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Misanthrope, Acte I, Scène 1

Publié le 18/10/2010

Extrait du document

 

Le Misanthrope, Molière

 

Texte 1 : l’exposition

 

I, 1 (v.1-96) : débat Alceste / Philinte

 

Tout l’art d’une scène dite d’exposition consiste à apporter au spectateur les informations nécessaires à la compréhension de l’intrigue et de la situation des personnages sans pour autant se réduire à un simple exposé. Elle doit non seulement être claire et complète mais aussi lancer l’action dont elle fait partie intégrante. C’est le cas de la première scène du Misanthrope, puisque Molière choisit, pour ouvrir la pièce, la forme du débat d’idées qui oppose deux amis, Alceste et Philinte.

 

I – Une scène de querelle

 

1) Vivacité du rythme :

 ➢ Un début « in medias res «, càd que l’action a déjà commencé au moment où les personnages nous apparaissent :

« Après ce qu’en vous je viens de voir paraître… « v.10

( scène dynamique

 

 ➢ Querelle qui permet la vivacité du rythme en exprimant la colère d’Alceste :

En plus du voc de la dispute (à relever), phrases impératives (v.1, 3, 8, 14…), interrompues (v.2-3, 7-8)

Stichomythies (échange de répliques où les personnages se répondent vers pour vers)

 

2) tout en piquant la curiosité du spectateur :

Motif de la dispute n’apparaît qu’au v.17

Avant ce vers, ce qui est reproché apparaît comme un crime : « vous cacher «, v.3 ; « cœurs corrompus «, v.12 ; « mourir de pure honte «, v.14 ; « Une telle action ne saurait s’excuser «, v.15 ; « scandaliser «v.16.

Motif de la colère : v.17-23, une salutation un peu trop chaleureuse prodiguée à un étranger.

( contraste, disproportion entre les propos utilisés par Alceste et le « crime « sans gravité commis par Philinte = source de comique

 

3) Refus de dialogue d’Alceste (v.1, 3, 5) laisse place à des répliques plus longues en suite, qui lui permettent d’exprimer finalement son point de vue (tirade des v.40-64)

 

Transition : affrontement amène les deux personnages à se révéler

 

II – Deux langages pour deux caractères

 

1) La morale classique réprouve la mise en valeur du « moi «.

Alceste ne cesse d’afficher le sien (« moi je… «, v.5 ; « moi, votre ami ? «, v.8… à relever) / Philinte s’efface derrière des tournures impersonnelles (ex : « on «, v.65… à relever)

 

2) Philinte s’efforce de dépassionner le débat par l’usage de la litote  et de tournures d’atténuation (« un peu «, v.31 ; « parfois «, v.75… à relever) / Alceste exagère : généralisations (« tout homme d’honneur «, v.16 ; « tout le genre humain «, v.96…) ; hyperboles (v.14-28 : « mourir, scandaliser, indigne, lâche, infâme, trahir son âme, pendre «…) ; figures d’accumulation (v.44-46, 50, 93-94)

 

3) Philinte s’efforce de comprendre et interroge patiemment (v.13, 34, 80, 83, 86) / Alceste accumule les verbes de volonté (v.35, 63, 69), les « non « (v.40, 53, 67) et les « morbleu « (v.25, 60) qui ne sont pas à leur place dans un salon mondain.

 

( Alceste(dont le nom en grec signifie « fort, énergique «) apparaît d’emblée en pleine lumière, son caractère étant accentué par sa confrontation avec son ami Philinte (du grec Philos = ami), calme et mesuré. 

Cf. v.90-91 + note : Alceste = atrabilaire (sous-titre initial de la pièce = « l’atrabilaire amoureux)

 

Transition : S’il a esthétiquement tort, Alceste n’a-t-il pas moralement raison en soulevant la question de la sincérité ?

 

III – Les thèses défendues par chacun des personnages : sincérité ou intégration sociale

 

1) Alceste et la transparence : « je veux qu’on soit sincère « v.35 + voc du cœur, v.36, 69-72,

Relever dans la tirade le vocabulaire de la flatterie qu’Alceste reproche aux « gens à la mode «, les courtisans.

 

2) Philinte et la bienséance : « il faut bien «, v.38 ; « quand on est du monde … que l’usage demande «, v.65-66 ; « il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur «, v.76 ; « la bienséance «, v.77

Pour lui, rien de pire que le « ridicule «, v.74

Il préfère s’amuser que s’indigner des défauts du monde (cf. la vieille Emilie et Dorilas)

 

CCL : (en fonction de ce sur quoi l’on souhaite que l’entretien enchaîne)

Alceste qui semble avoir raison sur le fond (la sincérité est une qualité, l’hypocrisie un défaut), apparaît pourtant comme le personnage ridicule de la scène à cause de son emportement qui contraste avec le calme de Philinte, image de l’honnête homme.

L’inadaptation d’Alceste aux usages de son temps est pourtant l’objet d’interprétations différentes : comique à l’époque de Molière (où il faut se couler dans le moule, où l’originalité est ridicule), l’attitude d’Alceste a été admirée des romantiques

Ou

Alceste qui semble avoir raison sur le fond (la sincèrité est une qualité, l’hypocrisie un défaut), apparaît pourtant comme le personnage ridicule de la scène à cause de son emportement qui contraste avec le calme de Philinte, image de l’honnête homme.

Les points de vue respectifs de ces deux personnages ne se modifieront pas jusqu’au dénouement (où Alceste exprimera la volonté de s’exiler seul loin du genre humain alors que Philinte parlera de l’en dissuader)

 

Ou

 

Possible d’évoquer les nœuds de l’intrigue révélés par la suite de la scène 1 :

 ➢ Le procès qu’Alceste est sur le point de perdre

 ➢ Son amour paradoxal pour Célimène, une jeune veuve qui possède tous les défauts et attitudes qu’Alceste réprouve.

 

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