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L'Édification Dans Les Liaisons Dangereuses

Publié le 26/09/2010

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liaisons dangereuses

 

 

Un but moral, avec l'inspiration à la pitié : A en croire la préface, la publication des lettres n'est pas sans motif édifiant, le rédacteur insiste sur " l'utilité de l'Ouvrage" . En effet, comme nous l'avons déjà souligné dans l'étude du péritexte, l'ouvrage a un but social ( "rendre un service aux moeurs"), à savoir dénoncer les stratégies corruptrices des personnes immorales qui n'ont d'autre but que de "corrompre" les personnes vertueuses. Il ne s'agit pas de porter un regard angélique sur la société, mais au contraire, comme le souligne l'épigraphe ( " J'ai vu les moeurs de mon temps et j'ai publié ces lettres"), un regard clairvoyant et critique. Bien plus, le rédacteur entend donner des preuves de la dépravation morale des libertins et de ses dangers pour mettre en garde contre les risques des relations sociales ("toute femme (=Mme de Tourvel) qui consent à recevoir dans sa société, un homme sans moeurs finit par en devenir la victime"), contre les amitiés feintes ("toute mère est au moins imprudente, qui souffre qu'un autre qu'elle ait la confiance de sa fille"), contre les pièges des confidences ("les jeunes gens de l'un et l'autre sexe pourraient encore y apprendre que l'amitié que les personnes de mauvaises moeurs paraissent leur accorder si facilement, n'est jamais qu'un piège dangereux"). Dés lors ce livre devient un manuel indispensable pour l'éducation des jeunes filles ("je croirais rendre un vari service à ma fille, en lui donnant ce livre le jour de son mariage") A priori, le contenu des lettres, les agissements de Mme de Merteuil et de Valmont corroborent cet avis. Cécile, Danceny, Mme de Volanges sont victimes de l'excès de confiance en leurs "amis" ; Mme de Tourvel renonce à sa vertu, à ses devoirs et à ses principes, subjuguée par Valmont qui lui fait découvrir les charmes de l'amour et des plaisirs. Mais pour autant, les propos du rédacteur ne sont pas aussi catégoriques qu'il y paraît d'abord. En effet, il émet des éventualités, "les jeunes gens pourraient y apprendre", "je croirais rendre service", ce qui implique qu'il doute de la réelle efficacité de son projet. Et de fait, on peut s'interroger sur l'efficacité morale du roman. Mme de Merteuil perd son procès, elle est défigurée par la petite vérole, mais pour autant ces déconvenues ne sont pas la conséquence de sa perfidie et de son machiavélisme, donc ne peuvent être considérées comme des "punitions" bien méritées. Seule l'opprobre général dont elle est l'objet à l'opéra lors de sa dernière sortie publique, illustre la défaite du mal. Mais elle n'est jugée que par ses contemporains et par les gens de son milieu, ce qui limite le retentissement chez le lecteur, qui est étranger à ce monde là. Par ailleurs, sa chute n'est pas aussi abyssale qu'il y paraît, elle ne s'en sort pas si mal, puisque qu'elle réussit à partir avec son argent et ses bijoux, ce qui lui assure une vie confortable et son exil volontaire en Hollande, loin des tumultes parisiens, est une opportunité de se refaire une réputation, elle n'est pas anéantie. Finalement, la plus coupable est celle qui paie la prix le plus faible, ce qui n'est pas si moral que le prétendait le rédacteur. Au contraire on peut lire le destin de Mme de Merteuil comme le triomphe de l'intelligence et de l'opportunité. Valmont paie le prix fort : il meurt. Sa mort est justifiée selon les codes de l'honneur de l'époque, mais cette mort apparaît très vite comme étant "une erreur": elle est moins la conséquence de sa perfidie que de celle de Mme de Merteuil. Danceny regrette ce duel fatal : " je gémis de la fatalité qui a causé à la fois vos chagrins et mes malheurs;" écrit-il à Mme de Rosemonde dans la lettre 169. Valmont, agonisant demande que l'on ait pour son justicier " tous les égards qu'on doit à un brave et galant homme" (lettre 163) et la remise des lettres achève de le disculper, comme le confirme la rumeur rapportée par Mme de Volanges : " On dit que la querelle survenue entre M. de Valmont et le chevalier Danceny est l'ouvrage de Mme de Merteuil" et les "deux rivaux" se sont "quittés" réconciliés (lettre 459) Cécile et Danceny retrouvent le chemin de la vertu après quelques mois d'égarements, mais c'est un pis-aller, ni l'un ni l'autre n'ont la vocation. Cécile est en sécurité au couvent, elle n'a pas de compte à rendre à sa mère et surtout, sous couvert de son nouvel habit, elle peut garder pour elle son secret. Quant à Danceny, il fuit le monde et ses "horreurs" : c'est un jeune homme déçu qui cherche l'oubli de son jeune passé déraisonnable. Cette fin édifiante ne semble justifiée que par le souci de conclure sur une note moralisatrice car, reconnaissons-le, rien dans les comportements de l'un et de l'autre ne le laissait présager : Cécile était une fervente adepte des plaisirs et trompait Danceny sans remords ni regrets ; Danceny était moins pervers que Cécile, mais tout autant attaché aux plaisirs. La mort de Mme de Tourvel montre la toute puissance de la passion et l'impossibilité de s'en défendre ou de la surmonter. Tourmentée entre ses remords et ses désirs, consciente de sa faute mais incapable, bien que retirée dans un couvent pour expier, de renoncer à l'idée de ne plus voir Valmont ( "combien j'ai souffert de ton absence ! ne nous séparons plus, ne nous séparons jamais.." lettre 161), elle se laisse mourir dés qu'elle apprend la mort de Valmont, preuve ultime qu'elle ne peut vivre sans lui. Sa mort illustre le triomphe de la passion et démontre que, aussi vertueuse puisse être une femme, aussi attachée soit-elle à ses devoirs et à ses principes, elle est capable de tout sacrifier à son nouveau Dieu païen. Certes Prévan est réhabilité mais c'est uniquement réparer une injustice dont il a été victime, en aucun cas son statut de libertin s'en trouve modifié : il est juste réintégré dans une société qui lui ressemble. En somme, aucun de ces destin n'est satisfaisant au regard de la morale. Le mal est peut-être puni mais il gagne la partie : tout ce qui a été intrigué, orchestré par Mme de Merteuil est arrivé et bien au-delà ( elle n'avait pas imaginé la mort de Valmont,sa réaction dans le film de Frears à l'annonce de la fatale nouvelle est sans équivoque) De plus, Valmont en confiant ses lettres à Danceny, se dédouane et lui donne l'occasion de le venger une dernière fois. Même la sage Mme de Rosemonde qui, par expérience a appris qu'il ne faut pas chercher le bonheur " hors des bornes prescrites par les Lois de la Religion" (lettre 171), en demandant à Danceny de lui restituer les lettres de Cécile, agit moins par indulgence à l'égard de la jeune fille que pour préserver sa mère : elle est la gardienne de tous les secrets, secrets qu'elle entend garder pour elle seule, pour ne pas déranger l'ordre établi et dés lors elle devient elle aussi complice des perfidies. Par ailleurs, c'est Mme de Volanges qui conclut le roman, personnage qui n'est pas le mieux placé puisque le destin de Cécile n'est que la conséquence de l'éducation qu'elle lui a donnée. En effet, en tenant sa fille éloignée des réalités de la vie, en lui destinant pour mari "un vieux de trente-six ans", sans l'avoir consultée, en la traitant comme une enfant alors qu'elle devient une femme, elle agit comme une mauvaise mère et sacrifie le bonheur de sa fille à l'autel de la bienséance et des conventions sociales. Pourtant, elle a eu un moment de lucidité. Se méprenant sur les larmes de sa fille, croyant qu'elles étaient causées par la tristesse de devoir renoncer à Danceny (elle ne pouvait pas se douter de ce qui s'était passé, cette situation n'étant pas du tout envisageable par elle), elle s'interroge et se pose les bonnes questions : le devoir d'une mère n'est-il pas de vouloir le bonheur de son enfant ? " la livrer à un désespoir éternel, cela n'est pas dans mon coeur". Son analyse du mariage de "convenance" est plein de bon sens et de sagesse : " Ces mariages qu'on calcule au lieu de les assortir, [...] ne sont-ils pas la source la plus féconde de ces éclats scandaleux ?" (lettre 98) ; elle ne veut pas "compromettre [...la] vertu" de sa fille. Mais ces bonnes résolutions seront sans effet car empêchées par Mme de Merteuil. Là aussi on peut reprocher à Mme de Volanges une erreur de jugement : elle s'est laissée berner par les flatteries de Mme de Merteuil ( cf lettre 102) et par les faux bons sentiments de cette femme qui parle vertu, devoir sagesse avec une éloquence irrésistible. La seule chose que Mme de Volanges ait gagné, c'est d'ignorer tout ce qui est arrivé à sa fille et, dans sa dernière lettre, sa question restera sans réponse : "ma fille est donc coupable ?" (lettre 175) De plus la leçon qu'elle assène sur le danger d'une "liaison dangereuse" dans la dernière partie de sa lettre est sans effet puisqu'elle reconnaît que "ces réflexions tardives n'arrivent jamais qu'après l'évènement "? Bien plus toute prévention est vaine puisque " l'une des plus importantes vérités [...] reste étouffée et sans usage dans le tourbillon de nos moeurs inconséquentes." Un but social démontré par les vertus ; Le mérite de Laclos est de toute évidence d'avoir porté un regard sans complaisance sur la société de son temps, et c'est sans doute pour cette raison que son livre a suscité à la fois intérêt et réprobation. Il nous montre une société : - dominée par l'art du paraître : sur le grand théâtre du monde chacun joue son rôle et le plus hypocrite est celui qui réussira le mieux. Dans la lettre 81, Mme de Merteuil explique combien il est nécessaire de cacher qui on est pour réussir. On va à l'opéra ou au théâtre non par goût du spectacle, encore moins pour se cultiver, mais pour se montrer. A la fin du roman, le spectacle n'est pas sur scène, mais dans la loge de Mme de Merteuil et chacun se réjouit de sa dégradation physique. - dominée par le pouvoir de l'argent : les mariages s'envisagent à l'aune de la fortune du prétendant ( Gercourt vaut mieux que Danceny parce que l'un est riche et l'autre pas) car " Le luxe absorbe tout : on le blâme, mais il faut l'imiter ; et le superflu finit par priver du nécessaire" (lettre 104). C'est pourquoi mariage ne rime pas avec amour : outre l'exemple de Cécile et de Gercourt, Mme de Tourvel découvre après deux ans de mariage les douceurs de l'amour dans les bras de son amant. -dominée par le culte du plaisir : personne n'y échappe, pas même la très vertueuse Mme de Tourvel ou la naïve Cécile qui se laisse éduquer très docilement et qui très vite devient presque aussi experte que son maître qui entreprend de lui rédiger " un catéchisme de débauche" (lettre 111). Mme de Merteuil garde à jamais sur son visage inscrit les stigmates de son abandon aux plaisirs multiples. Mme de Rosemonde se souvient des ses aventures passées avec tendresse. La seule qui peut-être y échappe, c'est l'austère Mme de Volanges, mais Valmont y remédie en racontant à Cécile les prétendues frasques sexuelles de sa mère. - dominée par des moeurs dissolus : le libertinage est montré tel qu'il est : Valmont et Mme de Merteuil sont des personnages diaboliques qui ne reculent devant aucune vilenie pour mener à terme leurs projets : mensonge, trahison, manipulations, hypocrisie. Laclos démythifie l'innocence de la jeunesse et fait de C eacute;cile une élève libertine très prometteuse. La religion est bafouée par Valmont, nouveau tartuffe qui feint le repentir et le désir de s'amender pour mieux séduire Mme de Tourvel. Les vertus théologales ne sont plus des remparts solides contre l'appel du désir. - dominée par l'oisiveté : personne ne travaille ( noblesse oblige) ; les seules occupations de cette société sont les dîners, les sorties au théâtre, les après-midi passées à faire et à défaire les réputations. Laclos s'élève contre "la sévérité des Lois et contre ce reste de barbarie (=le duel) qui infecte encore nos moeurs" (lettre 164). Bref, Laclos, en fidèle observateur, montre l'envers du décor de la noblesse, son déclin moral. La première fin envisagée par Frears montrait Mme de Merteuil montant à l'échafaud, clin d'oeil à la révolution française, symbole de la fin d'une époque et de la noblesse. Sans vouloir faire du roman de Laclos un roman "politique" il n'en demeure pas moins que cet éclairage n'est pas à exclure.

 

liaisons dangereuses

« une enfant alors qu'elle devient une femme, elle agit comme une mauvaise mère et sacrifie le bonheur de sa fille àl'autel de la bienséance et des conventions sociales.

Pourtant, elle a eu un moment de lucidité.

Se méprenant surles larmes de sa fille, croyant qu'elles étaient causées par la tristesse de devoir renoncer à Danceny (elle ne pouvaitpas se douter de ce qui s'était passé, cette situation n'étant pas du tout envisageable par elle), elle s'interroge etse pose les bonnes questions : le devoir d'une mère n'est-il pas de vouloir le bonheur de son enfant ? " la livrer à undésespoir éternel, cela n'est pas dans mon coeur".

Son analyse du mariage de "convenance" est plein de bon senset de sagesse : " Ces mariages qu'on calcule au lieu de les assortir, [...] ne sont-ils pas la source la plus féconde deces éclats scandaleux ?" (lettre 98) ; elle ne veut pas "compromettre [...la] vertu" de sa fille.

Mais ces bonnesrésolutions seront sans effet car empêchées par Mme de Merteuil.

Là aussi on peut reprocher à Mme de Volangesune erreur de jugement : elle s'est laissée berner par les flatteries de Mme de Merteuil ( cf lettre 102) et par lesfaux bons sentiments de cette femme qui parle vertu, devoir sagesse avec une éloquence irrésistible.

La seulechose que Mme de Volanges ait gagné, c'est d'ignorer tout ce qui est arrivé à sa fille et, dans sa dernière lettre, saquestion restera sans réponse : "ma fille est donc coupable ?" (lettre 175)De plus la leçon qu'elle assène sur le danger d'une "liaison dangereuse" dans la dernière partie de sa lettre est sanseffet puisqu'elle reconnaît que "ces réflexions tardives n'arrivent jamais qu'après l'évènement "? Bien plus touteprévention est vaine puisque " l'une des plus importantes vérités [...] reste étouffée et sans usage dans le tourbillonde nos moeurs inconséquentes." Un but social démontré par les vertus ;Le mérite de Laclos est de toute évidence d'avoir porté un regard sans complaisance sur la société de son temps, etc'est sans doute pour cette raison que son livre a suscité à la fois intérêt et réprobation.

Il nous montre une société:- dominée par l'art du paraître : sur le grand théâtre du monde chacun joue son rôle et le plus hypocrite est celuiqui réussira le mieux.

Dans la lettre 81, Mme de Merteuil explique combien il est nécessaire de cacher qui on est pourréussir.

On va à l'opéra ou au théâtre non par goût du spectacle, encore moins pour se cultiver, mais pour semontrer.

A la fin du roman, le spectacle n'est pas sur scène, mais dans la loge de Mme de Merteuil et chacun seréjouit de sa dégradation physique.- dominée par le pouvoir de l'argent : les mariages s'envisagent à l'aune de la fortune du prétendant ( Gercourt vautmieux que Danceny parce que l'un est riche et l'autre pas) car " Le luxe absorbe tout : on le blâme, mais il fautl'imiter ; et le superflu finit par priver du nécessaire" (lettre 104).

C'est pourquoi mariage ne rime pas avec amour :outre l'exemple de Cécile et de Gercourt, Mme de Tourvel découvre après deux ans de mariage les douceurs del'amour dans les bras de son amant.-dominée par le culte du plaisir : personne n'y échappe, pas même la très vertueuse Mme de Tourvel ou la naïveCécile qui se laisse éduquer très docilement et qui très vite devient presque aussi experte que son maître quientreprend de lui rédiger " un catéchisme de débauche" (lettre 111).

Mme de Merteuil garde à jamais sur son visageinscrit les stigmates de son abandon aux plaisirs multiples.

Mme de Rosemonde se souvient des ses aventurespassées avec tendresse.

La seule qui peut-être y échappe, c'est l'austère Mme de Volanges, mais Valmont yremédie en racontant à Cécile les prétendues frasques sexuelles de sa mère.- dominée par des moeurs dissolus : le libertinage est montré tel qu'il est : Valmont et Mme de Merteuil sont despersonnages diaboliques qui ne reculent devant aucune vilenie pour mener à terme leurs projets : mensonge,trahison, manipulations, hypocrisie.

Laclos démythifie l'innocence de la jeunesse et fait de Cécile une élève libertinetrès prometteuse.

La religion est bafouée par Valmont, nouveau tartuffe qui feint le repentir et le désir de s'amenderpour mieux séduire Mme de Tourvel.

Les vertus théologales ne sont plus des remparts solides contre l'appel du désir.- dominée par l'oisiveté : personne ne travaille ( noblesse oblige) ; les seules occupations de cette société sont lesdîners, les sorties au théâtre, les après-midi passées à faire et à défaire les réputations.Laclos s'élève contre "la sévérité des Lois et contre ce reste de barbarie (=le duel) qui infecte encore nos moeurs"(lettre 164).

Bref, Laclos, en fidèle observateur, montre l'envers du décor de la noblesse, son déclin moral.

Lapremière fin envisagée par Frears montrait Mme de Merteuil montant à l'échafaud, clin d'oeil à la révolutionfrançaise, symbole de la fin d'une époque et de la noblesse.

Sans vouloir faire du roman de Laclos un roman"politique" il n'en demeure pas moins que cet éclairage n'est pas à exclure.. »

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