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Le Hussard sur le toit, lecture analytique.

Publié le 07/11/2012

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lecture
Giono, Le hussard sur le toit. L.A numéro 2 Jean Giono est un auteur et scénariste français du XX siècle. Le hussard sur le toit est un roman écrit en 1951, quelques années après la fin de la guerre mondiale. Il aborde les thèmes de la nature, de la solitude et de la mort dans un cadre paysan provençal. Cet extrait se situe au début du roman. Le protagoniste principale, Angelo, se réfugie dans une maison après avoir a été accusé par les habitants de Manosque d'empoisonner les fontaines du village. Quel regard Angelo porte il sur la mort? Dans un premier temps nous nous appliquerons à étudier la manière dont la mort est mise en scène dans ce passage, puis il sera question d'analyser la position d'intrus que le héros occupe. L'arrivée d'Angelo dans la maison est d'abord présentée comme une lente montée aux Enfers, au cours de laquelle le héros est guidé par son angoisse et par sa peur («il n'osait pas...«; «il craignait...«). Cette crainte est soulignée par un champ lexical conférant une atmosphère d'oppression et d'hostilité, ressentit par le héros, et par le lecteur, lui aussi plongé dans l'action («crainte; voleur; entrouverte...«). La répétition du mot «entrouvert« permet de mettre en place une montée de tension et d'appréhension, qui dans un certain sens prédit la découverte du cadavre, dans une scène présentée comme une véritable exploration («une de ses portes était entrouverte; La porte entrouverte n'était ni plus ni moins entrouverte...«). Le point de vue interne immerge le lecteur dans la narration interne, présentant ce que voit Angelo, en plus de montrer le regard de l'auteur. Les signes annonciateurs anticipent la présence pesante de la maladie et du viole. Le cadavre est enfin découvert, le corps théâtrale et figé de la femme donne un aspect pictural à la scène. Sa description est mise en valeur par l'étrangeté des contrastes et par le caractère poétique qui se dégage de la mort («flamme: reflet d'or...«), entretenant une certaine ambigüité entre l'éloge et le blame. La mort est d'abord brièvement présentée comme pétrifiante et effrayante avant d'être décrite comme un phénomène à la beauté attrayante («Son frisson de peur fut très court quand il comprit que c'était des cheveux de femmes (...) il était bouleversé par la beauté des cheveux...«) La beauté du cadavre contraste avec le lexique de la maladie (cyanose...) et un style particulièrement cru (dureté des mots «maigreur (...) taillé (...) onyx (...) Putréfié...«) caractérisé par des oxymores («coussin d'ordure...«). Une deuxième ambigüité inquiétante réside dans cette description, attribuant à cette femme des éléments vivant («morde la vie à pleine dents (...) comme une sauterelle qui va sauter«). L'admiration hypnotique que porte l'auteur pour la mort est dérangeante car la situation du cadavre ne rend pas cette attirance «saine« du point de vue du lecteur. La chemise de la femme pourrait évoquer un suaire («sous sa longue chemise de nuit«) Le héros rencontre le drame à plusieurs reprises, mais il semble ici bouleversé par ce à quoi il assiste («il était bouleversé par la beauté des cheveux...«) Cette peur, mêlée à cette fascination est aussi probablement renforcé par une certaine timidité et par de la prudence («Monsieur, ou madame, soyez sans crainte, je suis un gentilhomme...«) lié a sa sensation d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Il est présenté comme impuissant face à la mort et spectateur du fléau auquel il est confronté. Malgré son émotion il garde une certaine distance face au cadavre («Mais il n'approchait pas...«) De plus, Angelo, de par sa jeune fougue et de par sa vigueur est un symbole de vie; en s'introduisant dans la maison, il vient troubler la quiétude des lieux et brise le silence mortuaire en apportant la lumière. En effet, Angelo est très humain dans ses réactions, bouleversé par ce qu'il voit mais aussi éveillé par tout ce qu'il ressent à la vu de cette femme. Il frisonne («son frisson de peur...«) puis entend la voix du petit français (« C'est le plus beau débarquement de choléra asiatique qu'on ait jamais vu...«). C'est cette vitalité qui se déchaîne en lui, qui saisit le lecteur face à l'inertie dérangeante de la morte. Ce n'est pas la première fois qu'Angelo rencontre le fléau; il y est même exposé à plusieurs reprises et son absence de peur qu'il l'immunise du fléau. Un contraste saisissant entre la vie et la mort est établie dans ce passage. Les descriptions du cadavre sont très crues mais pures et imagées, ce qui confère à la vision interne un aspect pictural, faisant sans doute écho au passé de peintre de Jean Giono.

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