Lecture analytique d'un extrait de la « Lettre de Gargantua à son fils Pantagruel », chapitre VIII de Pantagruel (1532) de François Rabelais. Etude à partir de « Et quant à la connaissance » à « mais la parole de Dieu demeure éternellement »

« C) Un programme éducatif dont l’extrait n’est qu’une partie mais qui se veut complet :  Enumération et anaphore « tous » l.3: programme qui se veut complet  La négation de « rien ne te soit inconnu» va dans le même sens l.5  Perfectio n = un savoir total et juste de l’homme « parfaite cnce »l.8  La récapitulation, en forme de conclusion (« En somme », l.

11) veut résumer ce que doit être la formation d’un humaniste : Pantagruel doit maîtriser toute l’étendue du savoir : métaphore et hyperbole de : « un abîme de science », l.

11.

 Ici idée perfection que suggère « abîme » est : l’infini et une totalité encore une fois de ce savoir  « science » ici : sens étymologique grec « scio » : je sais, « science » = le savoir, la connaissance  Savoir qu i mêle le profane et le sacré, en cela complet aussi.

Transition : Or ce programme éducatif est non seulement exigeant dans son contenu, il l’est aussi dans ses finalités, c’est ce que la 2 e partie de cet exposé analysera.

II.

Les finalités de ce programme correspondent à la thèse de Rabelais sur l’éducation A) Tout d’abord, rappelons en quoi cet extrait est une lettre à visée argumentative - Le texte à des procédés favorisant la compréhension de l’argumentation : - Organisation du discours avec de nombreux connect eurs logiques : clarté du propos, guide bien son lecteur - Registre didactique : [ http://www.site -magister.com/registres.htm ] Définition : il s'agit toujours par ce registre d'apporter au lecteur des informations circonstanciées ou de lui enseigner un certain type de comportement. Formes : elles sont injonctives : Gargantua indique ainsi ce qu’il attend de son fils, c’est sa visée.  Verbes à la 1 ère P.Sg : « je veux que » l.1, 14  Les formes impersonne lles : «il te faudra » l.12 19  Formes à l’impératif : « revisite, acquière- toi, commence à, prends garde à, ne laisse pas » : exhortations !  Formes au subjonctif : « que rien ne te soit inconnu », « que je voie » B) Le s finalités de cette éducation et la thèse de Rabelais à ce sujet : - L.11 « devenir un homme », constituer un homme de qualité, juste, grâce à son éducation - Verbes au futur : indiquent le projet visé pour cette éducation - Joie / curiosité, épanouissement : l.2, l.12, « profité » - La théorie doit être reliée à la pratique :  Livres de médecine / dissections  Sciences naturelles, semblent plus évoquées, par le terrain que par les livres : topographie des lieux l2 -3  Le corps est éduqué, pas seulement l’esprit : art de la guerre  Adverbe « rapidement » insiste sur la pratique : « et je veux que rapidement tu mettes en application de dont tu as profité » l.14.

 Le dialogue avec les savants l.16 -17 : est une pratique, c’est l’expérience, le savoir est réutilisé - La thèse : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »  Mise en valeur par le jeu de mot, les sonorités, la métaphore « ruine »  Pst de vérité générale, valeur de maxime, d’aphorisme  L’âme est à éduquer, en plus de l’esprit et du corps  « conscience » ici : guidée par la foi en Dieu, Dieu qui ap porte la « sagesse »  Thèse de Rabelais : la science, le savoir seuls ne suffisent pas, il faut la sagesse pour les utiliser correctement, à bon escient, c’est -à -dire pour produire le Bien, contre le Mal : champ lexical du Mal : « âmes mauvaises, le pêché »  Sorte de proverbe « la sagesse n’entre jamais dans les âmes mauvaises » : pst de vérité Gnle= mise en valeur de l’idée défendue par Rabelais  Le roi Salomon : symbole de sagesse et d’équité dans l’Ancien Testament.

 Antithèse finale « cette vie est passagèr e, mais la parole de Dieu demeure éternellement » : Pantagruel doit s’en remettre à la loi de Dieu et à celle de charité l.21 (au centre de la phrase) Conclusion : Projet ambitieux que celui de Rabelais au travers de la lettre de Gargantua, relevant d’un idéal mais aussi d’une foi en l’être humain, et en une amélioration de celui -ci.

La maxime de Rabelais « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » est devenue une référence, et par exemple Edgar Morin au XXe siècle, quatre siècles plus tard, philo sophe dont un texte est étudié dans cette séquence s’y réfère dans l’un de ses essais, par contrepoint, intitulé : Science avec conscience pour rappeler cette nécessité de sagesse dans l’utilisation du savoir et de ses avancées.

N otes de voc abulaire du te xte : 1) L.4 « dans le ventre des abîmes » : au plus profond des gouffres souterrains.

2) L.7 « les talmudistes et cabalistes » : spécialistes du Talmud et de la Cabale, textes et commentaires de la religion juive.

3) L.

7 « fréquentes anatomies » : ici, dissection s, pour une meilleure connaissance de l’anatomie et du fonctionnement du corps humain.

4) L.

10 « Epîtres »: lettres écrites par les Apôtres du Christ pour diffuser sa parole et ses actes (Nouveau Testament).

5) L.18 « Salomon » : dans l’Ancien Testament, roi co nnu pour sa sagesse et son équité.. »