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Pensez-vous que l’on puisse traiter de sujets graves et sérieux sur le mode plaisant ou humoristique ?

Publié le 19/01/2011

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Pensez-vous que l’on puisse traiter de sujets graves et sérieux sur le mode plaisant ou humoristique ?

 

 

De nombreux écrivains, cinéastes et dessinateurs ont essayé de jouer sur un registre humoristique ou plaisant pour aborder, parler et développer des sujets graves. Ils ont ainsi tenté de persuader et de convaincre le lecteur ou le spectateur grâce au rire, à l’amusement. Peut-on traiter de sujets graves et sérieux sur le mode plaisant ou humoristique ? Selon ces écrivains, cinéastes,… le rire permet de se libérer et surtout de libérer certains sujets et certaines personnes du silence. Selon d’autres, cela cache la vérité et ne respecte pas la situation abordée.

 

 

Ceux qui se sont essayés à ce registre diront que l’humour permet de parler plus aisément de sujets sérieux que l’on n’ose pas aborder autrement. Ce mode d’expression permet par la suite de « libérer » le sujet choisi, d’ouvrir le débat. Effectivement, après avoir ri d’un sujet, d’une situation, on peut en parler et en débattre beaucoup plus facilement tandis que le contraire est plus délicat (rire d’un sujet et en débattre après avoir vu ou lu une œuvre sérieuse sur ce dernier).

De plus, une œuvre jouant sur un registre humoristique est plus accessible qu’un texte argumentatif sérieux. Il permet notamment  à un jeune public de prendre conscience de phénomènes présents dans la société qui l’entoure ou de problèmes, actuels ou passés, dans le monde. Par exemple, La vie est belle, film italien de Roberto Benigni, aborde le thème de la vie dans les camps de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale, à travers un registre humoristique qui raconte l’histoire d’un père qui, pour cacher les horreurs de ces camps de la mort, fait croire à son jeune fils qu’il s’agit d’un jeu.

Le registre plaisant permet également de prévenir les gens, de les faire réfléchir même s’il ne donne pas d’arguments rationnels. Marivaux, dans La Colonie, nous montre grâce à un registre plaisant, la soumission des femmes aux hommes au XIIIème siècle. Dans cette œuvre, il ne donne pas réellement d’arguments rationnels mais propose au lecteur une réflexion sur le sujet développé.

Ces registres offrent une nouvelle vision du sujet. En jouant sur la persuasion, le cinéaste et l’écrivain cherchent à toucher le spectateur et le lecteur d’une manière différente d’un texte argumentatif classique. Ils ne cherchent pas à ce qu’il se révolte mais à ce qu’il réfléchisse. Cette forme d’écriture permet l’optimisme et l’espérance quant à la résolution des problèmes abordés.

 

 

Si les registres humoristique et plaisant offrent de nombreux avantages, ils possèdent également des inconvénients. Effectivement, le lecteur et le spectateur risquent de ne retenir que l’humour et non le message essentiel de l’œuvre tandis qu’avec une argumentation classique, le lecteur verra forcément ce message.

De plus, selon certains, ces œuvres humoristiques et plaisantes ne sont pas assez réalistes, elles cachent une partie de la réalité. Elles ne permettent pas non plus de rétablir la vérité sur des faits et des sujets passés, présents voire futurs comme le feraient des documents appuyés sur des arguments rationnels et donc sérieux.

L’humour peut également blesser et en conséquence révolter certaines personnes en proie au sujet abordé, souvent grave, du fait d’un humour qui, parfois, peut être noir. Par exemple, l’humoriste français Dieudonné a choqué beaucoup de monde en incluant dans son spectacle des blagues antisémites. De plus, la plaisanterie et l’humour ne respectent pas toujours la situation des personnes concernées par le sujet, en donnant des images négatives de celle-ci et en les dévalorisant.

Un texte ou un film sérieux tente de convaincre par des arguments rationnels comme le fait Choderlos de Laclos dans L’Education des femmes, en 1783. Il argumente au sujet de la soumission des femmes aux hommes avec l’aide d’arguments rationnels, tels que « partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation », et tente à travers ceux-ci de convaincre son lecteur.

Ces œuvres sérieuses jouent même parfois sur la peur et montrent ou décrivent des « horreurs » pour choquer le lecteur et le spectateur et pour éviter que la situation développée ne se reproduise. Un des meilleurs exemples est le film Nuit et Brouillard qui, contrairement au film de Benigni La vie est belle, montre des images choquantes et horribles des camps de concentration et d’extermination afin de choquer le spectateur, pour que cela ne recommence jamais.

 

 

Le choix du registre, humoristique et plaisant ou sérieux, dépend avant tout des sujets et du public auquel l’œuvre est destinée. Si l’humour respecte la situation et les personnes concernées, alors, il peut être intéressant à exploiter car il peut révéler une nouvelle vision du sujet abordé.

Il peut également être très utile s’il permet d’ouvrir le débat et d’arriver à des solutions concrètes. Il permet à tous de prendre conscience de sujets sérieux sans aggraver la situation dans les esprits de ceux où elle est déjà présente. Mais, il y a aussi une nécessité de choquer le lecteur ou le spectateur sur certains sujets tels que la guerre, les génocides,… pour éviter que cela ne recommence, pour prévenir les jeunes générations des dangers de ces actes.

Cependant, même si l’humour ne donne pas d’arguments rationnels, il permet de faire réfléchir le lecteur ou le spectateur tandis qu’une œuvre sérieuse, avec une argumentation classique appuyée sur des preuves scientifiques et donc vérifiées, sur des arguments rationnels,… lui donnera toutes les clés du sujet, et la personne ne sera pas amenée à raisonner seule. Il se peut donc qu‘elle ne soit pas totalement convaincue. Le raisonnement par soi-même est essentiel.

Pour conclure, je pense qu’il faut garder une part de réalisme dans une œuvre (qu’elle soit littéraire ou cinématographique) pour être plausible et pour ne pas entraver totalement la véracité du sujet et surtout, qu’il faut toujours regarder une œuvre avec un esprit critique.

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