PAUL FORT

Le Champenois Paul Fort a tenu, dès l'âge de dix-huit ans, un rôle important dans l'avant-garde littéraire en créant le Théâtre d'Art; il a fondé, en 1905, une revue de tendances néo-symbolistes, Vers et Prose. Lui-même, cependant, doit peu au symbolisme : sa poésie renoue avec un lyrisme plus large, plus clair, nourri de sève populaire. Sous le titre collectif Ballades françaises, il a publié, depuis 1897, une cinquantaine de recueils, où sont rassemblés des poèmes d'une très grande diversité d'inspiration et de forme. Poète national et folklorique, Paul Fort a chanté les provinces françaises, leurs légendes, leurs traditions, leurs richesses, leur charme, associant avec bonne humeur aux souvenirs du passé les fraîches impressions qu'ont éveillées ses voyages ou ses promenades. Poète lyrique et sentimental, il a célébré surtout l'amour, l'enthousiasme, la fraternité humaine. Il est capable de traduire des émotions profondes et graves; mais il aime aussi s'abandonner à la fantaisie d'une verve malicieuse et folâtre, qui se renouvelle sans cesse. Paul Fort est, en outre, un métricien original. Afin de « marquer la supériorité du rythme sur l'artifice de la prosodie », il s'exprime, non en vers, mais en une prose cadencée, qui, d'ailleurs, dans sa liberté apparente, respecte la structure et l'allure de l'alexandrin : « Suis-je Bacchus ou Pan? je m'enivre d'espace; et j'apaise ma fièvre à la fraîcheur des nuits. La bouche ouverte au ciel où grelottent les astres, que le ciel coule en moi. Que je me fonde en lui. »