L'univers de l'artiste

Maurice Blanchot écrit dans L'Espace littéraire (Gallimard,1955) : «L'oeuvre n'est pas l'unité amortie d'un repos. Elle est l'intimité et la violence des mouvements contraires qui ne se concilient jamais et qui ne s'apaisent pas, tant du moins que l'ceuvre est oeuvre.« Qu'en pensez-vous?

Que pensez-vous de cette définition de la forme littéraire proposée par Jean Rousset : «Il n'y a de forme saisissable que là où se dessine un accord ou un rapport, une ligne de forces, une figure obsédante, une trame de présences ou d'échos, un réseau de convergences ; j'appellerai «structures« ces constantes formelles, ces liaisons qui trahissent un univers mental et que chaque artiste réinvente selon ses besoins.« (Forme et Signification, José Corti,1962.)

«Entrer dans une oeuvre, c'est changer d'univers, c'est ouvrir un horizon. L'oeuvre véritable se donne à la fois comme révélation d'un seuil infranchissable et comme pont jeté sur ce seuil interdit. Un monde clos se construit devant moi, mais une porte s'ouvre, qui fait partie de la construction. L'oeuvre est tout ensemble une fermeture et un accès, un secret et la clé de son secret. Mais l'expérience première demeure celle du «Nouveau Monde« et de l'écart ; qu'elle soit récente ou classique, l'oeuvre impose l'avènement d'un ordre en rupture avec l'état existant, l'affirmation d'un règne qui obéit à ses lois et à sa logique propres. Lecteur, auditeur, contemplateur, je me sens instauré, mais aussi nié : en présence de l'ceuvre, je cesse de sentir et de vivre comme on sent et vit habituellement. Entraîné dans une métamorphose, j'assiste à une destruction préludant à une création.« Jean Rousset, Forme et signification, Introduction, José Corti. En vous appuyant sur votre expérience personnelle, votre expérience de lecteur en particulier, vous exposerez les réflexions que vous suggère ce texte. (CAPES, Lettres modernes, 1977.)