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Scène 1 de l'acte 1 du Misanthrope

Publié le 05/12/2012

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Molière, Le Misanthrope, Acte I, scène 1, vers 35-72 I) Deux conceptions de l'amitié - Point de vue d'Alceste - Le point de vue de Philinte II) Un registre très polémique III) La Misanthropie d'Alceste perce Un dialogue argumentatif qui oppose deux amis sur la conception de l'amitié. Opposition virulente de la part d'Alceste, au risque de voir isolé (justification du titre le Misanthrope dans une scène d'exposition ou le personnage principal se donne à juger). I) Deux conceptions de l'amitié (nommée deux fois par Alceste, v.16 et 34) 1° Le point de vue d'Alceste : - Ce qu'il revendique : o sincérité v.1, v.36, 37-38 Au nom de l'honneur v.1 « honnête homme « v.14- = une haute conception de l'homme o estime (4 fois) + mérite. o don de soi / c?ur v.2, v.36-37 - Ce à, quoi il s'oppose : o la mode, o l'affectation (voc. v.7 à 14) o l'usage qu'il nomme « commerce honteux «, « semblants d'amitiés« « vains compliments « voir les qualifications « inutiles « « vaines «. o les « vices du temps « v.25. 2° Le point de vue de Philinte : Il s'oppose à celui d'Alceste au nom de la civilité - politesse- et donc d'une forme de correction des usages (répondre à ses empressements) « dehors civils. II) Un registre très polémique Essentiellement du côté d'Alceste. Mais on notera que son intervention dans la scène est sans commune mesure avec celle de Philinte. 1° chez Alceste : a) l'affirmation péremptoire : je veux, je ne puis souffrir, « je ne hais rien tant«, «je veux (v. 29, 35)) « - les négations « Non, non, «, « Non, vous dis-je « ; « je refuse « . le juron « Morbleu « b) l'énonciation : 1ère personne très présente, recours aux « sentences « : « il n'est point... v.19 «, v. 24-25 (c'est) - repérables aux constructions impersonnelles ; la généralisation de son point de vue par l'utilisation du « on « et du « vous « impliquant l'auditeur -personnage et spectateur-. L'usage de la question rhétorique v. 16... c) l'évocation dans de courts portraits grotesques des gens du monde polis : « gens à la mode « v.10 à 13, dans des attitudes ridicules «contorsions « ou excessives « font combat «, et dénommés au moyen d'une accumulation de GN en double anaphore v10 11 12 : composition Qual/N+ Gn(qual/N)cdn. Qualificatifs antithétiques dans les mêmes vers : « affables / frivoles ; obligeants / inutiles « + noms substantivés (= artificialité) : faiseurs, donneurs, diseurs. L'insulte « faquin « Les procédés stylistiques sont légions : l'antithèse entre trois vers accumulatifs v.15 à 17 et une « chute « d'un seul vers v.18. D'autres oppositions « estime/prostituée « (presque un oxymore) « régals /peu chers « La répétition obsédante du mot « estime « ou du verbe « estimer « 4 fois, etc. 2° chez Philinte Il est peu avantagé dans ce dialogue (ils se montrera de meilleur conseil par la suite). Alceste lui laisse peu la parole et ses protestations ne sont guère convaincantes : a) Mais, ce faisant, il ne se donne pas pour acteur de ses façons, mais soumis à un usage : des constructions impersonnelles (il faut bien...2 fois) et n'est tenus que de « rendre «, de « répondre «. b) Sans conviction « comme on peut « et passif « vous vient « « vous « (la même 2° personne impliquant le personnage récepteur et le spectateur) est objet. c) La métaphore de la « monnaie « à laquelle fera écho le « commerce « d'Alceste. d) Enfin la double référence à la loi du talion v.6. Le vocabulaire ici est celui de la superficialité. Manifestations extérieures (embrasser) offre mis en parallèle avec serments... le tout demandé par l'usage au nom du « monde « dont on est. III) Cependant la Misanthropie d'Alceste perce ici e) La première personne, on l'a vu, est fréquemment affirmée. f) Il a une image de soi très élevée : il s'estime une « âme... un peu bien située « g) Elle s'accompagne souvent d'exclusions et de refus « -je hais «- « Non, non « etc. Refus du monde, voire appel au châtiment -excessif donc- pour des attitudes convenues, assimilées à des trahisons. h) La demande insistante d'une distinction, d'une préférence - une forme d'exclusivité. v.15 à 18, v.24. Il veut qu'on le distingue pour son mérite « différent « v.28. i) Il « répudie « l'amitié de Philinte qui « prostitue « ainsi son estime : v. 26, 27 et 30. Ainsi l'on n'oublie pas que cette scène accueille les spectateurs auxquels elle présente deux des personnages principaux de la pièce, et fait percevoir déjà ce qui va se jouer. Le dialogue permet de mettre nettement en confrontation deux types de personnages bien marqués, et deux conceptions qui, au-delà du « monde « vise les courtisans (la Cour de Louis XIV ses faux-semblants et ses intrigues.) Les portraits ici faits évoquent ceux, plus tard de La Bruyère et régalent le spectateur de l'époque. On est déjà loin, avec cette comédie en vers et de telles répliques, de la comédie de foire dont le genre est issu.

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