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« Les personnages de Misérables ne sont pas des héros »

Publié le 16/10/2010

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Victor Hugo, grand auteur du XIXème siècle, est né en 1802 et mort en 1885. Ses œuvres couvrent tous les genres, et Les Misérables est sans doute l’un de ses plus beaux romans, comme le montre le grand nombre d’adaptations cinématographiques et de comédies musicales. 

Un héros est non seulement le personnage principal d’une histoire, mais de plus, certaines qualités lui sont couramment attribuées : il est beau, fort, courageux, loyal. 

Victor Hugo a, dans nombre de ses œuvres, mis en scènes des personnages héroïques : dans La légende des siècles, il nous conte les exploits du Chevalier Roland ; au contraire dans Notre Dame de Paris, c’est un valet bossu et laid qu’il projette sur le devant de la scène, amis ce personnage est héroïque et beau par ses pensées. 

Les personnages des Misérables sont-ils donc des « vrais héros « comme Roland ou faut-il nuancer cette idée ? 

 Nous verrons dans la première partie que les personnages des Misérables se rapprochent plus des antihéros que des héros, mais la seconde partie nuancera cette argumentation en montrant que dans certains passages, des personnages sont tout de même héroïques. 

 

    Tout d’abord, on se rend compte à la lecture du roman que, comme le titre nous le laissait entendre, Les Misérables est un roman sur la misère, et la misère est loin d’être héroïque. Cela se vérifie en comparant les situations de plusieurs personnages : on s’aperçoit qu’ils sont plus des antihéros. En effet, Cosette était dans son enfance une souillon dans l’auberge des Thénardiers ; Gavroche, abandonné par ses parents, a été contraint de vivre dans la rue ; et Jean Valjean est l’exact opposé d’un héros : c’est un ancien bagnard en rupture de ban. 

Ensuite, les personnages de peuvent pas être des héros tout le temps, il faut nuancer cette notion d’heroïsme, car comme tous bons personnages, ceux des Misérables connaissent des hauts et des bas, ils oscillent entre héros et antihéros. Par exemple, dans sa quête pour devenir bon et ne plus être misérable, Jean Valjean commet quelques écarts, comme le prouve l’épisode de Petit Gervais : l’ancien bagnard empêche un petit garçon de reprendre une pièce. 

Pour finir, Victor Hugo a d’abord écrit Les Misérables pour dénoncer les vices, les problèmes de la société et du système judiciaire, son but premier n’était pas de créer des personnages héroïques. Par exemple, il critique les lois quand il raconte que Jean Valjean est envoyé en prison, et qu’il y reste très longtemps alors qu’il avait volé du pain pour nourrir sa famille. A ce moment là, Jean Valjean n’est pas un héros, car dans l’imaginaire commun, les héros ne sont pas emprisonnés. 

 

    Par opposition, certains personnages des Misérables sont des héros car ils meurent au combat, de manière héroïque. En effet, le petit Gavroche meurt sous le feu ennemi, alors qu’il allait récupérer des munitions sur des cadavres. Il meurt pour l’insurrection, il est coupé au milieu d’une chanson. Autre exemple de mort héroïque, celle d’Eponine, la fille aimée des Thénardiers. Elle veut sauver Marius, qu’elle aime, et pour cela, elle met sa main devant un canon de fusil qui le visait. Elle meurt donc héroïquement, par amour pour Marius. 

Par ailleurs, Enjolras, le jeune homme qui menait l’insurrection avant l’arrivée de Marius, est l’exemple type du héros épique. En effet, il possède toutes les qualités du héros épique : il est beau car comparé à Apollon, et un des gardes dit, au moment de le mettre en joue : « Il me semble que je vais fusiller une fleur «. Enjolras est aussi fort et courageux : il se bat longtemps sur la barricade de la rue St-Denis, et il meurt très courageusement : il refuse de mettre un bandeau sur ses yeux lorsqu’l est fusillé. 

Enfin, on peut dire que Valjean est le véritable héros des Misérables, non seulement car il est le personnage principal, mais aussi car comme pour Marius, nombre des qualités du héros le définissent. Jean Valjeanest courageux, et cela se vérifie lors du guet-apens dans la masure Gorbeau : il appose une barre de fer brûlants sur son bras sans dire un mot. Jean Valjean est aussi fort. Par exemple, il transporte Marius inerte dans les égouts pour le ramener chez son grand-père et il aide un pauvre homme coincé sous une charrette en la soulevant lors de son arrivée à Montfermeil, tout comme Portos essayait de soulever un rocher dans Les Trois Mousquetaires, de l’écrivain Alexandre Dumas. 

 

 « Les personnages des Misérables ne sont pas des héros « est donc une négation qu’il faudrait nuancer. Par bien des côtés, certains personnages sont des exemples types d’antihéros, mais d’autres se distinguent par des actions héroïques. Mais les personnages doivent-ils forcément être classés comme « héros « ou « antihéros « ? Ne peuvent-ils pas osciller entre ces deux états ? A l’instar d’Achille, héros grec de la guerre de Troie, tué, selon le mythe, par une flèche au talon, les personnages des Misérables montrent des faiblesses, ce qui d’ailleurs les rend plus attachants, plus humains.

 

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