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Le mot "mode" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 11/08/2010

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descartes

 Règles pour la direction de l’esprit, Règle troisième.

Mais nous avons dû admettre ce nouveau mode ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle huitième.

Il donnera donc tous ses soins à examiner et à distinguer ces trois moyens de connaître, et voyant qu’à proprement parler, la vérité et l’erreur ne peuvent être que dans l’intelligence toute seule, et que les deux autres modes de connaître n’en sont que les occasions, il évitera avec soin tout ce qui peut l’égarer, et comptera toutes les voies qui sont ouvertes à l’homme pour arriver à la vérité, afin de suivre la bonne.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle onzième.

L’homme accoutumé à réfléchir à ce procédé, chaque fois qu’il examinera une question nouvelle, reconnaîtra aussitôt la cause de la difficulté et en même temps le mode de solution le plus simple de tous, ce qui est le plus puissant secours pour la connaissance de la vérité.

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

qu’elle est une et identique, soit qu’avec l’imagination elle reçoive les figures que lui envoie le sens commun, soit qu’elle s’applique à celles que la mémoire garde en dépôt, soit qu’elle en forme de nouvelles, lesquelles s’emparent tellement de l’imagination qu’elle ne peut suffire à recevoir en même temps les idées que lui apporte le sens commun, ou à les transmettre à la force motrice, selon le mode de dispensation qui lui convient.

Les plus modestes s’abstiennent d’examiner beaucoup de choses quelquefois très faciles et très importantes pour la vie, parce qu’ils se croient incapables d’y atteindre ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.

Par dimension nous n’entendons rien autre chose que le mode et la manière selon laquelle un objet quelconque est considéré comme mesurable ;

et ce mode qui fait le nombre est, à proprement parler, une espèce de dimension, quoiqu’il y ait quelque diversité dans la signification du mot.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, De la quinte.

C’est de lui que naissent les modes, et auquel convient ce que nous avons dit en la septième remarque faite au commencement de ce traité ;

  ABREGE DE LA MUSIQUE, De la manière de composer, et des modes.

Enfin il faut que toute la chanson, et que chaque voix en particulier, soit renfermée entre certaines bornes, qu’on appelle modes, dont nous parlerons incontinent.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Des modes.

Ce traité est fort célèbre parmi les praticiens, et chacun sait assez ce que c’est que des modes, ainsi il serait inutile d’en vouloir ici parler à fond.

car l’octave ne peut être divisée en degrés qu’en sept modes ou manières différentes, dont chacun peut encore être divisé en deux diverses manières par la quinte, hormis deux, en chacun desquels la fausse quinte se rencontre une fois au lieu de la quinte ;

d’où sont venus douze modes seulement, entre lesquels même il y en a quatre qui sont peu agréables, d’autant qu’il se rencontre un triton dans leurs quintes ;

Il y a trois termes principaux en chaque mode, par lesquels il faut commencer, et principalement finir, comme chacun sait.

On les appelle modes, tant parce qu’ils empêchent que la chanson ne passe les bornes prescrites à chaque partie, que principalement aussi parce qu’ils peuvent beaucoup aider et servir à composer différents airs qui nous touchent diversement selon la diversité de leurs modes.

car il est constant qu’il y a certains modes où, dans les plus considérables lieux et dans ceux qui le sont moins, se rencontrent souvent des ditons et des tierces mineures, d’où, comme nous avons montré ci-devant, naît presque toute la variété de la musique.

  DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.

Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu’ont coutume de faire ceux qui n’ont rien vu.

  DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

puis de ceux qui, ayant assez de raison ou de modestie pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres, qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.

et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre des Français ou des Allemands, devient différent de ce qu’il serait s’il avait toujours vécu entre des Chinois ou des cannibales, et comment, jusques aux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, nous semble maintenant extravagante et ridicule ;

  L’HOMME.

et enfin, que toutes ces diverses couleurs de la mode, qui recréent souvent plus que le vert, sont comme les accords et les passages d’un air nouveau, touché par quelque excellent joueur de luth, ou les ragoûts d’un bon cuisinier, qui chatouillent bien davantage le sens, et lui font sentir d’abord plus de plaisir, mais aussi qui le lassent beaucoup plus tôt, que ne font les objets simples et ordinaires.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE V, Du nombre des éléments et de leurs qualités.

Mais afin que je puisse mieux vous faire entendre ma pensée sur ce sujet, et que vous ne pensiez pas que je veuille vous obliger à croire tout ce que les philosophes nous disent des éléments, il faut que je vous les décrive à ma mode.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

aussi bien celles que les Doctes appellent Modos et entia rationis cum fundamento in re (des modes et des êtres de raison avec fondement dans la chose) comme Qualitates reales (leurs qualités réelles) dans lesquelles je confesse ingénument ne trouver pas plus de réalité que dans les autres.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième.

car certainement, si je considérais seulement les idées comme de certains modes ou façons de ma pensée, sans les vouloir rapporter à quelque autre chose d’extérieur, à peine me pourraient-elles donner occasion de faillir.

Car, en effet, celles qui me représentent des substances, sont sans doute quelque chose de plus, et contiennent en soi (pour ainsi parler) plus de réalité objective, c’est-à-dire participent par représentation à plus de degrés d’être ou de perfection, que celles qui me représentent seulement des modes ou accidents.

mais on doit savoir que toute idée étant un ouvrage de l’esprit, sa nature est telle qu’elle ne demande de soi aucune autre réalité formelle, que celle qu’elle reçoit et emprunte de la pensée ou de l’esprit, dont elle est seulement un mode, c’est-à-dire une manière ou façon de penser.

mais parce que ce sont seulement de certains modes de la substance, et que je suis moi-même une substance, il semble qu’elles puissent être contenues en moi éminemment.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

d’où je conçois qu’elles sont distinctes de moi, comme les modes le sont des choses.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

Or nous n’avons aucun argument ni aucun exemple, qui nous persuade que la mort, ou l’anéantissement d’une substance telle qu’est l’esprit, doive suivre d’une cause si légère comme est un changement de figure, qui n’est autre chose qu’un mode, et encore un mode, non de l’esprit, mais du corps, qui est réellement distinct de l’esprit.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Axiomes ou Notions communes.

car la substance a plus de réalité que l’accident ou le mode, et la substance infinie que la finie.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION TROISIEME, REPONSE.

Je ne nie pas que moi, qui pense, sois distingué de ma pensée, comme une chose l’est de son mode ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, Objection IX.

Car il est certain que les idées qui me représentent des substances sont quelque chose de plus, et pour ainsi dire, ont plus de réalité objective que celles qui me représentent seulement des modes ou accidents ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, Objection IX, REPONSE.

Et j’ai suffisamment expliqué comment la réalité reçoit le plus et le moins, en disant que la substance est quelque chose de plus que le mode, et que, s’il y a des qualités réelles ou des substances incomplètes, elles sont aussi quelque chose de plus que les modes, mais quelque chose de moins que les substances complètes ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSES A LA PREMIERE PARTIE.

Car je n’ai pas dit que ces facultés fussent des choses, mais j’ai voulu expressément faire distinction entre les choses, c’est-à-dire entre les substances, et les modes de ces choses, c’est-à-dire les facultés de ces substances.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX QUATRIEMES OBJECTIONS, REPONSE A L’AUTRE PARTIE, REPONSE AUX CHOSES QUI PEUVENT ARRETER LES THEOLOGIENS.

Or il pense que je n’admets point d’accidents réels, mais seulement des modes, qui ne sauraient être conçus sans quelque substance en laquelle ils résident, ni par conséquent aussi exister sans elle.

et enfin, de ce que j’ai dit que les modes ne sauraient être conçus sans quelque substance en laquelle ils résident, on ne doit pas inférer que j’aie nié que par la toute-puissance de Dieu ils en puissent être séparés, parce que je tiens pour très assuré et crois fermement que Dieu peut faire une infinité de choses que nous ne sommes pas capables d’entendre ni de concevoir.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, A LA SERENISSIME PRINCESSE ELISABETH.

Et la généreuse modestie que l’on voit reluire en toutes les actions de votre altesse m’assure que les discours simples et francs d’un homme qui n’écrit que ce qu’il croit, lui seront plus agréables que ne seraient des louanges ornées de termes pompeux et recherchés par ceux qui ont étudié l’art des compliments.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 55.

Nous concevons aussi très distinctement ce que c’est que la durée, l’ordre et le nombre, si, au lieu de mêler dans l’idée que nous en avons ce qui appartient proprement à l’idée de la substance, nous pensons seulement que la durée de chaque chose est un mode ou une façon dont nous considérons cette chose en tant qu’elle continue d’être ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 56.

Lorsque je dis ici façon ou mode, je n’entends rien que ce que je nomme ailleurs attribut ou qualité.

Mais lorsque je considère que la substance en est autrement disposée ou diversifiée, je me sers particulièrement du nom de mode ou façon, et lorsque, de cette disposition ou changement, elle peut être appelée telle, je nomme qualité les diverses façons qui font qu’elle est ainsi nommée ;

enfin, lorsque je pense plus généralement que ces modes ou qualités sont en la substance, sans les considérer autrement que comme les dépendances de cette substance je les nomme attributs.

Et, parce que je ne dois concevoir en Dieu aucune variété ni changement, je ne dis pas qu’il y ait en lui des modes ou des qualités, mais plutôt des attributs ;

et même dans les choses créées, ce qui se trouve en elles toujours de même sorte, comme l’existence et la durée en la chose qui existe et qui dure, je le nomme attribut, et non pas mode ou qualité.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 61.

Il y a deux sortes de distinction modale, à savoir l’une entre le mode que nous avons appelé façon et la substance dont il dépend et qu’il diversifie ;

Pour ce qui est de la distinction dont la façon d’une substance est différente d’une autre substance ou bien de la façon d’une autre substance, comme le mouvement d’un corps est différent d’un autre corps ou d’une chose qui pense, ou bien comme le mouvement est différent du doute, il me semble qu’on la doit nommer réelle plutôt que modale, à cause que nous ne saurions connaître les modes sans les substances dont ils dépendent, et que les substances sont réellement distinctes les unes des autres.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 64.

Nous pouvons considérer aussi la pensée et l’étendue comme les modes ou des façons différentes qui se trouvent en la substance ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 15.

mais nous prenons quelquefois l’extérieur ou pour la superficie qui environne immédiatement la chose qui est placée (et il est à remarquer que, par la superficie, on ne doit entendre aucune partie du corps qui environne, mais seulement l’extrémité qui est entre le corps qui environne et celui qui est environné, qui n’est rien qu’un mode ou une façon), ou bien pour la superficie en général, qui n’est point partie d’un corps plutôt que d’un autre, et qui semble toujours la même tant qu’elle est de même grandeur et de même figure.

  LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.

On est accoutumé de voir que tous ceux qui s’imaginent qu’ils valent quelque chose en font tant de bruit, et demandent avec tant d’importunité ce qu’ils prétendent, et promettent tant au-delà de ce qu’ils peuvent, que lorsque quelqu’un ne parle de soi qu’avec modestie, et qu’il ne requiert rien de personne, ni ne promet rien avec assurance, quelque preuve qu’il donne d’ailleurs de ce qu’il peut, on n’y fait pas de réflexion et on ne pense aucunement à lui.

Mais je prétends que cette humeur se doit corriger, et qu’elle vient d’erreur et de faiblesse plutôt que d’une honnête pudeur et modestie.

mais quoi qu’on leur en puisse dire, le peu de bruit qu’ils savent que vous faites, et la trop grande modestie que vous avez toujours observée en parlant de vous, ne permet pas qu’ils y fassent beaucoup de réflexion.

Et à cet effet il est nécessaire que vous fassiez un peu de violence à votre humeur, et que vous chassiez cette trop grande modestie qui vous a empêché jusqu’ici de dire de vous et des autres tout ce que vous êtes obligé de dire.

Outre que votre réputation vous les a déjà rendus autant ennemis qu’ils sauraient être, et au lieu que votre modestie est cause que maintenant quelques-uns d’eux ne craignent pas de vous attaquer, je m’assure que si vous vous faisiez autant valoir que vous pouvez et que vous devez, ils se verraient si bas au-dessous de vous qu’il n’y en aurait aucun qui n’eût honte de l’entreprendre.

 “   Ainsi, malgré toute votre modestie, la force de la vérité vous a contraint d’écrire en cet endroit-là que vous avez déjà expliqué dans vos premiers Essais, qui ne contiennent quasi que la Dioptrique et les Météores, plus de six cents questions de philosophie, que personne avant vous n’avait su si bien expliquer ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 159.

et il arrive souvent que ceux qui ont l’esprit le plus bas sont les plus arrogants et superbes, en même façon que les plus généreux sont les plus modestes et les plus humbles.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 180.

Pour ce qui est de la raillerie modeste, qui reprend utilement les vices en les faisant paraître ridicules, sans toutefois qu’on en rie soi-même ni qu’on témoigne aucune haine contre les personnes, elle n’est pas une passion, mais une qualité d’honnête homme, laquelle fait paraître la gaieté de son humeur et la tranquillité de son âme, qui sont des marques de vertu, et souvent aussi l’adresse de son esprit, en ce qu’il sait donner une apparence agréable aux choses dont il se moque.

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 205.

Elle est, outre cela, une espèce de modestie ou d’humilité et défiance de soi-même.

  Correspondance, année 1629, A Monsieur FERRIER, D’Amsterdam 18 juin 1629 ( ?).

car, si vous venez, je prendrai un logement entier pour vous et pour moi, où nous pourrons vivre à notre mode et à notre aise.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

J’avais déjà fait provision d’un garçon qui sût faire la cuisine à la mode de France, et me résolvais de n’en changer de trois ans, et pendant ce temps-là qu’il aurait tout loisir d’exécuter le dessein des verres, et de s’y styler, en sorte qu’il en pourrait par après tirer de l’honneur et du profit.

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

Et comme cette façon de parler m’a toujours semblé trop hardie, pour me servir de termes plus modestes, quand l’occasion s’en présente (ce qui arrive plus souvent en traitant des questions de mathématiques que de philosophie), où les autres diraient que Dieu ne peut faire une chose, je me contente seulement de dire qu’un ange ne la saurait faire.

Et je suis bien malheureux de n’avoir pu éviter le soupçon de vanité en une chose où je puis dire que j’affectais une modestie toute particulière.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 27 mai 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).

Au reste, pour en parler entre nous, il n’y a rien qui fût plus contraire à mes desseins que l’air de Paris, à cause d’une infinité de divertissements qui y sont inévitables, et pendant qu’il me sera permis de vivre à ma mode, je demeurerai à la campagne, en quelque pays où je ne puisse être importuné des visites de mes voisins, non plus que je le suis ici en un coin de la Nord-Hollande ;

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

Je trouve une seconde fois mon nom à la fin de la huitième page, ce que ma modestie peut mieux souffrir que dans le titre, pourvu, s’il vous plaît, que vous n’y ajoutiez pas tant d’épithètes ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

Monsieur de Zuytlichem m’a envoyé quatre Traités que vous lui avez fait copier, l’un, des cercles qui se font dans l’eau, où je vois que l’auteur a fort bon style et qu’il tâche de philosopher à la bonne mode, mais les fondements lui manquent, et il emploie beaucoup de paroles, pour une chose dont la vérité se pourrait expliquer en peu de mots.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 11 novembre 1640.

Et mon nom est connu de tant de gens que, si je ne le voulais pas mettre ici, on croirait que j’y entendrais quelque finesse, et que je le ferais plutôt par vanité que par modestie.

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641.

Dans l’endroit où vous parlez des couleurs, je ne vois pas pourquoi vous ôtez le noir de ce nombre, puisque les autres couleurs ne sont aussi que des modes ;

  Correspondance, année 1641, AU R. P. MERSENNE, Mon Révérend Père,.

et ainsi, il ne signifie autre chose que facile, mais il m’a semblé plus modeste.

  Correspondance, année 1642, A UN R. P. DE L’ORATOIRE. DOCTEUR DE SORBONNE, Sans date précise (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 19 janvier 1642.).

Et enfin ce ne sont que les mondes seuls, dont les idées sont rendues non complètes par l’abstraction de notre esprit, lorsque nous les considérons sans la chose dont ils sont modes ;

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 6 février 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1642.).

le seul remède que j’y trouve présentement est de défendre les propositions vraies que vous avez avancées, le plus modestement qu’il vous sera possible ;

mais que votre réponse soit si douce et si modeste que vous n’irritiez personne, et en même temps qu’elle soit si solide, que Voëtius s’aperçoive qu’il est vaincu par vos raisons, et qu’il n’ait plus à l’avenir la démangeaison de vous contredire, pour n’être pas toujours vaincu, et qu’enfin il souffre que vous adoucissiez son humeur sauvage.

  Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 8 juin 1642. ( Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1642 sans préciser de jour.).

Quant à la solution que vous demandez sur l’idée de Dieu, il faut remarquer qu’il ne s’agit point de l’essence de l’idée selon laquelle elle est seulement un mode existant dans l’âme (ce mode n’étant pas plus parfait que l’homme), mais qu’il s’agit de la perfection objective, que les principes de métaphysique enseignent devoir être contenus formellement ou éminemment dans sa cause.

  Correspondance, année 1643, A Monsieur DE BUITENDIJCH, 1643.

Mais d’autant que, par le mot d’âme, nous avons coutume d’entendre une substance, et que ma pensée est que le mouvement est seulement un mode du corps (au reste je n’admets pas diverses sortes de mouvements, mais seulement le mouvement local, qui est commun à tous les corps, tant animés qu’inanimés) je ne voudrais pas dire que le mouvement fut l’âme des brutes, mais plutôt, avec la Sainte Écriture au Deutéronome chap.

  Correspondance, année 1644, Au P. MESLAND, 15 mai 1644. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

Je distingue les lignes des superficies, et les points des lignes, comme un mode d’un autre mode ;

mais je distingue le corps des superficies, des lignes, et des points qui le modifient, comme une substance de ses modes ;

et il n’y a point de doute que quelque mode, qui appartenait au pain, demeure au Saint Sacrement, vu que sa figure extérieure, qui est un mode, y demeure.

  Correspondance, année 1645, A Monsieur CLERSELIER, 17 février 1645.

car je juge de là que vous n’en avez point trouvé en ce qui les précède, et que vous n’en trouverez pas aussi beaucoup au reste, ni en ces règles non plus, lorsque vous aurez pris garde qu’elles ne dépendent que d’un seul principe, qui est que, lorsque deux corps se rencontrent, qui ont en eux des modes incompatibles, il se doit véritablement faire quelque changement en ces modes, pour les rendre compatibles, mais que ce changement est toujours le moindre qui puisse être, c’est-à-dire que, si, certaine quantité de ces modes étant changée, ils peuvent devenir compatibles, il ne s’en changera point une plus grande quantité.

Et il faut considérer dans le mouvement deux divers modes :

l’un est la motion seule ou la vitesse, et l’autre est la détermination de cette motion vers certain côté, lesquels deux modes se changent aussi difficilement l’un que l’autre.

  Correspondance, année 1645, A Monsieur REGIUS, 15 juillet 1645.

Présentement, considérant au contraire que l’âme et le corps sont étroitement unis dans le même homme, vous voulez qu’elle soit seulement un mode du corps, erreur qui est pire que la première.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 septembre 1646.

ce que je crois qu’il peut toujours faire, pourvu qu’il observe exactement la justice à leur mode (c’est-à-dire suivant les lois auxquelles ils sont accoutumés), sans être trop rigoureux aux punitions, ni trop indulgent aux grâces, et qu’il ne se remette pas de tout à ses ministres, mais que, leur laissant seulement la charge des condamnations plus odieuses, il témoigne avoir lui-même le soin de tout le reste ;

  Correspondance, année 1647, Explication de l’esprit humain, ou de l’âme raisonnable, où il est montré ce qu’elle est, et ce qu’elle peut être.

Pour ce qui est de la nature des choses, rien n’empêche, ce semble, que l’esprit ne puisse être, ou une substance, ou un certain mode de la substance corporelle ;

car cela prouve seulement que pendant que nous doutons de l’existence du corps, nous ne pouvons pas alors dire que l’esprit en soit un mode.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

car il en omet le genre, à savoir qu’elle est ou une substance, ou un mode, ou quelque autre chose ;

Dans le second article, il commence à chercher quel est son genre, et dit en ce lieu-là qu’il semble qu’il ne répugne point à la nature des choses que l’esprit humain puisse être ou une substance, ou un certain mode de la substance corporelle.

Et il n’est pas plus de la nature d’une montagne de n’être point sans vallée qu’il est de la nature de l’esprit humain d’être ce qu’il est, à savoir d’être une substance, si en effet il en est une, ou d’être un certain mode de la substance corporelle, s’il est vrai qu’il soit un tel mode.

Et il faut bien prendre garde que par ce mot d’attribut, que je donne à la pensée et à l’étendue, nous n’entendions ici rien autre chose que ce que les philosophes appellent communément un mode, ou une façon ;

car il est bien vrai qu’à parler généralement nous pouvons donner le nom d’attribut à tout ce qui a été attribué à quelque chose par la nature, et en ce sens le nom d’attribut peut convenir également au mode, qui peut être changé, et à l’essence même d’une chose, qui est tout à fait immuable ;

comme celle qui la constitue, et qui, pour cela même, est opposée au mode.

C’est en ce sens-là qu’on s’en sert quand on dit qu’il y a en Dieu plusieurs attributs, mais non pas plusieurs modes.

De même aussi l’étendue d’un certain corps en particulier peut bien à la vérité admettre en soi une variété de modes ;

mais l’étendue même qui est le sujet de ces modes étant considérée en soi, n’est pas un mode de la substance corporelle, mais bien un attribut qui en constitue l’essence et la nature.

Ainsi enfin la pensée peut recevoir plusieurs divers modes ;

Mais la pensée même, en tant qu’elle est le principe interne d’où procèdent tous ces modes, et dans lequel ils sont comme dans leur sujet, n’est pas conçue comme un mode, mais comme un attribut qui constitue la nature de quelque substance.

car il conclut de toutes sortes d’attributs ce qui ne peut être vrai que des modes proprement dits ;

et néanmoins il ne prouve nulle part que l’esprit, ou ce principe interne par lequel nous pensons, soit un tel mode ;

La première est qu’il est de la nature du mode que, bien que nous puissions concevoir aisément la substance sans lui, nous ne pouvons pas toutefois réciproquement concevoir clairement le mode sans concevoir en même temps la substance dont il dépend, et dont il est le mode, comme j’ai expliqué en l’article soixante-et-unième de la première partie de mes Principes ;

d’où il suit que l’esprit peut être conçu sans le corps et partant que ce n’est pas un mode.

car cet être-là est composé dans lequel se rencontrent deux ou plusieurs attributs, chacun desquels peut être conçu distinctement sans l’autre, car de cela même que l’un est ainsi conçu distinctement sans l’autre, on connaît qu’il n’en est pas le mode, mais qu’il est une chose, ou l’attribut d’une chose qui peut subsister sans lui.

D’où il paraît que ce sujet-là est simple dans lequel nous ne remarquons que la seule étendue, et quelques autres modes qui en sont des suites et des dépendances :

comme aussi celui dans lequel nous ne reconnaissons que la seule pensée, et dont tous les modes ne sont que des diverses façons de penser ;

mais que celui-là est composé dans lequel nous considérons l’étendue jointe avec la pensée, c’est à savoir l’homme, qui est composé de corps et d’âme, lequel notre auteur semble ici avoir pris seulement pour le corps, dont l’esprit est un mode.

Enfin il faut remarquer ici que dans les sujets qui sont composés de plusieurs substances, souvent il y en a une qui est la principale, et qui est tellement considérée que tout ce que nous lui ajoutons de la part des autres n’est à son égard autre chose qu’un mode, ou une façon de la considérer ;

mais être habillé, au regard de cet homme, est seulement un mode, ou une façon d’être sous laquelle nous le considérons, quoique ses habits soient des substances.

Et c’est ainsi que notre auteur a pu dans l’homme, qui est composé de corps et d’âme, considérer le corps comme la principale partie, au respect de laquelle être animé, ou être capable de penser, n’est rien autre chose qu’un mode.

Or est-il que nous pouvons concevoir que l’esprit humain soit ou une substance, ou un mode de la substance corporelle, car il n’y a en cela aucune contradiction :

Et c’est ce qui est arrivé à cet auteur, lorsqu’il a prétendu qu’il n’y avait point de contradiction qu’une seule et même chose eût l’une ou l’autre de deux natures entièrement diverses, c’est à savoir, qu’elle fût ou une substance ou un mode.

A la vérité, s’il eût seulement dit qu’il ne voyait point de raison pourquoi l’esprit humain dût plutôt être estimé une substance incorporelle qu’un mode de la substance corporelle, son ignorance aurait pu être excusée.

Mais en disant, comme il fait, qu’il ne répugne point à la nature des choses qu’une même chose soit une substance ou un mode, il dit des choses qui se contredisent, et fait paraître en cela l’absurdité de son esprit.

savoir s’il est une substance ou un mode.

Et pour montrer que l’on peut soutenir qu’il n’est autre chose qu’un mode, il tâche de résoudre une objection qui est prise de mes écrits.

Et toutefois notre auteur pense comme dissiper et réduire en fumée tout ce raisonnement, et en faire voir suffisamment la faiblesse, lorsqu’il dit que cet argument prouve seulement que pendant que nous doutons de l’existence du corps, nous ne pouvons pas alors dire que I’esprit en soit un mode, où il fait voir qu’il ignore entièrement ce que les philosophes entendent par le nom de mode ;

car c’est en cela que consiste la nature du mode, de ne pouvoir aucunement être conçu sans enfermer dans sa notion celle de la chose dont il est le mode comme j’ai déjà expliqué ci-dessus.

d’où il suit que pour lors au moins il ne peut être dit un mode du corps.

et néanmoins il ne laisse pas d’assurer qu’il ne répugne point à la nature des choses que I’esprit soit seulement un mode du corps, mais il est évident que ces deux choses se contrarient.

L autre est que ce même esprit humain en toutes ses actions est organique, ou ne sert que d’instrument, comme n’agissant point de soi-même, mais dont le corps se sert, comme il fait de la conformation de ses membres, et des autres modes corporels :

et ainsi, s’il ne le dit de paroles, il assure néanmoins en effet que l’esprit n’est rien autre chose qu’un mode du corps ;

Or ces deux choses sont si manifestement contraires, à savoir que l’esprit humain soit une substance et un mode, que je ne pense pas que cet auteur veuille que ses lecteurs les croient toutes deux ensemble, mais bien qu’il les a ainsi à dessein entremêlées pour contenter les simples et satisfaire en quelque façon ses théologiens sur l’autorité de l’Écriture Sainte, mais néanmoins pour faire en sorte que les plus clairvoyants puissent reconnaître que ce n’est pas tout de bon qu’il dit que l’esprit ou l’âme est distincte du corps, et qu’en effet son opinion est qu’elle n’est rien autre chose qu’un mode.

  Correspondance, année 1648, REPONSE DE Monsieur DESCARTES. (Cette lettre est adressée à Arnauld), 29 juillet 1648.

Par la pensée donc, je n’entends point quelque chose d’universel qui comprenne toutes les manières de penser, mais bien une nature particulière qui reçoit en soi tous ces modes, ainsi que l’extension est aussi une nature qui reçoit en soi toutes sortes de figures.

  Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.

Ne regardez point comme une modestie affectée ;

descartes

« Il y a trois termes principaux en chaque mode, par lesquels il faut commencer, et principalement finir, comme chacun sait. On les appelle modes, tant parce qu'ils empêchent que la chanson ne passe les bornes prescrites à chaque partie, queprincipalement aussi parce qu'ils peuvent beaucoup aider et servir à composer différents airs qui nous touchent diversement selonla diversité de leurs modes. car il est constant qu'il y a certains modes où, dans les plus considérables lieux et dans ceux qui le sont moins, se rencontrentsouvent des ditons et des tierces mineures, d'où, comme nous avons montré ci-devant, naît presque toute la variété de lamusique. DISCOURS DE LA METHODE, Première partie. Il est bon de savoir quelque chose des moeurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous nepensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rienvu. DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie. puis de ceux qui, ayant assez de raison ou de modestie pour juger qu'ils sont moins capables de distinguer le vrai d'avec le fauxque quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres,qu'en chercher eux-mêmes de meilleures. et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre des Français ou desAllemands, devient différent de ce qu'il serait s'il avait toujours vécu entre des Chinois ou des cannibales, et comment, jusquesaux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, noussemble maintenant extravagante et ridicule ; L'HOMME. et enfin, que toutes ces diverses couleurs de la mode, qui recréent souvent plus que le vert, sont comme les accords et lespassages d'un air nouveau, touché par quelque excellent joueur de luth, ou les ragoûts d'un bon cuisinier, qui chatouillent biendavantage le sens, et lui font sentir d'abord plus de plaisir, mais aussi qui le lassent beaucoup plus tôt, que ne font les objetssimples et ordinaires. LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE V, Du nombre des éléments et de leurs qualités. Mais afin que je puisse mieux vous faire entendre ma pensée sur ce sujet, et que vous ne pensiez pas que je veuille vous obliger àcroire tout ce que les philosophes nous disent des éléments, il faut que je vous les décrive à ma mode. LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde. aussi bien celles que les Doctes appellent Modos et entia rationis cum fundamento in re (des modes et des êtres de raison avecfondement dans la chose) comme Qualitates reales (leurs qualités réelles) dans lesquelles je confesse ingénument ne trouver pasplus de réalité que dans les autres. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Troisième. car certainement, si je considérais seulement les idées comme de certains modes ou façons de ma pensée, sans les vouloirrapporter à quelque autre chose d'extérieur, à peine me pourraient-elles donner occasion de faillir. Car, en effet, celles qui me représentent des substances, sont sans doute quelque chose de plus, et contiennent en soi (pour ainsiparler) plus de réalité objective, c'est-à-dire participent par représentation à plus de degrés d'être ou de perfection, que celles quime représentent seulement des modes ou accidents. mais on doit savoir que toute idée étant un ouvrage de l'esprit, sa nature est telle qu'elle ne demande de soi aucune autre réalitéformelle, que celle qu'elle reçoit et emprunte de la pensée ou de l'esprit, dont elle est seulement un mode, c'est-à-dire une manière. »

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