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On n'est pas là pour …. Disparaître

Publié le 02/02/2011

Extrait du document

 Adaptation du texte d’Olivia Rosenthal

Mise en scène de Christine Koetzel

Acteurs : Heidi Brouzeng

Anne Dupagne

Agnès Guignard

Michel Deltruc (Batterie)

Louis-Michel Marion (Viole de gambe)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

            On est pas là pour… disparaître, texte initial d’Olivia Rosenthal, est ici adapté par l’actrice et metteur en scène Christine Koetzel. Le récit décrit les dégâts qu’engendrent la maladie de A., la maladie d’Alzheimer, à travers, notamment l’exemple de la descende au enfer d’un homme, Monsieur.T, qui du jour au lendemain a poignardé sa femme sans même en savoir la raison, mais aussi sa découverte et une part de l’histoire de Aloïs Alzheimer, le médecin qui a découvert la maladie.

 

 

            Les premiers mots que j’ai prononcés lors de ma sortie du théâtre après la pièce furent « C’était incroyable «. En effet, dès le début de la pièce, j’ai été directement confrontée à un décor qui m’a laissé rêveuse sur son contenu. Une petite maison, comme celle de poupées, avec un tout petit banc juste à coté et enfin, des petits chemins d’herbes très verte. J’étais très enthousiaste de découvrir comment  ce décor allait être exploité. De plus il y avait sur le côté, des instruments de musique, comme une batterie, composée de beaucoup d’autres petits éléments sonores que j’ai découverts au fur et à mesure du spectacle, mais aussi d’un violoncelle et d’une viole de gambe.

   Ainsi, quand le spectacle a commencé, les musiciens ont commencé à jouer une musique très sonore, très bruyante. Je n’ai pas eu l’impression que celle-ci était tout à fait révisée, pensant plutôt qu’elle était quasiment improvisée bien que l’alliance des sons de la batterie et ceux du violoncelle étaient très juste. Pourtant je n’ai pas réellement compris l’intérêt de ce commencement musical pensant plutôt que celui-ci servait à attirer l’intention de tous les spectateurs. Par ailleurs, son intérêt m’est apparu plus clair au fur et à mesure de la pièce. En effet, plus il y avait une progression, plus la musique devenait confuse, peu claire. On entendait, le son très puissant de la batterie, adouci par le violoncelle, mais par-dessus cela il y avait des voix provenant d’une radio, mais aussi des bruits de résonnance créés par l’homme à la batterie à l’aide de sorte de cloches. Il me paraissait alors clair qu’à ces moments la musique exprimait la confusion des malades de Alzheimer, ce qui se passait dans leur têtes. Ils entendent des sons sans vraiment pouvoir les distinguer clairement, créant ainsi une incompréhension des choses qui les entourent. Enfin, à la fin de la pièce la musique devenait plus douce, faite de petits sons de la batterie et de la viole de gambe, celle-ci signifiant l’apaisement des malades des Alzheimer au moment où plus rien n’a d’importance, où la maladie prend le dessus, où on ne résiste plus. En conclusion, j’ai vraiment trouvé l’usage de la musique très juste, celle-ci aidant à mettre les spectateurs dans les conditions d’une personne atteinte de la maladie de A., pour mieux en comprendre le sens.

   Presque autant que j’ai apprécié l’usage de la musique, l’exploitation du décor, fut aussi une très belle surprise pour moi. Comme je l’ai dit précédemment, celui-ci n’était pas très complexe. Cependant la façon dont les acteurs s’en sont servis m’a réellement plu. En effet, dès que les actrices ont commencé à jouer sur scène, puisque les premières répliques étaient récitées dans le public, j’ai tout de suite aimé la façon dont elle se servait du décor et notamment du parterre en « herbe «. Les chemins verts dessinés par terre, étaient très tortueux, et les actrices faisaient attention à ne marcher que sur ceux-ci. J’ai donc directement compris, leur sens. Ils symbolisaient « le chemin des non atteints « de la maladie de A., lorsque l’on est pas malade. Ainsi pendant tout le moment de récitation de leur texte ou lorsque qu’elle recherchait Monsieur T., elle portait une attention particulière à ne pas sortir de ces chemins, alors qu’au moment où l’une des actrices devient « folle « elle s’en écarte complètement, et marche en dehors d’eux. Il s’agit là pour moi du passage d’un état sain, à un état de « démence « qu’entraine la maladie d’Alzheimer. Enfin, d’après moi la maison avait un message symbolique autant que dans les chemins. Elle symbolise la vie familiale, le foyer sensé être un endroit sur et rassurant et qui au fur et à mesure de la pièce va se disloquer jusqu’à disparaître complètement. En effet, dès lors que l’actrice la plus « âgée « entre dans la maison, elle incarne non plus un personnage de psychologue comme elle le faisait auparavant, mais elle devient la femme de Monsieur.T après son agression. De plus quelque temps après ce sont les deux autres actrices qui rentrent dans la maison et qui incarnent elles aussi des personnes proches de Monsieur T. (La plus jeune devient sa fille, et la troisième devient sa psychologue) On assiste par la suite à la dislocation de la maison même si celle-ci compose tout d’abord un lieu de réflexion sur la maladie de Monsieur.T des différents points de vue de son entourage. Enfin, à la fin de la pièce, tout les éléments de la maison sont éparpillés et confondu avec le sol pour la faire totalement disparaitre. L’élément que constitue la maison est donc d’une symbolique très forte, incarnant la vie de famille, la protection de sa maison qui petit à petit se dissous jusqu’à disparaitre totalement pour les malades de Alzheimer.

   Un autre élément de la pièce m’a énormément plu mais aussi beaucoup ému. Bien que l’on ne voie pas Monsieur.T, on entendait cependant sa voix, celle-ci venant d’Henri Degoutin. Bien que l’on ne voyait ni l’acteur ni les sentiments qu’il exprimait dans les expressions de son visage ou de son corps, j’ai ressentie une grande émotion à travers sa voix. Celle-ci était plutôt douce, on aurait dit celle d’un vieille homme, elle était calme. C’est grâce à cela qu’elle était pleine en émotion. De plus on sentait dans sa façon de parler l’incompréhension de ce qui l’entoure, ce qui a été pour moi d’autant plus révélateur de mon sentiment d’émotion.

   Il est bien sûr évident que je n’aurais pas aimé la pièce s’il n’y avait pas eu ce texte magnifique d’Olivia Rosenthal. En effet, celle-ci parle de la maladie d’Alzheimer non pas d’une façon inquiétante comme on le fait d’habitude, mais plutôt d’une façon « drôle « basée sur les sentiments et réflexions des patients atteints de la maladie de A. Ainsi le texte évoque aussi la vie de docteur Alzheimer, celui qui a découvert la maladie à l’aide du cas de Monsieur.T, ce qui crée un effet de décalage plutôt comique. De plus le texte, bien qu’il n’ait pas pour but d’inquiéter sur la maladie, est plein d’une sensibilité, qui se ressent notamment lorsque c’est Monsieur.T qui parle. En voici un extrait  « Il y a autour de moi des objets, je crois qu’ils m’étaient familiers mais ils ne me disent rien, ne me parlent plus. J’ai beau tendre l’oreille pour écouter ce qu’ils murmurent, je ne les entends pas. Je crois que je deviens sourd, c’est cela, je deviens sourd. Et quand on devient sourd on entre dans le silence, on n’entend plus les voix, on ne les comprend pas ou seulement par bribes. Le monde n’est pas fait pour moi, c’est ce que je me dis. Le monde parle sans moi, s’active sans moi. Je ne suis plus un occupant du monde. « On sent donc ici, l’incompréhension de Monsieur. T par rapport au monde qui l’entoure, ce qui rend d’autant plus beau ce texte.

 

 

            En conclusion, cette pièce fut pour moi un réel bonheur pour tout mes sens, tant auditif que visuel. Elle a mis en émoi tous mes sentiments notamment grâce à une musique parfaitement adaptée, un décor tout à fait cohérent et pour finir un texte d’une pure beauté. J’ai été vraiment très enthousiaste à la sortie de ce spectacle et  surprise par une telle performance, qui m’a permis de voir la maladie de Alzheimer d’une façon différente, d’une magnifique façon.

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