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Le pont Mirabeau

Publié le 07/04/2011

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mirabeau
 
Le pont Mirabeau – Analyse de poème

Le titre du poème vient des balades faites par Apollinaire et Marie Laurencin sur le pont Mirabeau. Il vivra avec celle-ci jusqu'à leur rupture en 1912. L'auteur il fera allusion et évoquera aussi la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va.
La construction du pont avait causé un scandale, certains voulant même sa destruction. Pourtant ce dernier a résisté, ce qui lui valu une certaine admiration auprès poète et qui n'y sera pas indifférent. Celui-ci fait aussi le pont entre le présent et le passé, entre la vie et l'éternité.
Le pont Mirabeau est devenu emblématique de leur amour. Il inspira aussi au poète une méditation lyrique sur la fuite du temps et de leur amour mais il écrira plus tard, dans une lettre dédiée à Madeleine Pagès, que ce poème est comme « la chanson triste de cette longue liaison brisée ». Car le poème intègre la fuite de l'eau à celle du temps et donc à la perte de l'amour.
Analyse du poème:
L'ensemble est composé comme une chanson, avec son refrain sur l'amour malheureux et la fuite du temps, qui est aussi accentué par le fait qu'Apollinaire a supprimé de son poème toute ponctuation afin que le lecteur lui donne librement son rythme propre. Il se peut donc qu'il y ait parfois quelques incompréhensions. Mais celle-ci favorise aussi la fluidité du poème.
Il est formé de quatre quatrains et quatre refrains sous formes de distiques, comme un texte de chanson qui implique donc des répétitions des mots et des verbes qui soulignent ce flot continu, qui est aussi accentué par les verbes de mouvements (: « passe », « coule », « s'en va »...) présents à toutes les strophes.
On y trouve quatre strophes de trois décasyllabes dont le deuxième a été séparé en deux vers, l'un de quatre syllabes, l'autre de six. Cela crée un effet de rythme lent et languissant, accentué par les deux heptasyllabes du refrain qui est un élément essentiel de la musicalité depuis Verlaine. On trouve des rimes féminines à chaque strophe (vers 1-3-4) embrassant l'unique rime masculine (vers 2) comme l'eau et l'éternité englobent et noient la vie d'un individu.
On retrouve beaucoup de sonorités qui apparaissent fréquemment dans ce poème comme (-ou-,-on-,-i-) qui crée une tristesse belle qui suggère une douleur qui dépasse celle de la déception amoureuse.
L'éternel présent est un des thèmes de ce poème qui est aussi renforcé par l'emploi de certains adverbes comme « toujours », « Ni » ainsi que les « éternels regards », car rien ne reviens, tout s'échappe.
Seul le pont est immobile, alors que tout autour du poète semblent « couler » et « s'échapper »,c'est pourquoi il le fixe pendant tout le vers.
On trouve aussi le champ lexical du fleuve avec « ondes », « courante » et « la Seine ». Ainsi que celui du temps avec « éternels », « nuit », « jours », « semaines », « temps » et « heures », qui montrent la permanence du poète avec ses amours.

Strophe 1:
« Le Pont Mirabeau » est ici le lieu évocateur de l'amour qui le fait se souvenir.
Il y a un contraste entre la banalité des vers 1 et 4, qui met en valeur l'importance du souvenir. On trouve un contre-rejet à « nos amours » avec une absence de ponctuation qui rend la compréhension difficile car est-ce le sujet qui « coule » d'où le lien avec les rimes féminines, ou bien dépend-t-il du verbe « se souvenir »?
On voit ici qu'il y a un souvenir du fleuve qui coule sous le pont ce qui fait place à une joie et peine alternants dans un doute crée par l'interrogation ou l'exclamation de « Faut-il » suivi d'un subjonctif présent.
Au vers 3 « Faut-il qu'il m'en souvienne » on assiste à une antiphrase qui donne l'illusion de se résigner.
« Refrain »:
Le fait que « venir » est à la forme du subjonctif présent indique une valeur de souhait qui est l'oubli du sommeil. Le champ lexical du temps est très présent dans le refrain car celui-ci évoque le retour des heures.
 
Strophe 2 :
 
L'utilisation de l'impératif « restons » montre le souhait de stabilité et de fidélité formulé par le poète. On peut aussi le prendre comme un souvenir si fort qu'il espère ramener l'absente.
Il y a aussi un certain désenchantement et un effet d'opposition car cet fleuve a tellement vu de ces regards d'amants qui s'aiment en espérant sans se lasser, comme s'ils se croyaient éternels.
Il y a un rappel de sa liaison vers le passé qui est fait dans cette strophe.
Il y a une métaphore ainsi qu'une personnification de l'eau au vers 4 :« des regards éternels l'onde si lasse », car « l'onde » reprend ici « la Seine ».
On retrouve une autre métaphore au vers 3 « le pont de nos bras » qui exprime une certaine symétrie et un équilibre.
« Refrain » 2:
 
Il y a une mise en valeur du souhait de permanence.
 
Strophe 3:
 
L'eau est le thème principal de cette strophe, aussi lié au temps qui passe.
On perçoit une monotonie des trois premiers vers avec une rupture de celle-ci au quatrième.
Il y a des sonorités nouvelles ainsi qu'une diérèse à « violente ». On assiste à un personnification à « Espérance » qui représente la volonté de retrouver l'amour perdu. De plus celle-ci est mise en relief grâce à « vie est lente » et « violente » qui créent une ambiguïté en rimant sur plusieurs syllabes. Un calembour est composé par la diérèse vi-o-lente donc vie-eau-lente, ce qui évoque la lenteur de la vie qui passe.
La répétition de « L'amour s'en va » intensifie le perception de l'amour vue négativement par le poète, ce qui nous précise l'impression de douleur que donne le rythme du poème. Pourtant la force optimiste de ce mot l'emporte sur l'effet éphémère de l'amour. On voit aussi qu'il y a une fuite de l'amour.
La première utilisation du « comme » est une comparaison mais son deuxième emploi est une exclamation, là encore, l'absence de ponctuation rend la compréhension difficile. De plus il y a une cadence hésitante car « cette eau courante » et « la vie est lente » créent à eux-deux un effet d'opposition de rythme car une est plutôt rapide alors que l'autre lente.
Il y a une métaphore au vers 3 « la vie est lente », qui devient une métaphore filée.
 
« Refrain » 3:
 
Le temps a changé, il est comme ralenti.
 
Strophe 4:
 
Il y a une reprise au vers 1 du thème du refrain qui évoque l'image du pont immobile et crée ainsi un effet de circularité du poème. Ensuite au vers 2 et 3 « les jours s'en vont » réapparait et au vers 4 l'expression « je demeure » est réutilisée. La conjonction de négation « Ni » qui est répétée deux fois ce qui accentue le sentiment de désespoir que provoque le destin définitif du non-retour et donc une fuite du temps.
 
Conclusion:

Ce poème est considéré comme un chef-d’œuvre de la poésie du siècle grâce à sa rigueur et sa tenue pour exprimer un rythme d'un contenu tout à fait innovant. L'absence de ponctuation et la « rupture » graphique du décasyllabe le propulse au rang des œuvres phares de la poésie moderne. De plus un certain jeux visuel est exercé au vers 2 et 3 qui forment à eux deux une décasyllabe.
La reprise de ce poème en chanson la plus connue est celle de Marc Lavoine.
Le thème de l'eau, qui est nommé en étant « la Seine » est ici utilisé pour évoquer métaphoriquement la fuite du temps. Il est ensuite enchâssé avec le thème de l'instabilité de la relation amoureuse vouée à l'échec.



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