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Peut-on prouver l'existence de l'inconscient ?

Publié le 17/01/2011

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Prouver, c'est faire admettre une vérité au moyen d'expériences, et/ou de démonstration. Une preuve, c'est ce qui offre une garantie de vérité; ce qui s'impose à tous les esprits. Dans le domaine des sciences expérimentales, la preuve est ce qui valide une hypothèse préalable, ce qui vient confirmer une théorie. Dans le domaine du psychisme, peut-on parvenir au même degré de certitude? Peut-on établir une preuve irréfutable de l'existence d'un inconscient? Tout dépend déjà de ce que l'on entend derrière la notion d'inconscient. Si par inconscient l'on entend nos états mentaux qui ne sont pas présentement conscients mais qui peuvent le devenir, la question posée ne présente guère d'intérêt. Si par inconscient, on entend ce qui est refoulé, ce qui ne peut accéder à la conscience, l'intitulé pose problème. Comment pourrait-on prouver l'existence d'une chose qui échappe complètement à la conscience? N'existe-t-il pas pourtant des manifestations de l'inconscient dans la vie de tous les jours? Constituent-elles pour autant des preuves irréfutables?

 

I- Les manifestations de l'inconscient

 

Selon Freud, l'inconscient est un système constitué de contenu refoulé. L'inconscient renvoi à tout ce qui ne peut pas accéder à la conscience en raison de la censure. Selon Freud, lorsque le refoulé est doté d'une énergie trop forte, il se manifeste quand même, d'une manière détournée, de symboles dans le rêve, de symptômes dans les névroses et les actes manqués.

 

1- Les actes manqués

Ce sont tous les actes de la vie quotidienne qui ratent leur but intentionnel, conscient et qui finalement exprime autre chose que ce que nous voulions exprimer.

Le plus célèbre d'entre eux est le lapsus, l'emploi involontaire d'un mot à la place d'un autre.

Freud remarque que le lapsus le plus fréquent est celui qui consiste à dire le contraire de ce que nous voulions dire.

D'autres types d'actes manqués sont recensés par Freud tels la fausse lecture, la fausse audition mais aussi certaines erreurs, certains types d'oublis etc;

 

Avant Freud, on ne prête guère attention à ces actes anodins que l'on met sur le compte de l'inattention, de la fatigue ou la distraction. Pour Freud, ces facteurs ne suffisent pas à expliquer les actes manqués. Les actes manqués ne sont pas des accidents mais des actes physiques sérieux ayant un sens et qui sont souvent produits par la rencontre de deux intentions contraires, l'une consciente, l'autre inconsciente. L'une des ces intentions a subit un certain refoulement et se manifeste par la perturbation de l'autre intention bien consciente.

Bref, pour le psychanalyste, les actes manqués sont importants car ils révèlent une intention profonde. Pour Freud, un acte manqué est un discours inconscient réussi.

                        cf : Psychopathologie de la vie quotidienne.

 

 

2- Les rêves

Selon Freud, l'interprétation des rêves est "la voie royale qui mène à l'inconscient". Le rêve est une porte ouverte sur l'inconscient à condition de savoir déchiffrer ce discours qui se présente rarement à nous sous forme d'images claires. pour Freud, si le rêve nécessite une interprétation, c'est que pendant le sommeil; la censure poursuit son activité.

            "Le rêve est un acte psychique complet; sa force pulsionnelle est toujours un désir à accomplir; sa non reconnaissance en tant que désir, ses bizarreries et ses absurdités multiples proviennent de la censure qu'il a subit lors de sa formation." Freud

 

Le rêve est la manifestation d'un désir refoulé dans l'inconscient. Le rêve est la satisfaction hallucinatoire d'un désir. Ce désir que l'on tend à satisfaire dans le rêve subit un déguisement, une démonstration puisque la censure veille encore à ce que le désir ne se manifeste pas tel quel. Le rêve emploi alors des symboles pour réaliser quand même un désir inconscient.

Rq : A cet égard, il représente une sorte de sous pape qui permet à nos désirs inavoués et insatisfaits dans la réalité de trouver une satisfaction hallucinatoire dans une expression symbolique.

 

- Le rêce tel qu'il se donne au réveil est ce que Freud appelle le REVE MANIFESTE,ce dont on se souvient.

- Le sens caché du rêve est ce que Freud appelle le SENS LATENT du rêve, ce qu'il faut analyser.

 

3- Les névroses

Sous ce mot névrose, on rassemble toutes les maladies qui n'ont pas pour cause une raison organique, c'est un trouble de la vie mentale, du psychisme.

Les névroses sont différentes des psychoses par la conscience que le patient a de son état. Le psychotique perd souvent le contact avec la réalité qui l'entoure tandis que le névrosé se rend compte de son état sans pouvoir y échapper pour autant.

Pour Freud, il y a trois névroses principales :

            - La névrose d'angoisse

            - La névrose phobique

            - La névrose obsessionnelle

La phobie consiste à être pris de terreurs violentes et irraisonnées devant des objets bien précis (ex; agoraphobie).

Selon Freud, la névrose phobique est un processus de défense contre une angoisse insoutenable. Le phobique va alors extérioriser son angoisse pour la transformer en danger extérieur.

La névrose obsessionnelle consiste à être assiégé par des idées fixes en permanence. Le patient se sent alors obligé d'accomplir de manière compulsive certains gestes, certains rituels. Le névrosé a bien conscience de son état dans ce cas mais n'y peut rien du tout.

Selon Freud, les névroses sont la manifestation d'un trouble inconscient.

--> Les actes manqués, les symboles dans le rêve ou encore les symptômes dans les névroses sont-ils pour autant des preuves irréfutables d'un inconscient psychique?

 

II- L'impossibilité de la preuve.

 

1- L'inconscient : une hypothèse qui ne peut pas être vérifiée expérimentalement.

Aujourd'hui, la notion d'inconscient semble renvoyer à une sorte d'évidence. Or l'inconscient n'existe pas au même titre que la soleil ou la tour Effel. On ne peut pas le constater de la même façon. Pour Freud lui même, l'inconscient est une hypothèse. Dans son ouvrage, Introduction à la psychanalyse, Freud dit que l'inconscient est une hypothèse nécessaire et légitime pour expliquer les lacunes de la conscience.

Une hypothèse est toujours une théorie élaborée par l'esprit pour tenter d'expliquer un domaine de la réalité.

Dans les sciences expérimentales, une hypothèse est toujours confirmée ou invalidées par une preuve, c-à-d un ensemble d'expériences. La preuve est alors un ensemble de petits faits dont le sens est univoque.

Problème, on ne peut pas prouver de manière expérimentale l'existence d'un inconscient psychique d'autant plus qu'il échappe à la conscience. On ne peut pas démontrer que l'inconscient freudien existe d'autant plus que ce n'est pas un inconscient cérébral que l'on pourrait localiser dans le cerveau, mais au contraire, un inconscient affectif de l'ordre du désir et qui commanderait lui même aux fonctions cérébrales.

 La théorie de Freud n'est jamais qu'une interprétation possible d'une série de phénomènes qui échappent à la conscience mais ce n'est pas la seule et elle prête d'autant plus à discussion qu'elle ne peut être vérifiée de manière expérimentale.

 

Interpréter, c’est chercher le sens de quelque chose dont la signification n’est pas immédiate et univoque (=un seul sens). L’interprétation est une démarche de compréhension, de recherche de sens. L’interprétation suppose que le sens n’est pas directement donné et qu’il faudrait le chercher à travers des signes.

L’interprétation est réservée aux domaines où l’esprit humain se manifeste. Les faits naturels s’expliquent par des lois et des causes alors que les faits humains doivent souvent s’interpréter selon des raisons et des buts.

 

Les actes manqués, les symboles, les symptômes ne sont pas des preuves objectives et irréfutables, mais des choses à interpréter. Or on peut les interpréter de manières différentes car leur sens n’est pas univoque.

Ex : les lapsus : pour certains neurologues, ils sont seulement des erreurs de connexions neuronales et il n’est pas nécessaire de se rapprocher de l’inconscient freudien.

Ex : les rêves : (typiques)

Les rêves dits « typiques «, sont des rêves universels, chaque personne est amenée à le faire au moins une fois dans sa vie. Derrière le rêve de la chute, la perte des dents, être nu dans la foule ou encore voler, les interprétations sont là encore bien nombreuses.

Si on ne peut pas prouver l’existence sur de l’inconscient, comme on peut prouver que la terre est mobile, quelles valeurs accorder aux valeurs sur l’inconscient ?

 

 

 

 

2-     Quel crédit accorder à la notion d’inconscient ?

 

L’inconscient n’est pas une certitude mais une hypothèse fondée sur des interprétations. Il est donc toujours possible d’en contester la réalité. Il est toujours possible de critiquer cette notion.

Ex : la critique de Sartre et Alain.

Cf : Alain, Eléments de philosophie, coll. Idées, Gallimard, P.147

 

Alain critique fortement le concept d’inconscient construit par Freud. Pour lui, ce concept est une erreur car il n’y a qu’un sujet, le moi conscient. L’inconscient pour Alain est un simple mécanisme et il ne faut pas le grossir plus. C’est aussi une faute car pour le philosophe, ce concept tend à déresponsabiliser à l’homme. L’inconscient construit par Freud donne à penser que le sujet conscient serait manipuler par des forces ui lui échappe et qu’il ne pourrait être pleinement être responsable des ses actes.

La notion d’inconscient de Freud peut être contestée de façon théorique et sur le plan moral. On peut contester la valeur scientifique de cette notion. 

Selon Popper, les théories sur l’inconscient ne sont pas scientifiques parce qu’elles ne peuvent pas être testées. Elles ont toujours une réponse à tout posée d’avance et qui peut intégrer dans leur explication n’importe quel cas ? Ce qui fait leur force apparente est donc aussi un faiblesse car on ne peut pas les réfuter.

 

 

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