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Le retour du de Gaulle grec

Publié le 22/02/2012

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4 mai 1990 - Constantin Caramanlis est l'un des hommes d'Etat grecs les plus importants de ce siècle. A quatre-vingt-trois ans, il a décidé de revenir aux affaires pour redorer le blason de son pays sérieusement écorné par une série de scandales, de crises politiques et une situation économique chaotique. Grand et droit, fier et renfermé, ce fils d'instituteur est né le 8 mars 1907 dans le petit village de Proti, près de Serres, en Macédoine. Après des études de droit, il devient en 1935 député du Parti populiste à Serres. Il sera réélu douze fois député au cours d'une carrière politique hors du commun. A trente-neuf ans, il devient ministre des travaux publics. Il occupera ensuite dans divers cabinets de droite les portefeuilles des transports, de la prévoyance sociale, de la défense nationale. Sa réussite pousse le roi Paul à le nommer premier ministre le 6 octobre 1955. Il le restera pendant huit ans. Il fonde en 1956 l'Union nationale radicale ( Ere) qui dominera la scène politique intérieure durant toute cette période. Après des démêlés avec le palais et la reine Frédérika, il s'exile volontairement en décembre 1963 à Paris où il restera onze ans. A la chute du régime des colonels ( 1967-1974), il est l'homme du recours et revient triomphalement à Athènes le 24 juillet 1974 pour prendre la tête d'un gouvernement d'union nationale. Sa traversée du désert l'a mûri, il s'est départi de son image de droite et entreprend de main de maître la restauration de la démocratie. En moins d'un an, il tranche la " question du régime " en instaurant par référendum la république, il légalise le Parti communiste, il crée une nouvelle Constitution, il retire son pays de l'OTAN ( jusqu'en 1980). En Grèce, on le compare alors à de Gaulle. Il fonde le parti de la Nouvelle Démocratie qui remportera les élections de 1974 et de 1977. En 1980, il est élu président de la République et fait de la Grèce le dixième membre de la Communauté européenne " pour échapper à la fatalité des interventions étrangères ". Partisan de l'alternance, il assure à la tête de l'Etat la transmission du pouvoir aux socialistes du PASOK en octobre 1981. Sa conduite et ses relations avec le chef du gouvernement socialiste Andréas Papandréou sont exemplaires. Mais, en 1985, il se retire une nouvelle fois de la vie politique, le PASOK ayant refusé de le soutenir pour un second mandat. Aigri, il s'enferme dans le silence de sa résidence de Politia au nord d'Athènes. L'année dernière, alors que la Grèce s'engluait dans la boue des scandales politico-financiers qui conduiront à la chute des socialistes, Constantin Caramanlis compare son pays à un " immense asile de fous ". Après la victoire de la Nouvelle Démocratie aux législatives du 8 avril, il accepte la proposition du nouveau premier ministre, Constantin Mitsotakis, de se présenter à l'élection présidentielle, offrant son prestige, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la Grèce, pour garantir le redressement national et l'alternance politique. DIDIER KUNZ Le Monde du 6-7 mai 1990

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