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le théâtre grec

Publié le 20/01/2011

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Le théâtre

Le théâtre dans l’Antiquité

Les Grecs continuent d’admirer non seulement les nouvelles productions théâtrales à caractère social, mais aussi les anciennes pièces grecques, et tout particulièrement les tragédies de la Grèce antique. L'importance attribuée au théâtre dans l'Antiquité est indéniable. Pour les Grecs anciens, les tragédies, les comédies et les satires étaient le centre de la vie culturelle. Le public participait aux représentations (methexis), captivé par les pièces d’Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane et, plus tard, Ménandre, à travers lesquelles il pouvait expérimenter les différentes situations tragiques ou comiques vécues par les personnages de la pièce.

L’évolution du théâtre grec

Le théâtre n’a jamais cessé d’exister à travers les siècles et d’influencer le mode de vie et la façon de penser des Grecs. L’évolution des arts au Moyen Âge et à la Renaissance (William Shakespeare, Ben Jonson, Carlo Goldoni) a façonné celle de la production théâtrale en Crète et sur les Îles de la mer Ionienne (Eptanissa). Vitsentzos Cornaros, Giorgos Hortatsis, Petros Katsaitis, Antonis Matessis, et Dimitris Gouzelis introduisirent de nouveaux modèles et de nouveaux genres théâtraux influencés, pour la plupart, par le théâtre italien, et qui, parfois, imitaient ou s’inspiraient des textes ou des mythes de la Grèce antique (Katsaitis, par exemple, a écrit une pièce intitulée Thyeste, une tragédie dont la forme s’inscrit dans la droite lignée des tragédies antiques). La langue utilisée remonte aux origines et tout particulièrement aux dialectes crétois et ioniens qui, depuis, ont presque tous entièrement disparus.

Le XIXème siècle

Le théâtre grec a été florissant jusqu’à la fin du XIXè siècle, et plus précisément, autour de 1880, période à laquelle les premières troupes de théâtre ont instauré leur présence sur scène. Ces troupes présentaient des pièces d’origine française telles que les vaudevilles ou les farces. A cette période, de nouveaux dramaturges ouvrirent la voie à une nouvelle ère, en introduisant d'autres formes et concepts théâtraux. Dimitris Vernardakis, Dimitris Koromilas, Angelos Vlachos, Spyridon Peressiadis, pour n’en nommer que certains, se sont forgé une immense popularité grâce à leurs pièces tragiques ou à leurs idylles (tragiques ou comiques). Ces œuvres sont de précieux témoins de la vie familiale traditionnelle de l’époque. En 1894, un nouveau genre théâtral apparut sur les scènes athéniennes, apportant un spectacle plus coloré, à l’origine d’une nouvelle atmosphère théâtrale : le cabaret athénien (Athinaiki epitheorissis). Ce nouveau genre comprenait la musique, les paroles, les chansons, la danse et beaucoup de vivacité et d’allégresse. Les textes de ces revues athéniennes faisaient la satire des situations politiques, sociales, religieuses ou morales de l’époque. Ils étaient joués par les plus grands acteurs, spécialisés dans ce genre de rôles. Ces représentations s'inspiraient principalement des spectacles de cabaret de Paris et de Londres, et ils étaient adaptés avec succès auprès du public grec. Aujourd’hui, l’epitheorissis continue à prospérer, hiver comme été, et au fil des changements de conjoncture politique et sociale, à constituer, pour les auteurs, un matériau se prêtant parfaitement à la satire, à la critique, à la contestation, voire aux injures. D’ailleurs, le public accepte généralement bien la critique et rit spontanément.

Le XXème siècle

C’est au XXème siècle que commence une nouvelle ère pour le théâtre grec, qui subit les influences du nord-ouest de l'Europe (Norvège, Suède et Allemagne). Henrik Ibsen devient alors l’un des plus grands précurseurs de ce qu’on appelle le théâtre bourgeois (Astiko drama) et qui est représenté en Grèce par Grigoris Xenopoulos, Spyros Melas, Pandelis Horn ou Dimitris Bogris. Jusqu’en 1950, le drame poétique ou historique était généralement écrit par des dramaturges initiés, tels que Angelos Sikelianos, Nikos Kazantzakis, Vassilis Rotas, ou Angelos Terzakis. De 1950 à 1960, les farces et les comédies dominent la production théâtrale. Les descriptions réalistes de la vie quotidienne des personnages comiques, les quiproquos, la satire caustique des coutumes et des habitudes grecques, de même que les tendres histoires d’amour créent l'atmosphère qui a régné sur le théâtre grec et le cinéma durant plusieurs années, fascinant le public grec de génération en génération. Aujourd'hui encore, ce théâtre demeure populaire, toujours aussi poignant et contemporain.

Le théâtre grec moderne

L’année 1957 fait date dans l’histoire du théâtre grec moderne. C’est l’année où Iacovos Cambanellis, considéré comme "le père du théâtre grec contemporain", présente sa pièce la Cour des Miracles (I avli ton thavmaton) au Theatro Technis (Théâtre d'art) de Karolos Koun. Une nouvelle génération de dramaturges talentueux émerge alors, modifiant l’atmosphère du théâtre grec et l’enrichissant de nouvelles idées. Depuis, le public n’a cessé de découvrir une dimension créative, tragique, dramatique, comique, satirique, complexe ou même inconcevable à travers les thèmes et les personnages des nouveaux auteurs, tels que Vassilis Ziogas, Dimitris Kehaidis, Georges Skourtis, Marios Pontikas, Mitsos Ephimiadis, Pavlos Matessis, Georges Maniotis, Loula Anagnostaki, Costas Mourselas, Giorgos Dialegmenos, Stratis Carras et Yannis Chryssoulis. Ces derniers parviennent à conjuguer théâtre moderne et restitution fidèle de la vie réelle.

Les troupes de théâtre

Il convient de noter que derrière ces auteurs, se trouvaient aussi les metteurs en scène et les acteurs indispensables à la mise en scène, tels que Dionissios Tavoularis, Eftihios Vonasseras, Dimosthenis Alexiadis ou Evangelos Pantopoulos (1880). Au classicisme de jeu des deux grandes actrices, Évangélia Paraskévopoulou et Ékatérini Véroni, s'est substituée toute une génération de nouveaux acteurs et metteurs en scène, qui surent innover la mise en scène de certains textes et apporter de nouveaux concepts comme le réalisme, le naturalisme, le classicisme ou le romantisme. En 1901, Constantinos Christomanos, auteur, metteur en scène, traducteur et grand érudit créa le "Nea skene" (la Nouvelle scène). Il mit en scène des pièces d’Euripide, d’Ibsen, de Goldoni et démontra comment il était possible d'associer les deux courants, réalisme et naturalisme, en une seule et même représentation bien agencée.

Parallèlement à la Nea skene de Christomanos, le grand metteur en scène, Thomas Ikonomou (de formation germanique), fonda le Théâtre-Royal, où, jusqu’en 1908, il dirigea et interpréta les rôles principaux de pièces maîtresses, telles que les Fantômes d’Ibsen ou le Père de Strindberg. Ces deux pionniers grecs de la mise en scène furent suivis par d’autres grandes figures du théâtre, telles que Photos Politis, théoricien, érudit, directeur et fondateur du Théâtre national en 1932, Dimitris Rondiris, héritier de la tradition de Photos Politis au Théâtre national, et le premier à inaugurer le festival d'Épidaure en 1954, Karolos Koun, fondateur du Théâtre d'art en 1942, Socratis Carandinos qui créa le Théâtre national du Nord en 1961, Takis Mouzenidis, Pelos Katselis, Costis Michailidis, Alexis Solomos, seul metteur en scène à avoir adapté et présenté dans les théâtres anciens dix des onze comédies d'Aristophane, et plus récemment, Spyros Evangelatos, Minos Volanakis et Giorgos Michailidis. Ces metteurs en scène ont dirigé des acteurs hors pair, qui allaient laisser une emprunte indélébile sur la scène athénienne, tels que Marika Kotopouli, Kyveli Adrianou, Katina Paxinou, Alexis Minotis, Emilios Veakis, Eleni Papadaki, Vasso Manolidou, Mary Aroni, Dimitris Horn, Elli Lambeti, Katerina Andreadis, Thanos Kotsopoulos, Giorgos Pappas, Christophoros Nezer ou Costas Moussouris. Tous ceux qui eurent la chance de voir ces acteurs sur scène ont gardé un souvenir impérissable de leurs prouesses théâtrales.

Le rôle du théâtre grec

En Grèce, le rôle du théâtre n’a pas changé depuis l’Antiquité, où il était un moyen de divertissement et d’enseignement faisant participer le public. Le succès des poètes tragiques était toujours directement lié à la réaction positive ou négative des spectateurs. Il en est de même aujourd’hui, surtout lors des festivals d’été d’Athènes ou d’Épidaure, au cours desquels le drame antique captive toujours autant l’attention du public. La participation du public a sensiblement changé avec un engouement croissant pour le milieu théâtral de la part des jeunes, qui se découvrent une fascination pour la mise en scène ou le jeu. L’introduction dans le théâtre grec de courants majeurs tels que le réalisme, le naturalisme ou le symbolisme a contribué à rapprocher davantage le théâtre grec du théâtre européen ou américain. En effet, le style d’écriture de ces derniers a beaucoup influencé les auteurs et les metteurs en scène grecs. La coexistence de la théorie et du jeu, dans une représentation, tient essentiellement à la coopération entre l'acteur et le metteur en scène, ainsi qu’à l’acceptation mutuelle de certaines "conventions". La nouvelle génération de dramaturges grecs modernes s’est souvent fondée sur les modèles et le style des auteurs européens ou américains, mais il ne faut y voir qu’une légère imitation sur le plan de la forme, car les personnages et les situations de la pièce étaient transformés de façon à s’adapter aux réalités grecques, pour transmettre une vision plus percutante des événements. Aujourd'hui, la réaction du public face à une représentation peut aussi être critique, si l’on accepte la théorie de Brecht sur la participation du public comme étant une sorte de distanciation (verfremdung) par rapport à ce qui est joué sur la scène.

La critique

L’évolution du théâtre grec a fait surgir dans la vie culturelle grecque un certain nombre de critiques célèbres, qui ont fait de la critique théâtrale un outil indispensable et incontournable. Parmi les premiers critiques, dont la majorité était des érudits, on compte Photos Politis, Emilios Hourmouzios, Spyros Melas, Angelos Terzakis, Vassos Varikas, Alkis Thrylos, Léon Koukoulas, Marios Ploritis et bien d’autres encore. Ceux-ci étaient, tout d’abord, plutôt sceptiques, considérant certaines nouvelles idées étranges, provocatrices, voire outrageuses. Souvent, certains d’entre eux - relativement démodés et conservateurs- faisaient preuve d’une attitude plus exigeante vis-à-vis des idées novatrices, auxquelles ils s’opposaient parfois fermement, allant même jusqu’à les déplorer. Toutefois, il faut souligner que leurs critiques ne manquaient pas d'intérêt et pouvaient d’ailleurs constituer d’excellentes analyses des nouvelles pièces. Aujourd’hui, la nouvelle génération de critiques est devenue plus ouverte, plus tolérante et, en général, plus impartiale. Enfin, il semble que, face aux nouvelles pièces (qu’elles soient grecques ou non), les critiques actuels sont plus réfléchis et mieux disposés à approfondir leur recherche, afin d'être pleinement informés des questions d'actualité ou des textes radicaux.

Les troupes de théâtre contemporaines

Ce qu’il est frappant de constater, aujourd’hui, à Athènes, c’est la profusion de troupes de théâtre et d'infrastructures, anciennes ou modernes, qui accueillent de nombreux acteurs et metteurs en scène, leur permettant ainsi de présenter au mieux leur travail, face à un public curieux, et souvent avide. Aujourd’hui, on compte, à Athènes, plus d'une centaine de troupes de théâtre, nombre qui augmente si l'on y ajoute les troupes d'amateurs, ainsi que celles des écoles et des universités, qui prennent une place prépondérante dans le monde du théâtre. Entre 1900 et 1960, il existait une vingtaine de compagnies qui, néanmoins, présentaient jusqu'à trois pièces par semaine (compagnies de la Nea skini, du Théâtre-Royal, de Kyveli, de Kotopouli, du Théâtre national, du Laiki skini (Karolos Koun) - actuel Théâtre d'art -, du Piraiko theatro (Dimitris Rondiris), de celle de Katerina Andreadis, de Moussouris, et enfin, de Lambeti-Horn, etc.). 

En outre, à partir 1981, pratiquement toutes les villes en dehors d’Athènes ont fondé des théâtres municipaux avec le soutien de metteurs en scène et d’acteurs célèbres, parfois même de vedettes de la scène athénienne. Il est donc devenu possible, pour les troupes de théâtre, de donner des représentations (sketches de cabaret ou farces), non seulement à Athènes, mais également lors de tournées en province, où la vie théâtrale était désormais plus intense, voire indispensable. En province, l’intérêt croissant pour le théâtre est très prometteur pour l'avenir, en particulier, en ce qui concerne la participation de la jeune génération. Les pièces présentées varient du répertoire classique au plus contemporain, et elles sont toutes bien accueillies par le public, souvent enthousiasmé. Le retour à certaines formes du théâtre grec moderne, ou encore aux farces, illustre la curiosité et l'intérêt croissants du public pour le théâtre qui, de plus en plus, semble devancer le cinéma et les autres types de loisirs.

 

Conclusion

Les nouveaux courants théâtraux sont, aujourd’hui, plus "artistiques", plus sophistiqués, et il n'est pas rare que certaines troupes présentent des œuvres particulières et expérimentales, qui semblent répondre à un certain goût du public pour la provocation. Apparemment, les idées avant-gardistes de certaines pièces attirent un public jeune (18-25 ans), qui représente aujourd’hui la majorité des amateurs de théâtre en Grèce. Ces derniers explorent toutes les facettes de ce qui est nouveau. Il faut enfin noter que, depuis plusieurs années, des liens de coopération se sont tissés entre les troupes de théâtre étrangères et grecques, et ils n’ont jamais cessé de se renforcer. La troupe du Théâtre national ou celle du Théâtre d'art, ainsi que d’autres troupes athéniennes célèbres, partent en tournée dans différentes villes ou pays, et reçoivent, la plupart du temps, un accueil enthousiaste. Quant au public grec, il a toujours eu et il conserve, la possibilité d’assister, en Grèce, aux représentations de troupes étrangères, qui apportent, à chaque occasion, un coté novateur, attrayant ou exceptionnel. La critique et les points de vue diffèrent, mais l’intérêt subsiste. En conclusion, tout ce qui précède tend à prouver que le théâtre grec représente un élément incontournable de la civilisation hellénique. Il apparaît clairement que les Grecs voient le théâtre comme un spectacle qui allie la sincérité, la qualité, l'intérêt, la créativité, et qui force le respect. Un spectacle qui peut, et qui devrait appartenir, certes, aux Grecs, mais également au reste du monde.

 

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