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Pantagruel, chapitre VIII.

Publié le 23/11/2010

Extrait du document

Gargantua écrit une lettre à son fils, Pantagruel, qui est à Paris, pour lui donner quelques conseils. Pantagruel est très intelligent et son père veut qu’il profite de cela pour bien se former. Gargantua commence à parler de son admiration en Dieu et de l’héritage des pêchés dans les familles, jusqu’à le jugement final. Tout de suite il commente l’immortalité de l’homme face au corps, et juste après il commence à parler de son vrai but : la formation de son fils. Il lui dit que comme il va mourir, il veut le voir « une seule fois dans sa vie « très bien formé car il a tous les moyens pour acquérir une très bonne formation. Gargantua admire le nouveau système éducatif et il fait une critique le système de son époque, et exactement pour cela il veut que son fils apprenne toutes les choses possibles, surtout le savoir politique. Il lui conseille aussi, après avoir beaucoup étudié, d’apprendre la chevalerie, et surtout qu’il soit un bon homme puisque quand il meure, il devra accepter la parole de Dieu ; une autre fois il parle du jugement final. Et finalement Gargantua finit par lui indiquer comment traiter les personnes.

 

Rabelais écrit en moyen français, donc on va faire une traduction en français moderne et en espagnol du texte choisi.

 

Voici en français moderne :

 

« Pour parfaire et consommer cette entreprise , il te peut assez souvenir comment je n’ai rien épargné ; mais je t’ai secouru ainsi, comme si je n’avais pas d’autre trésor en ce monde que l’espérance de te voir accomplit et parfait une fois dans ma vie, aussi bien en vertu, en noblesse de cœur et en sagesse comme un tout savoir signe d’un homme libre et noble de cœur, et après ma mort te laisser ainsi : comme un miroir représentant la figure de moi ton père, si excellent et de tel fait comme je souhaite, sinon dans tes actes, du moins dans tes intentions. Mais encore que mon feu père, Grandgousier, présent encore dans toute ma mémoire, a consacré tout son effort à me voir progresser en toute perfection et savoir politique, et que mon travail et mon application correspondirent tout à fait son désir, et même allassent encore plus, toutefois, comme tu peux bien comprendre, le temps n’était pas aussi favorable et commode pour l’étude des lettres comme cela l’est au présent, et je me disposais pas de professeurs que tu as eus. Cette époque-là était encore ténébreuse et on a senti les malheurs et la calamité causés par les Gothz qui ont détruit toute bonne littérature. Et même si, à mon époque, on a donné aux lettres le caractère de bonté divine, valeur et dignité, maintenant j’y vois tel amélioration qu’à présent je serais difficilement admis dans la classe élémentaire des jeunes potages, moi, qui, en mon âge mûr, était réputé (non à tord) comme le plus savant du siècle. Ce que je ne dis pas par simple jactance -  et je pourrai louablement le faire en t’écrivant avec l’autorité de Marc Tulle, en son livre de Vieillesse, et de la sentence de Plutarche dans son livre intitulé : Comment on peut faire éloges sans envie -, mais pour te donner mes désirs de viser plus hauts «.

 

Et voici en espagnol :

 

« Para perfeccionar y consumir esta empresa, puedes recordar bastante cómo no he ahorrado nada; pero yo te he cuidado así, como si no tuviera otro tesoro en este mundo que la esperanza de verte completo y perfecto una sola vez en mi vida, tanto en virtud, en nobleza de corazón y en sabiduría como en todo saber digno de un hombre libre y noble de corazón, y después de mi muerte dejarte así: como un espejo representando la persona de yo, tu padre, tan excelente y de la manera que yo deseo, si no en tus actos al menos en tus intenciones. Pero aún que mi difunto padre, Grandgousier, presente todavía en mi memoria, ha dedicado todo su esfuerzo a verme progresar con toda perfección y en saber político, a lo que mi trabajo y aplicación correspondieron totalmente con sus deseos, y aún más, aunque, como puedes entender bien, el tiempo no era tan favorable y cómodo para el estudio de las letras como lo es ahora, y yo no disponía de los profesores que tú has tenido. Aquella época era todavía tenebrosa y sentimos las desgracias y la calamidad causadas por los Góticos que destruyeron toda la buena literatura. Y aunque en mi época, se le dio a las letras bondad divina, valor y dignidad, ahora veo tal mejora que en la actualidad sería difícilmente admitido en la clase elemental de los párvulos, yo, que en mi edad madura, era reconocido (no sin equivocación) como el más sabio del siglo. Lo que no digo por simple navidad – y podría hacerlo loablemente escribiéndote con la autoridad de Marco Tulio, en su libro Vejez, y de la sentencia de Plutarco en el libro titulado: Cómo alabar a alguien sin provocar envidias -, sino para desearte mis deseos de llegar a lo más alto”.

 

On va se centrer dans un morceau du chapitre huit, de Pantagruel. Pantagruel est un géant qui se trouve à Paris pour étudier, il est allé a la bibliothèque Abbaye de Saint-Victor, qui est une école traditionaliste contre les humanistes. Pantagruel trouve que cette enseignement est inutile, stupide et sans sens, car il avait des nouvelles idées humanistes. Ici Rabelais oppose l’éducation traditionnelle et la progressiste.

 

Gargantua parle de la glorification du savoir en recommandant à son fils d’être savant pour être digne de son père ; comme il l’a fait à son tour avec son père Grandgousier. Il va lui expliquer qu’est-ce qu’il doit étudier et apprendre.

 

Pantagruel lui recommande d’étudier les lettres, donc il va étudier le latin, le grec et l’hébreu, il va emmener une formation humaniste. Et bien sûr on va trouver le rapport entre le savoir et la liberté, puisqu’on sait que les humanistes défendent la livre pensée, et une façon d’étudier assez libre, dans laquelle on avait avant tout le raisonnement et les propres décisions. On trouve des phrases dans le texte qui nous montrent ce rapport comme : commet et sçavoir liberal, digne d’un homme libre et de bonne cœur.

 

On doit mettre en relation ce qu’on vient de dire avec la figure d’Érasme, si important dans l’humanisme. Il présentait un refus énorme contre l’Église catholique, et il pensait que les écoles et les universités (l’Église quand même) empêchaient de penser de façon libre. À cause de cela, il commence à lire des œuvres antiques, si en vogue pendant la Renaissance. Cette figure va être très important pour Rabelais, il va montrer surtout dans ce texte que le savant humaniste ne doit ni se laisser influencer ni se laisser dominer la tête pour un maître ; la libre interprétation et le fait de savoir penser était la chose la plus importante pour Rabelais, et on voit clairement cela dans le texte, car on voit comme il ridiculise d’une façon très intelligente l’enseignement scolastique, qui ne fait qu’une collecte de connaissances sans rien penser et sans remettre rien en question.

 

Cette idée de liberté a beaucoup d’adjectif tout au long du texte comme : « honnesteté «, « honneste «, « vertu «, « preudhommie «… Et cette « honnesteté «, donc la noblesse, est très remarquable car elle est la première qualité du savant humaniste ; cette noblesse va dirigée tantôt  au comportement tantôt au savoir, comme dit le texte « noblesse de cœur «.

 

Quand Gargantua nomme le « sçavoir politique «, il se rapporte à la « polis «, car à l’époque le mot « politique « avait un sens très large, car il montre tout ce qui concerne la situation de la cité, les relations entre les citoyens, les normes, la politesse pour être civilisé… Gargantua a toutes ces connaissances, et bien sûr, comme tout humaniste, il a cela dans son esprit mais toujours avec un sens pratique, puisque tout ce qu’on apprend doit servir à quelque chose d’utile pour la collectivité. Ce savoir politique est très utile, et c’est justement pour cela que Gargantua l’aime bien et recommande à son fils de l’étudier.

 

Les humanistes se croient toujours supérieurs au reste, car pour eux, les autres sont des ignorants et des ennemis du savoir, car ils n’utilisaient jamais l’esprit critique.

 

Rabelais parle dans ce texte des ennemis du savoir, et il le fait avec un métaphore à travers des Gothz, qui représentent le Moyen Âge. Quand Gargantua dit :le temps estoit encore tenebreux et sentant l’infelicité et la calamité des Gothz, qui avoient mis à destrution toute bonne littérature, il fait une attaque directe aux enseignements du Moyen âge, donc la scolastique ; il ose de dire que toute la bonne littérature a été détruite par la méthode du Moyen âge, donc par l’Église, on peut penser tout ce qu’ont pu provoquer ces phrases à l’époque, des phrases comme cela ont provoqué l’interdiction de ses œuvres.

 

Il critique ainsi tous les enseignements antérieurs, il fait même une comparaison entre le concept de savant de son époque et dans l’actualité, il dit qu’à son époque il était très savant mais à l’époque de son fils il était presque un ignorant, avec cet exemple il se dirige aux « savants « religieux médiévaux, il les qualifie directement d’ignorants. On voit ici le concept de Moyen Âge qui avait dans la société de la Renaissance, on pensait que cette époque-là avait été une période de transition, obscure, barbare, avec le scolastique dominant toute la culture.

 

Dans cet extrait qu’on est en train d’analyser, Rabelais nous montre très clairement la relation entre père et fils. On voit que Gargantua recommande infatigablement à son fils d’étudier comme il l’a fait à son époque, il glorifie les caractéristiques humanistes en parlant de la méthode accumulative du Moyen Âge, pour qu’on valorise ce nouveau courant. Et on peut observer que Gargantua se met devant son fils comme un modèle à suivre, et il va imposer ce modèle à travers certaines images qui touchent l’âme de son fils.

 

On voit une métaphore dans : aultre thesor, Gargantua a le désir de voir son fils cultivé, savant, il veut le voir comme un homme complet, généreux et soucieux. Absolument tous ses efforts ont été consacré à l’éducation de son fils.

 

Mais on y trouve un modèle contraignant, c’est-à-dire très difficile à suivre, il met un niveau très haut, assez difficile à l’atteindre. Gargantua fait de son propre apprentissage un exploit. On voit cela surtout dans la phrase : et que mon labeur et estude correspondit très bien, voire encores oultrepassast son desir, on voit clairement dans cette phrase, que pour lui, le fait d’avoir étudié et d’avoir acquis une bonne formation a été un héroïque. Et il demande ce niveau à son fils, car, comme il a dépassé le désir de son père quand l’époque était pire pour étudier les lettres, Pantagruel devait le faire mais encore mieux parce que le moment est idoine.

 

On peut penser que Gargantua essaie de transmettre à son fils une sorte de culpabilité, quand il parle, il ne fait pas des conseilles, et ordonne de faire tout ce qu’il dit. C’est une interdiction d’échouer.

 

On trouve tout au long du texte une hyperbole immense au même temps que les contradictions, il utilise beaucoup le « tout « pour impliquer la totalité, il ne cesse de dire qu’il a fait tout pour Pantagruel. Et la contradiction vient de ce monde du savoir si glorifié par Gargantua et après toutes les interdictions qu’il impose à son fils, il utilise toujours les pronoms de la première personne du singulier, il n’utilise le « tu « que pour poser d’ordonnances ; mais aussi par le changement qu’on y trouve, Gargantua commence à parler de la religion, des pêchés, de l’âme…, mais tout à coup il commence à ordonner à son fils tout ce qu’on vient de commenter.

 

Rabelais parle tout le temps à son fils d’une méthode d’étude accumulative, on le voit dans : comme en TOUT savoir liberal, on voit que Pantagruel lui conseille d’accumuler toutes les informations possibles. Évidemment, cette méthode est contraire à celle des humanistes et pour cela Rabelais le nomme, pour le critiquer. On verra dans toutes les œuvres de Rabelais cette critique envers l’enseignement scolastique.

 

Et finalement, on ne peut pas oublier la « vaine gloire « si critiquée par Rabelais dans la totalité de ses œuvres.

 

À la fin du texte on voit que Gargantua dit à son fils que même s’il a beaucoup de connaissances, il ne va pas faire une lettre pour les montrer. Rabelais , comme tous les humanistes, voit la vaine gloire comme un des défauts des plus graves, même un vice, et celui qui cherche cela n’est pas une bonne personne, c’est tout à fait la source du mal. Ce concept de « vaine gloire « est aussi très critiqué pendant la Renaissance par Érasme, on continue ici à voir l’immense influence qui a Érasme sur Rabelais.

 

Bref, on trouve dans ce texte une critique envers la scolastique, la figure contradictoire de Gargantua, mais il va être toujours à cheval entre la scolastique et l’humanisme car il est en pleine transition.

 

Cette lettre a provoqué beaucoup de discussions et on n’arrive pas à bien savoir le sens que Rabelais voulait donner. Il fait en même temps une critique à la scolastique, il veut donner un modèle et il y a une sorte d’exhibition de son importance pour donner le modèle d’autorité à son fils ; mais ce modèle efface totalement la figure de Pantagruel.

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