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Le mot "feu" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 27/08/2006

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descartes

 

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

et, entre autres choses, à cause qu'après les astres je ne connais rien au monde que le feu qui produise de la lumière, je m'étudiai à faire entendre bien clairement tout ce qui appartient à sa nature, comment il se fait, comment il se nourrit, comment il n'a quelquefois que de la chaleur sans lumière, et quelquefois que de la lumière sans chaleur ;

Mais parce que je n'en avais pas encore assez de connaissance pour en parler du même style que du reste, c'est-à-dire en démontrant les effets par les causes, et faisant voir de quelles semences, et en quelle façon, la nature les doit produire, je me contentai de supposer que Dieu formât le corps d'un homme, entièrement semblable à l'un des nôtres, tant en la figure extérieure de ses membres qu'en la conformation intérieure de ses organes, sans le composer d'autre matière que de celle que j'avais décrite, et sans mettre en lui, au commencement, aucune âme raisonnable, ni aucune autre chose pour y servir d'âme végétant ou sensitive, sinon qu'il excitât en son coeur un de ces feux sans lumière, que j'avais déjà expliqués, et que je ne concevais point d'autre nature que celui qui échauffe le foin, lorsqu'on l'a renfermé avant qu'il fût sec, ou qui fait bouillir les vins nouveaux, lorsqu'on les laisse cuver sur la râpe.

Puis aussi on connaît de là que le vrai usage de la respiration est d'apporter assez d'air frais dans le poumon pour faire que le sang qui y vient de la concavité droite du coeur, où il a été raréfié et comme changé en vapeurs, s'y épaississe et convertisse en sang derechef, avant que de retomber dans la gauche, sans quoi il ne pourrait être propre à servir de nourriture au feu qui y est ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.

et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.

et il me semble que par là j'ai trouvé des cieux, des astres, une terre, et même sur la terre de l'eau, de l'air, du feu, des minéraux, et quelques autres telles choses, qui sont les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION.

Ce que vous croirez facilement, si vous remarquez qu'il semble à ceux qui reçoivent quelque blessure dans l'oeil, qu'ils voient une infinité de feux et d'éclairs devant eux, nonobstant qu'ils ferment les yeux, ou bien qu'ils soient en lieu fort obscur ;

  LES METEORES, DISCOURS PREMIER, DE LA NATURE DES CORPS TERRESTRES.

Je n'oublierai pas aussi les tempêtes, le tonnerre, la foudre et les divers feux qui s'allument en l'air, ou les lumières qui s'y voient.

Et on peut voir aussi par expérience que l'eau qu'on a tenue longtemps sur le feu se gèle plus tôt que d'autre ;

  LES METEORES, DISCOURS SECOND, DES VAPEURS ET DES EXHALAISONS.

mais si quelquefois le feu s'éprend en ces corps, il les en chasse toutes en fumée.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

Au reste, sinon que je n'ai pas envie de m'arrêter à expliquer particulièrement la nature du feu, j'ajouterais encore ici, pourquoi l'eau de la mer est moins propre à éteindre les embrasements que celle des rivières, et pourquoi elle étincelle la nuit, étant agitée :

d'où vient qu'en même temps il ne sort pas du feu de toutes ses vagues ;

Et c'est la raison pourquoi les grains de sel, étant entiers, se brisent en sautant et pétillant quand on les jette dans le feu, et pourquoi ils ne font point le même étant mis en poudre ;

ni de ce qu'il se fond assez facilement sur le feu quand il est entier, en considérant qu'il y a plusieurs parties d'eau douce enfermées entre les siennes ;

car d'autant qu'elle ne se tire que par la violence d'un fort grand feu, ou du sel pur, ou du sel mêlé avec quelque autre corps fort sec et fort fixe, comme de la brique qui ne sert qu'a l'empêcher de se fondre :

il est évident que ses parties sont les mêmes qui ont auparavant composé le sel, mais qu'elles n'ont pu monter par l'alambic, et ainsi de fixes devenir volatiles, sinon après qu'en se choquant les unes contre les autres, à force d'être agités par le feu, de raides et inflexibles comme elles étaient, elles sont devenues faciles à plier ;

  LES METEORES, DISCOURS QUATRIEME, Des vents.

Et la partie de cette boule ABC étant pleine d'eau, et l'autre AEC étant vide, c'est-à-dire ne contenant que de l'air, on la met sur le feu ;

Et c'est pour cela aussi que ces feux qu'on nomme des Ardans conduisent de nuit les voyageurs vers les eaux, car ils suivent indifféremment le cours de l'air qui tire vers là des terres voisines, à cause que celui qui y est se condense.

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S'ALLUMENT EN L'AIR.

C'est lui aussi qui quelquefois, lors même que, la nue étant fort petite ou ne s'abaissant que fort peu, il est si faible qu'on ne le sent quasi pas en l'air libre, s'entonnant dans les tuyaux des cheminées, fait jouer les cendres et les fétus qui se trouvent au coin du feu, et y excite comme de petits tourbillons assez admirables pour ceux qui en ignorent la cause, et qui sont ordinairement suivis de quelque pluie.

Et là, étant embras[s]és par cette violente agitation, ils composent ces feux nommés de Saint-Elme qui consolent les matelots et leur font espérer le beau temps.

Il est vrai que souvent ces tempêtes sont en leur plus grande force vers la fin, et qu'il peut y avoir plusieurs nues l'une sur l'autre, sous chacune desquelles il se trouve de tels feux ;

ainsi qu'on peut voir par expérience, qu'ayant mêlé certaines portions de cette terre de salpêtre et de soufre, si on met le feu en cette composition, il s'en forme subitement une pierre.

Mais comme nous avons déjà remarqué qu'il éclaire quelquefois sans qu'il tonne, ainsi aux endroits de l'air où il se rencontre beaucoup d'exhalaisons et peu de vapeurs, il se peut former des nues si peu épaisses et si légères que tombant d'assez haut l'une sur l'autre, elles ne font ouïr aucun tonnerre, ni n'excitent en l'air aucun orage, nonobstant qu'elles enveloppent et joignent ensemble plusieurs exhalaisons, dont elles composent non seulement de ces moindres flammes qu'on dirait être des étoiles qui tombent du ciel, ou d'autres qui le traversent, mais aussi des boules de feu assez grosses, et qui, parvenant jusques à nous, sont comme des diminutifs de la foudre.

comme on y voit au haut ces étoiles qui le traversent, et au bas, tant ces ardents ou feux follets qui s'y jouent que ces autres qui s'arrêtent à certains corps, comme aux cheveux des enfants, ou aux crins des chevaux, ou aux pointes des piques qu'on a frottées d'huile pour les nettoyer, ou à choses semblables.

Mais tous ces feux ont fort peu de force à comparaison de la foudre ;

Et ceux qui savent combien le feu du salpêtre et du soufre mêlés ensemble a de force et de vitesse, au lieu que la partie grasse du soufre, étant séparée de ses esprits, en aurait fort peu, ne trouveront en ceci rien de douteux.

Pour la durée des feux qui s'arrêtent ou voltigent autour de nous, elle peut être plus ou moins longue, selon que leur flamme est plus ou moins lente, et leur matière plus ou moins épaisse et serrée.

Mais pour celle des feux qui ne se voient qu'au haut de l'air, elle ne saurait être que fort courte, à cause que si leur matière n'était fort rare, leur pesanteur les ferait descendre.

Mais je m'étonne fort qu'après cela ils aient pu s'imaginer que les comètes et les colonnes ou chevrons de feu, qu'on voit quelquefois dans le ciel, fussent composées d'exhalaisons, car elles durent incomparablement plus longtemps.

La première est qu'il y ait en l'air plusieurs nues, assez petites pour être prises pour autant de soldats, et qui, tombant l'une sur l'autre, enveloppent assez d'exhalaisons pour causer quantité de petits éclairs et jeter de petits feux, et peut-être aussi faire ouïr de petits bruits, au moyen de quoi ces soldats semblent combattre.

Là seconde qu'il y ait aussi en l'air de telles nues, mais qu'au lieu de tomber l'une sur l'autre, elles reçoivent leur lumière, des feux et des éclairs de quelque grande tempête qui se fasse ailleurs si loin de là, qu'elle n'y puisse être aperçue.

  LES METEORES, DISCOURS DIXIEME, De l'apparition de plusieurs soleils.

Là première est que le soleil N qui était vers le couchant, ayant une figure changeante et incertaine, jetait hors de soi comme une grosse queue de feu, NOP qui paraissait tantôt plus longue tantôt plus courte.

  L'HOMME.

et sachez que la chair du c_ur contient dans ses pores un de ces feux sans lumière, dont je vous ai parlé ci-dessus, qui la rend si chaude et si ardente, qu'à mesure qu'il entre du sang dans quelqu'une des deux chambres ou concavités qui sont en elle, il s'y enfle promptement, et s'y dilate :

et le feu qui est dans le c_ur de la machine que je vous décris n'y sert à autre chose qu'à dilater, échauffer, et subtiliser ainsi le sang, qui tombe continuellement goutte à goutte, par un tuyau de la veine cave, dans la concavité de son côté droit, d'où il s'exhale dans le poumon et de la veine du poumon, que les anatomistes ont nommé l'Artère veineuse, dans son autre concavité, d'où il se distribue par tout le corps.

où si elles entraient sans être ainsi derechef épaissies, elles ne seraient pas suffisantes pour servir de nourriture au feu qui y est.

Et ainsi vous voyez que la respiration, qui sert seulement en cette machine à y épaissir ces vapeurs, n'est pas moins nécessaire à l'entretenement de ce feu, que l'est celle qui est en nous, à la conservation de notre vie, au moins en ceux de nous qui sont hommes formés ;

Comme, par exemple , si le feu A se trouve proche du pied B, les petites parties de ce feu, qui se meuvent comme vous savez très promptement, ont la force de mouvoir avec soi l'endroit de la peau de ce pied qu'elles touchent ;

Or l'entrée du pore ou petit conduit d, e, étant ainsi ouverte, les esprits animaux de la concavité F entrent dedans, et sont portés par lui, partie dans les muscles qui servent à retirer ce pied de ce feu, partie dans ceux qui servent à tourner les yeux et la tête pour le regarder, et partie en ceux qui servent à avancer les mains et à plier tout le corps pour y apporter du secours.

tout de même que la fumée se convertit facilement en suie, dans les tuyaux des cheminées, mais non pas jamais dans le foyer où est le feu.

et voyant du feu, je me ressouviens de sa chaleur, parce que je l'ai sentie autrefois en le voyant.

Et si la chaleur du feu A , qui est proche de la main B, n'était que médiocre, il faudrait penser que la façon dont elle ouvrirait les tuyaux 7 serait cause que les parties du cerveau qui sont vers N se presseraient, et que celles qui sont vers o, s'élargiraient un peu plus que de coutume ;

Mais supposant que ce feu brûle la main, il faut penser que son action ouvre tant ces tuyaux 7, que les esprits, qui entrent dedans, ont la force de passer plus loin, en ligne droite, que jusques à N :

en sorte qu'ici , par exemple, où le feu A brûle la main B, et est cause que les esprits qui entrent dans le tuyau 7 tendent vers o, ces esprits trouvent là deux pores ou passages principaux oR, os.

comme en ceux qui retirent la main, ou le bras, ou tout le corps, et en ceux qui tournent la tête et les yeux vers ce feu, afin de voir plus particulièrement ce qu'il faut faire pour s'en garder.

Au lieu que, si la main B, étant fort froide, le feu A la réchauffait modérément et sans la brûler, il serait cause que les mêmes esprits, qui entrent par le tuyau 7, iraient se rendre non plus vers O et vers R, mais vers o et vers p, où ils trouveraient derechef des pores, disposés à les conduire en tous les nerfs qui peuvent servir aux mouvements convenables à cette action.

Tout de même, si l'action du feu A est moyenne entre celles qui peuvent conduire les esprits vers R, et vers p, c'est-à-dire entre celles qui causent la douleur et le plaisir, il est aisé à entendre que les seules inégalités qui sont en eux doivent suffire pour les déterminer à l'un ou à l'autre :

en sorte que, par exemple, si lorsque le feu A brûle la main B, la tête était tournée vers le côté gauche, au lieu qu'elle l'est maintenant vers le droit, les esprits iraient tout de même qu'ils font de 7 vers N, puis vers o, et de là vers R et vers s ;

en sorte qu'il ne faut point à leur occasion concevoir en elle aucune autre âme végétative, ni sensitive, ni aucun autre principe de mouvement et de vie, que son sang et ses esprits, agités par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans son c_ur, et qui n'est point d'autre nature que tous les feux qui sont dans les corps inanimés.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE II, En quoi consiste la chaleur et la lumière du feu.

Je ne connais au monde que deux sortes de corps dans lesquels la lumière se trouve, à savoir les astres et la flamme ou le feu.

Et parce que les astres sont sans doute plus éloignés de la connaissance des hommes que n'est le feu ou la flamme, je tâcherai premièrement d'expliquer ce que je remarque touchant la flamme.

Lorsqu'elle brûle du bois ou quelque autre semblable matière nous pouvons voir à l'oeil qu'elle remue les petites parties de ce bois et les sépare l'une de l'autre transformant ainsi les plus subtiles en feu, en air et en fumée, et laissant les plus grossières pour les cendres.

Qu'un autre donc imagine, s'il veut, en ce bois la forme du feu, la qualité de la chaleur, et l'action qui le brûle, comme des choses toutes diverses ;

Car mettez-y du feu, mettez-y de la chaleur, et faites qu'il brûle tant qu'il vous plaira ;

Et au contraire, ôtez-en le feu, ôtez-en la chaleur, empêchez qu'il ne brûle :

et tout autre corps peut aussi être échauffé sans être mis auprès du feu pourvu seulement qu'il soit agité et ébranlé, en telle sorte que plusieurs de ses petites parties se remuent et puissent remuer avec soi celles de nos mains.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE V, Du nombre des éléments et de leurs qualités.

Si bien que je ne ferai que suivre leur opinion, si je dis que cet air plus subtil et cet élément du feu remplissent les intervalles qui sont entre les parties de l'air grossier que nous respirons :

Et par là vous pouvez connaître la différence qui est entre cette flamme, ou le feu commun qui est parmi nous et l'élément du Feu que j'ai décrit.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d'un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

et, pour cet effet, supposons expressément qu'elle n'a point la forme de la terre, ni du feu, ni de l'air, ni aucune autre plus particulière comme du bois, d'une pierre ou d'un métal, non plus que les qualités d'être chaude ou froide, sèche ou humide, légère ou pesante ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

Car il est certain que ces corps peuvent souvent recevoir leur agitation des deux éléments de l'air et du feu, qui se trouvent toujours parmi eux sans y pouvoir être sentis, ainsi qu'il a tantôt été dit, ou même de l'air plus grossier, qui ne peut non plus être senti, et qu'ils peuvent la transférer tantôt à cet air plus grossier et tantôt à toute la masse de la terre, en laquelle étant dispersée, elle ne peut aussi être aperçue.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière.

et enfin la terre étant vers Y, on ne peut plus voir la comète, à cause de l'interposition du soleil, mais les rayons VY, EY, et semblables, ne laissent pas de faire encore paraître sa queue, en forme d'un chevron ou d'une lance de feu, telle qu'elle est ici 44.

Et il est à remarquer que la sphère EBG n'étant point toujours exactement ronde, ni aussi toutes les autres qu'elle contient, ainsi qu'il est aisé à juger de ce que nous avons expliqué, ces queues ou lances de feu ne doivent point toujours paraître exactement droites, ni tout à fait en même plan que le soleil.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

par exemple, que je suis ici, assis auprès du feu, vêtu d'une robe de chambre, ayant ce papier entre les mains, et autres choses de cette nature.

Combien de fois m'est-il arrivé de songer, la nuit, que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit ?

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

Mais voici que, pendant que je parle, on l'approche du feu :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

car souvent elles se présentent à moi malgré moi, comme maintenant, soit que je le veuille, soit que je ne le veuille pas, je sens de la chaleur, et pour cela je me persuade que ce sentiment ou bien cette idée de la chaleur est produite en moi par une chose différente de moi, à savoir par la chaleur du feu auprès duquel je suis assis.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

Ainsi, quoiqu'une étoile ne fasse pas plus d'impression en mon oeil que le feu d'une chandelle, il n'y a toutefois en moi aucune faculté réelle ou naturelle, qui me porte à croire qu'elle n'est pas plus grande que ce feu, mais je l'ai jugé ainsi dès mes premières années sans aucun raisonnable fondement.

Et quoiqu'en approchant du feu je sente de la chaleur, et même que m'en approchant un peu trop près je ressente de la douleur, il n'y a toutefois aucune raison qui me puisse persuader qu'il y a dans le feu quelque chose de semblable à cette chaleur, non plus qu'à cette douleur ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION Vème.

mais tout ainsi qu'un aveugle-né, qui s'est plusieurs fois approché du feu et qui en a senti la chaleur, reconnaît qu'il y a quelque chose par quoi il a été échauffé, et, entendant dire que cela s'appelle du feu, conclut qu'il y a du feu, et néanmoins n'en connaît pas la figure ni la couleur, et n'a, à vrai dire, aucune idée, ou image du feu, qui se présente à son esprit.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L'AUTRE PARTIE, REPONSE AUX CHOSES QUI PEUVENT ARRETER LES THEOLOGIENS.

Et quoique le fer et le feu ne se manient jamais sans péril par des enfants ou par des imprudents, néanmoins, parce qu'ils sont utiles pour la vie, il n'y a personne qui juge qu'il se faille abstenir pour cela de leur usage.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

ni aussi que j'imaginais l'âme comme un vent ou un feu, et autres choses semblables que j'ai seulement rapportées en ce lieu-là, selon l'opinion du vulgaire, pour faire voir par après qu'elles étaient fausses.

Car je l'ai sans doute corrigée lorsque j'ai fait voir que l'on peut supposer qu'il n'y a point de vent, point de feu, ni aucun autre corps au monde, et que néanmoins, sans changer cette supposition, toutes les choses par quoi je connais que je suis une chose qui pense ne laissent pas de demeurer en leur entier.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

et je ne crois pas que cette pensée puisse tomber en l'esprit d'un autre que vous, Au reste, j'ai fait voir clairement dans la seconde Méditation que l'esprit pouvait être conçu comme une substance existante, auparavant même que nous sachions s'il y a au monde aucun vent, aucun feu, aucune vapeur, aucun air, ni aucun autre corps que ce soit, pour subtil et délié qu'il puisse être ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L'AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.

puis en particulier quelle est la nature de cette terre et de tous les corps qui se trouvent le plus communément autour d'elle, comme de l'air, de l'eau, du feu de l'aimant et des autres minéraux.

puis en particulier la nature de cette terre, et de l'air, de l'eau, du feu, de l'aimant, qui sont les corps qu'on peut trouver le plus communément partout autour d'elle, et de toutes les qualités qu'on remarque en ces corps, comme sont la lumière, la chaleur, la pesanteur, et semblables ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 11.

ôtons-en la pesanteur, parce que nous voyons que le feu, quoiqu'il soit très léger, ne laisse pas d'être un corps ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 94.

ce qui se fait en même façon et pour la même raison qu'il sort ordinairement de l'écume hors des liqueurs qu'on fait bouillir sur le feu lorsqu'elles ne sont pas pures et qu'elles ont des parties qui, ne pouvant être agitées par l'action du feu si fort que les autres, s'en séparent, et, s'attachant facilement ensemble, composent cette écume.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 132.

Ainsi qu'on pourra connaître par ce que je dirai ci-après de la nature du feu, que la raison qui fait que les corps brûlés étant convertis en charbons sont tout noirs, et convertis en cendres sont blancs, consiste en ce que l'action du feu agitant toutes les plus petites et plus molles parties des corps qu'il brûle, fait que ces petites parties viennent premièrement couvrir toutes les superficies, tant extérieures qu'intérieures, qui sont dans les pores de ces corps, et que de là par après elles s'envolent et ne laissent que les plus grossières qui n'ont pu être ainsi agitées ;

d'où vient que si le feu est éteint pendant que ces petites parties couvrent encore les superficies du corps brûlé, ce corps paraît noir et est converti en charbon ;

mais s'il ne s'éteint que de soi-même, après avoir séparé de ces corps toutes les petites parties qu'il en peut séparer, alors il n'y reste que les plus grossières, qui sont les cendres, et ces cendres sont blanches, à cause qu'ayant pu résister à l'action du feu, elles résistent aussi à celle de la lumière et la font réfléchir.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 133.

en sorte que, supposant le reste égal, la chevelure de la comète paraît d'autant plus longue que la terre est plus éloignée du point de sa route qui est en la ligne droite qu'on peut tirer de cette comète vers le soleil, et même que lorsqu'elle en est si éloignée que le corps de la comète ne peut être vu, à cause qu'il est offusqué par les rayons du soleil, l'extrémité de sa queue ou chevelure ne laisse pas quelquefois de paraître, et on la nomme alors une barre ou chevron de feu, à cause qu'elle en a la figure.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 137.

Enfin, si la terre est vers 5, il est évident que nous ne pourrons voir cette comète, à cause de l'interposition du soleil, mais seulement une partie de sa queue ou chevelure, qui semblera un chevron de feu, et paraîtra le soir ou le matin selon que la terre sera plus proche du point 4 ou du point 2 ;

lass="MsoNormal">en sorte que si elle est justement au point 5, également distant de ces deux autres, peut-être que cette même comète nous fera voir deux chevrons de feu, l'un au soir et l'autre au matin, par le moyen des rayons courbés qui viennent d'H et de D vers 5 ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 77.

Et comme celle-ci s'embrase fort aisément sitôt qu'on en approche la flamme d'une autre chandelle, ainsi, lorsque quelque étincelle de feu est excitée en ces concavités, elle s'éprend incontinent en toute la fumée dont elles sont pleines, et par ce moyen la matière de cette fumée, se changeant en flamme, se raréfie tout à coup, et pousse avec grande violence tous les côtés du lieu où elle est enfermée, principalement s'il y a en elle quantité d'esprits ou de sels volatils.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 79.

Dont la raison est que les fumées qui s'enflamment ne sont pas toujours en une seule concavité, mais ordinairement en plusieurs, qui ne sont séparées que d'un peu de terre bitumineuse ou soufrée, en sorte que lorsque le feu s'éprend en l'une de ces concavités et donne par ce moyen la première secousse à la terre, il ne peut entrer pour cela dans les autres jusqu'à ce qu'il ait consumé la matière qui est entre deux, à quoi il a besoin de quelque temps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 80.

Mais je n'ai point encore dit en quelle façon le feu se peut éprendre dans les concavités de la terre, à cause qu'il faut savoir auparavant quelle est sa nature, laquelle je tâcherai maintenant d'expliquer.

Toutes les petites parties des corps terrestres, de quelque grosseur ou figure qu'elles soient, prennent la forme du feu lorsqu'elles sont séparées l'une de l'autre, et tellement environnées de la matière du premier élément qu'elles sont contraintes de suivre son cours.

De façon que la première et la principale différence qui est entre l'air et le feu consiste en ce que les parties du feu se meuvent beaucoup plus vite que celles de l'air, d'autant que l'agitation du premier élément est incomparablement plus grande que celle du second.

Mais il y a encore entre eux une autre différence fort remarquable, qui consiste en ce que ce sont les plus grosses parties des corps terrestres qui sont les plus propres à conserver et nourrir le feu, au lieu que ce sont les plus petites qui retiennent le mieux la forme de l'air ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 81.

Ce qui est cause que, bien que la matière du premier élément achève de remplir tous les recoins où ces parties du second ne peuvent être et qu'elle s'y meuve extrêmement vite, toutefois, pendant qu'elle n'y occupe point d'autres plus grands espaces, elle ne peut avoir la force d'emporter avec soi les parties des corps terrestres et leur faire suivre son cours, ni par conséquent de leur donner la forme du feu, parce qu'elles se soutiennent toutes les unes les autres et sont soutenues par les parties du second élément qui sont autour d'elles.

Mais afin qu'il commence à y avoir du feu quelque part, il est besoin que quelque autre force chasse les parties du second élément de quelques-uns des intervalles qui sont entre les parties des corps terrestres, afin que, cessant de se soutenir les unes les autres, il y en ait quelqu'une qui se trouve environnée tout autour de la seule matière du premier élément, au moyen de quoi elle doit suivre son cours.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 82.

Puis afin que le feu ainsi produit ne soit pas incontinent éteint, il est besoin que ces parties terrestres soient assez grosses et solides, et assez propres à se mouvoir pour avoir la force, en s'écartant de tous côtés avec l'impétuosité qui leur est communiquée par le premier élément, de repousser les parties du second qui se présentent sans cesse pour rentrer en la place du feu, d'où elles ont été chassées, et ainsi empêcher que, se joignant derechef les unes aux autres, elles ne l'éteignent.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 83.

Outre cela, ces parties terrestres, en repoussant celles du second élément, peuvent bien les empêcher de rentrer dans le lieu où est le feu, mais elles ne peuvent pas être empêchées par elles de passer outre vers l'air, où, perdant peu à peu leur agitation, elles cessent d'avoir la forme du feu et prennent celle de la fumée ;

ce qui est cause que le feu ne peut demeurer longtemps en un même lieu, si ce n'est qu'il y ait quelque corps qu'il consume successivement pour s'entretenir ;

et, à cet effet, il est besoin, premièrement, que les parties de ce corps soient tellement disposées qu'elles en puissent être séparées l'une après l'autre par l'action du feu, duquel elles prennent la forme à mesure que celles qui l'ont se changent en fumée ;

puis aussi qu'elles soient en assez grand nombre et assez grosses pour avoir la force de repousser les parties du second élément qui tendent à suffoquer ce feu, ce que ne pourraient faire celles de l'air seul ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 84.

Mais afin que ceci puisse être plus parfaitement entendu, j'expliquerai ici les divers moyens par lesquels le feu a coutume d'être produit, puis aussi toutes les choses qui servent à le conserver, et enfin quels sont les effets qui dépendent de son action.

Le plus ordinaire moyen qu'on emploie pour avoir du feu, quand on en manque, est d'en faire sortir d'un caillou en le frappant avec un fusil, ou bien avec un autre caillou ;

et je crois que la cause du feu ainsi produit, consiste en ce que les cailloux sont durs et raides (c'est-à-dire tels que, si on plie tant soit peu quelques-unes de leurs parties, elles tendent à se remettre en leur première figure, tout de même qu'un arc qui est bandé) et qu'avec cela ils sont cassants.

et de ce qu'ils sont cassants, la force dont elles tendent ainsi à retourner en leurs places fait que quelques-unes se séparent entièrement des autres, au moyen de quoi, ne se trouvant environnées que de la matière du premier élément, elles se convertissent en feu.

et enfin, qu'après le coup, ces parties du caillou étant rompues tombent en pirouettant, à cause de la violente agitation du premier élément qui les environne, et ainsi composent des étincelles de feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 85.

Si on frappe du bois en même façon, tant sec qu'il puisse être, on n'en fera point sortir de feu pour cela ;

au moyen de quoi, ne se trouvant environnées que du premier élément, elles se convertissent en feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 86.

On peut aussi allumer du feu par le moyen d'un miroir concave ou d'un verre convexe, en faisant que plusieurs rayons du soleil tendant vers un même point y joignent leurs forces.

et elle l'est assez pour exciter du feu, à cause qu'elle vient du premier élément qui compose le corps du soleil ;

elle peut aussi être assez forte, lorsque plusieurs rayons se joignent ensemble, pour séparer des corps terrestres quelques-unes de leurs parties, et leur communiquer la vitesse du premier élément, en laquelle consiste la forme du feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 87.

Car enfin, partout où se trouve une telle vitesse dans les parties des corps terrestres, il y a du feu, sans qu'il importe quelle en soit la cause.

Ainsi tous les mouvements violents suffisent pour produire du feu, et cela fait voir comment la foudre, les éclairs et les tourbillons de vent se peuvent enflammer ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 88.

Toutefois cette vitesse n'est peut-être jamais la seule cause des feux qui s'allument dans les nues, parce qu'il y a ordinairement des exhalaisons dedans l'air qui leur servent de matière, et qui sont de telle nature qu'elles s'embrasent fort aisément, ou du moins elles composent des corps qui jettent quelque lumière, encore qu'ils ne se consument pas.

Et c'est de ces exhalaisons que se font les feux follets en la plus basse région de l'air, et les éclairs qu'on voit quelquefois sans qu'il tonne en la moyenne ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 92.

et parce que ces herbes commencent à se sécher, ils y trouvent plusieurs pores un peu plus étroits que de coutume, qui, ne les pouvant plus recevoir avec le second élément, les reçoivent seulement environnés du premier, lequel les agitant fort promptement leur donne la forme du feu.

mais lorsqu'elles n'en meuvent que quelques-unes qui n'ont pas assez d'espace autour d'elles pour en aller choquer d'autres, elles font seulement que ce foin devient chaud et se corrompt peu à peu sans s'embraser, en sorte qu'alors il y a en lui une espèce de feu qui est sans lumière.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 93.

En même façon nous pouvons penser que, lorsqu'on cuit de la chaux, l'action du feu chasse quelques-unes des parties du troisième élément qui sont dans les pierres dont elle se fait ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 94.

Au reste, le feu peut être allumé en toutes les façons qui viennent d'être expliquées, non seulement sur la superficie de la terre, mais aussi dans les concavités qui sont au-dessous.

et il y a des pièces de rochers demi rompues qui, étant minées peu à peu par le cours des eaux ou par d'autres causes, peuvent tomber tout à coup du haut de ces concavités, et par ce moyen faire du feu, soit à cause qu'en tombant elles frappent d'autres pierres, ainsi qu'un fusil, soit aussi à cause que, lorsqu'elles sont grandes, elles chassent l'air qui est sous elles avec fort grande violence, ainsi qu'est chassé celui qui est entre deux nues lorsque l'une tombe sur l'autre.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 95.

Or après que le feu s'est épris en quelques corps, il passe facilement de là dans les autres voisins lorsqu'ils sont propres à le recevoir.

Car les parties du premier corps qui est enflammé, étant fort violemment agitées par le feu, rencontrent celles des autres qui sont proches de lui et leur communiquent leur agitation.

Mais ceci n'appartient pas tant à la façon dont le feu est produit qu'à celle dont il est conservé, laquelle je dois maintenant expliquer.

Considérons, par exemple, le flambeau AB qui est allumé, et pensons qu'il y a plusieurs petites parties de la cire ou autre matière grasse ou huileuse dont il est composé, comme aussi plusieurs du second élément, qui se meuvent fort vite en tout l'espace CD où elles composent la flamme, à cause qu'elles y suivent le cours du premier élément, et que, bien qu'elles se rencontrent souvent et s'entre-poussent, elles ne se touchent pas toutefois de tant de côtés, et ne se soutiennent pas si bien (ainsi qu'elles font aux autres endroits où il n'y a point du tout de feu) qu'elles se puissent arrêter l'une l'autre et s'empêcher d'être emportées par lui.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 98.

mais elles font aussi monter avec soi, par les pores de la mèche, des parcelles de cire à qui la chaleur du feu a déjà donné quelque agitation ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 99.

car lorsqu'il y a un assez grand feu dans une chambre où toutes les portes et fenêtres sont bien fermées, et où, excepté le tuyau de la cheminée par où la fumée sort, il n'y a rien d'ouvert que quelque vitre cassée ou quelque autre trou assez étroit, si on met la main auprès de ce trou, l'on sent manifestement le vent que fait l'air en venant par là vers le feu en la place de la fumée.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 100.

Ainsi on peut voir qu'il y a toujours deux choses requises pour faire que le feu ne s'éteigne point :

Et, au contraire, on peut faire des feux qui brûlent sous l'eau, à cause qu'ils contiennent des parcelles du troisième élément si solides, si agitées et en si grand nombre qu'elles ont la force de repousser l'eau de tous côtés, et ainsi l'empêcher d'éteindre le feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 101.

L'autre chose qui est requise pour la durée du feu est qu'il y ait auprès de lui quelque corps qui lui fournisse toujours de la matière pour succéder à la fumée qui en sort.

Et à cet effet il faut que ce corps ait en soi plusieurs parties assez déliées, à raison du feu qu'il doit entretenir, et qui soient jointes entre elles, ou à d'autres plus grosses, en telle sorte que les parties qui sont déjà embrasées puissent les séparer de ce corps et aussi des parties du second élément qui sont proches d'elles, afin de leur donner par ce moyen la forme du feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 102.

Je dis qu'il faut que ce corps ait en soi des parties assez déliées à comparaison du feu qu'elles doivent entretenir, parce qu'elles ne pourraient y servir si elles étaient si grosses qu'elles ne pussent être mues et séparées par les parties du troisième élément qui composent ce feu, et qui ont d'autant moins de force qu'elles sont plus déliées.

Comme on voit, ayant mis le feu à de l'eau-de-vie dont un linge est mouillé, que ce linge n'en peut être brûlé ni par conséquent nourrir ce feu ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 103.

J'ajoute qu'elles doivent être jointes en telle sorte que le feu les puisse séparer les unes des autres, et aussi des parties du second élément qui sont proches d'elles.

De plus, afin que les parties du corps qui sert à entretenir le feu puissent être séparées du second élément qui les environne, ou bien elles doivent être assez fermement jointes les unes aux autres, en sorte que les parties du second élément résistant moins qu'elles à la flamme en soient chassées les premières, et cette condition se trouve en tous les corps durs qui peuvent brûler, ou bien si les parties du corps qui brûle sont si petites et si peu jointes ensemble qu'encore que la flamme ne touche que la superficie de ce corps elle ait la force de les séparer, il est besoin qu'elles aient plusieurs petites branches si déliées et si proches les unes des autres qu'il n'y ait que le seul premier élément qui puisse remplir les petits intervalles qui sont autour d'elles.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 104.

L'eau commune est en cela fort différente de l'eau-de-vie, car elle est plus propre à éteindre le feu qu'à l'entretenir.

Dont la raison est que ses parties sont assez grosses, et avec cela si glissantes, unies et pliantes, que non seulement les parties du second élément qui se joignent à elles de tous côtés n'y laissent que fort peu de place pour le premier, mais aussi elles entrent facilement dans les pores des corps qui brûlent, et, en chassant les parties qui ont déjà l'agitation du feu, empêchent que les autres ne s'embrasent.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 105.

Toutefois cela dépend de la proportion qui est entre la grosseur de ses parties et la violence du feu, ou la grandeur des pores du corps qui brûle.

Car, comme il a déjà été dit de la chaux vive, qu'elle s'échauffe avec de l'eau froide, ainsi il y a une espèce de charbon qui en doit être arrosé lorsqu'il brûle, afin que sa flamme en soit plus vive, et tous les feux qui sont fort ardents le deviennent encore plus lorsqu'on jette dessus quelque peu d'eau.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 106.

Pour ce qui est du bois et des autres corps durs dont on peut entretenir le feu, ils doivent être composés de diverses parties, quelques-unes desquelles soient assez petites, les autres un peu plus grosses, et qu'il y en ait ainsi par degrés jusqu'à celles qui sont les plus grosses de toutes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 107.

Et s'il est composé de parties si égales et tellement disposées que les premières qui s'embrasent aient la force d'embraser leurs voisines en se glissant parmi elles, le feu se conserve en ce corps jusqu'à ce qu'il l'ait consumé, comme on voit arriver aux mèches dont se servent les soldats pour leurs mousquets.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 108.

Mais si les parties de ce corps ne sont point ainsi disposées, le feu ne s'y conserve qu'en tant que les plus subtiles, qui sont déjà embrasées, se trouvant engagées entre plusieurs autres plus grosses qui ne le sont pas, ont besoin de quelque temps pour s'en dégager.

Ce qu'on expérimente aux charbons, qui, étant couverts de cendres, conservent le feu pendant quelques heures, par cela seul que ce feu consiste en l'agitation de certaines parties du troisième élément assez petites, qui ont plusieurs branches, et qui, se trouvant engagées entre d'autres plus grosses, n'en peuvent sortir que l'une après l'autre, nonobstant qu'elles soient fort agitées, et qui peut-être aussi ont besoin de quelque temps pour être diminuées ou divisées peu à peu par la force de leur agitation avant qu'elles puissent sortir des lieux où elles sont.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 109.

Mais il n'y a rien qui prenne sitôt feu et qui le retienne moins longtemps que fait la poudre à canon.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 114.

Et en considérant que le charbon est ordinairement fait de bois duquel on a éteint le feu avant qu'il fût entièrement brûlé, on voit qu'il doit y avoir en lui plusieurs pores qui sont fort grands ;

On voit aussi qu'il n'est composé que de deux sortes de parties, dont les unes sont si grosses qu'elles ne sauraient être converties en fumée par l'action du feu, mais seraient demeurées pour les cendres si le charbon avait achevé de brûler ;

et celles-ci, ayant déjà été ébranlées par l'action du feu, sont déliées et molles, et aisées à embraser derechef et avec cela elles ont des figures assez embarrassantes, en sorte qu'elles ne se dégagent pas aisément des lieux où elles sont ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 115.

Et la raison pourquoi on grène la poudre est afin que les parties du salpêtre ne s'embrasent pas seulement l'une après l'autre, ce qui leur donnerait moins de force, mais qu'il y en ait plusieurs qui prennent feu toutes ensemble.

Ce qui est cause par exemple que, lorsqu'un canon est chargé, la flamme de l'amorce ou des premiers grains de poudre qui prennent feu a loisir de s'étendre en tout l'air qui est autour des autres grains, et de les toucher tous avant qu'il y en ait aucun qui s'enflamme ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 116.

Après le feu de la poudre, qui est l'un de ceux qui durent le moins, considérons si, tout au contraire, il peut y avoir quelque feu qui dure fort longtemps sans avoir besoin de nouvelle matière pour s'entretenir, comme on raconte de certaines lampes qu'on a trouvées ardentes en des tombeaux lorsqu'on les a ouverts après qu'ils avaient été fermés plusieurs siècles.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 117.

Passons maintenant aux effets du feu que l'explication des divers moyens qui servent à le produire ou conserver n'a pu encore faire entendre.

puis enfin pourquoi il ne laisse rien que les plus grosses qui composent les cendres, il reste seulement ici à expliquer comment un même feu peut faire que certains corps qui ne servent point à l'entretenir deviennent liquides et qu'ils bouillent ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 118.

Tous les corps durs, composés de parties si égales ou si semblables qu'elles peuvent être toutes agitées et séparées aussi aisément l'une que l'autre, deviennent liquides lorsque leurs parties sont ainsi agitées et séparées par l'action du feu.

Et lorsque leur mouvement est si grand que quelques-unes, se changeant en air ou en feu, requièrent beaucoup plus d'espace que de coutume pour le continuer, elles font élever par bouillons la liqueur d'où elles sortent.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 119.

Mais au contraire le feu sèche les corps qui sont composés de parties inégales, plusieurs desquelles sont longues, pliantes et glissantes, de façon que, n'étant aucunement attachées à ces corps, elles en sortent aisément lorsque la chaleur du feu les agite.

mais lorsqu'elles sont chassées par l'action du feu hors de leurs pores, cela fait que leurs autres parties ont coutume de se joindre plus fort les unes aux autres, et ainsi que ces corps deviennent plus durs.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 120.

Et les parties qui peuvent être chassées hors des corps terrestres par l'action du feu sont de divers genres, comme on expérimente fort clairement par la chimie.

Et il y en a encore d'autres un peu plus grosses qui composent les eaux-fortes, et se tirent des sels avec grande violence de feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 121.

Derechef il y en a qui sont encore plus grosses, à savoir celles des sels, lorsqu'elles demeurent entières, et celles de l'argent vif, qui, étant élevées par l'action d'un assez grand feu, ne demeurent pas liquides, mais, s'attachant au haut du vaisseau qui les contient, y composent des sublimés.

et ce n'est pas tant par la violence du feu que par un peu d'industrie qu'elles en peuvent être tirées.

Car d'autant que leurs parties sont fort déliées et ont des figures fort embarrassantes, l'action d'un grand feu les ferait rompre et changerait entièrement leur nature, en les tirant avec force d'entre les autres parties des corps où elles sont.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 122.

Or, en toutes ces distillations, le degré du feu se doit observer, car selon qu'on le fait plus ou moins ardent, les effets qu'il produit sont divers.

Et il y a plusieurs corps qu'on peut rendre fort secs, et par après tirer d'eux diverses liqueurs par distillation, lorsqu'on les expose au commencement à un feu lent, lequel on augmente après peu à peu, qui seraient fondus d'abord, en sorte qu'on ne pourrait tirer d'eux les mêmes liqueurs s'ils étaient exposés à un grand feu.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 123.

Et ce n'est pas seulement le degré du feu, mais aussi la façon de l'appliquer qui peut changer ses effets.

Car, selon la façon de parler des chimistes, on dit qu'un corps dur est calciné lorsqu'il est ainsi mis en poudre par l'action du feu ;

en sorte qu'il n'y a point d'autre différence entre les cendres et la chaux sinon que les cendres sont ce qui reste des corps entièrement brûlés après que le feu en a séparé beaucoup de parties qui ont servi à l'entretenir et que la chaux est ce qui reste de ceux qu'il a pulvérisés, sans en pouvoir séparer que peu de parties qui servaient de liaison aux autres.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 124.

Au reste, le dernier et l'un des principaux effets du feu est qu'il peut convertir toutes sortes de cendres et de chaux en verre.

Car les cendres et la chaux n'étant autre chose que ce qui reste des corps brûlés après que le feu en a fait sortir toutes les parties qui étaient assez petites pour être chassées ou rompues par lui, toutes leurs parties sont si solides et si grosses qu'elles ne sauraient être élevées comme les vapeurs par son action, et avec cela elles ont pour la plupart des figures assez irrégulières et inégales :

Mais lorsqu'elles cuisent par après dans un feu fort ardent, c'est-à-dire lorsque plusieurs parties du troisième élément moindres qu'elles, et plusieurs de celles du second qui, étant agitées par le premier, Composent ce feu, passent avec très grande vitesse de tous côtés parmi elles, cela fait que les pointes de leurs angles s'émoussent peu à peu et que leurs petites superficies s'aplanissent, et peut-être aussi que quelques-unes de ces parties se plient ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 125.

Et de la seule différence qui est entre ces deux façons de se joindre dont il est évident que la première est dans les cendres et que la seconde y doit être introduite par une longue et violente agitation du feu, on peut connaître parfaitement la nature du verre et rendre raison de toutes ses propriétés.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 126.

La première de ses propriétés est qu'il est liquide lorsqu'il est fort échauffé par le feu, et peut aisément recevoir toutes sortes de figures, lesquelles il retient étant refroidi ;

Il est liquide à cause que l'action du feu ayant déjà eu la force de faire couler ses parties l'une sur l'autre pour les polir et plier, et ainsi les changer de cendres en verre, a infailliblement aussi la force de les mouvoir séparément l'une de l'autre ;

et tous les corps que le feu a rendus liquides ont cela de commun qu'ils prennent aisément toutes les figures qu'on leur veut donner, à cause que leurs petites parties qui sont alors en continuelle agitation s'y accommodent ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 127.

La cause de sa dureté est que chacune de ses parties est si grosse et si dure, et avec cela si difficile à plier, que le feu n'a pas eu la force de les rompre, et qu'elles ne sont pas jointes ensemble par l'entrelacement de leurs branches, mais par cela seul qu'elles se touchent immédiatement les unes les autres.

ce qui arrive aux parties du verre sitôt qu'il est retiré du feu, d'autant qu'elles sont si grosses et tellement posées les unes sur les autres et ont des figures si irrégulières et inégales, que l'air n'a pas la force d'entretenir en elles l'agitation que le feu leur avait donnée.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 129.

C'est pourquoi les verriers ont coutume de recuire leurs verres, c'est-à-dire de les remettre dans le feu après les avoir faits, et puis de les en retirer par degrés, afin qu'ils ne deviennent pas froids trop promptement.

Et lorsqu'un verre froid est exposé au feu, en sorte qu'il s'échauffe beaucoup plus d'un côté que d'autre, cela le fait rompre, à cause que la chaleur dilate ses pores, et que les uns ne peuvent être notablement plus dilatés que les autres sans que ses parties se séparent.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 130.

De plus, le verre est transparent à cause qu'ayant été liquide lorsqu'il a été fait, la matière du feu qui coulait de tous côtés entre ses parties y a laissé plusieurs pores par où le second élément peut après transmettre en tous sens l'action de la lumière, suivant des lignes droites.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 131.

Mais lorsqu'on mêle parmi le verre quelques métaux ou autres matières dont les parties résistent davantage, et ne peuvent pas si aisément être polies par l'action du feu que celles des cendres dont on le compose, cela le rend moins transparent et lui donne diverses couleurs, à cause que ces parties des métaux, étant plus grosses et autrement figurées que celles des cendres, avancent quelque peu au dedans de certains pores, au moyen de quoi elleschangent le mouvement des parties du second élément qui y passent, et font que ces parties passant par les autres y roulent en diverses façons ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 132.

la seconde, que la figure de ces pores est disposée à donner libre passage à cette matière, d'autant que c'est toujours par son action ou par quelque autre semblable qu'ils ont été formés, comme par exemple, lorsque le verre devient dur, ses pores, qui ont été élargis par l'action du feu pendant qu'il était liquide, sont rétrécis par l'action du second élément qui les ajuste à la grosseur de ses parties ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 133.

Jusqu'ici j'ai tâché d'expliquer la nature et toutes les principales propriétés de l'air, de l'eau, des terres et du feu, parce que ce sont les corps qui se trouvent le plus généralement partout en cette région sublunaire que nous habitons, de laquelle on les nomme les quatre éléments ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 136.

Car nous n'en avons aucun qui obéisse plus malaisément au marteau sans l'aide du feu, qu'on fasse fondre avec tant de peine, ni qui se puisse rendre si dur sans le mélange d'aucun autre corps, ce qui témoigne que les parcelles dont il est composé ont plus d'inégalités ou de branches, par le moyen desquelles elles se peuvent joindre et lier ensemble, que n'ont les parcelles des autres métaux.

Il est vrai qu'on n'a pas tant de peine à le fondre la première fois apr&egr

descartes

« pourquoi ils ne font point le même étant mis en poudre ; ni de ce qu'il se fond assez facilement sur le feu quand il est entier, en considérant qu'il y a plusieurs parties d'eau douceenfermées entre les siennes ; car d'autant qu'elle ne se tire que par la violence d'un fort grand feu, ou du sel pur, ou du sel mêlé avec quelque autre corps fortsec et fort fixe, comme de la brique qui ne sert qu'a l'empêcher de se fondre : il est évident que ses parties sont les mêmes qui ont auparavant composé le sel, mais qu'elles n'ont pu monter par l'alambic, etainsi de fixes devenir volatiles, sinon après qu'en se choquant les unes contre les autres, à force d'être agités par le feu, de raideset inflexibles comme elles étaient, elles sont devenues faciles à plier ; LES METEORES, DISCOURS QUATRIEME, Des vents. Et la partie de cette boule ABC étant pleine d'eau, et l'autre AEC étant vide, c'est-à-dire ne contenant que de l'air, on la met surle feu ; Et c'est pour cela aussi que ces feux qu'on nomme des Ardans conduisent de nuit les voyageurs vers les eaux, car ils suiventindifféremment le cours de l'air qui tire vers là des terres voisines, à cause que celui qui y est se condense. LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S'ALLUMENT EN L'AIR. C'est lui aussi qui quelquefois, lors même que, la nue étant fort petite ou ne s'abaissant que fort peu, il est si faible qu'on ne le sentquasi pas en l'air libre, s'entonnant dans les tuyaux des cheminées, fait jouer les cendres et les fétus qui se trouvent au coin du feu,et y excite comme de petits tourbillons assez admirables pour ceux qui en ignorent la cause, et qui sont ordinairement suivis dequelque pluie. Et là, étant embras[s]és par cette violente agitation, ils composent ces feux nommés de Saint-Elme qui consolent les matelots etleur font espérer le beau temps. Il est vrai que souvent ces tempêtes sont en leur plus grande force vers la fin, et qu'il peut y avoir plusieurs nues l'une sur l'autre,sous chacune desquelles il se trouve de tels feux ; ainsi qu'on peut voir par expérience, qu'ayant mêlé certaines portions de cette terre de salpêtre et de soufre, si on met le feu encette composition, il s'en forme subitement une pierre. Mais comme nous avons déjà remarqué qu'il éclaire quelquefois sans qu'il tonne, ainsi aux endroits de l'air où il se rencontrebeaucoup d'exhalaisons et peu de vapeurs, il se peut former des nues si peu épaisses et si légères que tombant d'assez haut l'unesur l'autre, elles ne font ouïr aucun tonnerre, ni n'excitent en l'air aucun orage, nonobstant qu'elles enveloppent et joignentensemble plusieurs exhalaisons, dont elles composent non seulement de ces moindres flammes qu'on dirait être des étoiles quitombent du ciel, ou d'autres qui le traversent, mais aussi des boules de feu assez grosses, et qui, parvenant jusques à nous, sontcomme des diminutifs de la foudre. comme on y voit au haut ces étoiles qui le traversent, et au bas, tant ces ardents ou feux follets qui s'y jouent que ces autres quis'arrêtent à certains corps, comme aux cheveux des enfants, ou aux crins des chevaux, ou aux pointes des piques qu'on a frottéesd'huile pour les nettoyer, ou à choses semblables. Mais tous ces feux ont fort peu de force à comparaison de la foudre ; Et ceux qui savent combien le feu du salpêtre et du soufre mêlés ensemble a de force et de vitesse, au lieu que la partie grasse dusoufre, étant séparée de ses esprits, en aurait fort peu, ne trouveront en ceci rien de douteux. Pour la durée des feux qui s'arrêtent ou voltigent autour de nous, elle peut être plus ou moins longue, selon que leur flamme estplus ou moins lente, et leur matière plus ou moins épaisse et serrée. Mais pour celle des feux qui ne se voient qu'au haut de l'air, elle ne saurait être que fort courte, à cause que si leur matière n'étaitfort rare, leur pesanteur les ferait descendre. Mais je m'étonne fort qu'après cela ils aient pu s'imaginer que les comètes et les colonnes ou chevrons de feu, qu'on voit. »

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