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Le mot "mal" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 11/08/2010

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descartes

Règles pour la direction de l’esprit, #2#Règle première.

C’est ainsi qu’ils comparent, mal à propos, les sciences qui consistent uniquement dans le travail de l’esprit, avec les arts qui ont besoin d’un certain usage et d’une certaine disposition corporelle.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle deuxième.

la déduction, au contraire, ou l’opération par laquelle on infère une chose d’une autre, peut ne pas se faire, si on ne l’aperçoit pas, mais n’est jamais mal faite, même par l’esprit le moins accoutumé à raisonner.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

Par exemple, de ce que dans l’air il n’est rien que la vue, le tact ou quelque autre sens puisse saisir, nous concluons que l’espace qui le renferme est vide, nous joignons mal à propos la nature du vide à celle de l’espace ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle treizième.

Même il ne faut pas mal penser des grands esprits au point de croire qu’ils ont imparfaitement conçu les choses toutes les fois qu’ils ne les expliquent pas en termes assez clairs.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.

Mais la connaissance que les autres en ont, encore bien qu’elle ne soit gâtée par aucune erreur évidente, est cependant obscurcie par des principes équivoques et mal conçus, que nous tâcherons par la suite de corriger à mesure que nous les rencontrerons.

Cette considération répand un grand jour sur la géométrie, parce que dans cette science presque tous concevront mal à propos trois espèces de quantités, la ligne, la surface et le corps.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des degrés ou tons de musique.

Pour la voix de nature ou naturelle, elle tient le milieu et elle le doit tenir, car autrement elle serait mal nommée naturelle, si pour l’exprimer on avait besoin de hausser ou d’abaisser excessivement sa voix.

  DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

Car il me semblait que je pourrais rencontrer beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent, et dont l’événement le doit punir bientôt après s’il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet, touchant des spéculations qui ne produisent aucun effet, et qui ne lui sont d’autre conséquence, sinon que peut-être il en tirera d’autant plus de vanité qu’elles seront plus éloignées du sens commun, à cause qu’il aura dû employer d’autant plus d’esprit et d’artifice à tâcher de les rendre vraisemblables.

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

Ainsi ces anciennes cités qui, n’ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, qu’encore que, considérant leurs édifices chacun à part, on y trouve souvent autant ou plus d’art qu’en ceux des autres, toutefois, à voir comme ils sont arrangés, ici un grand, là un petit, et comme ils rendent les rues courbées et inégales, on dirait que c’est plutôt la fortune que la volonté de quelques hommes usant de raison, qui les a ainsi disposés.

  DISCOURS DE LA METHODE, Troisième partie.

Et comme, en abattant un vieux logis, on en réserve ordinairement les démolitions pour en servir à en bâtir un nouveau, ainsi en détruisant toutes celles de mes opinions que je jugeais être mal fondées, je faisais diverses observations et acquérais plusieurs expériences, qui m’ont servi depuis à en établir de plus certaines.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

à savoir la veine cave, qui est le principal réceptacle du sang, et comme le tronc de l’arbre dont toutes les autres veines du corps sont les branches, et la veine artérieuse, qui a été ainsi mal nommée, parce que c’est en effet une artère, laquelle, prenant son origine du coeur, se divise, après en être sortie, en plusieurs branches qui vont se répandre partout dans les poumons.

à savoir l’artère veineuse, qui a été aussi mal nommée, à cause qu’elle n’est autre chose qu’une veine, laquelle vient des poumons, où elle est divisée en plusieurs branches, entrelacées avec celles de la veine artérieuse, et celles de ce conduit qu’on nomme le sifflet, par où entre l’air de la respiration ;

si en un autre, qu’elle crie qu’on lui fait mal, et choses semblables ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.

et je ne m’étonne aucunement des extravagances qu’on attribue à tous ces anciens philosophes dont nous n’avons point les écrits, ni ne juge pas pour cela que leurs pensées aient été fort déraisonnables, vu qu’ils étaient des meilleurs esprits de leurs temps, mais seulement qu’on nous les a mal rapportées.

outre qu’il les trouverait presque toutes si mal expliquées, ou même si fausses, à cause que ceux qui les ont faites se sont efforcés de les faire paraître conformes à leurs principes, que s’il y en avait quelques-unes qui lui servissent, elles ne pourraient derechef valoir le temps qu’il lui faudrait employer à les choisir.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION.

et que vous considériez que, comme une balle perd davantage de son agitation, en donnant contre un corps mou, que contre un qui est dur, et qu’elle roule moins aisément sur un tapis, que sur une table toute nue, ainsi l’action de cette matière subtile peut beaucoup plus être empêchée par les parties de l’air, qui, étant comme molles et mal jointes, ne lui font pas beaucoup de résistance, que par celles de l’eau, qui lui en font davantage ;

  LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu’on voit quelquefois autour des astres.

car il est fort commun à ceux qui ont mal aux yeux de voir de telles couronnes, et elles ne paraissent pas semblables à tous.

  L’HOMME.

Si la rate, qui, au contraire est destinée à purger le sang de celles de ses parties qui sont les moins propres à être embrasées dans le c_ur, est mal disposée, ou qu’étant pressée par ses nerfs, ou par quelque autre corps que ce soit, la matière qu’elle contient regorge dans les veines, les esprits en seront d’autant moins abondants, et moins agités, et avec cela plus inégalement agités.

Car, supposant que les diverses qualités de ces esprits font l’une des circonstances qui servent à changer leur cours, ainsi que j’expliquerai tout maintenant, on peut bien penser que si, par exemple, il est question d’éviter quelque mal par la force, en le surmontant ou le chassant, à quoi incline la passion de la colère, les esprits doivent être plus inégalement agités et plus fort que de coutume ;

Quant aux autres mouvements extérieurs, qui ne servent point à éviter le mal ou à suivre le bien, mais seulement à témoigner les passions, comme ceux en quoi consiste le rire ou le pleurer, ils ne se font que par occasion, et parce que les nerfs, par où doivent entrer les esprits pour les causer, ont leur origine tout proche de ceux par où ils entrent pour causer les passions, ainsi que l’anatomie vous peut apprendre.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IV, Du vide ; et d’où vient que nos sens n’aperçoivent pas certains corps.

Il ne reste plus maintenant qu’à considérer quels peuvent être ces autres corps, et, après cela, j’espère qu’il ne sera pas mal aisé de comprendre quelle peut être la nature de la lumière.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

Toutefois, parce que les philosophes sont si subtils qu’ils savent trouver des difficultés dans les choses qui semblent extrêmement claires aux autres hommes et que le souvenir de leur matière première, qu’ils savent être assez mal aisée à concevoir, les pourrait divertir de la connaissance de celle dont je parle, il faut que je leur dise en cet endroit que, si je ne me trompe, toute la difficulté qu’ils éprouvent en la leur ne vient que de ce qu’ils la veulent distinguer de sa propre quantité et de son étendue extérieure, c’est-à-dire de la propriété qu’elle a d’occuper de l’espace.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l’origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes.

et si les astronomes, calculant mal la quantité des réfractions des cieux, laquelle ils ignorent, et la vitesse du mouvement des comètes, qui est incertaine, leur attribuent assez de parallaxe pour être placées auprès des planètes, ou même au-dessous, où quelques uns les veulent tirer comme par force, nous ne sommes pas obligés de les croire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes.

Mais cependant il est à remarquer que je ne traite nullement en ce lieu-là du péché, c’est-à-dire de l’erreur qui se commet dans la poursuite du bien et du mal, mais seulement de celle qui arrive dans le jugement et le discernement du vrai et du faux ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’ai reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne saurait être que fort douteux et incertain ;

C’est pourquoi peut-être que de là nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l’astronomie, la médecine, et toutes les autres sciences qui dépendent de la considération des choses composées, sont fort douteuses et incertaines ;

C’est pourquoi je pense que je ne ferai pas mal, si, prenant de propos délibéré un sentiment contraire, je me trompe moi-même, et si je feins pour quelque temps que toutes ces opinions sont entièrement fausses et imaginaires ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

Mais, pour ce qui est des inclinations qui me semblent aussi m’être naturelles, j’ai souvent remarqué, lorsqu’il a été question de faire choix entre les vertus et les vices, qu’elles ne m’ont pas moins porté au mal qu’au bien ;

et d’autant que, les idées étant comme des images, il n’y en peut avoir aucune qui ne nous semble représenter quelque chose, s’il est vrai de dire que le froid ne soit autre chose qu’une privation de la chaleur, l’idée qui me le représente comme quelque chose de réel et de positif, ne sera pas mal à propos appelée fausse, et ainsi des autres.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Quatrième.

auxquelles étant de soi indifférente, elle s’égare fort aisément, et choisit le faux pour le vrai, et le mal pour le bien :

et si j’assure ce qui n’est pas vrai, il est évident que je me trompe, même aussi, encore que je juge selon la vérité, cela n’arrive que par hasard, et je ne laisse pas de faillir, et d’user mal de mon libre arbitre ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

ce qui me donnait sujet de penser que je ne pouvais aussi être entièrement assuré d’avoir mal à quelqu’un de mes membres, quoique je sentisse en lui de la douleur.

Or il n’y a rien que cette nature m’enseigne plus expressément, ni plus sensiblement, sinon que j’ai un corps, qui est mal disposé quand je sens de la douleur, qui a besoin de manger ou de boire, quand j’ai les sentiments de la faim ou de la soif, etc.

Et comme une horloge, composée de roues et de contrepoids, n’observe pas moins exactement toutes les lois de la nature, lorsqu’elle est mal faite, et qu’elle ne montre pas bien les heures, que lorsqu’elle satisfait entièrement au désir de l’ouvrier ;

de même aussi, si je considère le corps de l’homme comme étant une machine tellement bâtie et composée d’os, de nerfs, de muscles, de veines, de sang et de peau, qu’encore bien qu’il n’y eût en lui aucun esprit, il ne laisserait pas de se mouvoir en toutes les mêmes façons qu’il fait à présent, lorsqu’il ne se meut point par la direction de sa volonté, ni par conséquent par l’aide de l’esprit, mais seulement par la disposition de ses organes, je reconnais facilement qu’il serait aussi naturel à ce corps, étant, par exemple, hydropique, de souffrir la sécheresse du gosier, qui a coutume de porter à l’esprit le sentiment de la soif, et d’être disposé par cette sécheresse à mouvoir ses nerfs et ses autres parties, en la façon qui est requise pour boire, et ainsi d’augmenter son mal et se nuire à soi-même, qu’il lui est naturel, lorsqu’il n’a aucune indisposition, d’être porté à boire pour son utilité par une semblable sécheresse de gosier.

Car s’il y a quelque cause qui excite, non dans le pied, mais en quelqu’une des parties du nerf qui est tendu depuis le pied jusqu’au cerveau, ou même dans le cerveau, le même mouvement qui se fait ordinairement quand le pied est mal disposé, on sentira de la douleur comme si elle était dans le pied, et le sens sera naturellement trompé ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

Et certes non mal à propos ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION IVème.

D’où il s’ensuivrait que, par la raison, nous ne concluons rien du tout touchant la nature des choses, mais seulement touchant leurs appellations, c’est-à-dire que, par elle, nous voyons simplement si nous assemblons bien ou mal les noms des choses, selon les conventions que nous avons faites à notre fantaisie touchant leurs significations.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, REPONSE AUX CHOSES QUI PEUVENT ARRETER LES THEOLOGIENS.

Or, maintenant que dans la quatrième Méditation je n’aie parlé que de l’erreur qui se commet dans le discernement du vrai et du faux, et non pas de celle qui arrive dans la poursuite du bien et du mal ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.

Vous prenez partout ici mal à propos être sujet à l’erreur pour une imperfection positive, quoique néanmoins ce soit seulement, (principalement au respect de Dieu), une négation d’une plus grande perfection dans les créatures.

Et lorsque nous ne jugeons pas bien, nous ne voulons pas pour cela mal, mais peut-être quelque chose de mauvais ;

et même on peut dire que nous ne concevons mal aucune chose, mais seulement que nous sommes dits mal concevoir, lorsque nous jugeons que nous concevons quelque chose de plus qu’en effet nous ne concevons.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L’AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.

toutefois, à cause qu’il a mal transcrit et changé l’ordre, et nié quelques vérités de métaphysique, sur qui toute la physique doit être appuyée, je suis obligé de le désavouer entièrement, et de prier ici les lecteurs qu’ils ne m’attribuent jamais aucune opinion s’ils ne la trouvent expressément en mes écrits, et qu’ils n’en reçoivent aucune pour vraie, ni dans mes écrits, ni ailleurs, s’ils ne la voient très clairement être déduite des vrais principes.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 1.

Comme nous avons été enfants avant que d’être hommes, et que nous avons jugé tantôt bien et tantôt mal des choses qui se sont présentées à nos sens lorsque nous n’avions pas encore l’usage entier de notre raison, plusieurs jugements ainsi précipités nous empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité, et nous préviennent de telle sorte qu’il n’y a point d’apparence que nous puissions nous en délivrer, si nous n’entreprenons de douter une fois en notre vie de toutes les choses où nous trouverons le moindre soupçon d’incertitude.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 12.

Car, encore qu’ils ne fissent point difficulté de croire qu’ils étaient dans le monde, et qu’ils en eussent une assurance plus grande que d’aucune autre chose, néanmoins, comme ils n’ont pas pris garde que par eux, lorsqu’il était question d’une certitude métaphysique, ils devaient entendre seulement leur pensée, et qu’au contraire ils ont mieux aimé croire que c’était leur corps qu’ils voyaient de leurs yeux, qu’ils touchaient de leurs mains, et auquel ils attribuaient mal à propos la faculté de sentir, ils n’ont pas connu distinctement la nature de leur âme.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 38.

car encore que parmi nous celui qui a pu empêcher un mal et ne l’a pas empêché en soit blâmé et jugé comme coupable, il n’en est pas de même à l’égard de Dieu, d’autant que le pouvoir que les hommes ont les uns sur les autres est institué afin qu’ils empêchent de mal faire ceux qui leur sont inférieurs, et que la toute-puissance que Dieu a sur l’univers est très absolue et très libre.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 113.

Ce qui fait déjà voir la cause pourquoi la poudre à canon se dilate beaucoup lorsqu’elle s’enflamme, et aussi pourquoi son effort tend en haut, en sorte que, lorsqu’elle est bien fine, on la peut faire brûler dans le creux de la main sans en recevoir aucun mal.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 149.

Car il me semble qu’il n’y a que le peuple auquel on doive laisser le droit d’autoriser par un long usage les noms qu’il a mal imposés aux choses ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 196.

De plus, encore qu’il n’y ait rien de mal disposé, ni dans le cerveau, ni dans les membres où sont les organes des sens extérieurs ;

On avait coutume de bander les yeux à une jeune fille, lorsque le chirurgien la venait panser d’un mal qu’elle avait à la main, à cause qu’elle n’en pouvait supporter la vue, et la gangrène s’étant mise à son mal, on fut contraint de lui couper jusques à la moitié du bras, ce qu’on fit sans l’en avertir, parce qu’on ne la voulait pas attrister ;

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 13.

Si quelqu’un avance promptement sa main contre nos yeux, comme pour nous frapper quoique nous sachions qu’il est notre ami, qu’il ne fait cela que par jeu et qu’il se gardera bien de nous faire aucun mal, nous avons toutefois de la peine nous empêcher de les fermer ;

  LES PASSIONS DE L’AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 48.

Ce que je nomme ses propres armes sont des jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal, suivant lesquels elle a résolu de conduire les actions de sa vie.

Ainsi, lorsque la peur représente la mort comme un mal extrême et qui ne peut être évité que par la fuite, l’ambition, d’autre côté, représente l’infamie de cette fuite comme un mal pire que la mort ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 55.

Mais quand nous estimons ou méprisons d’autres objets que nous considérons comme des causes libres capables de faire du bien ou du mal, de l’estime vient la vénération, et du simple mépris le dédain.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 57.

De la même considération du bien et du mal naissent toutes les autres passions ;

Car non seulement lorsqu’on désire acquérir un bien qu’on n’a pas encore, ou bien éviter un mal qu’on juge pouvoir arriver, mais aussi lorsqu’on ne souhaite que la conservation d’un bien ou l’absence d’un mal, qui est tout ce a quoi se peut étendre cette passion, il est évident qu’elle regarde toujours l’avenir.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 58.

Il suffit de penser que l’acquisition d’un bien ou la fuite d’un mal est possible pour être incité à la désirer.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 61.

Et la considération du bien présent excite en nous de la joie, celle du mal, de la tristesse, lorsque c’est un bien ou un mal qui nous est représenté comme nous appartenant.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 62.

Il y a seulement cette différence que la joie qui vient du bien est sérieuse, au lieu que celle qui vient du mal est accompagnée de ris et de moquerie.

Mais si nous les en estimons indignes, le bien excite l’envie, et le mal la pitié, qui sont des espèces de tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 63.

Nous pouvons aussi considérer la cause du bien ou du mal, tant présent que passé.

Et le bien qui a été fait par nous-mêmes nous donne une satisfaction intérieure, qui est la plus douce de toutes les passions, au lieu que le mal excite le repentir, qui est la plus amère.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 65.

Tout de même le mal fait par d’autres, n’étant point rapporté à nous, fait seulement que nous avons pour eux de l’indignation ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 66.

De plus, le bien qui est ou qui a été en nous, étant rapporté à l’opinion que les autres en peuvent avoir excite en nous de la gloire, et le mal, de la honte.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 67.

Et quelquefois la durée du bien cause l’ennui ou le dégoût, au lieu que celle du mal diminue la tristesse.

Enfin, du bien passé vient le regret, qui est une espèce de tristesse, et du mal passé vient l’allégresse, qui est une espèce de joie.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 71.

Dont la raison est que, n’ayant pas le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connaissance de la chose qu’on admire, elle n’a point de rapport avec le coeur et le sang, desquels dépend tout le bien du corps, mais seulement avec le cerveau, où sont les organes des sens qui servent à cette connaissance.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 74.

Comme aussi tout le mal qu’elles peuvent causer consiste en ce qu’elles fortifient et conservent ces pensées plus qu’il n’est besoin, ou bien qu’elles en fortifient et conservent d’autres auxquelles il n’est pas bon de s’arrêter.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 85.

Car nous appelons communément bien ou mal ce que nos sens intérieurs ou notre raison nous font juger convenable ou contraire à notre nature ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 86.

Ainsi on ne désire pas seulement la présence du bien absent, mais aussi la conservation du présent, et de plus l’absence du mal, tant de celui qu’on a déjà que de celui qu’on croit pouvoir recevoir au temps à venir.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 87.

Je sais bien que communément dans l’École on oppose la passion qui tend à la recherche du bien, laquelle seule on nomme désir, à celle qui tend à la fuite du mal, laquelle on nomme aversion.

Mais, d’autant qu’il n’y a aucun bien dont la privation ne soit un mal, ni aucun mal considéré comme une chose positive dont la privation ne soit un bien, et qu’en recherchant, par exemple, les richesses, on fuit nécessairement la pauvreté, en fuyant les maladies on recherche la santé, et ainsi des autres, il me semble que c’est toujours un même mouvement qui porte à la recherche du bien, et ensemble à la fuite du mal qui lui est contraire.

au lieu que le même désir, lorsqu’on tend à s’éloigner du mal contraire à ce bien, est accompagné de haine, de crainte et de tristesse ;

Mais si on veut le considérer lorsqu’il se rapporte également en même temps à quelque bien pour le rechercher, et au mal opposé pour l’éviter, on peut voir très évidemment que ce n’est qu’une seule passion qui fait l’un et l’autre.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 89.

Or, encore que ce ne soit qu’un même désir qui tend à la recherche d’un bien et à la fuite du mal qui lui est contraire, ainsi qu’il a été dit, le désir qui naît de l’agrément ne laisse pas d’être fort différent de celui qui naît de l’horreur.

Car cet agrément et cette horreur, qui, véritablement sont contraires, ne sont pas le bien et le mal qui servent d’objets à ces désirs, mais seulement deux émotions de l’âme qui la disposent à rechercher deux choses fort différentes.

l’horreur est instituée de la nature pour représenter à l’âme une mort subite et inopinée, en sorte que, bien que ce ne soit quelquefois que l’attouchement d’un vermisseau, ou le bruit d’une feuille tremblante, ou son ombre, qui fait avoir de l’horreur, on sent d’abord autant d’émotion que si un péril de mort très évident s’offrait aux sens, ce qui fait subitement naître l’agitation qui porte l’âme à employer toutes ses forces pour éviter un mal si présent ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 92.

La tristesse est une langueur désagréable en laquelle consiste l’incommodité que l’âme reçoit du mal, ou du défaut que les impressions du cerveau lui représentent comme lui appartenant.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 93.

et on voit de leurs définitions que la joie vient de l’opinion qu’on a de posséder quelque bien, et la tristesse, de l’opinion qu’on a d’avoir quelque mal ou quelque défaut.

Mais il arrive souvent qu’on se sent triste ou joyeux sans qu’on puisse ainsi distinctement remarquer le bien ou le mal qui en sont les causes ;

à savoir, lorsque ce bien ou ce mal font leurs impressions dans le cerveau sans l’entremise de l’âme, quelquefois à cause qu’ils n’appartiennent qu’au corps, et quelquefois aussi, encore qu’ils appartiennent à l’âme, à cause qu’elle ne les considère pas comme bien et mal, mais sous quelque autre forme dont l’impression est jointe avec celle du bien et du mal dans le cerveau.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 106.

Enfin la passion du désir a cela de propre, que la volonté qu’on a d’obtenir quelque bien ou de fuir quelque mal envoie promptement les esprits du cerveau vers toutes les parties du corps qui peuvent servir aux actions requises pour cet effet, et particulièrement vers le coeur et les parties qui lui fournissent le plus de sang, afin qu’en recevant plus grande abondance que de coutume, il envoie plus grande quantité d’esprits vers le cerveau, tant pour y entretenir et fortifier l’idée de cette volonté que pour passer de là dans tous les organes des sens et tous les muscles qui peuvent être employés pour obtenir ce qu’on désire.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 127.

Mais lorsqu’il est naturel, il semble venir de la joie qu’on a de ce qu’on voit ne pouvoir être offensé par le mal dont on est indigné, et, avec cela, de ce qu’on se trouve surpris par la nouveauté ou par la rencontre inopinée de ce mal.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 134.

ce qui peut témoigner en eux un jugement et un courage extraordinaire, à savoir, lorsque cela vient de ce qu’ils considèrent la grandeur du mal et se préparent à une forte résistance, en même façon que ceux qui sont plus âgés.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 136.

Et l’odeur des roses peut avoir causé un grand mal de tête à un enfant lorsqu’il était encore au berceau, ou bien un chat le peut avoir fort épouvanté, sans que personne y ait pris garde, ni qu’il en ait eu après aucune mémoire, bien que l’idée de l’aversion qu’il avait alors pour ces roses ou pour ce chat demeure imprimée en son cerveau jusques à la fin de sa vie.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 138.

C’est pourquoi nous devons nous servir de l’expérience et de la raison pour distinguer le bien d’avec le mal et connaître leur juste valeur, afin de ne prendre pas l’un pour l’autre, et de ne nous porter à rien avec excès.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 140.

Je dis qu’elle ne saurait être trop petite, à cause que nous ne sommes incités à aucune action par la haine du mal que nous ne le puissions être encore mieux par l’amour du bien, auquel il est contraire, au moins lorsque ce bien et ce mal sont assez connus.

Car j’avoue que la haine du mal qui n’est manifestée que par la douleur est nécessaire au regard du corps ;

je dis aussi qu’elle n’est jamais sans tristesse, à cause que le mal n’étant qu’une privation, il ne peut être conçu sans quelque sujet réel dans lequel il soit ;

et il n’y a rien de réel qui n’ait en soi quelque bonté, de façon que la haine qui nous éloigne de quelque mal nous éloigne par même moyen du bien auquel il est joint, et la privation de ce bien, étant représentée à notre âme comme un défaut qui lui appartient, excite en elle la tristesse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 141.

Il est évident aussi que la joie ne peut manquer d’être bonne, ni la tristesse d’être mauvaise, au regard de l’âme, parce que c’est en la dernière que consiste toute l’incommodité que l’âme reçoit du mal, et en la première que consiste toute la jouissance du bien qui lui appartient.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 142.

Mais on peut douter si l’amour et la joie sont bonnes ou non lorsqu’elles sont ainsi mal fondées ;

et il semble que si on ne les considère précisément que ce qu’elles sont en elles-mêmes au regard de l’âme, on peut dire que, bien que la joie soit moins solide et l’amour moins avantageuse que lorsqu’elles ont un meilleur fondement, elles ne laissent pas d’être préférables à la tristesse et à la haine aussi mal fondées :

en sorte que, dans les rencontres de la vie où nous ne pouvons éviter le hasard d’être trompés, nous faisons toujours beaucoup mieux de pencher vers les passions qui tendent au bien que vers celles qui regardent le mal, encore que ce ne soit que pour l’éviter ;

Car, lorsque la haine est juste, elle ne nous éloigne que du sujet qui contient le mal dont il est bon d’être séparé, au lieu que l’amour qui est injuste nous joint à des choses qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d’être ‘tant considérées par nous qu’elles sont, ce qui nous avilit et nous abaisse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 143.

Car, en tant qu’elles excitent en nous le désir, par l’entremise duquel elles règlent nos moeurs, il est certain que toutes celles dont la cause est fausse peuvent nuire, et qu’au contraire toutes celles dont la cause est juste peuvent servir, et même que, lorsqu’elles sont également mal fondées, la joie est ordinairement plus nuisible que la tristesse, parce que celle-ci, donnant de la retenue et de la crainte, dispose en quelque façon à la prudence, au lieu que l’autre rend inconsidérés et téméraires ceux qui s’abandonnent à elle.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 146.

et notre désir doit être accompli touchant cela lorsque nous l’avons suivi, quelque mal qu’il nous en soit arrivé, cause que ce mal ayant été à notre égard inévitable, nous n’avons eu aucun sujet de souhaiter d’en être exempts, mais seulement de faire tout le mieux que notre entendement a pu connaître, ainsi que je suppose que nous avons fait.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 147.

c’est que notre bien et notre mal dépendent principalement des émotions intérieures qui ne sont excitées en l’âme que par l’âme même, en quoi elles diffèrent de ces passions, qui dépendent toujours de quelque mouvement des esprits ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 153.

Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il connaît qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu’il en use bien ou mal, et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 159.

Même on voit souvent qu’ils s’abaissent honteusement auprès de ceux dont ils attendent quelque profit ou craignent quelque mal, et qu’au même temps ils s’élèvent insolemment au-dessus de ceux desquels ils n’espèrent ni ne craignent aucune chose.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 162.

de façon que nous n’avons de la vénération que pour les causes libres que nous jugeons capables de nous faire du bien ou du mal, sans que nous sachions lequel des deux elles feront.

Car nous avons de l’amour et de la dévotion plutôt qu’une simple vénération pour celles de qui nous n’attendons que du bien, et nous avons de la haine pour celles de qui nous n’attendons que du mal ;

et si nous ne jugeons point que la cause de ce bien ou de ce mal soit libre, nous ne nous soumettons point à elle pour tâcher de l’avoir favorable.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 163.

Tout de même, ce que je nomme le dédain est l’inclination qu’a l’âme à mépriser une cause libre en jugeant que, bien que de sa nature elle soit capable de faire du bien et du mal, elle est néanmoins si fort au-dessous de nous qu’elle ne nous peut faire ni l’un ni l’autre.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 168.

et une honnête femme n’est pas blâmée d’être jalouse de son honneur c’est-à-dire de ne se garder pas seulement de mal faire ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 169.

Au reste, cette passion ne se rapporte qu’aux soupçons et aux défiances, car ce n’est pas proprement être jaloux que de tâcher d’éviter quelque mal lorsqu’on a juste sujet de le craindre.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 170.

C’est pourquoi le remède contre cet excès est de s’accoutumer à former des jugements certains et déterminés touchant toutes les choses qui se présentent, et à croire qu’on s’acquitte toujours de son devoir lorsqu’on fait ce qu’on juge être le meilleur, encore que peut-être on juge très mal.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 177.

Mais, parce qu’elle présuppose le mal, le meilleur serait qu’on n’eût jamais sujet de la sentir ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 178.

La dérision ou moquerie est une espèce de joie mêlée de haine, qui vient de ce qu’on aperçoit quelque petit mal en une personne qu’on pense en être digne.

On a de la haine pour ce mal, et on a de la joie de le voir en celui qui en est digne.

Mais ce mal doit être petit ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 182.

Car pour ceux de l’âme ou même du corps, en tant qu’on les a de naissance, c’est assez en être digne que de les avoir reçus de Dieu avant qu’on fût capable de commettre aucun mal.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 183.

Mais lorsque la fortune envoie des biens à quelqu’un dont il est véritablement indigne, et que l’envie n’est excitée en nous que parce qu’aimant naturellement la justice, nous sommes fâchés qu’elle ne soit pas observée en la distribution de ces biens, c’est un zèle qui peut être excusable, principalement lorsque le bien qu’on envie à d’autres est de telle nature qu’il se peut convertir en mal entre leurs mains ;

comme si c’est quelque charge ou office en l’exercice duquel ils se puissent mal comporter.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 185.

La pitié est une espèce de tristesse mêlée d’amour ou de bonne volonté envers ceux à qui nous voyons souffrir quelque mal duquel nous les estimons indignes.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 186.

Ceux qui se sentent fort faibles et fort sujets aux adversités de la fortune semblent être plus enclins à cette passion que les autres, à cause qu’ils se représentent le mal d’autrui comme leur pouvant arriver ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 187.

Mais néanmoins ceux qui sont les plus généreux et qui ont l’esprit le plus fort, en sorte qu’ils ne craignent aucun mal pour eux et se tiennent au delà du pouvoir de la fortune, ne sont pas exempts de compassion lorsqu’ils voient l’infirmité des autres hommes et qu’ils entendent leurs plaintes.

Et il y a en cela de la différence, qu’au lieu que le vulgaire a compassion de ceux qui se plaignent, à cause qu’il pense que les maux qu’ils souffrent sont fort fâcheux, le principal objet de la pitié des plus grands hommes est la faiblesse de ceux qu’ils voient se plaindre, à cause qu’ils n’estiment point qu’aucun accident qui puisse arriver soit un si grand mal qu’est la lâcheté de ceux qui ne le peuvent souffrir avec constance ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 195.

L’indignation est une espèce de haine ou d’aversion qu’on a naturellement contre ceux qui font quelque mal, de quelque nature qu’il soit.

Car on n’est indigné que contre ceux qui font du bien ou du mal aux personnes qui n’en - sont pas dignes, mais on porte envie à ceux qui reçoivent ce bien, et on a pitié de ceux qui reçoivent ce mal.

Il est vrai que c’est en quelque façon faire du mal que de posséder un bien dont on n’est pas digne.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 196.

C’est aussi en quelque façon recevoir du mal que d’en faire ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 197.

Car, lorsque le mal dont nous sommes indignés ne nous peut nuire, et que nous considérons que nous n’en voudrions pas faire de semblable, cela nous donne quelque plaisir ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 199.

La colère est aussi une espèce de haine ou d’aversion que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tâché de nuire, non pas indifféremment à qui que ce soit, mais particulièrement à nous.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 206.

Car, encore que le peuple juge très mal, toutefois, à cause que nous ne pouvons vivre sans lui, et qu’il nous importe d’en être estimés, nous devons souvent suivre ses opinions plutôt que les nôtres, touchant l’extérieur de nos actions.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 207.

Car il n’y a personne qui ne s’imagine, étant jeune, que la louange est un bien et l’infamie un mal beaucoup plus importants à la vie qu’on ne trouve par expérience qu’ils sont, lorsque, ayant reçu quelques affronts signalés, on se voit entièrement privé d’honneur et méprisé par un chacun.

C’est pourquoi ceux-là deviennent effrontés qui, ne mesurant le bien et le mal que par les commodités du corps, voient qu’ils en jouissent après ces affronts tout aussi bien qu’auparavant, ou même quelquefois beaucoup mieux, à cause qu’ils sont déchargés de plusieurs contraintes auxquelles l’honneur les obligeait, et que, si la perte des biens est jointe à leur disgrâce, il se trouve des personnes charitables qui leur en donnent.

  Correspondance, année 1629, A Monsieur FERRIER, D’Amsterdam 18 juin 1629 ( ?).

bref vous ne seriez en rien plus mal que moi, et nous vivrions comme frères ;

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

Vous vous méprenez beaucoup, et vous jugez très mal de la bonté d’une personne fort religieuse, de soupçonner que le P.

Certainement, si je n’avais compassion de votre mal, je ne pourrais m’empêcher de rire, puisque vous ne saviez pas même ce que c’est qu’une hyperbole, si ce n’est peut-être comme le sait un grammairien.

Mais en voilà assez, je veux à présent traiter doucement votre mal, et ne me point servir de plus âpres remèdes ;

Toutefois, parce que je reconnais que la violence de votre mal peut être très grande, j’expliquerai ici ce qui peut vous avoir donné occasion de me faire ce reproche.

Car en vérité vous devez croire que je n’ai point écrit ceci par un esprit de vengeance, ni pour aucun mal que je vous veuille, mais par une pure affection que j’ai pour vous.

Car, si vous persévérez dans votre mal, de peur d’être blâmé d’avoir autrefois contracté amitié avec un homme de votre humeur et de passer pour un imprudent dans le choix que je fais de mes amis, je serai contraint de vous abandonner, et de m’excuser publiquement, en faisant savoir à tout le monde de quelle façon, par une simple rencontre, et sans aucun choix, j’ai contracté habitude avec vous, pour m’être rencontré par hasard en garnison dans une ville frontière, où je ne pus trouver que vous seul qui entendit le latin.

Et je ne célerai point que, pour lors, je ne connus point votre mal, peut-être à cause qu’il n’était pas si grand, ou bien à cause que, sachant de quel pays vous étiez et comment vous aviez été élevé, tout ce que vous faisiez de mal devant moi, je l’attribuais plutôt à rusticité et à ignorance, qu’à une telle maladie.

  Correspondance, année 1631, A Monsieur DE BALZAC, 15 mai 1631. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 mai 1631.).

Je veux bien que vous y trouviez un canal, qui fasse rêver les plus grands parleurs, et une vallée si solitaire qu’elle puisse leur inspirer du transport et de la joie, mais mal aisément se peut-il faire, que vous n’ayez aussi quantité de petits voisins, qui vous vont quelquefois importuner, et de qui les visites sont encore plus incommodes que celles que vous recevez à Paris.

Je ne sais comment vous pouvez tant aimer l’air d’Italie, avec lequel on respire si souvent la peste, et où toujours la chaleur du jour est insupportable, la fraîcheur du soir malsaine, et où l’obscurité de la nuit couvre des larcins et des meurtres.

  Correspondance, année 1636, Au R. P. MERSENNE, mars 1636.

Seulement y a-t-il en cela de la difficulté, que ma copie n’est pas mieux écrite que cette lettre, que l’orthographe ni les virgules n’y sont pas mieux observées, et que les figures n’y sont tracées que de ma main, c’est-à-dire très mal ;

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE, Fin avril 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du début de juin 1637.).

mais pour l’autre, je trouve qu’il réfute fort mal une chose qui est, je crois, fort aisée à réfuter, et qu’il eût bien mieux fait de s’en taire.

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

comme lorsqu’ils supposent mal la parallaxe, I’obliquité de l’écliptique, etc.

Mais pour mon particulier, grâces à Dieu, elle ne m’a encore jamais fait ni bien ni mal, et je ne sais pas même pour l’avenir si je dois plutôt désirer ses faveurs que les craindre ;

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

et pourquoi un enfant se fait moins de mal en tombant qu’un grand homme, ou un chat qu’un cheval, etc.

Et s’il a seulement voulu que les autres le crussent, il a fort mal pris son temps, de le dire après que les autres l’avaient trouvée, à cause qu’on peut juger qu’il l’a feint, afin de montrer qu’il ne cède à personne.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 18 JANVIER 1638.

Mais je me promets que vous me continuerez toujours à me mander franchement ce qui se dira de moi, soit en bien, soit en mal, et vous en aurez dorénavant plus d’occasion que jamais, puisque mon livre est enfin arrivé à Paris.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

Mais il y a peu de gens qui soient capables de bien faire des expériences, et souvent, en les faisant mal, on y trouve tout le contraire de ce qu’on y doit trouver.

  Correspondance, année 1638, A MONSIEUR ***, 25 Août 1638.

car je crois les avoir déjà tant de fois désarmés, que je ne serai pas mal fondé à leur refuser le combat.

  Correspondance, année 1638, A ***, Faute d’aucune indication, je laisse cette lettre non datée à la place où elle est dans toutes les éditions. Les éditions contemporaines la datent d’Août 1638.

, elles sont si faibles et si mal trouvées que je crois qu’elles lui font plus de tort, en ce qu’elles découvrent la maladie de son esprit, qu’elles n’en sauraient faire à aucun autre.

  Correspondance, année 1639, A MONSIEUR (DE BEAUNE), 30 avril 1639.

mais ce mal me semble ne pouvoir être mieux surmonté que par exercice.

  Correspondance, année 1639, Au R. P. MERSENNE, 9 janvier 1639.

Mais il y a trente ans que je n’ai eu, grâces à Dieu, aucun mal qui méritât d’être appelé mal.

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

Votre voyage d’Italie me donne de l’inquiétude, car c’est un pays fort malsain pour les Français ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

Le second est la lettre du géostaticien contre Monsieur des Argues, auquel je ne vois pas qu’il fasse grand mal.

et ce n’est pas merveille, que ceux qui n’ont ouï que quelques mots de mes pensées touchant cela, les interprètent mal, et y trouvent plusieurs choses incompréhensibles.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 11 novembre 1640.

et je n’en dirai ici autre chose, sinon que je crois qu’il n’y aura pas de mal, avant que de la faire imprimer, de stipuler avec le libraire qu’il nous en donne autant d’exemplaires que nous en aurons de besoin, et même qu’il les donne tout reliés ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 11 novembre 1640.

(Gibieuf), et, s’il vous plaît, par un ou deux autres de vos amis, qu’on imprimât le traité sans la lettre, à cause que la copie en est trop mal écrite pour être lue de plusieurs, et qu’on le présentât ainsi imprimé au corps de la Sorbonne, avec la lettre écrite à la main ;

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date. (Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640).

Et parce que j’ai vu souvent des vieillards qui m’ont dit avoir été plus malsains en leur jeunesse que beaucoup d’autres qui sont morts plus tôt qu’eux, il me semble que, quelque faiblesse ou disposition du corps que nous ayons, nous devons user de la vie et en disposer les fonctions en même façon que si nous étions assurés de parvenir jusqu’à une extrême vieillesse :

  Correspondance, année 1640, AU R. P. MERSENNE, 31 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 décembre 1640 ( ?)).

Et parce que la copie en est fort mal écrite, et qu’elle ne pourrait être vue que par un à la fois, il me semble qu’il ne serait pas mauvais qu’on en fît imprimer par avance vingt ou trente exemplaires, et je serai fort aise de payer ce que cela coûtera ;

De mettre erutis fundamentis, au lieu de suffossis, il n’y a pas si grand mal, à cause que l’un et l’autre est latin et signifie quasi le même ;

  Correspondance, année 1641, A MONSIEUR ***, 10 JANVIER 1641 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mi-janvier 1641.).

et ce serait faire fort mal son compte, que de ne tâcher pas, de tout son pouvoir, à se délivrer d’une passion si commode.

Et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion, qui fasse craindre du mal, après cette vie, à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire, l’une et l’autre leur promet des joies et des récompenses.

mais je ne vous conseille pas aussi d’attendre que le temps seul vous guérisse, et beaucoup moins d’entretenir et prolonger votre mal par vos pensées.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 6 février 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1642.).

mais comme les écoles n’entendent pas ce mot, être par accident, dans le même sens, il est beaucoup mieux, supposé que vous ne puissiez pas vous servir de l’explication que je vous avais insinuée dans mes précédentes (car je vois que vous vous détournez un peu du sens que j’y donne, et que vous n’évitez pas tout à fait cet écueil dans votre dernier écrit), il est, dis-je, beaucoup mieux d’avouer bonnement que vous n’aviez pas tout à fait bien compris ce terme de l’école, que de déguiser la chose mal à propos, et qu’étant d’accord avec les autres pour le fond, vous n’avez été différent que pour les termes ;

  Correspondance, année 1642, Au R. P. MERSENNE, 10 mars 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars 1642.).

J’espère toutefois séparer tellement sa cause de celle de ses confrères, qu’ils ne m’en pourront vouloir mal, si ce n’est qu’ils veuillent ouvertement se déclarer ennemis de la vérité et fauteurs de la calomnie.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 avril 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre d’avril 1642 sans préciser de jour.).

cependant je crois qu’il ne vous est arrivé aucun mal, au contraire beaucoup de bien ;

  Correspondance, année 1643, A Monsieur DE BUITENDIJCH, 1643.

et celui-là aussi ne fait pas mal, qui pour la même fin ôte pour un temps de son esprit toute la connaiss

descartes

« à savoir la veine cave, qui est le principal réceptacle du sang, et comme le tronc de l'arbre dont toutes les autres veines du corpssont les branches, et la veine artérieuse, qui a été ainsi mal nommée, parce que c'est en effet une artère, laquelle, prenant sonorigine du coeur, se divise, après en être sortie, en plusieurs branches qui vont se répandre partout dans les poumons. à savoir l'artère veineuse, qui a été aussi mal nommée, à cause qu'elle n'est autre chose qu'une veine, laquelle vient des poumons,où elle est divisée en plusieurs branches, entrelacées avec celles de la veine artérieuse, et celles de ce conduit qu'on nomme lesifflet, par où entre l'air de la respiration ; si en un autre, qu'elle crie qu'on lui fait mal, et choses semblables ; DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie. et je ne m'étonne aucunement des extravagances qu'on attribue à tous ces anciens philosophes dont nous n'avons point les écrits,ni ne juge pas pour cela que leurs pensées aient été fort déraisonnables, vu qu'ils étaient des meilleurs esprits de leurs temps, maisseulement qu'on nous les a mal rapportées. outre qu'il les trouverait presque toutes si mal expliquées, ou même si fausses, à cause que ceux qui les ont faites se sont efforcésde les faire paraître conformes à leurs principes, que s'il y en avait quelques-unes qui lui servissent, elles ne pourraient derechefvaloir le temps qu'il lui faudrait employer à les choisir. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION. et que vous considériez que, comme une balle perd davantage de son agitation, en donnant contre un corps mou, que contre unqui est dur, et qu'elle roule moins aisément sur un tapis, que sur une table toute nue, ainsi l'action de cette matière subtile peutbeaucoup plus être empêchée par les parties de l'air, qui, étant comme molles et mal jointes, ne lui font pas beaucoup derésistance, que par celles de l'eau, qui lui en font davantage ; LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu'on voit quelquefois autour des astres. car il est fort commun à ceux qui ont mal aux yeux de voir de telles couronnes, et elles ne paraissent pas semblables à tous. L'HOMME. Si la rate, qui, au contraire est destinée à purger le sang de celles de ses parties qui sont les moins propres à être embrasées dansle c_ur, est mal disposée, ou qu'étant pressée par ses nerfs, ou par quelque autre corps que ce soit, la matière qu'elle contientregorge dans les veines, les esprits en seront d'autant moins abondants, et moins agités, et avec cela plus inégalement agités. Car, supposant que les diverses qualités de ces esprits font l'une des circonstances qui servent à changer leur cours, ainsi quej'expliquerai tout maintenant, on peut bien penser que si, par exemple, il est question d'éviter quelque mal par la force, en lesurmontant ou le chassant, à quoi incline la passion de la colère, les esprits doivent être plus inégalement agités et plus fort que decoutume ; Quant aux autres mouvements extérieurs, qui ne servent point à éviter le mal ou à suivre le bien, mais seulement à témoigner lespassions, comme ceux en quoi consiste le rire ou le pleurer, ils ne se font que par occasion, et parce que les nerfs, par où doivententrer les esprits pour les causer, ont leur origine tout proche de ceux par où ils entrent pour causer les passions, ainsi quel'anatomie vous peut apprendre. LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IV, Du vide ; et d'où vient que nos sens n'aperçoivent pas certains corps. Il ne reste plus maintenant qu'à considérer quels peuvent être ces autres corps, et, après cela, j'espère qu'il ne sera pas mal aiséde comprendre quelle peut être la nature de la lumière. LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d'un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.. »

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