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Le Conception Du Bonheur Chez Voltaire

Publié le 16/01/2011

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voltaire

VOLTAIRE

Le Mondain

 

LA NOTION DE BONHEUR AU XVIII° SIECLE

 

Les trois idées qui montrent que ce texte fait l’apologie du luxe :

 ⇨ Economique et sociale : le luxe est un symbole de richesses, il en crée ; il est le symbole de l’échange entre les deux hémisphères. Le luxe permet aux européens de découvrir les richesses des sultans et aux musulmans de passer outre leur religion à travers le vin.

 ⇨ Morale : Voltaire revendique le plaisir comme source de bonheur. (morale épicurienne). Il l’oppose à la morale chrétienne.

 ⇨ Esthétique : Le luxe est le signe d’une civilisation raffinée capable de produire de la beauté. Le luxe fait avancé la civilisation déjà aisée.

 

Le Mondain : celui qui vit dans le monde, en opposition à ce qui est sacré. Le mondain est donc profane. Le bonheur est à chercher sur terre dans la jouissance du plaisir qu’offre la civilisation dans ce que l’être capable de produire dans sa propre industrie (savoir faire) et non chercher dans l’au delà.

 

Introduction

 

Contraint de s’exiler en Angleterre en 1726 après deux séjours à la Bastille, Voltaire publie en 1734 Les Lettres Philosophiques aussi appelées les Lettres Anglaises dont le contenu jugé subversif l’oblige à quitter Paris pour se réfugier en Lorraine chez Madame De Châtelet, sa maîtresse. C’est là qu’il compose en 1736 l’épître du Mondain. Dès la parution du texte, il juge prudent d’aller se cacher en Hollande. En lisant ce texte, cela peut nous paraître excessif. Cependant en le relisant, il apparaît que Voltaire met en dérision les textes de la genèse qu’il assimile à l’âge d’or et qu’il plaide pour une morale hédoniste (plaisir) fort peu comparable au monde chrétien.

 

Plan

 

I/ La mise à mal du mythe des origines : l’Eden et l’âge d’or

II/ La contestation de la morale traditionnelle

III/ Un hymne à l’âge de fer

 

I/

 

A nos époques, il n’y a encore que quelques intégristes qui prennent aux pieds de la lettre le récit de la genèse. Il y a deux siècles cependant les récits de la genèse étaient lus comme de véritables livres d’histoires. Voltaire lui prend le contre-pied de cette vision (« Adam et Eve représentent l’humanité innocente qui a provoquée la chute «).

 

   1) L’assimilation de l’Eden au mythe païen

 

Le mythe d’Adam et Eve est comparable à celui du païen qui voit l’histoire des hommes comme une régression. Les deux traditions sont empilées sous la dénomination « le bon vieux temps «. Elles ne sont que des histoires. Les adversaires de Voltaire sont des hommes simples, tournés vers le passé, toujours à récriminer le présent. Voltaire affiche un certain mépris pour ces mythes qui s’affiche par l’utilisation du « et « (polysyndète). Le « et « met sous le même plan toutes les histories (l’Eden ne vaut pas mieux que les autres mythologies).

 

Voltaire enchaîne ensuite avec un « moi « provocateur. Il oppose à ces mythes la grandeur de son époque.

 

   2) La remise en cause du mythe de l’Eden

 

Voltaire était un iconoclaste (il brisait les images).

Ici il malmène le mythe chrétien. Il emploie un ton condescendant, des formes de phrases négatives. Voltaire met aussi en évidence l’état de dénuement et d’austérité des habitants de l’Eden ; ils sont ignorants ainsi leur vertu n’a-t-elle aucun mérite. Voltaire se moque de leur sobriété.

Cette mise à mal du mythe s’accompagne d’une critique encore plus radicale.

 

II/

 

Voltaire s’attache à une longue tradition morale de l’humanité que l’on trouve chez les stoïciens (Carter, Sénèque) pour sui le nécessaire pouvait être considéré comme superflu. Les épicuriens condamnaient le luxe et penchaient pour la modération. L’église, elle prêche l’abstinence et les vertus de la pauvreté.

 

   1) l’apologie des vertus de l’abondance et même du luxe

 

Voltaire prêche l’abondance : lexique de l’abondance et du luxe. Il présente l’abondance et le luxe comme des valeurs essentielles alors qu’ils sont inutiles et même présentés parfois comme des péchés.

 

   2) La revendication provocatrice de ce point de vue

 

On remarque de nombreuses occurrences de la première personne qui montrent que Voltaire se place en première ligne. Tournure emphatique et placer en début de vers.

Tournure paradoxale « O le bon temps que ce siècle de fer ! « (Normalement on parle ainsi du siècle d’or).

Ironie de « mon cœur très immonde « ; Voltaire est immorale.

 

Ici, Voltaire s’oppose de front à la vision commune des moralistes (philosophie des béatitudes : « heureux les pauvres ! « mais ce poème ne peut être réduit à une seule provocation : on trouve également un plaidoyer lyrique de son époque qui ne manque ni de profondeur, ni de jugement.

 

III/

 

Celui qui s’adresse à nous dans l’épître a une confiance enthousiaste dans le génie humain. Il éprouve un bonheur matérialiste.

Sybarite : personne qui recherche le bonheur dans le luxe et le raffinement. Définition du bonheur qui s’appuie sur le progrès et la morale profonde.

 

   1) Un hymne au bonheur célébré sur le mode de l’enthousiasme.

 

Décasyllabes => succession d’évènements brefs ; ensemble de constats agréables et variés.

Le bonheur s’appuie sur une vie de plaisirs.

On laisse place à la sensualité, au bonheur des sens

 ⇨ la vue

 ⇨ le gout

Aux vers 16-17, ouverture sur le monde. On associe le goût matériel à la notion de civilisation. Le bonheur va de paire avec le progrès.

 

   2) L’apologie du progrès et de l’activité humaine

 

Voltaire se juge être né dans le meilleur des siècles. Celui-ci était en effet un siècle de développement (arts et sciences).

On le voit aux champs lexicaux des arts et des sciences, grâce à l’abondance des pluriels, aux énumérations.

Voltaire vente les vertus du commerce qui naît à porter de main grâce à la nature (l’or est extrait de la terre). L’Europe, l’Asie, l’Occident, l’Orient…le commerce a un pouvoir pacificateur.

Le commerce permet la rencontre d’hommes qui autrement ne se seraient jamais parler : la civilisation peut vaincre les obscurantismes religieux (le Christianisme contre l’Islam).

Ce progrès (« plaisir nouveau «, « nouveau bien «) est provoqué par la naissance de l’activité de la civilisation humaine (« les arts «, « mère des arts «, « travaux «, « abondance «…)

C’est la grande différence entre l’âge d’or (bonheur venant de l’extérieur) et l’âge de fer (bonheur venant des hommes).

 

   3) Une morale mondaine et profane.

 

Le bonheur des hommes passe par le bonheur matériel sacré. « Ce temps profane « s’oppose aux temps passés gouvernés par les dieux. Le mot profane renvoie au mondain (le contraire de sacré) ; le mondain est attaché aux valeurs du monde.

En revendiquant son goût pour son époque, Voltaire se détache de la façon de penser du passé, il s’oppose aux valeurs pascaliennes. Il conteste chez Pascal une vision du monde propre à engendrer une vision du monde négative, le désespoir. Il se moque également des musulmans. On doit faire son bonheur ici bas et non au ciel.

 

Conclusion

 

On discerne mieux en s’aidant du contexte historique le sens de cet épître. La provocation s’en prend à la fois aux textes sacrés et à la morale traditionaliste. Voltaire en se prétendant mondain n’exalte que en apparence les attraits d’un mondanité réservée aux fortunés du monde. Voltaire s’affiche citoyen d’un monde où grâce aux ressources de la terre, l’activité humaine, l’homme instaure la paix et bonheur sur terre. Ce texte est plus profond qu’il n’en a l’air. Il s’appuie sur une approche optimiste de l’activité humaine et des progrès qu’elle entraîne. Voltaire a une conception positive de l’histoire.

Cette position a été prise au sérieux par les contradicteurs de Voltaire. Rousseau lui répondra en 1749 dans le discours sur les lettres et les arts où il soutiendra la thèse inverse.

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