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Maghreb, littérature du.

Publié le 06/05/2013

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Maghreb, littérature du. 1 PRÉSENTATION Maghreb, littérature du, ensemble des textes littéraires écrits dans les pays du Maghreb par des auteurs de culture maghrébine. L'aire linguistique et culturelle du Maghreb s'est constituée au fil des siècles, autour des populations berbères autochtones qui furent soumises à plusieurs grandes vagues d'occupation. Dans cet archipel particulier, que les Arabes considèrent depuis toujours comme l'« Occident « (c'est le sens littéral du mot maghreb), la littérature a subi en effet les influences successives des cultures punique et juive, grecque et latine, vandale et byzantine, arabe, puis turque et française, avant que ne se constituent les nations modernes indépendantes que nous connaissons. L'adhésion à l'islam, à partir du VIIIe siècle apr. J.-C., s'est faite de façon progressive et continue jusqu'à nos jours, au point de devenir, à l'heure actuelle, l'un des ciments de la culture maghrébine. Celle-ci a su conserver cependant une identité propre, distincte de celle de l'Europe comme de celle du monde arabe, au carrefour de l'Afrique, de l'Orient et de l'Occident. 2 ÉPOQUE PRÉ-ISLAMIQUE L'alphabet libyco-berbère, en usage à l'époque pré-islamique, se rapproche du tifinagh, l'écriture des Touareg actuels. Cet alphabet servait d'ailleurs à transcrire une langue berbère certainement assez proche du tamachek, la langue des Touareg actuels ; ordinairement apparentée à la famille chamitique (voir afro-asiatiques, langues), elle est qualifiée parfois de proto-sémitique, terme qui s'expliquerait par l'implantation très ancienne de communautés juives et de commerçants phéniciens sur la côte méditerranéenne. De l'époque pré-islamique, il reste des textes en langue punique, notamment des stèles votives ou des traités techniques, sans intérêt littéraire à proprement parler. En outre, ces textes sont en très mauvais état, et nous sont souvent parvenus sous forme de copies latines. Après la conquête romaine de l'Afrique du Nord, le latin et le grec se répandirent ; certains Maghrébins furent même des hellénistes renommés. 3 LITTÉRATURE LATINE D'AFRIQUE Le latin, langue savante, mit cependant longtemps à devenir une langue d'usage quotidien. Les textes latins les plus importants furent écrits entre le Ier et le VIe siècle apr. J.-C., et la majeure partie d'entre eux relève de la latinité chrétienne, comme ceux de Tertullien ou de saint Cyprien, qui fut élu évêque de Carthage en 249. Le plus illustre des auteurs latins d'Afrique reste sans conteste saint Augustin, père de l'Église. Professeur à Carthage, évêque d'Hippone à partir de 395, saint Augustin y mourut en 430, date qui marque à peu près l'apogée des lettres latines d'Afrique. Cette littérature latine d'Afrique alliait le goût pour l'éloquence, la rhétorique et la prédication religieuse à l'expression d'une sensibilité et d'une subjectivité authentiques. Parmi les auteurs représentatifs de cette période, on peut citer Apulée, auteur de nombreux traités de philosophie et surtout d'un célèbre roman intitulé les Métamorphoses, ou encore l'Âne d'or, mais aussi Aurelius Victor (IVe siècle). 4 LITTÉRATURE DE LANGUE ARABE La conquête arabe, au VIIIe siècle, n'a pas « islamisé « et encore moins « arabisé « immédiatement les populations du Maghreb : l'identité arabo-islamique est née progressivement (Ibn Darrag al-Qastalli, le Mutanabbi d'Andalousie, 958-1030), dans un espace où les gens étaient fort nombreux à voyager et où le bon état des routes facilitait la communication entre les différentes parties de l'Empire, permettant notamment aux savants maghrébins d'aller parfaire leur formation en Orient (Ibn Tumart, le Mahdi almohade). La culture arabo-islamique privilégiait fondamentalement les sciences coraniques, juridiques et théologiques, mais la philologie et l'histoire y occupaient également une large place. Kairouan, capitale de l'Ifriqiya, située sur le territoire de l'actuelle Tunisie, joua un rôle de premier plan dans l'activité culturelle, mais les dynasties locales, qui jouissaient d'une certaine autonomie par rapport au pouvoir central, furent, elles aussi, soucieuses de développer dans leur région une vie culturelle brillante. De ce dynamisme culturel émergea une intense et féconde réflexion religieuse, contribuant de manière décisive à propager le rite malékite, cette philosophie de l'existence qui, une fois définie, s'établit pour une longue période au Maghreb (Sahnun, la Muddawwana, 776-855). Dès le XIe siècle, l'école de Kairouan produisit une littérature savante et une poésie d'un grand raffinement, dont l'oeuvre d'Ibn Rachid (1000-1070) et celle de son rival Ibn Charaf (1000-1067) sont assez caractéristiques. L'activité de Kairouan préfigurait en fait celle qui allait se propager partout dans le Maghreb. Des générations de lettrés se formèrent en effet dans les universités de Tunis, Tlemcen et Fès, mais aussi de Marrakech, Meknès ou Bejaïa, cités qui devinrent des foyers actifs de diffusion du savoir, au sein d'une aire culturelle qui s'étendait alors jusqu'en Andalousie (Grenade, Courdoue, Séville), mais aussi vers l'Égypte (Le Caire) et jusqu'en Sicile. De mosquée en zawiya (école coranique) se perpétuait la tradition : les étudiants entreprenaient de très longs voyages pour écouter les savants et recevoir d'eux l'igaza, une licence d'enseigner. Parmi les grands auteurs de cette période, le plus célèbre demeure l'historien Ibn Khaldun, né à Tunis et mort au Caire, à qui sa réflexion philosophique et politique -- contenue essentiellement dans sa Muqaddima, introduction à son Histoire universelle -- vaut encore une renommée universelle. Mais il faut citer aussi Ibn Battuta, qui écrivit le récit de longs périples entre l'Orient et l'Asie, depuis la Chine et la Russie jusqu'à l'Afrique noire (1373). Par la suite, la littérature arabe du Maghreb s'épanouit dans le domaine des sciences religieuses, et davantage encore dans celui du droit. Certains genres perdurèrent, dans une proportion marginale, comme le récit de voyage, ou la chronique. La poésie, quant à elle, donna encore des oeuvres d'une grande valeur, comme celle du mystique Muhammad al-Harraq (mort en 1845) ; l'importance de ce genre littéraire dans cette région du monde ne devait plus se démentir. 5 LITTÉRATURE DE LANGUE FRANÇAISE Les premiers écrivains de langue française au Maghreb furent des colons d'Algérie, qui affirmèrent très tôt leur autonomie d'expression par rapport à la métropole, prenant notamment leurs distances vis-à-vis de la littérature de voyage consacrée à l'Algérie par des écrivains français, comme Maupassant, Fromentin, Daudet ou Loti pour n'en citer que quelques-uns. Robert Randau (1873-1946), avec les Colons (1907), mais aussi J. Pomier et Louis Lecoq inaugurèrent, au début des années 1920, le courant algérianiste, qui s'attachait à décrire de l'intérieur la terre colonisée, ses moeurs et ses coutumes. Plus tard -- à partir de 1935 --, l'école d'Alger servit de chambre d'écho à la dénonciation de l'injustice coloniale. C'est dans cette mouvance que se situent par exemple Albert Camus, Jules Roy (1907-2000) ou Emmanuel Roblès. Mais la situation de ces écrivains était extrêmement délicate : il leur était en effet difficile de dénoncer les injustices liées à la colonisation sans trahir leur communauté. Pour les Maghrébins de souche plus ancienne, l'expression en langue française -- adoptée par certains dès la fin du XIXe siècle --, pose plusieurs problèmes. Écrire dans la langue du colonisateur était en effet considéré comme un facteur d'aliénation, induisant une identification aux colonisateurs. Néanmoins, l'adoption du français comme langue littéraire représenta une tendance majeure chez les écrivains de souche maghrébine pendant toute la première partie du XXe siècle. La première génération des écrivains maghrébins de langue française composa surtout des essais ou des romans à thèse, d'un style presque précieux, pour y revendiquer une place dans l'espace colonial tout en tenant un discours d'adhésion à la mission civilisatrice de la France (Marie-Louise Taos-Amrouche, Jean Amrouche). À partir de 1945, cependant, une maîtrise plus grande de la langue française a permis aux auteurs maghrébins de composer des textes d'une dimension véritablement littéraire. Qu'il s'agisse de nouvelles ou de romans, ces livres sont souvent autobiographiques, et posent de ce fait les questions inévitables de l'identité maghrébine et de l'assimilation. Ces récits mettent en scène une image du Maghreb qui va à l'encontre des clichés habituels de l'exotisme, décrivant notamment les difficultés et les joies de la vie quotidienne (Mohammed Dib, Driss Chraïbi, Mouloud Mammeri, Albert Memmi, Assia Djebar), mais ils explorent également les registres historique, policier, sentimental, etc., du roman. À partir de 1950 est apparu, dans la littérature maghrébine d'expression française, et surtout en Algérie, une réflexion sur le métissage culturel qui devait déboucher sur l'apparition d'une littérature engagée, accompagnant le combat pour l'indépendance (voir Algérie, guerre d'). Dès lors, un courant nationaliste et révolté a irrigué l'inspiration littéraire des pays du Maghreb, tant dans le genre de l'essai que dans le roman, le drame ou la poésie. Malgré l'importance de l'engagement politique et la complexité des relations avec la France métropolitaine, la littérature maghrébine ne s'est pas bornée à remplir un rôle idéologique. Paru en 1956, le roman Nedjma de Kateb Yacine mêle admirablement une évocation allégorique de l'Algérie occupée à une recherche formelle allant à l'encontre des conventions romanesques en vigueur (dislocation du temps, de l'espace, des personnages). La langue, travaillée et dynamisée, devient ainsi l'instrument d'une création à part entière, et le texte littéraire pose clairement son autonomie en ne se donnant de finalité que lui-même. Cette conception moderne du roman se retrouve chez certains écrivains actuels, comme Tahar Ben Jelloun, Rachid Boudjedra, Tahar Djaout ou Abdelhak Serhane. La littérature dramatique a joué également un grand rôle au Maghreb, notamment en Algérie à la fin des années 1980, avec un auteur comme Slimane Benassa. Quant à la poésie, genre privilégié dans la littérature arabe, elle est aujourd'hui représentée au Maghreb par des auteurs comme Djamel Eddine Bencheikh, Abdellatif Lâabi, Nacer Khemir et Amina Saïd. L'accession à l'indépendance des pays du Maghreb n'a pas fait disparaître la littérature de langue française, loin s'en faut, puisqu'elle est toujours représentée par des auteurs comme Mourad Bouboune, Yamina Mechakra, Rabah Belamri, Malika Mokeddem ou Nina Bouraoui. Cette littérature maghrébine de langue française a également fait son apparition en France, avec des auteurs de l'importance de Leïla Sebbar, mais aussi au Canada, avec Nadia Ghalem. Le regard de ces auteurs sur le monde est souvent incisif et lucide ; la volonté d'atteindre à l'authenticité, le rejet de toute marque gratuite d'étrangeté sont également des traits particulièrement affirmés de cette littérature. Les exilés ou les enfants d'immigrés s'inscrivent maintenant dans l'espace littéraire français, et cela même si leur place reste marginale : citons à titre d'exemple Azouz Begag, et Fatiha Berezak. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« 5 LITTÉRATURE DE LANGUE FRANÇAISE Les premiers écrivains de langue française au Maghreb furent des colons d’Algérie, qui affirmèrent très tôt leur autonomie d’expression par rapport à la métropole, prenant notamment leurs distances vis-à-vis de la littérature de voyage consacrée à l’Algérie par des écrivains français, comme Maupassant, Fromentin, Daudet ou Loti pour n’en citer que quelques-uns. Robert Randau (1873-1946), avec les Colons (1907), mais aussi J.

Pomier et Louis Lecoq inaugurèrent, au début des années 1920, le courant algérianiste, qui s’attachait à décrire de l’intérieur la terre colonisée, ses mœurs et ses coutumes. Plus tard — à partir de 1935 —, l’école d’Alger servit de chambre d’écho à la dénonciation de l’injustice coloniale.

C’est dans cette mouvance que se situent par exemple Albert Camus, Jules Roy (1907-2000) ou Emmanuel Roblès.

Mais la situation de ces écrivains était extrêmement délicate : il leur était en effet difficile de dénoncer les injustices liées à la colonisation sans trahir leur communauté. Pour les Maghrébins de souche plus ancienne, l’expression en langue française — adoptée par certains dès la fin du XIX e siècle —, pose plusieurs problèmes.

Écrire dans la langue du colonisateur était en effet considéré comme un facteur d’aliénation, induisant une identification aux colonisateurs.

Néanmoins, l’adoption du français comme langue littéraire représenta une tendance majeure chez les écrivains de souche maghrébine pendant toute la première partie du XXe siècle. La première génération des écrivains maghrébins de langue française composa surtout des essais ou des romans à thèse, d’un style presque précieux, pour y revendiquer une place dans l’espace colonial tout en tenant un discours d’adhésion à la mission civilisatrice de la France (Marie-Louise Taos-Amrouche, Jean Amrouche). À partir de 1945, cependant, une maîtrise plus grande de la langue française a permis aux auteurs maghrébins de composer des textes d’une dimension véritablement littéraire.

Qu’il s’agisse de nouvelles ou de romans, ces livres sont souvent autobiographiques, et posent de ce fait les questions inévitables de l’identité maghrébine et de l’assimilation.

Ces récits mettent en scène une image du Maghreb qui va à l’encontre des clichés habituels de l’exotisme, décrivant notamment les difficultés et les joies de la vie quotidienne (Mohammed Dib, Driss Chraïbi, Mouloud Mammeri, Albert Memmi, Assia Djebar), mais ils explorent également les registres historique, policier, sentimental, etc., du roman. À partir de 1950 est apparu, dans la littérature maghrébine d’expression française, et surtout en Algérie, une réflexion sur le métissage culturel qui devait déboucher sur l’apparition d’une littérature engagée, accompagnant le combat pour l’indépendance ( voir Algérie, guerre d’).

Dès lors, un courant nationaliste et révolté a irrigué l’inspiration littéraire des pays du Maghreb, tant dans le genre de l’essai que dans le roman, le drame ou la poésie. Malgré l’importance de l’engagement politique et la complexité des relations avec la France métropolitaine, la littérature maghrébine ne s’est pas bornée à remplir un rôle idéologique.

Paru en 1956, le roman Nedjma de Kateb Yacine mêle admirablement une évocation allégorique de l’Algérie occupée à une recherche formelle allant à l’encontre des conventions romanesques en vigueur (dislocation du temps, de l’espace, des personnages). La langue, travaillée et dynamisée, devient ainsi l’instrument d’une création à part entière, et le texte littéraire pose clairement son autonomie en ne se donnant de finalité que lui-même.

Cette conception moderne du roman se retrouve chez certains écrivains actuels, comme Tahar Ben Jelloun, Rachid Boudjedra, Tahar Djaout ou Abdelhak Serhane. La littérature dramatique a joué également un grand rôle au Maghreb, notamment en Algérie à la fin des années 1980, avec un auteur comme Slimane Benassa. Quant à la poésie, genre privilégié dans la littérature arabe, elle est aujourd’hui représentée au Maghreb par des auteurs comme Djamel Eddine Bencheikh, Abdellatif Lâabi, Nacer Khemir et Amina Saïd. L’accession à l’indépendance des pays du Maghreb n’a pas fait disparaître la littérature de langue française, loin s’en faut, puisqu’elle est toujours représentée par des auteurs comme Mourad Bouboune, Yamina Mechakra, Rabah Belamri, Malika Mokeddem ou Nina Bouraoui. Cette littérature maghrébine de langue française a également fait son apparition en France, avec des auteurs de l’importance de Leïla Sebbar, mais aussi au Canada, avec Nadia Ghalem. Le regard de ces auteurs sur le monde est souvent incisif et lucide ; la volonté d’atteindre à l’authenticité‚ le rejet de toute marque gratuite d’étrangeté sont également des traits particulièrement affirmés de cette littérature.

Les exilés ou les enfants d’immigrés s’inscrivent maintenant dans l’espace littéraire français, et cela même si leur place reste marginale : citons à titre d’exemple Azouz Begag, et Fatiha Berezak. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

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