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Le hussard sur le toit

Publié le 03/05/2015

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Parcours de lecture (suite) Le Hussard sur le toit Pauline de Theus Elle n'appartient pas du tout au mm milieu qu'Angelo ; elle est la fille d'un médecin pauvre de Rians alors qu'Angelo est le fils naturel de la duchesse Ezza Pardi. Mais le destin les a rapprochés - elle a épousé  le marquis de Théus ; elle a, elle aussi, un nom qui évoque la divinité (théus : Dieu en grec/cf : Angelo).Tandis qu'Angelo, carbonaro, combat pour la république en Italie, Pauline et son mari ont comploté contre la Monarchie de Juillet. Elle manie très bien les armes, s'avère une écuyère hors pair. Ils sont tous deux jeunes (A : 25 ans / P : 23 ans - 45 ans de moins que son mari). Tous deux sont séduisants. Pauline décrite via Angelo qui met un certain temps à prendre conscience de sa beauté - « grands yeux verts », un « chignon lourd et soyeux », de belles jambes... Une analepse évoque le physique d'Angelo : «  un épi d'or sur un cheval noir » - très différent de l'acteur de l'adaptation... ; pas de portrait classique mais des témoignages multiples attestent de sa beauté : Giuseppe le trouve « bien fait », etc... Alors que le lecteur est associé au flux de conscience d'Angelo, il ne connaît de Pauline que ses paroles et ses actes via Angelo. ANGELO Il a construit sa quête du bonheur autour des notions de devoir et de respect de soi (Stendhal) Ses défauts : une peur maladive du ridicule, de la timidité, excès de pudeur physique et morale. Il craint souvent d'avoir choisi la facilité, d'avoir cédé à l'orgueil alors qu'il pensait faire son devoir. La sexualité ? Les obstacles : le choléra, Pauline est mariée, le trouble d'Angelo dès qu'une scène se charge d'érotisme (voir la scène d'orgie dans l'auberge qui le terrifie - « Il ne pouvait supporter la vue de ces corsages ouverts... » (p 102) A une question de Pauline sur ses conquêtes aixoises, il répond : «  Elles faisaient en effet une belle tapisserie. J'aime les tapisseries. » (p454) Dans le Hussard, soigner semble le bonheur suprême d'Angelo ; d'où une forme d'anorexie sexuelle. Les gestes de désir sont sublimés en gestes de thérapie « Est-ce que là, par exemple, elle ne sentait pas une douleur ? Et du bout de l'index, il lui toucha le creux de l'estomac. » (p394) La scène où il la sauve : équivalent symbolique d'une scène d'amour ; au matin, Pauline le tutoie. LA NOIRCEUR de l'oeuvre Giono, Pacifiste militant Publie dans un périodique pronazi « la gerbe » Emprisonné à la libération. La nature mauvaise -la canicule, les animaux vecteurs de mort (sauf les chevaux et le chat, mais ambigu). Les mouches, les guêpes et mm les papillons se repaissent de la chair sucrée des morts, et sont particulièrement friands de leurs yeux. LES OISEAUX / CORBEAUX, CORNEILLES, CHOUETTES, pigeons, hirondelles, alouettes, rossignols deviennent charognards (voir le symbolisme positif du rossignol, d'habitude...) Un corbeau roucoule comme une colombe avant de frapper Pauline du bec «  Je n'ai jamais rien entendu de plus horrible que cette chanson endormeuse qu'il m'adressait sans arrêt. Je me sentais sucrée de la tête aux pieds et envie de m'endormir » (p317) Idem pour les chiens, les cochons, les poules, voraces et agressifs LES HOMMES « une saloperie encore pire » (p 125) Voir le passage en LA p192 »On n'embrassait plus les enfants. Pas pour les préserver, pour se préserver ». p192 A travers la personnalité machiavélique de Giuseppe, Giono met en cause l'espèce humaine. LES MODELES LITTERAIRES Orlando furioso de l'Arioste (1474-1533) (au moins 5 références) : immense poème où surviennent mille aventures merveilleuses : folie amoureuse de Roland abandonné par Angélique, expédition du roi païen contre Charlemagne, amours diverses...plein de rebondissements où l'idéal chevaleresque est mis à distance par l'irone du conteur. Contrairement aux théoriciens du nouveau roman qui remettent en cause tous les codes du récit - disparition du personnage, brouillage de l'instance énonciative (à voir dans le manuel), Giono choisit un héros jeune, beau, pur et fougueux. Il indique dès lors que les clichés du romanesque ne lui font pas peur - Les romans de chevalerie, le roman de cape et d'épée. La bravoure surhumaine d'Angelo évoque celle de D'Artagnan ou de Cyrano (adapté par Rappeneau !) Roman d'éducation ou roman d'apprentissage ? Le petit médecin et la nonne ont une fonction d'initiateurs mais Angelo évolue peu au cours du roman. Il n'apprend d'eux qu'à surmonter son dégoût face à ' la maladie qui fait vomir'. Grâce à eux, il ne cesse d'entrer en contact avec les agonisants ou les morts, mais ses initiatives restent vaines (sauf avec Pauline). Initiation sentimentale ? - elle demeure inachevée, on l'a vu. Le roman picaresque ? Angelo ne ressemble en rien à un picaro, cet antihéros qui s'empresse de souligner ses origines ignobles et vit d'expédients mais Giono en retient qqs traits : un roman des « grands chemins » qui unit souffle aventureux et crudité du réalisme. Comme un picaro, Angelo est amené en entrer en contact avec toutes les couches de la société, et sur sa route se côtoient visages repoussants et agréables qui appartiennent à toutes les couches de la société (voir LA2). Angelo remet en cause l'ordre établi - une des caractéristiques essentielles du picaro qui hait l'Hidalgo, l'aristocrate espagnol. Mais il arrive qu'un contrepoint comique ne mine la tonalité héroïque du passage. Lors de l'évasion de la première quarantaine, Angelo se retrouve privé d'ennemi sérieux et le narrateur s'amuse de son dépit. Il a ourdi une évasion glorieuse, et : « IL s'approcha de la sentinelle et il la désarma avec une extrême facilité, l'autre ne se rendant pas compte pourquoi il lui prenait son fusil. Il croyait que c'était pour le regarder. STENDHAL Fréquents clins d'oeil : pages 11-12 : « Pardon madame, ne pourriez-vous pas me donner un peu de café, en payant ? (....) Le en payant aussi est maladroit », se dit Angelo. Cf : Julien Sorel arrivant à Besançon « Madame, je viens ici pour la première fois de ma vie ; je voudrais bien, en payant, un pain et une tasse de thé ». (Le Rouge et le Noir) Comme Fabrice Del Dongo, dans la Chartreuse de P, Angelo est noble, bâtard, jeune, beau, se déplace à cheval, fume le cigare, aime ses bottes et l'arme blanche, est colonel des hussards. La fougueuse Duchesse Ezzia Pardi ressemble à la SAnseverina ; + l'Italie Certains traits d'Angelo sont hérités de modèles stendhaliens : la gravité, la crainte mortelle du ridicule, la manie de l'introspection MAIS aussi un don pour le bonheur et une tendance à l'exaltation. « L'homme le mit en joue. Il continua d'avancer. Il était au comble du bonheur. » Hussard (page 91) Mais s'il partage le sens de l'honneur et le goût du sublime avec les héros stendhaliens, Angelo les porte plus haut encore, comme en témoigne son total oubli de soi dans sa lutte contre le choléra. De plus Giono le plonge dans l'Enfer du choléra et en tire des effets nullement inspirés de Stendhal. Giono : focalisation interne fixe ; le héros fait découvrir le sud de la France dévasté par une épidémie de choléra / de peur, d'hypocrisie, de cupidité. Pas d'intrusion d'auteur, de « notre héros » chaleureux et moqueur à la Stendhal. LE hussard et le cinéma Nombreux projets d'adaptation, y compris par Giono lui-mm, qui ont  échoué Mais un court métrage de Giono sur le choléra en 1958 Puis 1995, le film : 'Rappeneau a du métier. On aurait préféré de l'émotion. Les corbeaux sont très bien. On n'en dira pas autant d'Olivier Martinez. Quelle tuile de l'avoir au générique du Hussard ! »Eric Neuhoff - Le Figaro MAIS, dans le film : Provence gionienne, beauté angélique de Martinez, jeu sobre de J Binoche Gommage total du symbolisme du choléra, de l'ambiguïté de Giuseppe Les scènes pas adaptées : la nonne La trahison du dénouement Rajouts : poursuite des agents autrichiens, amplification du rôle du colporteur, scène chez Peyrolle... Ccl : Le roman pétrit diverses influences pour les fondre en une pâte originale et puissante

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