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m on cher, q uelque n om q u'il t e plaise d'employer, soit agréable, soit joyeux, soit délectable, r éponds à c e q ue j e t e d emande.

Publié le 19/01/2013

Extrait du document

m on cher, q uelque n om q u'il t e plaise d'employer, soit agréable, soit joyeux, soit délectable, r éponds à c e q ue j e t e d emande. ( 358b) P rodicos m e l 'accorda, n on s ans s ourire, e t les a utres aussi. M 'accorderez-vous e ncore ceci, l eur dis-je : q ue t outes les actions q ui o nt p our o bjet d e n ous p rocurer u ne vie a gréable e t s ans d ouleur s ont b elles e t utiles, e t q ue t oute a ction b elle est b onne e t u tile? Ils e n c onvinrent. Si d onc, a joutaije, c e q ui e st a gréable e st b on, il n 'est p ersonne q ui, s achant o u c onjecturant q u'il y a q uelque c hose d e m eilleur à f aire q ue c e q u'il fait, (358c) e t q ue c ela e st e n s on p ouvoir, se d étermine à faire ce q ui e st m oins b on, l orsque le m eilleur d épend d e l ui; e t ê tre inférieur à s oi-même n 'est p as a utre c hose q ue d e l 'ignorance, c omme se d ominer n 'est a utre q ue la m arque d u savoir e n s oi-même. Tous l 'avouèrent. Mais q uoi! q u'est-ce q u'être i gnorant, s elon v ous? N'est-ce p oint avoir u ne o pinion fausse, e t se t romper s ur d es objets d e g rande i mportance? T ous l 'avouèrent e ncore. N'est-il pas vrai, l eur d isje, q ue p ersonne n e se p orte v olontairement a u m al ( 358d), n i à c e q u'il p rend p our m al; q u'il n 'est p as, à c e q u'il p araît, d ans l a n ature d e l 'homme d 'embrasser d e p ropos d élibéré c e q u'il c roit ê tre mauvais, a u l ieu d e c e q ui e st b on; e t q ue, q uand o n e st f orcé d 'opter e ntre d eux m aux, o n n e c hoisira j amais le p lus g rand, l orsqu'on p eut p rendre l e m oindre? N ous s ommes t ous d emeurés d 'accord d e c hacun d e ces points. Q u'appelez-vous d onc d u n om d e t erreur e t d e c rainte? E ntendez-vous p ar l à la m ême c hose q ue m oi? P our m oi, j e dis q ue c 'est l 'attente d 'un mal, soit q ue (ceci s'adresse à toi, Prodicos) vous l'appeliez c rainte o u t erreur. P rotagoras e t H ippias j ugèrent q ue l a c rainte e t l a t erreur n 'étaient a utre c hose q ue cela. P rodicos l 'accorda d e l a c rainte ( 358e), e t le n ia d e l a terreur. - Peu m 'importe, P rodicos; l'essentiel est d e savoir si c e q ui a é té d it p récédemment e st vrai. Est-il q uelqu'un q ui se p orte v olontiers vers les objets q u'il c raint, lorsqu'il est capable d e se t ourner d u c ôté d e c eux q u'il n e c raint p as? o u c ela est-il impossible, suivant n os a veux? C ar n ous a vons r econnu q ue c e q ue l 'on c raint, o n le r egarde c omme u n mal, e t q ue j amais p ersonne n e se p ortera vers ce q u'il r egarde c omme u n mal, n i n e le choisira d e p ropos d élibéré. (359a) Tous f urent d e c et avis. T out c eci posé, c ontinuaije, il faut, P rodicos e t H ippias, q ue P rotagoras justifie ici l 'exactitude d e ses p remières r éponses, t out d u m oins p as des t outes p remières, l orsqu'il a d it q ue, d es c inq p arties d e l a v ertu, a ucune n 'était telle q ue l 'autre, e t q ue c hacune avait sa faculté p articulière; n on, c e n 'est p as d e c ela q ue j e v eux p arler, m ais d e c e qu'il a r épondu e nsuite : il a d it q ue q uatre d e c es p arties ( 359b) a vaient u ne assez g rande r essemblance e ntre e lles; mais q u'une, l e c ourage, é tait a bsolument d ifférente d es autres, e t q ue j e le r econnaîtrais à l a m arque suivante: T u trouveras, Socrate, m'a-t-il dit, des h ommes t rès impies, très injustes, très d ébauchés, t rès ignorants, e t e n m ême t emps t rès c ourageux; ce q ui f era c omprendre l 'extrême d ifférence q u'il y a e ntre le c ourage e t les a utres p arties d e l a v ertu. C ette r éponse m 'a g randement s urpris d ans l e m oment m ême; m ais m a s urprise a b ien a ugmenté d epuis l a discussion o ù j e v iens d 'entrer avec vous. J e l ui ai d onc d emandé s 'il e ntendait p ar c ourageux (359c) les g ens h ardis, il m 'a r épondu: O ui, c eux q ui v ont avec a ssurance a u-devant des dangers. Te rappellestu, d isje à P rotagoras, d e m 'avoir f ait c ette r éponse? Il e n c onvint. À p résent dis-moi, au-devant d e q uels o bjets les h ommes c ourageux vont-ils, selon toi? Estce a u-devant d es m êmes o bjets q ue les l âches? - Non, dit-il. - C'est d onc a u-devant d 'autres o bjets? - Oui. - Les l âches n e vont-ils pas a u-devant d es o bjets p ropres à i nspirer d e l a c onfiance, e t les courageux a u-devant d e c eux q ui s ont p ropres à i nspirer l a c rainte? - On le d it ainsi c ommunément, S ocrate. - À l a b onne h eure, r eprisje; ( 359d) mais ce n 'est p as ce q ue j e te d emande; c 'est t on s entiment q ue j e v eux savoir. Au-devant d e q uels o bjets, dis-tu, q ue v ont les c ourageux? Est-ce a u-devant d es o bjets p ropres à i nspirer l a c rainte, e t les r egardant c omme tels? - Mais, répondit-il, il v ient d 'être d émontré, p ar t out c e q ue t u as dit, q ue c ela e st i mpossible. - Cela e st e ncore v rai, d isje. Si d onc c ette d émonstration e st b ien f aite, p ersonne n e v a a u-devant d es o bjets q u'il j uge t erribles, p uisque n ous a vons v u q u'être i nférieur à s oi-même e st u n e ffet d e l 'ignorance. Il l'avoua. T ous v ont d onc a u-devant d es objets q ui p euvent i nspirer l a c onfiance, t ant les c ourageux ( 359e) q ue les l âches, e t à c et é gard les u ns e t les a utres se p ortent v ers les m êmes c hoses. - Cependant, S ocrate, m e dit-il, les l âches e t l es c ourageux se p ortent vers d es o bjets t out à f ait o pposés. Les u ns v ont v olontiers à l a g uerre, e t les a utres n 'y v eulent p oint aller. - Est-ce, r epris-je, d ans les cas o ù il e st b eau o u b ien c elui o ù il e st h onteux d 'y a ller? - Dans les cas o ù il e st b eau d 'y aller, m e dit-il. - Mais, s 'il e st b eau d 'y aller, c 'est a ussi u ne b onne c hose, c omme n ous l 'avons r econnu t out à l 'heure; c ar n ous s ommes c onvenus q ue t oute b elle a ction e st b onne. - Tu d is vrai, e tje suis t oujours d ans c e s entiment. - Tu fais b ien. ( 360a) Mais q ui s ont c eux q ui r efusent d 'aller à l a g uerre, l orsqu'il e st b on e t b eau d 'y a ller? - Les l âches, r épondit-il. - Si c 'est u ne c hose b elle e t b onne, e lle e st d onc a ussi a gréable? - Cela a é té a ccordé. - Lorsque l es l âches r efusent d 'aller à c e q ui e st p lus b eau, m eilleur e t p lus a gréable, le c onnaissent-ils p our t el? - Si n ous a ccor-

« d'accord de chacun de ces points.

Qu'appelez-vous donc du nom de terreur et de crainte? Entendez-vous par là la même chose que moi? Pour moi, je dis que c'est l'attente d'un mal, soit que (ceci s'adresse à toi, Prodicos) vous l'appeliez crainte ou terreur.

Protago­ ras et Hippias jugèrent que la crainte et la terreur n'étaient autre chose que cela.

Prodicos l'accorda de la crainte (358e), et le nia de la terreur.

- Peu m'im­ porte, Prodicos; l'essentiel est de savoir si ce qui a été dit précédemment est vrai.

Est-il quelqu'un qui se porte volontiers vers les objets qu'il craint, lorsqu'il est capable de se tourner du côté de ceux qu'il ne craint pas? ou cela est-il impossible, suivant nos aveux? Car nous avons reconnu que ce que l'on craint, on le regarde comme un mal, et que jamais personne ne se portera vers ce qu'il regarde comme un mal, ni ne le choisira de propos délibéré.

(359a) Tous furent de cet avis.

Tout ceci posé, continuaije, il faut, Prodicos et Hippias, que Protagoras justifie ici l'exactitude de ses premières réponses, tout du moins pas des toutes premières, lorsqu'il a dit que, des cinq parties de la vertu, aucune n'était telle que l'autre, et que chacune avait sa faculté particulière; non, ce n'est pas de cela que je veux parler, mais de ce qu'il a répondu ensuite : il a dit que quatre de ces parties (359b) avaient une assez grande ressemblance entre elles;. »

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