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L'automobile fait-elle gagner du temps?

Publié le 15/05/2020

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temps

L'automobile fait-elle gagner du temps? La question peut surprendre quand on sait, comme toutes les études qui cherchent à expliquer les choix en matière de transports le montrent, qu'une des premières raisons pour lesquelles les gens déclarent utiliser leur automobile pour un trajet donné est le gain de temps qu'elle permet. Certes. Mais la question peut être abordée sous un angle différent. Pour s'en tenir aux études de« choix du mode de transport », on sait que les économistes sont plus exigeants que les automobilistes, et que la variable << durée du trajet » considérée isolément a pour eux peu de sens. Il leur paraît nécessaire de lui associer une variable de coût, et si possible de faire la synthèse des ces deux grandeurs. Ils y arrivent en introduisant la notion de « coût généralisé ». Le coût généralisé est la somme des dépenses monétaires liées au .mode de transport utilisé pour un trajet donné, et de la durée de ce trajet convertie en unités monétaires, au moyen d'une « valeur du temps ». Cette valeur du temps est en général prise égale au revenu horaire du sujet étudié, cette pratique pouvant en principe se justifier par des considérations théoriques l11.

L'idée que nous allons explorer est la suivante. Au lieu de convertir les temps en dépenses, pourquoi ne pas convertir les dépenses en temps? On obtiendra ainsi un« temps généralisé », somme du temps effectif de déplacement et, si le taux de conversion est toujours le revenu horaire, d'un temps qui peut être interprété comme le temps passé à travailler pour obtenir les ressources nécessaires au déplacement. Ce temps généralisé aura bien évidemment le même statut que le coût généralisé, puisqu'il en est le quotient par le revenu horaire. Il permettra donc en principe de comparer l'« efficacité » de divers modes de transport, avec un avantage : étant exprimé en heures, il est plus « parlant » que le coût généralisé. Ainsi, si on le rapproche du nombre de kilomètres parcourus, on peut en déduire une notion de « vitesse généralisée ».

Nous avons donc calculé la vitesse généralisée de l'automobile selon ce principe. Comme on va le constater, les résultats sont pour le moins surprenants, et conduisent à revenir radicalement sur la réponse à la question que nous posions au départ. Loin d'être un instrument de

temps

« 68 L'explication d'un texte économique gain de temps, l'automobile apparaît sous cet éclairage comme un monstre chronophage.

Le principe du calcul est simple.

On estime toutes les dépenses annuelles liées à la possession et à l'usage d'une automobile : amortissement des frais d'acquisition duper­ mis de conduire; amortissement des frais d'achat de la voiture; frais fixes payables .'annuellement : vignette, assurance, garage;' dépenses courantes d'utilisation : carbu­ rant, huile, pneus, graissages-vidanges, révisions périodiques, réparations normales ou dues à des accidents, frais de stationnement et péages, amendes, achats d'accessoires divers.

Ces dépenses sont converties en temps, en les divisant par le revenu horaire : ce temps est donc le temps qu'il faut passer à travailler pour obtenir les ressources nécessai­ res à l'acquisition et à l'utilisation de sa voiture.

On l'additionne au.temps passé effective­ ment à se déplacer.

Ce dernier est estimé à partir du kilométrage annuel moyen, de la répartition de celui-ci en types de déplacements -traj ets domicile-travail, déplacements professionnels, vacances, déplacements privés, loisirs du croisement de cette réparti- tion avec une répartition selon des types de vitesse vitesse sur route, vitesse urbaine aux heures de pointe et aux heures creuses selon le type d'agglomération et enfin d'une estimation de ces vitesses.

On aj oute enfin pour mémoire les autres temps liés à l'utili.sation de la voiture : temps passé personnellement à l'entretien, temps perdu dans les bouchons, temps passé à l'achat d'essence et d'accessoires divers, temps passé à l'hôpital, temps perdu dans les incidents, etc.

Le temps global ainsi obtenu, mis en rap­ port avec le kilométrage annuel, permet d'obtenir la vitesse généralisée cherchée.

Les résultats sont les suivants, pour différents cas types, carac­ térisés par la catégorie socio-professionnelle de l'automobiliste, sa commune de 'résidence, le modèle de son véhicule.

Pour ce dernier, on a considéré un modèle de haut, de milieu et de bas de gamme, et on a également calculé les performances de la bicyclette, selon le même principe, bien entendu.

Les données sont relatives à l'année 1967, donc bien avant les hasses de carburant que l'on sait, et en l'absence de toute limitation de vitesse.

Vitesses généralisées en km/h C.S.P.

Cadre supérieur (Paris) Employé (ville moyenne) .. ........... ..

......

.

.

.

Ouvrier spécialisé (ville moyenne) .......

Salarié agricole (commune rurale) ......

Bicy- clette 14 13 13 12 Modèle Citroën Simca Citroën 2 CV 1301 DS 21 14 14 12 12 10 8 10 8 6 8 6 4 Si surprenants que soient ces chiffres 1 11 , ils sont certainement optimistes.

Il faut en effet noter que les dépenses prises en compte { 1 l le détail des calculs (y compris les références que l'on a utilisées] figure dans une publication du CERE BE, 140, rue du Chevaleret.

75013 Paris : Y.

Debouverie et J.-P.

Dupuy, L'automobile chronophage.

Détails des calculs de« vitesse généralisée» des automobiles, CEREBE, novembre 1974.

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