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Le Roman comique

Publié le 11/06/2014

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Paul Scarron, Le Roman comique, 1651   Notes :   1) Image précieuse pour signifier que le soleil se couche 2) Pansement qui sert ici à masquer une partie du visage 3) Chapardés, volés   4) Partie de l'habillement qui recouvre le buste 5) Etoffe commune de teinte grise 6) Bâton ferré terminé par une fourche, sur laquelle on pose normalement le canon d'une arme à feu 7) Chaussure couvrant le pied dans le costume des personnages de comédie 8) Instrument de musique 9) Maison de jeu, lieu où l'on s'amuse 10) Bourgeois qui assure les fonctions de maire 11) Officier de justice             Introduction :       Ce texte, extrait du Roman comique de Paul Scarron, raconte les aventures d'une troupe de comédiens ; cette page constitue l'incipit du roman. Ce passage remplit-il la fonction d'un incipit ? Nous verrons que ce passage ne correspond pas tout à fait à l'idée que l'on peut se faire d'un incipit, en raison notamment du caractère envahissant de la description, puis dans une seconde partie, qu'il remplit effectivement cette fonction, mais de façon originale et adaptée au genre et au contenu du roman.   Définition des termes du sujet : commencer par définir le mot "incipit" (du latin incipere = commencer) l'incipit est le début d'un roman, d'une nouvelle. Sa fonction habituelle est de donner au lecteur des informations nécessaires pour comprendre la suite du récit : le lieu, l'époque, le personnage principal, les personnages secondaires ; au-delà  de son fonction informative, l'incipit doit susciter l'intérêt, la curiosité du lecteur, créer un effet de suspense, lui donner envie de continuer à lire le roman, la nouvelle (fonction de divertissement) ;l'incipit a donc pour fonction d'informer le lecteur, de l'intéresser, mais aussi de nouer avec lui un "pacte de lecture". Il commence parfois "in medias res", dans le feu de l'action. Il établit parfois un "contrat de genre" en indiquant au lecteur le code qu'il doit utiliser dans le cadre de sa lecture.   1) Le passage ne semble pas vraiment remplir la fonction d'un incipit :   a) La métaphore filée initiale semble annoncer un récit épique et ne cadre pas avec la suite. Le narrateur mélange les registres de langue.   b) Le narrateur intervient dans le récit (digressions en apparence inutiles)   c) Les personnages sont présentés d'un point de vue externe ; les informations explicites (leurs surnoms, leur profession) ne sont pas données d'emblée. Le récit peut sembler trop réaliste.    d) L'incipit ressemble davantage à une entrée théâtrale.   e) Le texte est plus descriptif qu'explicatif.   f) La description ne semble pas avoir de fonction paticulière, sinon celle de créer du "pittoresque" et d'amuser le lecteur.   g) Le lecteur ne sait pas "ce qui s'est passé avant".   2) Le passage remplit bien la fonction d'un incipit :   a) La métaphore filée initiale faussement épique (ampoulée) et le passage au registre familier définissent d'emblée le genre du récit (héroï-comique, burlesque).   Les premières lignes établissent entre le narrateur et le lecteur un "contrat de genre".   b) Les interventions (digressions) du narrateur finissent  toujours par ramener le lecteur au récit. Elles indiquent au lecteur que le narrateur se donnera la liberté de commenter l'action et l'habituent à sa présence dans le texte, elles rompent avec l'illusion romanesque, elles établissent une connivence amusée entre le narrateur et le lecteur.   c) La description des personnages a une fonction explicative (montrez que les descriptions donnent des informations sur les personnages et invitent le lecteur à tirer des conclusions sur leur identité, tout en laissant une marge d'incertitude et de suspens) ; les noms des comédiens (Le Destin, La Rancune, La Caverne) annoncent l'intrigue et introduisent une dimension romanesque dans ce récit réaliste.   d) L'entrée théâtrale est bien adaptée au sujet traité (les aventures d'une troupe de comédiens) ; le public qui assiste à la scène devient un objet de la représentation.   e) La majeure partie du texte est essentiellement descriptive, mais la fin introduit une péripétie (élément modificateur ou perturbateur) et fournit des informations sur l'identité des personnages et sur leur état au travers d'un dialogue.   f) La description annonce la thèse principale du roman : le monde est un théâtre (conception baroque) ; on peut penser au dramaturge espagnol Calderon de la Barca (La vie est un songe, Le grand théâtre du monde), à Petrone (Le Satiricon) et aux romans picaresques. Le burlesque dans l'évocation des personnages retient l'attention du lecteur.    Note : le roman picaresque (de l'espagnol picaro, "misérable", "futé", est un genre littéraire né en Espagne au XVIème siècle et qui a connu sa plus florissante époque dans ce pays. Les romans picaresques les plus célèbres sont Lazarillo de Tormes (d'un auteur espagnol anonyme) et Gil Blas de Santillane de Lesage.   Un roman picaresque se compose d'un récit sur le mode autobiographique de l’histoire de héros miséreux, généralement des jeunes gens vivant en marge de la société et à ses dépens. Au cours d’aventures souvent extravagantes supposées plus pittoresques et surtout plus variées que celles des honnêtes gens, qui sont autant de prétextes à présenter des tableaux de la vie vulgaire et des scènes de mœurs, le héros entre en contact avec toutes les couches de la société.   g) Le lecteur est jeté au beau milieu de l'histoire, "in medias res", dans le feu de l'action. Montrez l'originalité de ce procédé, son caractère naturel. Faites le parallèle avec l'incipit de Jacques le Fataliste de Diderot.   h) Cet incipit annonce par ailleurs ce dont il va s'agir dans le roman, l'évocation critique de groupes sociaux et de leurs relations.     Conclusion :     Malgré la présence surprenante d'une longue description, ce texte remplit la fonction d'un incipit en donnant au lecteur une idée du genre auquel appartient le texte : un récit héroï-comique, burlesque. Il l'habitue à la présence du narrateur, à travers digressions et commentaires ; il fournit des informations implicites ou explicites sur les personnages et sur le cadre de l'action.   Le fait d'apparenter l'incipit à une entrée théâtrale est à première vue déroutant, mais en réalité pertinent. Déroutant, dans la mesure où il ne s'agit évidemment pas d'une pièce de théâtre, pertinent, dans la mesure où le roman va raconter la vie d'une troupe de comédiens. Le choix du narrateur manifeste, sous une apparence burlesque et humoristique, une certaine cohérence, la thèse principale du roman étant de montrer que le monde est un grand théâtre.

« 7) Chaussure couvrant le pied dans le costume des personnages de comédie 8) Instrument de musique 9) Maison de jeu, lieu où l'on s'amuse 10) Bourgeois qui assure les fonctions de maire 11) Officier de justice             Introduction :       Ce texte, extrait du Roman comique de Paul Scarron, raconte les aventures d'une troupe de comédiens ; cette page constitue l'incipit du roman.

Ce passage remplit-il la fonction d'un incipit ? Nous verrons que ce passage ne correspond pas tout à fait à l'idée que l'on peut se faire d'un incipit, en raison notamment du caractère envahissant de la description, puis dans une seconde partie, qu'il remplit effectivement cette fonction, mais de façon originale et adaptée au genre et au contenu du roman.. »

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