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Pontigny et Cerisy-la-Salle, colloques de - littérature.

Publié le 28/04/2013

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Pontigny et Cerisy-la-Salle, colloques de - littérature. 1 PRÉSENTATION Pontigny et Cerisy-la-Salle, colloques de, colloques réunissant un grand nombre d'intellectuels français et étrangers, qui se sont tenus sous forme de décades à l'abbaye de Pontigny puis au château de Cerisy-la-Salle. 2 LES DÉCADES DE PONTIGNY DE PAUL DESJARDINS Paul Desjardins est un intellectuel influent, professeur de littérature, critique, journaliste, né en 1859. Il a participé à nombre de débats de société et de controverses politiques, et a notamment pris position en faveur d'Alfred Dreyfus, transformant son cercle d'intellectuels de gauche, appelé Union pour l'action morale, en Union pour la Vérité. Il crée plusieurs structures et organismes dont la vocation est de provoquer la réflexion mais aussi l'action de ses contemporains et de porter aux nues la liberté sous toutes ses facettes. 2.1 Rendez-vous des intellectuels En 1910, Paul Desjardins crée, à l'abbaye de Pontigny (dans l'Yonne) qu'il a récemment achetée, les Décades de Pontigny, qu'il inaugure avec le thème « le Sentiment de la justice «. Il pense alors avoir trouvé le lieu où il pourra, « loin de la dispersion des villes, appliquer discrètement, librement, le régime cénobitique [c'est-à-dire monastique], éprouvé efficace, à l'entretien de la plus pure, de la plus vivace liberté d'esprit «. En 1914, les Décades s'interrompent pour reprendre en 1922. Elles s'arrêtent de nouveau avec la Seconde Guerre mondiale, en 1939 ; Paul Desjardins meurt l'année suivante. Pendant les 70 décades organisées par son créateur, intellectuels, écrivains (notamment le « petit groupe excellent de la N.R.F. «), philosophes, hommes politiques, savants, syndicalistes et étudiants se réunissent, durant dix jours, pour débattre de thèmes littéraires, philosophiques, scientifiques, religieux, sociaux ou politiques. Les approches et les thèmes sont variés : « la Vie ouvrière «, « le Droit des peuples «, « l'Éducation et le Travail «, « la Mystique et la Raison «, « Au sujet de l'ascétisme et de son pouvoir créateur «, « les Relations intellectuelles, morales et spirituelles entre l'Angleterre et la France « par exemple. Parmi ceux qui ont fréquenté ces rencontres figurent Gaston Bachelard, Ernst Robert Curtius, André Gide, les philosophes Bernard Groethuysen et Alexandre Koyré, André Malraux, Roger Martin du Gard, le physicien J. Robert Oppenheimer, Jean-Paul Sartre, Paul Valéry, Herbert George Wells, Jacques Rivière, etc. 2.2 Témoignages Paul Desjardins ne voulait pas publier les actes des rencontres, ni les entretiens, échanges et débats, mais de nombreux témoignages (correspondances, journaux et mémoires) de participants attestent de l'importance de ces manifestations et de la qualité de leur créateur. En 1926, l'écrivain belge Maria Van Rysselberghe raconte la décade à laquelle elle a participé dont le thème est « Un nouvel humanisme est-il possible ? « : « Qu'on s'imagine une réunion de cinquante-huit personnes, dont un tiers au moins mériterait toute l'attention, qui représentent les opinions les plus diverses, les mentalités les plus variées et qui s'affrontent en toute liberté, dans la discussion de sujets si vastes qu'il n'est guère de domaines qu'ils n'englobent, la philosophie, la science, la religion, l'art, la vie, tout [...] Mais le spectacle va bien au-delà ; dans cette petite assemblée, beaucoup de dessous sont sensibles : il y a ce qu'on sait de chacun, la position qu'il a prise dans le monde de la pensée, ce que l'on attend, ce qui déroute ; et ce spectacle s'augmente, d'être perçu en commun et reflété par les physionomies. Sans compter tout ce qui s'est dit et se dira dans la coulisse où les vies privées s'épanchent et s'accrochent. Les réunions ont lieu vers 2 h, dans le salon du rez-de-chaussée, vaste pièce carrée éclairée par quatre fenêtres qui se font vis-à-vis. [...] Du Bos, maître de cérémonie, se tient à l'angle d'une table où il pose une quantité de volumes hérissés de signets, la citation étant son fort et son faible ; M. Desjardins refuse régulièrement le fauteuil qu'on lui destine, affirmant ainsi une humilité ostentatoire fort encombrante. «. À propose de Desjardins, Jean Tardieu témoigne à son tour dans ses Causeries devant la fenêtre : « [Desjardins] était très impressionnant. C'était un grand monsieur, avec un visage socratique, mais vraiment socratique, le front bombé, les yeux enfoncés, la barbe hirsute et rare [...] et comme Socrate aussi, il avait pour arme un humour très aigu, parfois même féroce «. Marcel Proust quant à lui le qualifie dans la Recherche d'« aquarelliste limpide qui s'est transformé en frère prêcheur «. 3 LES DÉCADES, DE ROYAUMONT À CERISY-LA-SALLE 3.1 Anne Heurgon-Desjardin En 1947, la fille de Paul Desjardins, Anne Heurgon-Desjardins, décide de reprendre la main et de prolonger l'oeuvre de son père. Elle a hérité de sa mère du château de Cerisy-la-Salle (dans la Manche), mais, dans l'attente de financements pour les travaux de rénovation, elle organise une quinzaine de décades au Centre culturel de Royaumont, où se retrouvent Francis Ponge, Marcel Arland, Raymond Guérin, André du Bouchet, ou Nicolas de Staël. Elle raconte : « Poussée par les uns, encouragée par les autres, en 1952, je réunis une dernière décade à Royaumont et en hasardai deux à Cerisy. Nous n'étions qu'une quinzaine, mais dès ce galop d'essai, notre président, Marcel Arland, directeur de la Nouvelle Revue Française, nous prédit le succès. « Elle crée alors l'Association des amis de Pontigny-Cerisy, ce qui lui permet de gérer les décades et de financer les actes de colloque du nouveau Centre culturel international de Cerisy (CCIC). Parmi les premiers à diriger les colloques figurent notamment Marcel Arland, Raymond Aron, Pierre Burgelin, Henri Gouhier, Jacques Madaule, Maurice de Gandillac. Les colloques de Cerisy, dont les thèmes se diversifient (politique, enjeux internationaux, critique et avant-garde littéraires , etc.) réunissent entre autres Martin Heidegger, Francis Ponge, Raymond Queneau, Eugène Ionesco, Alain Robbe-Grillet, André Gide. Parmi les quelques 500 colloques organisés à Cerisy, l'un entre eux a marqué particulièrement l'histoire d'un courant, celui de 1971 s'intitulant « Nouveau Roman : hier, aujourd'hui «. 3.2 Cerisy aujourd'hui Après le suicide d'Anne Heurgon-Desjardin en 1977, ses filles, Edith Heurgon et Catherine Peyrou, poursuivent son travail et donnent un nouveau souffle au lieu et aux rencontres en rapprochant et confrontant davantage les disciplines, notamment littéraires et scientifiques, et en s'ouvrant à de nouveaux horizons (cinéma, Internet, par exemple). Toujours aussi vivace, cette institution centenaire a marqué profondément ses participants, notamment Michel Tournier qui raconte en août 1990 un colloque qui lui est consacré : « Cerisy est un château de schiste sombre qui a fort belle allure au bord d'un étang entouré de grands chênes. L'ensemble est sévère, mais accueillant grâce à la cordialité des dames Heurgon et de leurs collaborateurs. La table et le couvert incitent à revenir. Les promenades à pied invitent à la confabulation. Mais la surprise fut pour moi la petite société qui se trouvait là assemblée. Assemblée par quelle force ? Simplement à l'appel de mon nom. Il y avait de quoi s'émerveiller : près de soixante-dix personnes venues à leurs frais des six coins de l'hexagone, mais aussi de l'Australie, du Brésil, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, de Chine que sais-je encore ! Je les ai bien regardées, cherchant l'air de famille qui les rapprochait, puisque c'était là ma famille, et de plus originale, gaie, belle. Je ne me suis pas fait faute de le leur dire aux miens à l'heure de la séparation : vous êtes tous beaux et je vous aime ! « Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« s’émerveiller : près de soixante-dix personnes venues à leurs frais des six coins de l’hexagone, mais aussi de l’Australie, du Brésil, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, de Chine que sais-je encore ! Je les ai bien regardées, cherchant l’air de famille qui les rapprochait, puisque c’était là ma famille, et de plus originale, gaie, belle.

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