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Molière, l'école des femmes.

Publié le 06/02/2011

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             « L’Ecole des femmes » est une pièce de théâtre de Molière (de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin), dramaturge et acteur de théâtre français, baptisé le quinze janvier mille six cent vingt-deux. Épuisé par le travail et la maladie Molière meurt le dix sept février mille six cent soixante treize après la quatrième représentation du Malade imaginaire.  En mille six cent quarante cinq, Molière quitte Paris pour la province et découvre alors la pauvreté du royaume français. C’est en mille six cent cinquante huit, qu’il revient à Paris pour y trouver un public. C’est la pièce Les Précieuses ridicules (mille six cent cinquante neuf) qui lui apporte la célébrité. Molière obtient du roi la salle du Petit-Bourbon puis celle du Palais-Royal (à partir de mille six cent soixante) où il remporte de nombreux succès en tant qu’auteur, acteur et directeur de troupe. L’Ecole des femmes, créée au Théâtre du Palais-Royal en mille six cent soixante deux, fait scandale sous la pression des dévots. A travers l’Ecole des femmes,  Molière innove  en mettant en scène la réalité de son époque : les personnages sont ces contemporains, ce drame est une philosophie de la vie. Arnolphe, homme d’un certain âge tient recluse une jeune fille, Agnès dont il veut faire sa femme ; elle tombera amoureuse d’un autre homme. Cette comédie est composée de cinq actes et en vers (mille sept cent soixante-dix neuf dont mille sept cent trente sept alexandrins), dont l’acte II scène 5 met en évidence l’innocence et la sincérité  d’une jeune femme devant un homme aguerri ; les quiproquos et les équivoques donnent un ton comique à la scène. Nous allons donc chercher à savoir comment le dramaturge met une note comique à travers un dialogue spontané entre Arnolphe et Agnès ? Pour cela il faut discerner le caractère de ces deux personnages.

 

 

                 Dans ce premier paragraphe, nous allons tout d’abord analyser le personnage d’Agnès : sa sincérité et son innocence, la découverte de l’amour et les pièges de la naïveté.

         Il est tout d’abord important de faire un rappel sur ce qui s’est passé précédemment : Arnolphe a appris d’Horace qu’il avait rendu visite à Agnès pendant son absence ; après avoir exprimé sa colère à l’encontre des valets Alain et Georgette alors complices, il demande à Agnès de descendre pour l’interroger.

La cinquième scène du deuxième acte nous offre donc cet interrogatoire. Agnès livre dans ce dernier un récit  de sa rencontre avec Horace puis elle rapporte l’entretien qu’elle a eu le lendemain avec la messagère d’Horace. Agnès est tellement sincère qu’elle n’hésite pas à raconter les événements qui se sont passés lors de l’absence d’Arnolphe ; celui-ci n’a pas besoin de la supplier mais le lui demande simplement :

Vers 483 : « Mais enfin contez-moi cette histoire »

Agnès est tellement innocente qu’elle ne se méfie pas des petites  interventions dans son dialogue avec Arnolphe ; il lui suffit à ce dernier de dire « fort bien » (Vers 503), pour l’inciter à continuer son explication.

Son étonnement révèle également son innocence :

Vers 512 : moi j’ai blessé quelqu'un.

En effet, étant donné qu’Agnès ne connait pas le sentiment d’amour, elle ne peut comprendre le fait d’avoir blessé Horace.

         Le récit d’Agnès est composé de tellement de détails que l’on soupçonne un intérêt profond pour Horace, qui en fait ne peut être que de l’amour. Le gout du détail se mêle à son plaisir de raconter leur rencontre ; elle se souvient de l’endroit de leur rencontre (vers 485 sur le balcon), de sa première impression (Vers 487 un jeunhomme bien fait.

Dans cette scène, Agnès dépeint à Arnolphe un de ses moments qu’elle a partagé avec Horace : ce dernier lui a fait plusieurs fois la révérence, elle lui a rendu à chaque fois. La réciprocité des saluts semble trouver son alibi dans une rivalité de politesse : il s’agirait pour Agnès de «ne point manquer à la civilité » (vers 489), de faire en sorte de n’être pas estimée « moins civile que lui » (vers 502). Nous pourrions penser qu’Agnès ignore par cette surenchère les codes de la vie en société qui voudraient que la pudeur féminine mette d’elle-même un terme à cet échange muet. Mais si Agnès prétend obéir à un impératif de politesse mal comprise, tout son récit montre par la vivacité et le dynamisme de son mouvement qu’elle s’est livrée au plaisir d’un jeu, seulement interrompu par la nuit. Ainsi la construction civile de l’échange en apparaît alors comme le cadre et l’autorisation. Si Agnès est dupe, elle l’est de son propre cœur et de l’amour naissant.

         Dans cette scène Agnès est prise à son propre piège. En effet, elle est tellement innocente qu’elle ne se doute pas qu’Arnolphe la veut pour femme.

Elle se confie donc à lui comme à un père ; l’histoire d’Agnès s’inscrit dans un rapport de confiance à l’égard de son tuteur : quelle colère jalouse redouter alors de celui qui tient la place de son père ? Elle n’entrevoit donc pas les conséquences de sa sincérité. Elle s’est tellement livrée à Arnolphe que ce dernier par peur de la perdre veut se marier avec elle dès le soir même. Nous pouvons faire remarquer que pour Agnès il est impossible de saisir la démarche de cet homme : elle croit même comprendre qu’il consent à son mariage avec Horace( vers 610 à 627).

         Nous pouvons donc conclure grâce à ce premier paragraphe, que l’ingéniosité d’Agnès déstabilise Arnoplhe. 

 

 

            Dans ce second paragraphe, nous allons nous intéresser à l’inquiétude du personnage d’Arnolphe, en analysant son interrogatoire, puis sa souffrance.

           Nous allons donc commencer ce deuxième paragraphe par l’étude de l’interrogatoire qu’impose Arnolphe à Agnès. Durant toute cette cinquième scène de l’acte II, Arnolphe pose de nombreuses questions à Agnès : il veut tout savoir sur ce qui s’est passé durant son absence. Il est important de faire remarquer que la virginité d’Agnès en deviendra au cours de la scène l’enjeu de son angoisse. Il faut savoir que le destin social d’une fille au XVIIe siècle  ne trouvait d’autre issue que dans le mariage ou le célibat religieux ;le mariage quant à lui enfermait la seule forme de sexualité autorisée, liée à l’engendrement d’une descendance légitime. Arnolphe va donc demander à Agnès par de nombreuses façons, si Horace lui a pris sa virginité :

-« Mais que faisait-il étant seul avec vous ? » Vers 558

-« Ne vous faisait-il point aussi quelques caresses » Vers 568

-« Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ? Vers 371

-« Passe pour le ruban. Mais je voulais apprendre

S’il ne vous a rien fait que vous baiser les bras. » Vers 580, 581

- « N’a-t-il point exigé de vous d’autre remède ? » Vers 584

         Nous allons maintenant nous intéresser à la souffrance d’Arnolphe.

Dans cette cinquième scène de l’acte II, le dramaturge nous offre un récit qu’Arnolphe provoque et redoute à la fois, car il va entendre ce qu’il craint et ce qu’il sait déjà. Il a en effet demandé à Horace au premier acte quelque « conte gaillard » de ses amours, ne sachant alors qu’il en serait la dupe. Il en a maintenant confirmation par Agnès. Il lui faut entendre ce qui s’est passé là où il n’était pas, et qu’il ne peut –tout comme le spectateur d’ailleurs- qu’imaginer à travers le récit d’Agnès. Les propos de cette dernière désignent alors ce qu’il a toute sa vie tenté d’éviter. Car, au bout de son récit, qu’y a-t-il, sinon la réalisation de la scène que redoute le jaloux, où un autre est à la place qu’il voudrait occuper, et dont il est exclu.

Nous pouvons remarquer la présence de paroles d’Arnolphe  dites en « aparté» : celles-ci sont destinées aux spectateurs. Elles sont révélatrices de la souffrance d’Arnolphe :

« Ah ! sorcière maudite, empoisonneuse d’âmes,

Puisse l’enfer payer tes charitables trames ! » Vers 535, 336

« Ô fâcheux examen d’un mystère fatal,

Où l’examinateur souffre seul tout le mal ! » Vers 565 566

           Durant tout ce second paragraphe, nous avons commenté le comportement d’Arnolphe ; il nous reste maintenant à étudier le sujet principal de notre commentaire de texte : le comique de cette scène.

 

 

          Dans ce dernier paragraphe nous allons donc étudier la façon dont le dramaturge s’y prend pour arriver à faire de cette cinquième scène de l’acte II, une scène comique en analysant les quiproquos et les équivoques.

          Dans un premier temps nous allons étudier les deux principaux quiproquos de cette scène. L’un porte sur la demande d’Arnolphe à Agnès : Horace lui a-t-il pris quelque chose ?  Agnès prend ces paroles au sens propre, et lui répond après une grande hésitation qu’il lui a pris un ruban (Vers 578). Arnolphe, faisant référence à la virginité d’Agnès, panique lors de son hésitation à répondre ; en effet il –comme le spectateur d’ailleurs- a peur de se qu’il pourrait apprendre. Le fait qu’il s’agisse que d’un simple ruban donne un ton comique à cette scène. Le dramaturge a très bien su faire en sorte que l’on s’interroge longuement sur la réponse d’Agnès. La question d’Arnolphe se situe au vers 571 ( «Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ? ») et nous n’avons la réponse qu’au vers 578 (« Il m’a pris le ruban que vous m’aviez donné »). Il a donc fallu dix interventions d’Arnolphe pour en savoir le dénouement.

L’autre quiproquo est à double sens ; il porte sur la décision d’Arnolphe de se marier avec Agnès par peur de la perdre :

 «  Et qu’en se mariant le crime en soit ôté »Vers 610

D’un côté nous avons Agnès qui se réjouit de cette décision. Ne se doutant pas de l’amour d’Arnolphe pour elle, elle pense pouvoir se marier avec Horace dès le soir même.

De l’autre côté, nous avons Arnolphe, heureux d’avoir le consentement d’Agnès pour leur union : ce qui met fin à ses angoisses de la perdre.

L’enchaînement des répliques nous montre que chacun d’eux se fourvoie :

« Dès ce soir. Cela vous fait donc rire » (Arnolphe) Vers 623

« Oui » (Agnès) Vers 624.

Ce double quiproquo prend fin au vers 626 avec une exclamation d’Agnès, « Et qu’avec lui j’aurai de satisfaction ! », et avec la réplique d’Arnolphe au vers 627, « Avec qui ?».

          Dans un deuxième temps, nous allons nous intéresser aux équivoques.

Agnès ne comprend pas ce qui se passe en elle   :

- \"La douceur me chatouille, et là dedans remue Certain je ne sais quoi dont je suis tout émue.\" Vers 563

Elle compare l’amour naissant à quelque chose d’étrange, comme si elle subissait une transformation qu’elle ne maitrise pas.

Agnès, ne se doutant pas des intentions d’Arnolphe, lui tient des propos équivoques :

« Que, si cela se fait, je vous caresserai ! » Vers 618

Arnolphe lui répond avec joie et impatience :

« Hé ! la chose sera de ma part réciproque » Vers 619

Le spectateur saisit de suite l’origine du mal entendu : Agnès, considérant Arnolphe comme son père,  veut lui faire une caresse affectueuse. En revanche, pour Arnolphe, une caresse fait partie des prémices  de l’amour.

           Nous trouvons tellement de quiproquos et d’équivoques dans cette scène que nous pouvons nous demander si la remarque d’Agnès « Le petit chat est mort », n’est pas un clin d’œil du dramaturge, qui nous avertit de la fin de son innocence.

 

 

          Molière personnifie l’ingénuité féminine par le personnage d’Agnès, et le machisme par celui d’Arnolphe. Le dramaturge aime la jeunesse qu’il veut libérer des contraintes absurdes ; il tient à tenir son rôle de moraliste à travers le comique d’où les quiproquos et les équivoques. Son but principal est  de «  faire rire les honnêtes gens ». Il fait donc sienne la devise Castigat ridendo mores (en riant, elle châtie les mœurs) qui apparaît sur les tréteaux italiens dès les années 1620 en France. Le texte de la cinquième scène de l’acte II, m’a fortement séduite par son réalisme et son côté historique : au XVIIe siècle la femme est soumise à l’homme. Dans toute situation, l’homme a le mot de la fin : « Je suis maître, je parle ; allez, obéissez. » vers 643.

Est-ce pour autant qu’il obtient le cœur de la femme ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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