Pascal: le peuple et les habiles

Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée. « Le monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle qui est le vrai siège de l'homme. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent, la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant, l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir trouvent qu'ils ne savent rien et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis, mais c'est une ignorance savante qui se connaît. Ceux d'entre deux qui sont sortis de l'ignorance naturelle et n'ont pu arriver à l'autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus. Ceux-là troublent le monde et jugent mal de tout. » « Le peuple et les habiles composent le train du monde ; ceux-là le méprisent et sont méprisés. Ils jugent mal de toutes choses, et le monde en juge bien. » Pascal: le peuple et les habiles [Remarque : ce texte constitue un bon élément de réflexion pour aborder le problème du statut philosophique de la vérité. On y reconnaîtra une thématique chère à Pascal — notamment la théorie de l'impossibilité pour l'homme de rien connaître totalement (agnosticisme). Cette théorie permet de distinguer les dogmatiques qui fondent leur suffisance sur un savoir parcellaire de ceux qui, ayant accompli le périple du savoir, mesurent l'étendue de leur ignorance. Cf. le thème des deux infinis et de la relativité de la condition humaine]