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l'exercice de la philosophie contribue-t-elle à la démocratie ?

Publié le 17/11/2005

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philosophie
Dans elles seules, le gouvernement est confié à chaque citoyen. Or, le gouvernement est comme toutes les choses du monde : pour le conserver, il faut l'aimer. On n'a jamais ouï dire que les rois n'aimassent pas la monarchie, et que les despotes haïssent le despotisme. Tout dépend donc d'établir, dans la république, cet amour ; et c'est à l'inspirer que l'éducation doit être attentive. Mais, pour que les enfants puissent l'avoir, il y a un moyen sûr ; c'est que les pères l'aient eux- mêmes. On est ordinairement le maître de donner à ses enfants ses connaissances ; on l'est encore plus de leur donner ses passions. Si cela n'arrive pas, c'est que ce qui a été fait dans la maison paternelle est détruit par les impressions du dehors. Ce n'est point le peuple naissant qui dégénère ; il ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus. III.             La contribution de la philosophie à l'avènement du régime démocratique par un travail conceptuel Cette éducation philosophique à la démocratie apparaît enfin comme le symptôme d'une contribution de la philosophie à la démocratie dans sa conception même : la philosophie permettrait alors la construction de la démocratie dans son concept même, et validerait la possibilité d'un exercice excellent de la démocratie.

Ce sujet invite à s’interroger sur une relation entre deux concepts qui ne semblent pas être liés d’une manière évidente : la philosophie et la démocratie. La philosophie, c’est, en un sens très large, une forme d’exercice de la pensée rationnelle dans un but d’explication du monde assorti à une recherche de « sagesse «. La démocratie est à la fois un concept politique – et en ce sens la démocratie est du ressort de la philosophie – et une forme d’organisation politique en fonction de ce concept. Elle se caractérise par un octroi du pouvoir politique au peuple (« démos «), donc à la multitude des sujets politiques, sans égard pour la qualification intellectuelle de chacun ou pour la capacité de chacun à prendre part à l’exercice politique.  Le sujet précise qu’il faut envisager le rapport entre ces deux concepts sous le rapport particulier de la contribution : la philosophie comprise comme exercice, comme pratique, comme activité, contribue-t-elle à la démocratie prise ou bien comme concept ou bien comme système politique effectif ? Il y a une première manière d’envisager le sujet en considérant que la démocratie comme concept découle de l’exercice de la philosophie. Mais une deuxième manière d’aborder le problème posé semble s’opposer à cela : elle consisterait à envisager le fait que l’exercice de la philosophie est une démarche individuelle, qui pourrait même travailler à s’abstraire des cadres politiques : la philosophie correspondrait à une formation de l’individu par lui-même, d’une manière apolitique. Si l’on veut, en suivant cette voie, envisager le rapport des concepts de philosophie et de démocratie, on pourrait arriver à l’idée d’un refus philosophique de la démocratie dans la mesure où ceux qui pratiquent la philosophie auraient, seuls, la qualification requise pour exercer convenablement le pouvoir politique. (cf. par exemple le concept platonicien du « philosophe-roi «). Deux voies opposées semblent donc s’ouvrir : celle d’une conception individualiste de la philosophie, et celle d’une portée collective de la pratique philosophique. Il faudra envisager ces deux voies, pour définir les conditions auxquelles l’exercice de la philosophie contribue à la démocratie.

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« gouvernements despotiques naît d'elle-même parmi les menaces et les châtiments ; l'honneur des monarchies estfavorisé par les passions, et les favorise à son tour : mais la vertu politique est un renoncement à soi-même, qui esttoujours une chose très pénible.

On peut définir cette vertu, l'amour des lois et de la patrie.

Cet amour, demandantune préférence continuelle de l'intérêt public au sien propre donne toutes les vertus particulières : elles ne sont quecette préférence.

Cet amour est singulièrement affecté aux démocraties.

Dans elles seules, le gouvernement estconfié à chaque citoyen.

Or, le gouvernement est comme toutes les choses du monde : pour le conserver, il fautl'aimer.

On n'a jamais ouï dire que les rois n'aimassent pas la monarchie, et que les despotes haïssent le despotisme.Tout dépend donc d'établir, dans la république, cet amour ; et c'est à l'inspirer que l'éducation doit être attentive.Mais, pour que les enfants puissent l'avoir, il y a un moyen sûr ; c'est que les pères l'aient eux- mêmes.

On estordinairement le maître de donner à ses enfants ses connaissances ; on l'est encore plus de leur donner sespassions.

Si cela n'arrive pas, c'est que ce qui a été fait dans la maison paternelle est détruit par les impressions dudehors.

Ce n'est point le peuple naissant qui dégénère ; il ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjàcorrompus. III. La contribution de la philosophie à l'avènement du régime démocratique par un travail conceptuel Cette éducation philosophique à la démocratie apparaît enfin comme le symptôme d'une contribution de laphilosophie à la démocratie dans sa conception même : la philosophie permettrait alors la construction de ladémocratie dans son concept même, et validerait la possibilité d'un exercice excellent de la démocratie.

Le travail dedéfinition précis de la démocratie que fait Spinoza à la fin de son Traité politique peut être un bon exemple de cettecontribution conceptuelle essentielle de la philosophie à la démocratie.

Cette contribution permet en outre auxsujets de la démocratie de faire valoir leurs droits d'une manière fondée et rationnelle, comme le montre la fin dutexte. Spinoza, Traité politique Je passe maintenant au troisième Etat, celui qui est du tout absolu et que nous appelons démocratique.

Ladifférence entre cet Etat et l'aristocratique consiste principalement, nous l'avons dit, en ce que, dans ce dernier, ildépend de la seule volonté et du libre choix de l'Assemblée suprême que tel ou tel devienne patricien ; nul n'a donchéréditairement le droit de suffrage et celui d'accéder aux fonctions publiques.

Nul ne peut revendiquer ses droitscomme c'est le cas dans une démocratie.

Tous ceux, en effet, qui sont nés de parents jouissant des droits civiques,ou sur le territoire national, ont ou bien mérité de la République, ou pour d'autres causes encore possèdentlégalement le droit de Cité, tous, je le répète, ont le droit de suffrage et accès aux fonctions publiques ; ils sontfondés à les réclamer et on ne peut les leur dénier sinon parce qu'ils se sont rendus coupables d'un crime ou sontnotés d'infamie.. »

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