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Oh ! Je fus comme fou... Victor Hugo

Publié le 16/12/2012

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fou

Texte principal Oh ! Je fus comme fou... Victor Hugo Présenter l'auteur, l'oeuvre... Au coeur du recueil on a un livre intitulé Pauca Meae centré sur la mort de sa fille, Léopoldine. Un livre évoquant la souffrance éprouvée par ce père, et où l'on trouve quelques-uns des poèmes les plus célèbres. Le texte est court ; il ne compte que 20 alexandrins chargés d'une émotion intense. Le poème a été rédigé 9 ans jour pour jour après le drame (le jour de l'anniversaire du drame) comme plusieurs autres poèmes. 9 ans après, il revient sur ces premières réactions, il avait appris la mort de sa fille en lisant le journal. Nous verrons quelles sont ces réactions : la souffrance qui le conduit à la folie. I. L'expression d'une souffrance indicible : 1) un cri de souffrance : Le champ lexical de souffrance est présent dans le texte : « souffert ma souffrance «, « éprouvé « (deux fois) : on a une insistance. Le mot « malheurs « apparait au pluriel et ce pluriel marque encore une insistance . Hugo évoque le siège de cette souffrance : l'âme, le coeur. On a des manifestations physiques de la souffrance, comme au vers deux ou on note encore une fois une insistance avec les deux compléments du verbe « pleurer «. On a des hyperboles et le champ lexical de l'insoutenable : « terrible « ; « horrible « ; « affreux rêve « sont des tournures hyperboliques. Les mots clés sont mis en valeur par la syntaxe ou la versification. Le vers 6 montre toute la violence de cette souffrance, à travers les sonorités « br « (« briser «...) et les connotations du mot pavé (la violence : Hugo a vécu la révolution de 1848). Le poète souhaite mourir car sa douleur n'est pas supportable. 2) Une ponctuation et une syntaxe affectives : La souffrance s'exprime aussi par la syntaxe et la ponctuation. On note une multiplication des exclamatives : neuf points d'exclamation dans le dernier quatrain. On a des interjections souvent en début ou en fin de vers comme « Oh ! « ; « Non ! « ou « Hélas ! «. Ces interjections sonnent comme des cris du coeur. Chaque strophe se termine par une exclamative. On a deux questions rhétoriques : vers 4 et 5 ou Hugo interpelle les pères et mères qui sont dans son cas. Il quête chez eux de la compassion, de l'empathie, pour se sentir moins seul. Aux vers 10 et 11, il semble s'adresser à lui-même. On a une syntaxe très affective, une émotion abondante. 3) Dire l'indicible : Le mot « morte « n'apparaît qu'une seule fois et l'auteur essaye de dire l'indicible grâce à des figures de rhétorique ; comme les périphrases « malheurs sans nom « ou « votre chère espérance « ou encore « cette chose horrible « ; ou comme l'euphémisme « ainsi quitté «. Il recourt à des images concrètes qui donne de la force à ses paroles (exemple vers 11 et vers 6). Hugo ne trouve pas de mots assez forts pour exprimer ce qu'il ressent, il ne voit pas non plus d'explication, sinon la volonté de Dieu. Dieu est évoqué deux fois et il est présenté comme celui qui « prend la vie «, qui « permet de ces malheurs sans noms «. Et on sent un questionnement métaphysique, l'incompréhension du poète qui pose une question, et on sent sa révolte, mais sa foi reste intacte Cette souffrance indicible le conduit à la folie. I. La folie : 1) Les différentes phases de la réaction : Cette idée de folie est présente dès le début du texte : « je fus comme un fou « : le poète est fou de douleur « dans le premier "moment «. Il va ensuite passer par différentes phases : Du vers 1 à 6 : Abattement et accablement qui se manifeste par des pleurs et abouti à l'envie de mourir. Du vers 2 à 7 : Le "puis" marque une nouvelle étape, un sursaut de volonté qui se traduit par la révolte. On a d'ailleurs des verbes d'action « je fixais mes regards sur cette chose horrible. « L'étape suivante est le déni (vers 9), le refus d'accepter la réalité : « Et je n'y croyais pas et je m'écriais : Non ! «. L'auteur insiste sur cette idée par la récurrence des tournures négatives. Il en vient dans le dernier quatrain à l'hallucination. Il y a une progressi on dans le texte, un effet d'amplification. 2) Un texte désordonné : Le poème est essentiellement un récit (passé simple et imparfait), mais à trois reprise on a du discours rapporté qui interrompt la narration : le poète parle, il interpelle, on ne sait pas toujours à qui il parle. Il parle aussi, à la fin du texte, à ses proches. On a une alternance récit/discours, un effet d'oralité, une théâtralisation du texte, du récit, une dramatisation du poème. On a une impression de quelque chose de discontinu de décousu, de désordonné. Hugo veut montrer à quel point il était désorienté. Il est en route vers la folie. 3) L'hallucination : À partir du vers 12 on a « il me semblait « suivit de 5 « que « en cascade qui donnent une impression d'idée fixe. Dans ce dernier quatrain, il a des hallucinations, après un saut de ligne qui marque une étape supplémentaire. On passe au discours direct à l'impératif et au présent de l'indicatif, mode du réel. Il évoque des gestes du quotidien « rire « ; « sa main sur sa clef «, des activités domestiques. « Elle est quelque part « : on a tout un vocabulaire de la perception, « je l'entendait «, « voir «, « le bruit «, «j'écoute « : il est victime de ses sens. Le poème se termine par la folie et le désordre mental. Un texte touchant, très expressif, d'une grande force lyrique, élégiaque. Victor Hugo confie au lecteur ses sentiments les plus intimes, sont agitation intérieure. Il nous apparaît pathétique, affaibli, fragilisé par le deuil. Il semble revivre les faits en les racontant. Écrire l'aide à accepter, à faire son travail de deuil. Tout le livre IV évoque ce cheminement vers l'acceptation de la mort.

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