la cause de soi (il est l'être qui est la cause de lui-même). Il y a dans l’idée d’une cause qui n’est pas l’effet d’une autre cause quelque chose qui fait violence à la raison : le concept de causalité libre est une idée problématique, car c’est une idée à la fois nécessaire et incompréhensible. Elle est incompréhensible, car nous ne pouvons comprendre qu’une cause ne soit pas l’effet d’une autre cause. Elle est nécessaire, parce que nous ne comprenons pas davantage qu’il n’y ait pas de cause première.             Mais Kant ne soutient nullement que la notion de causalité libre ne peut s’appliquer que pour la cause première de la totalité du réel (Dieu). La thèse soutient simplement que parmi la totalité des phénomènes du monde, il est nécessaire que certains adviennent spontanément, et non pas mécaniquement (c’est à dire selon la causalité des lois de la nature). Il dès lors légitime de se demander si le règne de la liberté ne commence pas, en partie bien sûr, avec le vivant : n’y a t-il pas des phénomènes biologiques qui se produisent spontanément ? Le comportement des animaux supérieurs, dans leurs mouvements par exemple, semble indiquer que la vie ne relève pas entièrement du déterminisme absolu qui gouverne la matière. Si l’idée de causalité libre est susceptible de s’appliquer au vivant, nul doute qu’elle doit s’appliquer à l’homme lui-même. La volonté semble précisément désigner cette puissance par laquelle nous nous déterminons à agir indépendamment de toute cause extérieure. Mais si la liberté est un problème, c’est bien précisément parce que la réalité de ce pouvoir énigmatique est contesté, comme le fait remarquer Schopenhauer, par exemple : « si l’on admet le libre arbitre, chaque action humaine est un miracle inexplicable, un effet sans cause ». Le problème de la liberté et du déterminisme se prolonge donc au cœur de la théorie du libre-arbitre. 5) L’idée de causalité libre et le déterminisme La thèse déterministe peut être définie par le refus d’admettre l’existence d’une causalité libre

«  D'après la thèse déterministe, non seulement rien n'arrive sans cause, mais les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Il y a donc une relation nécessaire entre une cause et son effet : l'effet que produit la cause, la cause ne peut pas ne pas le produire (une cause ne peut pas produire un autre effet que celui qu'elle produit). La moindre variation dans l'effet signale un changement dans la cause.

Et la moindre variation dans la cause doit entraîner une variation dans l'effet.

Cette relation absolument nécessaire entre deux phénomènes est ce qu'on appelle une loi de la nature.

Le déterminisme est la thèse philosophique selon laquelle « tout arrive dans le monde uniquement selon les lois de la nature ». Le déterminisme ne reconnaît donc qu'un seul type de causalité, la « causalité selon les lois de la nature ». « Dieu ne joue pas aux dés » plaisantait Einstein, ce qui signifie qu'une cause ne produit jamais son effet au hasard (de manière indéterminée), mais toujours selon la nécessité d'une loi inviolable : le déterminisme est la thèse selon laquelle toute cause est déterminée à produire son effet selon une loi de la nature.

C'est pourquoi la découverte des lois de la nature est le principal objet de la science, car leur connaissance rend non seulement possible d'expliquer pourquoi les choses sont ce qu'elles sont (en remontant des effets vers leurs causes), mais également de prédire ce qu'elles seront (en descendant des causes vers leurs effets).

C'est ainsi que le physicien Louis de Broglie affirme qu' « il y a déterminisme lorsque la connaissance d'un certain nombre de faits observés à l'instant présent ou aux instants antérieurs, jointe à la connaissance de certaines lois de la nature, permet de prévoir rigoureusement que tel ou tel phénomène observable aura lieu à telle époque postérieure ».

La science ne cesse pas de nous révéler en ce sens les déterminismes multiples qui structurent la réalité. Le déterminisme est une thèse ontologique, c'est à dire portant sur l'essence de la réalité.

Selon cette thèse, « tout arrive uniquement selon les lois de la nature », ce qui signifie que tout événement peut être prédit, au degré de précision voulu, à condition qu'une description suffisamment précise des évènements passés, ainsi que toutes les lois de la nature nous soient données.

La formulation la plus conséquente du déterminisme réside peut-être dans l'hypothèse du Démon de Laplace : « Nous devons donc envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre.

Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée (...) embrasserait dans la même. »

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