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L'Histoire est elle le règne du hasard ?

Publié le 25/03/2012

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histoire

« L´histoire est t- elle le règne du hasard ? »

 

La notion d´histoire est complexe à développer, dévoilant son double contenu. Son usage commun recèle beaucoup de contradictions et d´incertitudes alors qu'il apparaît sous une apparence familière. Il est facile de dire que ce n´est que l´étude du passé humain. Or l'histoire désigne à la fois la connaissance d'une matière et la matière de cette connaissance. Nous pourrions dire que l´histoire est l´étude de l´histoire. Elle se distingue donc de la géologie. Il est reconnu de dater la naissance du récit historique au moment de l´invention de l´écriture puisque la discipline consiste à reconstituer le passé à partir de traces écrites, notamment avec des documents et témoignages, ou bien encore des monuments. Le terme histoire peut très bien être utilisé au sens policier puisqu'il signifie « enquête », à la recherche de faits à partir des événements. Or le propre de celui ci est de faire rupture et d'être déstabilisant. Néanmoins, après le travail de l´historien, chaque événement paraît inévitable. Ce dernier ne prend pas en compte la contingence possible dans ses études. Il sous estime cette idée car si l´histoire est aussi inéductable nous aurions dû être au courant de ce qui se passait et peut être ainsi éviter les grands drames historiques. La notion de hasard est également une notion difficile à définir car abstraite. Du point de vue métaphysique manichéen, le concept de hasard pur, absolu est une absurdité: ce qui le représente est le phénomène de probabilité, mais le hasard lui-même, est une notion portant sur l'existence réelle, ce dont nous avons dit qu'elle n'était pas un concept logique. Parler de hasard, c'est faire abstraction de l'influence des choix certains de la liberté qui en est l'origine, l'écarter pour minimiser le phénomène à son apparence matérielle et rationnelle, tel que le décrivent les probabilités. Pour Aristote : « il y a une foule de choses qui se produisent et qui sont par l’effet du hasard et spontanément » et « le hasard, ni rien de ce qui vient du hasard ne peut être la cause des choses qui sont nécessairement et toujours ou des choses qui arrivent dans la plupart des cas ». Pour pouvoir correctement associer ou dissocier histoire et hasard il faut une objectivité certaine.

Alors est ce le hasard et seulement lui qui dirige et maîtrise l´histoire ou bien d´autres facteurs importants doivent-ils aussi être pris en compte ? À la vue du désordre apparent, comment déterminer ce cours de l’histoire, a-t-il un ordre, une orientation ? L’histoire est-elle un hasard ou un ordre ? D’où viennent les acteurs de l’histoire ? Y a-t-il toujours des causes ?

Pour tenter d´y répondre nous verrons tout d´abord l'histoire comme un phénomène fortuit. Dans un second temps nous viendrons nous opposer à cette hypothèse et affirmerons que l´histoire est très souvent prévisible et attendue. Pour conclure nous analyserons que d'une part l'histoire est a une part de hasard certes, mais que d´autres facteurs sont aussi à prendre en compte.

 

 

 

Pour de nombreux philosophes, l´histoire agirait comme une succession d´actions hasardeuses. Shakespeare l ecrit avec poésie dans McBeth ; ainsi l´histoire serait « une fable pleine de bruit et de fureur racontée par un fou à un imbécile ». Shopenhauer rejoint cette argumentation en disant que : « La devise générale de l'histoire devrait être : Eadem, sed aliter », c´est à dire « les mêmes choses, mais d'une autre manière ».

Premièrement, l´histoire est due au hasard. En effet, un événement a pour nature de faire rupture et d´être déstabilisant. Il ne provient pas d´une seule et première cause. Ce sont plusieurs circonstances accidentelles qui produisent l´histoire, donc le hasard. Tocqueville le confirme ainsi : « Le hasard ou plutôt cet enchevêtrement de causes secondes […] entrent pour beaucoup dans tout ce que nous voyons sur le théâtre du monde. » Souvent, seul l´historien trouve et met en place des causes aux événements historiques, alors que la réalité serait des petits accidents qui ne devaient pas se rencontrer qui entraînent un événement historique. Charles Seignobos l´explique : « Souvent nous attribuons les grands effets à de petites causes et cela nous porte à expliquer l'évolution politique par des forces profondes et continues, plus larges que les actions individuelles. » D´après lui, nous pensons tout d´abord que l´histoire n´est pas fruit du hasard. Effectivement, l´évolution et la transformation des États qui forment l´Europe par exemple, se retrouve être à peu près identique pour tous. Cette hypothèse se confirme dans la construction des différents partis politiques. Pourtant « il est difficile de méconnaître l'action décisive de plusieurs accidents de nature individuelle. » conclu-t-il. La Suède, la Norvège et l´Angleterre ont été les seuls pays avec un développement régulier, interne et continu alors que les autres ont connus des crises brusques et surtout imprévues. Quelques exemples donnés par Seignobos, notamment la Révolution de 1830 qui a été l'œuvre d'un groupe de républicains obscurs, servis par l'inexpérience de Charles X. Mais aussi la Révolution de 1848, l'œuvre de quelques agitateurs démocrates et socialistes, aidés par le découragement subit de Louis-Philippe. Et pour finir la guerre de 1870 une œuvre personnelle de Bismarck, préparée par la politique personnelle de Napoléon III. Ces événements apparaissent sans grande cause générale observable que ce soit dans le domaine intellectuel, politique et économique. De plus, en mathématiques, la théorie des probabilités plus précisément, un événement est définit comme un ensemble de résultats d'une épreuve aléatoire. Ce qui nous amène a dire que l´homme est à la merci du hasard.

Tout d´abord le hasard pousserait à l´imagination, de sorte que nous nous inventons notre histoire. Si nous l´impliquons dans certaines idées notre réécriture de l´histoire peut durer indéfiniment. Comme l´exemple de Pascal : « Le nez de Cléopâtre s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » Donc le hasard entre à chaque fois en ligne de compte. Également, imaginons que Napoléon eu été malade durant l´une de ses plus grandes et importantes batailles, que ce serait t-il passé ? L´histoire est dû à de tous petits riens, des aspects passés souvent au second plan alors qu´ils sont d´une importance capitale. Mais Atala rétorquerait qu´« avec des si on mettrait Paris en bouteille. », on changerait entièrement l´histoire. Ainsi nous pouvons penser que la contingence est plus forte que la nécessité. Sartre le considère comme l´essentiel, et continu en affirmant que l´existence est une absurdité qui surgit par le fortuit, alors l´histoire suit le même chemin et sort du rien. Cela pousserait à dire que le temps est un chaos dont même les hommes ne peuvent tenir les rênes tant le hasard est présent. De là, le cours de l´histoire est complètement irrégulier ; elle n´aurait aucun but, aucun achèvement, et serait libre et poursuivrait sa route sans rime ni raison. Cela nous rappelle la citation de Shakespeare citée plus haut. En voyant cela, nous pourrions approuver la théorie du nihilisme, point de vue philosophique d'après lequel, le monde, et surtout l´espèce humaine, est dénuée de toute signification, de tout but, de toute vérité compréhensible ou encore de toutes valeurs.

De plus l´histoire ne pourrait se définir en tant que science exacte car il en est impossible d´isoler un seul objet d´étude. De plus, il n´y n’a pas de causalité en histoire. Il est en effet difficile de ne retenir qu´une seule cause pour chaque événement. Puis, le passé n´est pas directement observable. Nous en sommes informé grâce au travail de l´historien or nous devons faire face à sa subjectivité. Celui-ci se doit de répondre à une exigence de vérité, par contre il raconte une période du passé durant laquelle il n´a pas été présent. Il retrace l´histoire suite à un travail d’interprétation d’archives ou de documents. Il faut se fier au travail de l´historien, en revanche, cette exigence de vérité de suffit pas. C´est contre le relativisme que s´affirme l´exigence d´une vérité universelle. La méthode cartésienne a comme règle «Ne rien admettre pour vrai que je ne le connusse être évidemment tel ». C´est pour cela que les dires des historiens n´est pas une garantie de certitude. Pour finir, nous pouvons exclure l'histoire des sciences exactes car il y a une impossibilité de l´expérience contrairement à la Chimie par exemple car les hommes sont des sujets libres. Enfin, contrairement à la physique qui est purement matérielle par exemple, l´histoire, qui est une matière purement empirique, ne dégage pas de constantes, de lois universelles et prédicatives. Nous en avons donc jamais une connaissance certaine. Comme le disait Marx : « L´histoire ne repasse pas les plats ». Chaque événement est singulier et comme les lois supposent des répétitions il ne peut y avoir des lois de l´histoire. Donc on ne peut savoir exactement ce qui se passera par la suite, ce sera aléatoire. L´histoire nous enseigne ce qui s’est passé et non ce qui ne passera. Il est cependant presque impossible de tirer un enseignement de l´histoire. En effet nous apprenons que de ce qui se répète, or l´histoire ne se répète jamais. Hegel confirme, s il suffisait de connaître nos erreurs du passé pour ne plus les commettre, la paix régnerait déjà sur Terre :« Ce qu'enseignent l'expérience et l'histoire, c'est que les peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire. » Schopenhauer confirme cette hypothèse : « Seule l'histoire ne peut vraiment pas prendre rang au milieu des autres sciences, car elle ne peut pas se prévaloir du même avantage que les autres : ce qui lui manque en effet, c'est le caractère fondamental de la science, la subordination des faits connus dont elle ne peut nous offrir que la simple coordination. Il n'y a donc pas de système en histoire, comme dans toute autre science. L'histoire est une connaissance, sans être une science, car nulle part elle ne connaît le particulier par le moyen de l'universel, mais elle doit saisir immédiatement le fait individuel, et pour ainsi dire, être condamnée à ramper sur le terrain de l'expérience. (...) Les sciences (...) ne parlent jamais que des genres; l'histoire ne traite que des individus. Elle serait donc une science des individus, ce qui implique contradiction. Il s'ensuit encore que les sciences parlent toutes de ce qui est toujours, tandis que l'histoire rapporte ce qui a été une seule fois et n'existe plus jamais ensuite. De plus si l'histoire s'occupe exclusivement du particulier et de l'individuel, qui, de sa nature, est inépuisable, elle ne parviendra qu'à une demi-connaissance toujours imparfaite. Elle doit encore se résigner à ce que chaque jour nouveau, dans sa vulgaire monotonie, lui apprenne ce qu'elle ignorait auparavant. » Donc l´histoire n´est donc pas une discipline scientifique si nous définissons une science par son objet.

Pour finir, nous tiendrons compte de l´avis de Machiavel qui n´est pas forcement un philosophe très porté sur l´Histoire mais pourtant y prend une certaine contribution avec sa notion de la « fortune ». C´est le caractère inattendu, imprévisible et imprédictible des circonstances dans lesquelles se jouent les actions humaines. A la fois invisible et avérée dans ses effets, capricieuse et imprévisible dans ses intentions, la fortune semble dans un premier temps englober le principe d’une dénégation radicale de l’idée d’action humaine, du moins les motifs d’un abandon à la maîtrise des choses. Celles ci seront plus ou moins une réussite. La psychologie commune donne donc le nom de fortune à tout ce qu’elle perçoit comme relevant du hasard sans s'empêcher d’y voir épisodiquement l’intention d’une puissance transcendante mystérieux. Ce qui est important dans ce concept est que les choses dont il est question sont imprévisibles. Ces actions humaines, seules sont guidées par la fortune, entraînent elle même par la suite des grands événements historiques par exemple. Si le chauffeur de Louis-Ferdinand d´Autriche ne s´était pas trompé de destination à Sarajevo, il n´aurait pas approché pour une deuxième fois son assassin et la Première Guerre Mondiale ne se serait peut être jamais déclenchée, ou alors pas dans les mêmes circonstances. Une fois la notion de Machiavel assimilée, cela coule de source. Puisque l´imprévisible est inévitable cela ne sert pas de vouloir à tout prix chercher à déterminer des causes. Pourtant, en dépit de la fortune, Machiavel avance qu´il ne faut pas cesser d´agir. “Le hasard gouverne un peu plus de la moitié de nos actions, et nous dirigeons le reste” conclu-t-il.

Nous voyons que le hasard fait partie intégrante de l´histoire. Comme disait George Braque « C´est l'imprévisible qui crée l´événement ».

 

 

 

Pourtant, lorsque nous analysons les écrits et dires des historiens qui trouvent des causes à chaque événement historique nous pouvons penser que l´histoire est prévisible et logique, et ainsi écarter la possibilité d´une contingence.

De prime abord, pour qu'il y ait Histoire, il faut des causes. Prenons l´exemple de la Révolution française de 1789. Cette période importante de l´histoire française a une cause économique en raison des mauvaises récoltes et d´une imposition lourde. La montée de la bourgeoisie de cette époque est une cause politique. Il existe aussi une cause « psychologique » à cette révolution, notamment les personnalités de de Louis XVI et de Marie Antoinette. Et pour finir, nous observons une cause idéologique à cause des combats des philosophes pour une société plus juste. Nous pouvons donc affirmer que la révolution est née de ces causes et donc était prévisible. Ceci peut être précisé lorsque nous parcourons de nombreux faits historiques qui nous montre de nombreux autres exemples. Un événement historique ne peut pas partir de « rien » et ne peut pas être totalement « imprévisible ». Avant chaque guerre, différents facteurs nous indiquent qu'une est en préparation, nous ne savons juste pas quand elle va se déclencher. Par exemple des facteurs frontaliers, économiques, politiques, humains, prenons l'exemple de Napoléon qui par sa soif du pouvoir ayant pris naissance par une frustration dans l'enfance, avait une revanche sur la vie a prendre, d'où sa conquête de l'Europe par les armes et la domination, mais d'un autre côté n a-t-il pas crée le code civil ou les départements qui nous gèrent encore aujourd'hui et qui participent a notre histoire française.

Parfois l´événement historique s´indique possible, sous prétexte que l´historien instaure des relations de causes à effets logiques après avoir les avoir mis sous forme de récit, en observant les répétions de certains liens, même si cela ne reste qu'une tendance globale. Nous avons su l'expliquer auparavant, l´histoire n´est pas une science exacte. Mais nous pouvons tout de même la classer en tant que science historique, c´est à dire jamais aussi précise qu´une science ou l´on retrouverait des lois. Nous pourrions préciser en affirmer que l´histoire est une science humaine, parce qu’il y a trop d´inconnus face au comportement déraisonnable de l´être humain. Nous trouvons une certaine régularité dans l´Histoire. Son objet consiste à étudier le passé humain. Malgré le manque des nécessités d´objectivité des autres sciences, l´histoire réagit au principe du déterminisme, c´est à dire que rien n´arrive sans cause, et peut être un minimum objective grâce au documents et témoignages laissés à leur disposition. Donc la méthode utilisée est très scientifique. Fustel De Coulanges l´a remarqué et avance que « L'histoire est une science; elle n'imagine pas, elle voit seulement [...] elle consiste comme toute science à constater les faits, à les analyser, à les rapprocher, à en marquer le lien. [...] L'historien cherche et atteint les faits par l'observation minutieuse des textes comme le chimiste trouve les siens dans des expériences minutieusement contrôlées. » Champolion n'a-t-il pas en parvenant a déchiffrer d'une manière quasi scientifique les hiéroglyphes égyptiens, nous faire parvenir jusqu'à nous toute l’épopée des pharaons, en nous permettant d'une manière officielle nous rapportez la richesse de cette culture.

Marx confirme le fait que l´histoire est une science car elle a des lois. Pour lui, la lutte des classes est une loi. Selon la théorie de matérialisme historique le but de l´histoire est d´arriver à une société sans classes. Il faudrait aussi qu´une égalité économique soit établie pour que l´État n´ai plus lieu d´exister. Marx dit que l´histoire a un mouvement dialectique et dépend non pas du hasard, mais des conditions matérielles de l´existence. Elle est l´aboutissement des différends systèmes économiques. La finalité de cette mutation serait le communisme, idéologie que Marx prône. En effet, les marxistes pensent que l´économie est le principal moteur de l´évolution historique, en raison de son importance au niveau de la structure de la société et tout ce qui forme l´idéologie de l´humanité. La loi du devenir domine l´Histoire. L´organisation économique est un affrontement entre des forces contraires qui changent alors les structures liées à l´ordre des choses telles que la morale, les sciences, la religion ou la politique. Celles ci qui constituent le sens de l´Histoire, subissent et évoluent donc en fonction du contexte économique. Certaines structures se niche encore, ainsi la religion, mais elles sont destinées à disparaître car elles ne sont que le reste d'anciens ordres économiques, emportés par le devenir historique qui s'oriente vers la annihilation du capitalisme, l'arrivée du communisme universel et la accroissement d'une idéologie matérialiste appuyée sur la science. Telle est en substance la théorie dite matérialisme historique. La guerre froide et le bloc de l est contre le bloc de l'ouest a pu montrer comment les théories capitalistes et marxistes se sont affrontées pendant des décennies chacune vantant les mérites de l’autre mais par la même interdisant la livre circulation des êtres humains qui a finit par déboucher sur la chute du mur de Berlin en 1989. L homme prive de liberté et sa soif de biens de consommations a crée le fait historique. Donc la cause fondamentale de l´évolution historique est économique.

Marx rajoute à cette thèse que ce sont « Les hommes font leur propre histoire. ». C´est à dire qu´il ne croit pas à la théorie que la Providence guiderait l´évolution historique, ni même au destin ou à la Raison de Hegel, mais que c´est bien l´homme lui même qui transforme la nature et la société grâce à son travail. Marx n´est pas d´accord avec l´idée d´une marche secrète ou bien du hasard qui régit l´histoire, mais ce sont vraiment les conditions matérielles des hommes. Cela reste une lutte entre ceux qui travaillent et ceux qui profitent du travail des autres :« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes. », donc la lutte des hommes. Ainsi l´événement historique peut être dit prévisible, étant donné que c´est l´homme qui fait son histoire. Effectivement, Marx dit que l´homme maîtrise son histoire car elle n´a rien de naturelle et n´est pas régie par la nécessité. Cela confirme la théorie que l´histoire est une science humaine et non une science de la nature, l´homme est l´auteur et l´objet et c´est par son initiative qu'une rupture va apparaître et qu'un événement historique va se créer. Pour résumer, Marx conçoit que l´histoire est un processus double. Le premier est que ce sont les hommes qui font l´histoire et que ce sont leurs actions qui définissent et régissent un contexte historique et celui de l´aliénation économique de l´homme. Il ne fait pas allusion à la possibilité d´une puissance non humaine qui régirait l´histoire, or ceci est une théorie probable.

Nous pouvons nous demander comment, avec ce désordre apparent, nous trouvons dans l´histoire une certaine régularité et un certain ordre. Finalement l´histoire peut être guidé par une force non humaine contre laquelle l´homme est impuissant. C´est dés l´Antiquité que cette hypothèse est évoquée, notamment par Saint Augustin. Chez lui, la notion de devenir historique existe. Il affirme que le Christ est intervenu dans le cours naturel du monde et les malheurs terrestres que nous subissons est un châtiment précis pour nous préparer à l´éternité : « La providence divine qui conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des générations humaines depuis Adam jusqu’à la fin des siècles, comme un seul homme, qui, de l’enfance à la vieillesse, poursuit sa carrière dans le temps en passant par tous les âges ». La providence divine est don l´auteur de l'histoire, c´est elle qui conduit le monde. Elle est une forme bienveillante. Bossuet, fils de Louis XIV, continue l´analyse de Saint Augustin et propose un argument théologique. Il confirme bien que c´est Dieu tout puissant qui gouverne l´Histoire mais nous ne comprenons pas toujours les raisons qui le pousse à telle décision. Donc si l´Histoire peut nous paraître absurde, c´est seulement dû à notre incompréhension de la Providence et non à une dose de hasard. De nos jours, la tradition judéo-chrétienne évoque aussi l´idée d´une puissance humaine, qui elle, orienterait l´histoire humaine uniquement vers le progrès. Hegel reprend ces idées de la réalisation de Dieu dans l'histoire des peuples. Pour lui les grands hommes ont reçu intérieurement la révélation de ce qui est nécessaire à l´accomplissement de leur mission. Ils sont donc des instruments de la Raison. Dès que leur tâche est accomplie, ils sont balayés de la scène. L´histoire est le règne de l´Esprit. « La Raison est la Providence qui dirige le monde » affirme t-il : « (...) l'histoire humaine n'est rien d'autre que le plan de la Providence. Dieu dirige le monde ; le contenu de son gouvernement, la réalisation de son plan, c'est l'histoire de l'humanité. »

Pour conclure, Hegel et Marx mettent en avant l´hypothèse que tout événement historique se produit deux fois. Une première fois en tant que tel, une deuxième fois comme la caricature du premier, ajoute Marx. Nous avons comme exemple 1789 avec Napoléon Ier et 1848 avec la « copie », Napoléon III. Les événements historiques se retrouve en tant que symboles que l´ont a envie d´égaler, donc de la copier. Cela ne fonctionne pas aussi facilement pourtant, l´histoire ne se réitère jamais deux fois tout à fait à l´identique, au risque de devenir grotesque. Marx ajoute : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d'un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c'est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu'ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu'ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d'ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l'histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté. » Nous pouvons donc parfois trouver certaines similitudes entre les différents événements et ainsi contrôler ce qu'ils adviennent.

Finalement, si l'on tient compte du point de vue déterministe des sciences, tout phénomène a nécessairement une cause.

 

 

 

Les hommes font l´histoire et pourtant elle leur échappe. Les peuples font l´histoire mais pas seulement. Elle est le produit de la subjectivité humaine et de la liberté. L´histoire dépend de plusieurs facteurs très différents et le hasard en fait partie. Les plus importants sont les facteurs économiques et l´agissement de l´homme comme nous l´avons déjà vu, mais nous verrons qu'ils ne sont pas seuls.

En premier lieu, Cournot, philosophe de l'histoire, favorise l´existence de la contingence. Il pense que cette discipline est l'effet d´une procédure toujours différente et toujours complexe. Les causes des événements changent selon les époques. Cependant, Cournot n'affirme pas vouloir d'une histoire qui ne laisserait place qu´au fortuit et rien d´autre mais également celle qui ne reconnaîtrait pas un part évidente du hasard dans le cours des événements. Cournot effectue une distinction entre la cause et la raison, cette dernière étant ce qui rend compte de l´effet de quelque chose sur un événement. Ne rechercher que les causes ne rendrait compte que d´une histoire anecdotique. Cournot dit : « L´histoire philosophique, la grande histoire, s´arrête peu à ces causes microscopiques. Elle cherche une raison suffisante des grands événements c´est à dire une raison dont l´importance se mesure à l´importance des événements. ». Donc la raison tient un rôle prépondérant. Elle veut savoir le pourquoi tandis que la cause se préoccupe du comment. Nous pouvons donc dire que l´histoire est le règne du hasard mais aussi de la nécessité. L´histoire se caractérise par une évolution d'un mouvement d´ensemble, mais qui fait aussi place à la contingence car les événements qui la crée ne sont pas réduit à un déterminisme strict. Mais Cournot n'a pas pour définition de hasard un chaos inattendu et incompréhensible. Pour lui, la prévision et l´aléatoire ne sont pas contradictoire car cette dernière n´est pas l´incapacité à trouver des causes mais simplement le produit de la conjonction accidentelle. Pour Cournot, l´histoire est donc un phénomène entrecoupant des événements indépendants les uns des autres et un enchaînement explicable. Le philosophe le décrit ainsi : « S’il n’y a pas d’histoire proprement dite là où tous les événements dérivent nécessairement et régulièrement les uns des autres, en vertu des lois constantes par lesquelles le système est régi, et sans concours accidentel d’influences étrangères au système que la théorie embrasse, il n’y a pas non plus d’histoire, dans le vrai sens du mot, pour une suite d’événements qui seraient sans aucune liaison entre eux ».

Cela s´explique. En effet, un événement historique ne peut pas être totalement dû au hasard car cela voudrait signifier qu´ils n´ont aucune signification et liaison les uns entre les autres. Nous aurions là l´exemple d´une loterie, avec des tirages tous indépendants et indifférents. En revanche en histoire, une succession d´événements ajoute un ordre de détermination et de succession. Au contraire, l´histoire ne peut être totalement parfaitement déterminée, car dans ce cas, un événement serait uniquement guidé par la loi qui le commande. Rien ne serait alors surprenant. Cournot fait cette même analyse avec les sciences.

Or l´histoire ce n´est pas que cela. Elle dépend d´un certain nombre de facteurs, donc celui de l'idéologie. Celle ci est l´ensemble des croyances, idées, et caractéristiques d´une personne,d´un groupe ou d´une société à un moment donné. La religion, la morale et le social sont des formes de l’idéologie, de même que la science, la philosophie, la littérature, l’art, la poésie. En autres, la propagande utilisée et qui a donné naissance au Front populaire a entraînée une montée de l´antifascisme en France. Il fallait un terrain avantageux pour que celle ci soit utile. C´est pourquoi les grandes mesures sociales de Léon Blum de 1936 n´étaient pas encore possibles en 1932. Le mouvement de masse crée, ainsi que son idéologie ont influencé également l´économie. L´idéologie, miroitement des conditions sociales devient alors une cause des événements historiques. Prenons l´exemple des impôts : Les plus riches veulent conserver leurs privilèges et privilégient les impôts indirects. Or les classes moyennes réfutent cette idée. L´idée que nous avons des impôts et donc un facteur idéologique et va ainsi modifier la situation économique du pays en instaurant certaines lois. Conséquemment, nous pouvons affirmer que les idées engendrent des modifications économiques et inversement. Nous devons donc tenir compte de toutes les idéologies du fait de cette réciprocité. Nous pouvons prouver avec quelques autres exemples la puissance de l´idéologie dans les événements historiques à venir. A l´origine des idées de 68 nous trouvons des situationnistes, organisation révolutionnaire désireuse d´en finir avec la société de classes et de combattre le système idéologique du capitalisme. Pour la contrer, ils vont en instaurer une nouvelle avec la libération sexuelle ou bien la nouvelle importance des mouvements écologistes, Ce sont des avant gardistes et reflètent le nouvel air du temps et servent de catalyseur à la jeunesse révoltée. C´est donc ce qui va entraîner les grandes manifestions de Mai 1968. Pour conclure, le meilleur exemple de ces dernières années reste l´idéologie nazie qui a changé complètement et clairement le cours de l´histoire. Celle ci est clairement évoquée dans Mein Kampf d´Hitler, où il prône le recours à la force, la supériorité de la race aryenne, les leurres de la démocratie, la xénophobie, le totalitarisme. En ralliant des millions de personnes à sa cause, Hitler « réussit » à déclencher la Seconde Guerre Mondiale ou encore la Shoah avec toutes les conséquences dramatiques et par là, la création de l'état d’Israël et les guerres qui parviennent jusqu'à nous entre les juifs et les palestiniens.

De plus, l´histoire peut être aussi due en partie à des facteurs purement géographiques. En effet, La proximité des pays tels que la France, l´Allemagne, l´Angleterre ont forcement un impact sur leurs vieilles hostilités. Nous pouvons citer d´autres exemples, c´est le cas de la Suisse avec ses régions montagneuses et donc difficiles d´accès qu'il leur a permit de développer leurs propres traditions et ainsi leur propre système de gouvernement. Le problème peut aussi être climatique. Comme les fleuves du nord qui sont pris par les glaces lors des rudes hivers ont peut être changé le cours de l'Histoire, c´est le cas de la Volga lors de la seconde guerre mondiale. Montesquieu confirme cette hypothèse et explique l´histoire des nations par des « des facteurs purement géographiques ». Il se trouve être du coup matérialiste. C´est ainsi que le matérialisme contemporain explique que le milieu géographique permet de développer les forces de production des êtres humains et donc donner une impulsion plus ou moins dynamique au devenir historique.

Montesquieu raisonnait de ce fait et affirme que le milieu géographique détermine certaines propriétés physiques et psychiques et celles ci entraînent telle ou telle structure sociale. De plus il existe une doctrine environnementaliste qui avance que les caractéristiques essentielles de la civilisation d'un peuple seraient engendrées par des facteurs géographiques. Les actions des habitants d´une certaine région seraient déterminés pas des conditions physiques, géologiques ou climatiques et dépendraient aussi de la faune et de la flore de cette région en particulier. Donc l'homme réagit au stimulus donné par les conditions qui l´entoure. Comme certains éléments de la situation dans laquelle il vit et est appelé à agir varient avec les différentes régions du globe, il y a aussi des différences géographiques entre les civilisations. Ensuite, des habitude se créent : les manteaux en fourrure en Russie, mais pas en Martinique, ou ils seraient inutiles. Mais le matérialisme dialectique ajoute que l´action du milieu géographique s´exerce avant tout sur le caractères des rapports sociaux qui ensuite agissent sur les idées et les coutumes, et cela plus fortement que le climat. De surcroît nous pouvons observer que les séries météorologiques et les séries plus habituellement plus « historiques » ne sont pas forcement indépendantes. Effectivement il y a des fatalités répétées qui créent des liens bien observables. Ainsi, les campagnes militaires ont été pendant des siècles rythmées sur les saisons, nous nous rappellerons de la saison des pluies au Vietnam ou encore l´hiver rude pour les vaincus des campagnes Russes, et le sont encore parfois. Dans un autre domaine, les changements climatiques qui entraînent de bonnes et de mauvaises récoltes ont dominé la vie, les misères, les agitations comme pour la Révolution Française. Parfois ces conditions ne sont pas considérés comme faisant partie de « l´histoire » mais surtout de « l'histoire naturelle ». Or elles ont dominé le nombre, les représentations, les croyances des hommes. De plus elles ont porté les conflits sociaux à leurs plu haut niveau Et enfin leur disparition a dépendu des découvertes techniques et des conditions sociales de leur application. L´épidémie de Peste noire entre 1347 et 1352 peut être un autre bon exemple de causes géographique. En effet, elle commence en Chine et s´étend en Europe. Pourtant certaines régions autour de Milan ou de Varsovie sont épargnée ou presque, et elle ne s´étend pas aux autres continents. Cette peste entraînera de nombreuses manifestations et massacres antijuifs historiques. D´autres exemples prouvent que des effets climatiques peuvent être à la base d´un événement historique. Étant donné le degré d´importance de l´Ouragan Katrina en 2005, la vie économique et politique des États-Unis s´en trouve changée. C´est le même résultat pour le tsunami de 2004. Plus près de nous, la catastrophe de la centrale nucléaire au Japon on fait prendre conscience que les facteurs climatiques peuvent avoir une influence sur le cours des choses et cette épreuve demeurera et restera un événement historique majeur pour le monde.

Nous avons donc vu que l´Histoire contient une partie de hasard, mais pas seulement. D´autres facteurs régissent aussi cette matière.

 

 

 

Pour conclure, dans notre première analyse nous avons affirmés que l´histoire est due au hasard. En effet, après avoir prouver son existence nous avons vu que l´histoire n´était pas une science exacte, donc non prévisible. De plus Machiavel est venu appuyer cette hypothèse avec sa notion de « fortune ». Cette thèse a pourtant été contestée en deuxième partie puisque nous trouvons à l´Histoire des causes et la définir en tant que science humaine. En outre nous avons vu que Marx est totalement contre l´idée de fortuit en prouvant des facteurs économiques et humains, et qu'il déclare avec Hegel qu´un événement historique se produit toujours deux fois. Certains écrivent aussi que la Providence dirigerait notre histoire. Pour finir nous avons finalement associer ces deux idées. En effet, il y a une part de hasard dans l´histoire, mais elle ne domine pas, car elle partage son importance avec d´autres facteurs. Puisque réduire l’histoire a un désordre est de refuser de penser la dimension proprement humaine de l’histoire et penser l’histoire comme ordre signifie pêcher par optimisme et simplicité, il fallait comprendre l’histoire non pas seulement comme des données brutes que l’on peut utilisées mais bien aussi comme valeur.  Donc La causalité historique n´est ni totalement aléatoire ni totalement nécessaire ou prévisible. En définitive, si l'événement historique est par définition inattendu, car il relève d'une spontanéité qui relate de la liberté humaine, il n'est pourtant pas irréel de trouver dans l'histoire une forme de continuité. Si les « lois de l'histoire » ne sont jamais que des schémas généraux, on peut pourtant penser que l'événement historique est le signe d'un progrès dans la mesure où il est un point de non-retour. L'événement historique est ainsi double : miraculeux et pourtant produit par l'homme, il est à la fois imprévisible et annonciateur de l'avenir. L´histoire a donc un sens.

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