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presse, histoire de la.

Publié le 08/05/2013

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histoire
presse, histoire de la. 1 PRÉSENTATION presse, histoire de la, histoire des journaux quotidiens ou périodiques. Des premières feuilles périodiques publiées au XVIIe siècle aux journaux en ligne qui se développent à la fin des années quatre-vingt-dix (la presse « on line «), la forme et le rôle de la presse évoluent considérablement. Les XIXe et XXe siècles, avec l'avènement du journal d'information populaire à grand tirage, sont, plus que toute autre période, le théâtre d'une évolution rapide, aboutissant à une grande diversification et à une multiplication des médias écrits. 2 DE TOUT TEMPS, LES NOUVELLES CIRCULENT... Dans la Rome antique, les Acta Diurna (nouvelles quotidiennes) font figure de lointains ancêtres de la presse. Dès le l'invention de la presse imprimée revient à la Chine : c'est à Pékin, à la fin du IXe Ier siècle av. J.-C., Jules César ordonne que ces feuillets manuscrits soient quotidiennement livrés au Forum. Mais le privilège de siècle apr. J.-C., qu'apparaît le premier journal, fabriqué à partir de blocs de bois sculptés en creux, encrés et appliqués sur du papier. En Europe, jusqu'au Moyen Âge, l'information circule d'abord par le biais de l'oralité. Les nouvelles sont ensuite diffusées par placards ou par des crieurs publics. Elles sont encore et pour l'essentiel une préoccupation des marchands, soucieux de se renseigner de l'état des marchés (en Italie tout particulièrement). À partir du milieu du XVe siècle, grâce à l'invention de l'imprimerie typographique (Gutenberg, 1438), puis grâce à l'effervescence intellectuelle de la Renaissance, les feuilles d'annonces et autres occasionnels imposent progressivement l'idée d'une transmission imprimée des nouvelles. Pour autant, le concept de la presse comme organe de communication périodique n'apparaît pas avant le XVIIe siècle. 3 LE CAP DE LA RENAISSANCE 3.1 Un besoin d'information Durant les XVe, XVIe et XVIIe siècles, le nombre de livres et le nombre des élites alphabétisées et lectrices s'accroissent. Le peuple lui aussi voit ses moyens d'information accrus avec l'apparition de la Bibliothèque bleue de Troyes. Les notions et la conscience collective de « l'opinion « et de « l'information « progressent, renforcés, toujours, par le placardage d'affiches, de libelles lus en public, puis par l'accélération de la circulation des livrets de colportage, canards et autres occasionnels. À côté du vecteur historique de la transmission des informations par l'oralité, toujours dominante, l'écrit se présente comme un canal nouveau, auquel la fin de la période médiévale et surtout la Renaissance, avec leur ouverture au monde et leurs conflits (guerre de Cent Ans, guerres de Religion du XVIe siècle), donnent une importance accrue. Ce besoin d'information et sa nouvelle forme trouvent un relais important dans l'organisation des postes modernes : à la création des grands États modernes correspond, en effet, une plus grande sécurité dans les communications et la naissance des services postaux (1464 en France, 1478 en Angleterre). 3.2 Canards et autres occasionnels Appétit d'information, imprimerie et moyens de diffusion favorisent alors la naissance des premières feuilles volantes imprimées comportant des « nouvelles « et autres récits plus ou moins véridiques. Dès le XVe siècle, les « occasionnels «, petits cahiers de quatre pages agrémentés de gravures sur bois, racontent un événement précis : bataille, funérailles, fête princière. Ils sont surtout vendus par colportage. Plus tardifs, les « canards « n'ont avec l'actualité que des rapports diffus, puisqu'ils traitent avant tout d'événements surnaturels ou diaboliques, de crimes, de miracles, d'histoires d'amour. Le plus ancien connu en France est édité en 1529. Les « libelles «, enfin, naissent au XVIe siècle. Ce sont des feuilles volantes inspirées pour l'essentiel par le débat d'idées autour de la religion et de la monarchie absolue. À la différence des occasionnels et des canards, ce sont des textes élitistes, parfois subversifs, qui entraînent d'ailleurs la naissance des bureaux de censure (en France en 1537). Mais c'est dans le premier tiers du XVIIe siècle que naissent les premières gazettes et avec elles les notions de périodicité de publication, de suivi de l'information -- deux principes cardinaux qui permettent de parler, au sens moderne, de presse. 4 Au LE XVIIE SIÈCLE ET LA NAISSANCE DES PÉRIODIQUES XVIIe siècle, les périodiques imprimés apparaissent dans toute l'Europe. D'abord en Hollande, en 1605, avec un mensuel : les Nouvelles d'Anvers. Entre 1610 et 1622, à Strasbourg, Bâle, Hambourg, Amsterdam ou Londres (avec le Weekly), sont publiés les premiers hebdomadaires. Ce type de publication apparaît ensuite en Italie (1636), en Espagne (années 1660), puis en Russie à la fin du siècle. En France, l'hebdomadaire la Gazette est lancé en 1631 par Théophraste Renaudot, un protégé de Richelieu. C'est l'organe officieux de la Cour où l'on publie pour l'essentiel des nouvelles de l'étranger. Dans un supplément intitulé Relations des nouvelles du monde, Renaudot, considéré comme le père de la presse, s'essaie un temps au journalisme d'analyse et de commentaire, mais il renonce rapidement à cette entreprise périlleuse car la monarchie surveille ce nouveau médium qui permet implicitement le développement du libre arbitre, donc une attitude critique envers le régime. Les publications sont alors soumises à un régime préventif comportant l'obligation d'obtenir une permission ou un privilège. Seules les publications officielles peuvent traiter des sujets d'actualité, mais avec prudence. Par une compensation naturelle à la médiocrité de la presse d'information, les nouvellistes prennent donc une importance considérable à Paris : dès le milieu du XVIIe siècle, des articles de commentaires étendent leur champ d'information à tous les aspects de la vie sociale et culturelle, inondant la France de multiples nouvelles manuscrites. Du reste, en 1762, la Gazette est annexée au ministère des Affaires étrangères, et, jusqu'à la Révolution, elle conserve seule le monopole des informations politiques, nationales et internationales. Parallèlement, dans la généalogie de la presse française, deux autres titres importants s'imposent aux cotés de la Gazette : le Journal des savants (scientifique) et le Mercure galant (culturel et littéraire). 5 LE XVIIIE SIÈCLE : LA PRESSE, CANAL DU POLITIQUE 5.1 La tentation d'une presse libre Au XVIIIe siècle en France, à la différence de l'Angleterre où la presse est déjà engagée dans la lutte politique (voir quatrième pouvoir), les instruments privilégiés des débats d'idées demeurent le livre et le libelle. L'activité journalistique n'est pas encore considérée comme un métier à part entière. Et de façon générale, les nouvellistes n'ont pas bonne presse... Surveillée, censurée (sauf pour certains titres bilingues publiés sous le manteau en Hollande et diffusés clandestinement), la presse doit attendre la période révolutionnaire pour que la pression événementielle et la curiosité qu'elle fait naître au sein de l'opinion lui confèrent toute son importance et son rôle capital dans l'arène politique. Le rôle des Lumières est aussi très important : la curiosité intellectuelle du XVIIIe siècle et les élans frondeurs de certains intellectuels favorisent le développement d'un idéal de libre arbitre politique dont la presse constitue un lieu de représentation et un canal de diffusion. 5.2 Le tournant des années révolutionnaires La Révolution française marque une étape fondamentale dans l'histoire de la presse. Quelques années après la naissance du premier quotidien (le Journal de Paris, 1777) sont établis pour la première fois les grands principes de la liberté de la presse, qui servent de programme, durant tout le XIXe siècle, aux revendications des journalistes du monde entier. L'article XI de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789) affirme, en effet, « la libre communication de la pensée et des opinions comme un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi «. De 1789 à 1800, plus de 1 500 titres paraissent, allant du pamphlet de parution irrégulière publié par un seul homme au véritable quotidien d'information rédigé par toute une équipe. Les ténors de la Révolution, tels Camille Desmoulins, fondateur du Vieux Cordelier, ont souvent une tribune de presse où s'exprimer. Il y a certes des freins à la liberté de la presse, dus à l'instabilité gouvernementale : objet de houleux débats, elle est à plusieurs reprises suspendue et, en 1800, un décret rétablit le régime de l'autorisation préalable, le contrôle et la censure. Nonobstant, cette flambée de publications et le rôle central des journaux dans le débat et le combat politique de la dernière décennie du l'apanage des élites et il faut attendre le XIXe XVIIIe siècle soulignent la puissance acquise par le journal auprès de l'opinion. Certes, la lecture est encore siècle pour que sa lente démocratisation entraîne une diffusion auprès du peuple. Néanmoins, le journal s'est imposé comme le canal privilégié de transmission de l'information politique. Son statut est reconnu dans le déroulement du débat public. 5.3 Reprise en main Après la période révolutionnaire, la sévère surveillance à laquelle l'Empire et la monarchie de Juillet soumettent la presse témoigne d'une prise de conscience très nette de ce pouvoir (sinon déstabilisateur, du moins de forte influence sur l'opinion). Les rédacteurs du National jouent un rôle central dans le déclenchement des Trois Glorieuses (Révolution de juillet 1830), répondant ainsi à l'intensification de la censure de presse au cours des années 1820. Jusqu'en 1881, la presse française lutte pour reconquérir la liberté à laquelle elle a goûté pleinement de 1789 à 1792. 6 Au INDUSTRIALISATION, LIBERTÉ ET MASSIFICATION XIXe siècle en France, la presse vit trois révolutions successives : l'industrialisation des procédés de reproduction, l'explosion des tirages de la grande presse populaire à bas prix, l'obtention de la loi fondamentale de liberté de la presse en 1881 et la démocratisation du régime de l'information. 6.1 Deux périodes dans le siècle Pendant la première moitié du XIXe siècle, le journal reste un produit rare et cher et qui évolue peu dans sa forme : la mise en page ne cherche pas à séduire et le texte, simplement découpé en colonnes, comporte peu de titres. Le journal est encore réservé à une élite cultivée et fortunée. En effet, le prix des journaux, vendus avant tout par abonnement, est grevé par le droit de timbre, taxe prélevée par les autorités sur chaque numéro diffusé. En 1826, le coût de cette taxe représente 47 p. 100 des dépenses du quotidien le Constitutionnel. Cependant, à partir des années 1830, la donne évolue. 6.2 Naissance d'une grande industrie Les mutations techniques débouchent sur une industrialisation progressive. De 1810 aux années 1880 sont mis au point les presses à cylindre, l'impression recto verso, l'encre industrielle, les rotatives (1845), le papier bobine (1865), la photographie, la machine à écrire, la Linotype (1884, qui permet l'accélération de la composition et le moulage automatique des caractères). Ces progrès se marient à la modernisation des transports (chemin de fer, poste) et à celle des messageries de presse, qui révolutionnent la diffusion des journaux en instaurant un mode de diffusion au numéro, en kiosque, chez les libraires, par crieurs de journaux. Enfin, le télégraphe, puis les transcripteurs rapides (1830-1880), indissociables de la naissance des premières agences de presse (en France : Havas, en 1832), élargissent et accélèrent le marché des nouvelles en en améliorant la qualité informative. Partant de cette évolution et de l'inflation des tirages, l'entreprise de presse cesse d'être artisanale pour devenir industrielle et concurrentielle. 6.3 Expansion de la presse populaire en France Cette expansion est rendue possible par la disponibilité des lecteurs. Plus on avance dans le siècle, plus le journal est prisé. La progressive généralisation de l'instruction, l'urbanisation, les soubresauts de la vie politique, le développement des moyens de communication aiguillonnent l'intérêt de la population pour l'information et les opinions que la presse répercute. Objet de médiation entre le citoyen et le monde, elle devient un guide, un moyen d'information, ainsi qu'un lieu de divertissement. Cette évolution détermine la naissance des quotidiens populaires à grand tirage dans lequel l'information générale l'emporte sur l'information politique. En 1836, en France, Émile de Girardin baisse le prix de la Presse de 50 p. 100. La plupart des patrons de journaux l'imitent et, en 1863, Moïse Millaud, fondateur du Petit Journal, inaugure l'ère de la presse à 5 centimes. La généralisation de ces titres à 5 centimes génère un rapide accroissement des tirages. Cette expansion n'est pas qu'une affaire de coût : les quotidiens s'adaptent aussi à l'attente sociale. Ils offrent une information simple et captivante pour des gens simples, en mettant en avant les recettes du fait divers et des feuilletons rédigés par de grandes plumes. D'où la fulgurante progression de la presse d'information populaire qui, dès les années 1870, écrase de sa supériorité le panorama médiatique. À terme, pour quelques dizaines de milliers d'exemplaires diffusés au début du siècle, des millions sont vendus chaque jour à la fin du XIXe siècle. En témoigne le tirage global des quotidiens régionaux français qui diffusent à 2,8 millions d'exemplaires en 1885 pour 100 000 seulement en 1830. En témoigne également le poudroiement des quotidiens nationaux et la fulgurante ascension, entre 1880 et 1900, des « Quatre Grands « de l'époque : le Petit Journal, le Petit Parisien, le Matin, le Journal. La France connaît alors la plus forte diffusion en Europe avec l'Angleterre, ou The Daily Mail (quotidien à 1 cent) dépasse le million d'exemplaires. 6.4 La grande loi de liberté de 1881 La conquête essentielle et attendue de longue date de la liberté de la presse stimule plus encore l'entrée dans une ère nouvelle. Dès 1856, la presse non politique n'a plus à payer le droit de timbre. Cette mesure stimule le développement de la presse populaire d'information non politique. Mais la liberté politique de la presse constitue une étape autrement importante. La naissance et la consolidation de la République parlementaire sonnent en effet le glas d'un régime procédurier, arbitraire, coercitif. La loi du 29 juillet 1881, sur laquelle est encore fondée la législation aujourd'hui, garantit une très large liberté d'expression et d'opinion. Elle simplifie les procédures administratives préalables à la création et à la diffusion d'un nouveau titre. Elle supprime les entraves préalables (censure, cautionnement). Elle prévoit la punition de l'incitation aux crimes, délits, à la désobéissance militaire, les offenses au président de la République et aux diplomates étrangers, les outrages aux bonnes moeurs, la publication de fausses nouvelles, la diffamation... C'est le régime de presse le plus libéral au monde et un modèle. Cette révolution civique et républicaine donne au citoyen non seulement le droit de lire la presse mais le devoir de s'en emparer pour se forger une opinion dans le cadre du débat démocratique, dont le journal est un des principaux vecteurs ( voir affaire Dreyfus). Par ce biais, la presse acquiert un statut central dans la société : elle devient l'instrument privilégié de la communication politique et sociale, et le symbole de sa démocratisation. 7 L'« ÂGE D'OR « DE LA PRESSE 7.1 Croissance et modernisation En Europe et aux États-Unis, la charnière des XIXe-XXe siècles est une période faste, tant sur le plan de la diffusion, de l'industrialisation, que sur celui de la modernisation et de la professionnalisation du journalisme. Il est usuel de désigner cette période comme « l'âge d'or « de la presse. La révolution industrielle et socioculturelle entraîne une diversification et une multiplication des supports : quotidiens populaires, politiques ou exigeants (à l'image du Temps, ancêtre tutélaire du Monde), journaux d'abonnés, titres périodiques d'information générale ou spécialisée, ancêtres de nos hebdomadaires et de nos magazines (sport, femmes, loisirs, photographie, enfants...). À titre d'illustration chiffrée de cette croissance, notons qu'en 1870, la France compte 136 quotidiens nationaux et régionaux ; en 1914, elle en recense 322 ! Les tirages ont été multipliés par plus de 6 (de 1,42 million à 9,5 millions d'exemplaires quotidiens). Quant aux « Quatre Grands «, leur tirage est passé, à lui seul, de 1 à 4 millions entre les années 1880 et 1914. 7.2 Reportage et investigation Le fait divers et la dénonciation de scandales (affaire de Panamá), mais aussi la crise politique (affaire Dreyfus) sont au centre de la réussite de la presse ; le reportage, sur un modèle d'abord américain, s'ajoute à la bonne vieille recette de la chronique. Le journalisme évolue, se professionnalise. Aux États-Unis, les journalistes Joseph Pulitzer, Edward Wyllis Scripps et William Randolph Hearst conçoivent leur métier en fonction de l'urbanisation, de l'évolution de la société et de ses aspirations. À la fin du XIXe siècle, le New York Times établit sa réputation en couvrant intégralement les événements nationaux et étrangers. En Angleterre, dès 1871, The New York Herald -- une référence internationale -- envoie sir Henry Morton Stanley à la recherche de l'explorateur David Livingstone. Il invente le reportage événement. En France, l'écrivain et journaliste Gaston Leroux rejoint l'expédition d'Adolf Erik Nordenskjöld dans l'Antarctique. Il câble ses papiers et offre au Matin l'exclusivité d'un reportage que les autres journaux ne pourront obtenir qu'une fois le bateau revenu à Boulogne. En 1904, Ludovic Nadeau couvre la guerre russo-japonaise. Il se rend célèbre quelques années plus tard en obtenant une interview de Lénine (1917). Avec le XXe siècle naissent donc une nouvelle presse et un nouveau journalisme qui ne sont plus ceux des chroniqueurs du XIXe siècle qui, installés devant leur sous-main, dans leur bureau, « troussaient un article comme ils troussaient une fille, frisant leur moustache entre deux duels, bombant le torse dans les cafés des boulevards « (Wolgensinger, l'Histoire à la une : la grande aventure de la presse, Gallimard, 1993). Dans cette évolution, la presse profite aussi de la perpétuelle modernisation technique et logistique des services des agences de presse : Havas (France), Reuter (Grande-Bretagne), Wolf (Allemagne), Associated Press et United Press (États-Unis). La période de la Première Guerre mondiale, outre l'engagement propagandiste de la presse nationale, voit l'apparition de la presse des tranchées. 8 L'ENTRE-DEUX-GUERRES 8.1 Modernisation et diversification Les années d'après-guerre restent une période faste, durant laquelle, cependant, la presse écrite découvre la concurrence naissante de la radio. Au reste, le bilan de la guerre, qui a entraîné de juteux bénéfices (dus à l'appétit d'information de la population), est assez mitigé. Les grands quotidiens ont d'abord explosé -- de 5,5 millions d'exemplaires en 1914 à 8,2 millions en 1917 --, puis ils chutent : 6,4 millions en 1918 et 4,4 millions en 1924. Ainsi « l'âge d'or « de la presse, lui aussi et malgré tout, se pare à son tour d'un voile endeuillé et l'univers des médias écrits s'apprête à évoluer. Jusqu'en 1939, sous l'influence de facteurs économiques, politiques, culturels et techniques, l'univers des médias écrits se modernise, s'étoffe, se spécialise et change de visage. On peut bientôt distinguer deux grandes familles : celle des quotidiens (un marché qui frôle déjà la saturation) et celle de la presse périodique et magazine en pleine expansion. Ces deux genres sont pour partie en concurrence, mais, pour l'essentiel, leurs représentants jouent sur les mêmes ficelles pour fidéliser et élargir leurs publics : diversification des sujets (affirmation de sujets clefs comme le sport, les jeux...), innovations techniques (mise en page, amélioration des procédés d'imprimerie, introduction de la photographie, etc.). Il s'ensuit une évolution importante de forme et de contenu, déterminée en grande partie par la relative dépolitisation de la presse d'information générale -- même si celle-ci prend finalement parti, en France, dans le contexte de tension des années trente. 8.2 Une crise de langueur des quotidiens Du côté des quotidiens, le succès d'un nouveau venu, Paris-Soir (1930, tirage de 1,7 million d'exemplaires en 1939), masque en réalité une crise de langueur. Le marché quotidien français marque le pas, à l'image de la chute d'audience des « Cinq Grands « qui perdent entre 30 et 60 p. 100 de leur lectorat (aux quatre premiers évoqués s'est joint l'Écho de Paris). Cette perte est due à la fois à une crédibilité entamée par les affaires de vénalité et de diffamation (affaire Salengro et affaire Stavisky), aux effets de la concurrence et au fractionnement des lectorats, à la baisse des revenus publicitaires et au coût grandissant (charges salariales, coût technique) de ce qui est désormais une profession à part entière : le journalisme. Cette crise des quotidiens est due également à l'attraction de la presse périodique et à la vigueur de la presse de province qui a gagné en qualité d'information et à laquelle le public, friand d'informations locales, est de plus en plus attaché. 8.3 L'univers en devenir des périodiques Une des particularités de l'entre-deux-guerres est donc l'émergence d'un vaste marché périodique : hebdomadaires politico-culturels, magazines d'information ou de divertissement spécialisés. La forte présence de ce secteur renvoie à une progressive évolution des pratiques de lecture. Outre le foisonnement des périodiques ou mensuels politiques (Vendredi, Marianne, Esprit et la Lumière, notamment, à gauche ; Candide, Gringoire ou Je suis partout à l'extrême droite) et syndicaux, le paysage médiatique accueille des revues littéraires et culturelles qui deviennent des références : la Nouvelle Revue française (NRF), les Nouvelles littéraires, entre autres. La presse magazine, inscrite en germe avant-guerre, se développe, surtout au cours des années trente. Elle influence elle aussi la forme des quotidiens (mise en page), tout en révélant les nouvelles préoccupations du public, à l'instar de la création du premier magazine radio, en 1928, Mon programme. Elle joue sur le succès des publications illustrées : la photographie est le grand vainqueur de cette période. Elle favorise l'envol des magazines, dont l'éventail s'élargit considérablement en quelques années. Outre la véritable institution de l'Illustration, d'autres titres photographiques s'installent : Miroir du monde, Regards, Miroir des sports, Voilà, Vu... Certaines réussites sont fulgurantes, comme celle de l'hebdomadaire Match (matrice de Paris-Match) qui passe de 0,5 à 1,4 million d'exemplaires entre 1938 et 1939. Par ailleurs se développent la presse du coeur, la presse enfantine, les hebdomadaires satiriques, la presse sportive et à sensation, la presse féminine, dont Marie-Claire (1937) est un emblème et une réussite, montrant le profit que l'on peut tirer du parti pris d'optimisme et de la logique du keep smiling empruntée aux Américains. 9 LA PRESSE DEPUIS 1945 Après la parenthèse des années de guerre où se développe la presse clandestine, l'univers des journaux vit une profonde métamorphose. dès l'après-guerre, l'information écrite est sérieusement concurrencée par la radio. À la fin des années cinquante, la télévision à son tour devient une concurrente. le privilège sur l'information dont bénéficiait l'écrit depuis le XVIIe siècle est remis en cause par l'attraction des prouesses techniques de l'audiovisuel (information rapide, prise directe sur l'événement, image « vivante «), par les transformations des modalités de lecture et le recul du temps consacré à celle de la presse en particulier. Quoique certains, trop pressés et piètres prophètes, ont cru bon d'annoncer, dans les années soixante-soixante-dix, la « fin de l'écrit «, la presse relève le gant, se modernise (impression, mise en page, élargissement du champ informatif), se spécialise et se plie, avec difficulté certes, mais sans dépérir, à la loi de plus en plus dominante, voire écrasante, de la mise en régie des titres (grands groupes multimédias) et, plus que jamais, de la concurrence économique. De cette évolution et de cette épreuve, les magazines sortent indéniablement vainqueurs. 9.1 Sous les Trente Glorieuses 9.1.1 L'élan artificiel de la Libération En 1944, le gouvernement provisoire d'Alger suspend les titres ayant continué à sortir après l'invasion des zones Nord et Sud. Pour réinstaller une République et une presse garantes du débat démocratique, l'État instaure la rupture : épuration des titres collaborateurs, séquestration de leurs biens attribués aux journaux autorisés, création de l'Agence France-Presse (AFP), des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP), de la régie publicitaire Havas, exonération de certaines charges fiscales et aide à la diffusion (tarifs réduits par la Poste et la SNCF). Le paysage de l'écrit s'en trouve bouleversé. Seuls le Figaro, la Croix, l'Humanité, le Populaire réchappent de la tourmente. Franc-Tireur, Combat, Défense de la France, Front national naissent de la clandestinité et sont rejoints par des nouveaux venus, tels le Parisien libéré, Libération et le Monde notamment. Mais si les tirages s'envolent (12 millions d'exemplaires en 1945 et 15 millions en 1946) dans une France libérée et euphorique, la situation s'assombrit rapidement : restrictions et prix du papier, faible pouvoir d'achat des lecteurs et logique sélective du marché entraînent des coupes claires : 50 p. 100 des titres disparaissent en quinze ans. À l'élan artificiel de la Libération succède un temps d'incertitude. 9.1.2 Début d'une crise durable Les quotidiens perdent dès lors du terrain relativement à la croissance démographique du pays. Cette crise est due à la concurrence de l'audiovisuel et des magazines, au reflux de la presse politique, à la place grandissante des titres régionaux. « Les feuilles mortes se ramassent alors à la pelle «, particulièrement du côté des quotidiens politiques : l'Aube (1951), Franc-Tireur, le Populaire (1969), Combat (1974). L'Humanité ne cesse de faiblir. La pression sélective du marché entraîne une passation de pouvoir entre presse d'opinion et presse d'information et un rééquilibrage gauche / droite par rapport à la dominante de gauche des années 1940-1950. Néanmoins, les titres d'information générale souffrent aussi, ce dont témoigne la disparition de Paris-Jour (1957-1972) et l'éphémère expérience de Paris-Matin (1964). Certes, France-Soir, le Parisien libéré, le Monde, et plus encore les régionaux (Ouest-France en tête), montrent un profil assez stable, voire conquérant. Mais, en 1972, la France ne compte plus que 89 titres, contre 203 en 1946, et la diffusion quotidienne, avec 10 millions d'exemplaires quotidiens, est à la baisse. 9.1.3 Et à l'étranger ? Cette situation n'est pas propre à la France. Par-delà les disparités liées à la nature des pratiques de lecture et aux caractéristiques propres à l'histoire de la presse dans tel ou tel pays, en général, les quotidiens pâtissent d'une désaffection. En Europe, excepté la situation spécifique de l'Allemagne renaissante et de la réussite de Bild Zeitung (3 millions en 1970), hormis la bonne santé des titres nordiques, le tableau est nuancé, aussi bien pour l'Angleterre (qui se maintient tout de même grâce à une très forte tradition de lecture de la presse et des titres moteurs comme The Daily Express, The Daily Mail, The Times, The Sun...) que pour l'Autriche et l'Italie (malgré le lancement de la Repubblica, en 1976). Aux États-Unis enfin, pays de la télévision reine, la pression sélective des titres est extrêmement forte et le progrès général des tirages accuse un retard sur la progression démographique. 9.1.4 Le succès des magazines : un phénomène planétaire Les énormes progrès des périodiques et magazines constituent une des principales caractéristiques des années cinquante-soixante-dix. Cette presse aiguillonne le mode d'écriture et d'investigation journalistique en l'ouvrant à l'évolution socioculturelle. Elle joue la carte de la spécialisation et de la modernisation technique. La démocratisation de la lecture conjuguée à la révolution du temps libre et des loisirs détermine leur succès, avec des titres emblématiques à la réussite planétaire (l'américain Vogue, le français Elle). Même s'il existe en France une tradition « magazine « datant de l'entre-deux-guerres, les États-Unis sont en ce domaine les maîtres incontestés avec Newsweek, US News and Report, Look, Life. En Allemagne, Der Spiegel réussit dès son lancement en 1947. En France, la période est très faste. Elle voit la naissance des hebdomadaires d'opinion et d'information, aussi appelés « news magazines « : l' Observateur (1950, puis France Observateur), l'Express (1953), le Point (1972). Avec des couleurs attractives, une photographie omniprésente, des maquettes innovantes et des typographies modernes, les magazines augmentent leur lectorat, à l'instar de la presse sportive qui compte 169 titres en 1970, à l'exemple encore de la presse à sensation, de la presse féminine, de la presse musicale. Paris-Match est un des principaux symboles de cette progression des périodiques sur le marché français. 10 1975-2000 : UN ÉTAT DES LIEUX NUANCÉ En accentuant les tendances de la période des Trente Glorieuses, le dernier quart du 10.1 XXe siècle voit une nouvelle métamorphose de la presse. Pourquoi les quotidiens faiblissent-ils ? En France, le taux de pénétration des quotidiens auprès de la population passe de 221 p. 1 000 en 1973 à moins de 150 p. 1 000 en 1997. Il n'a jamais été aussi bas au XXe siècle. Certes, tous les secteurs de la presse écrite ne sont pas en crise, comme le montre l'accroissement du tirage total annuel tous supports confondus (7 milliards en 1970 et 8,12 milliards en 1996) ; toutefois, la crise des quotidiens est profonde, ancienne et durable. Elle est déterminée par la très forte concurrence de l'audiovisuel (radio et télévision) malgré la modernisation des quotidiens, par l'augmentation des prix, par le coût d'une économie des médias et d'une concurrence toujours plus exigeante, par la multiplication des titres et l'atomisation des revenus publicitaires, enfin par la transformation et le recul des pratiques de lecture (55 p. 100 des Français de plus de 15 ans parcouraient un quotidien chaque jour en 1973 et moins de 40 p. 100 en 1998 ; ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la presse périodique). Les quotidiens, tels le Monde, le Figaro ou Libération réussissent régulièrement à endiguer les pertes qu'entraîne cette situation en changeant de maquette, en répondant aux aspirations d'un lectorat plus exigeant. Ils cherchent à résister à l'attraction déstabilisante d'un marché très ouvert où les magazines, toujours plus nombreux et spécialisés, attirent un public grandissant. C'est pourquoi, au-delà de leur fonction première, qui consiste à présenter des informations générales d'ordre politique, économique et social, ils diversifient leur contenu, abordant des sujets ayant trait à la vie quotidienne et proposant de plus en plus souvent des suppléments thématiques culturels, scientifiques et technologiques, voire des numéros dominicaux (depuis la fin des années quatre-vingt-dix, en particulier pour les quotidiens régionaux). Malgré ces efforts, la presse quotidienne subit une crise de diffusion, dont témoigne la perte de près de 2 millions d'exemplaires quotidiens entre 1975 et 1998 (8,8 millions en 1998), par l'échec de nouveaux titres comme Infomatin (1994-1996) ou le Quotidien de la République (1998), par l'étiolement des tirages de France-Soir ou de l'Humanité. Rares sont les cas de quotidiens en progrès, sauf trois exemples atypiques : la Tribune et les Échos progressent nettement (soulignant la bonne santé de la presse économique), et l'Équipe maintient une forte diffusion. Même les quotidiens régionaux, pourtant réputés mieux résister à cette crise, subissent le contrecoup de la désaffection des lecteurs. 10.2 Contrastes mondiaux Au regard de la situation internationale, la France accuse un déficit certain, loin du peloton de tête où figurent le Japon, l'Australie et l'Europe du Nord. À peu d'exceptions près, il s'avère cependant que les taux de diffusion des quotidiens reculent presque partout, y compris dans les bastions de l'Europe du Nord (Suède et Finlande). La chute est plus sévère encore dans les ex-pays du bloc soviétique : à l'euphorie de la période 1989-1991 succèdent des temps de crise prononcée puisque la presse y subit des pertes considérables. En Europe, un contraste Nord / Sud souligne toujours une meilleure diffusion dans les pays du Nord, en Allemagne et en Grande-Bretagne où The Sun, leader des ventes, tire environ à 4 millions d'exemplaires. Un tirage qui fait ressortir la faiblesse des quotidiens français : pas un seul n'atteint le million, loin s'en faut, puisque Ouest-France, pour les régionaux, flirte « seulement « avec la barre des 800 000 exemplaires, cependant que pour les titres nationaux, le Parisien avoisine les 450 000 au mieux. Aux États-Unis, le taux de pénétration chute : 269 p. 1 000 en 1987 et 226 p. 1 000 en 1995. Cette situation met en lumière la question cardinale de la perte de crédibilité des médias autant que celle d'une crise structurelle et économique. Enfin, on peut évoquer deux autres situations, très contrastées : le Japon et l'Afrique. Au Japon, le recul de diffusion est imperceptible (0,87 p. 100 entre 1987 et 1995) et la tradition très forte de la lecture de presse permet au pays d'être le paradis de la presse dans le monde, avec le tirage de plusieurs millions de titres (Mainichi shinbun, Asahi shinbun, Yomiuri shinbun). En revanche, en Afrique, le taux de pénétration de 21 p. 1 000, selon le recensement de 1987, souligne emblématiquement une énorme faiblesse déterminée par la conjugaison de l'analphabétisme, des faibles PIB, de l'instabilité politique et du mépris fréquent des règles de la démocratie. 10.3 L'« âge d'or « des périodiques En 1997, les magazines grand public représentent à eux seuls 47 p. 100 du chiffre d'affaires de la presse française. À lui seul, ce pourcentage symbolise ce qui pourrait être à terme une passation de pouvoir entre l'information quotidienne et l'information périodique. En effet, contrastant avec les tirages moroses des quotidiens, la santé des périodiques d'information et d'opinion est indubitable. Probablement jouent-ils, dans leur conjugaison avec l'information télévisée délivrée quotidiennement, un rôle de substitut au quotidien. Du côté des hebdomadaires à coloration politique ou politico-polémique, le Canard enchaîné -- une véritable « institution « -- témoigne de cette bonne santé : il tire à 476 000 exemplaires en 1996. C'est aussi le cas du Monde diplomatique (197 000 exemplaires en 2000), et du Courrier international (120 000 en 2000). C'est également celui des news magazines, malgré de sporadiques essoufflements : 1,25 million en 1976, 1,65 en 1996, 1,52 en 1997, 1,7 en 1998. En dépit de cette légère baisse, l'arrivée réussie, aux côtés de l'Express, le Nouvel Observateur et le Point, de l'Événement du jeudi (fondé en 1984 par Jean-François Khan) et Marianne (même fondateur, 1995 ; 204 000 exemplaires en 2000) prouve que le secteur reste porteur, à condition d'en renouveler le genre. L'ascension et la domination des périodiques est donc l'élément le plus spectaculaire de l'histoire récente de la presse, en France plus qu'ailleurs. En 1997, 1 507 titres peuplent et émiettent à la fois cet univers foisonnant. 90 p. 100 des Français déclarent lire un magazine régulièrement contre 61 p. 100 en 1967. Ce sont de loin les plus gros consommateurs de magazines en Europe, deux fois plus qu'en Grande-Bretagne. Nonobstant, la Grande-Bretagne connaît des titres à succès, tel News of the World, tabloïd hebdomadaire tirant à 5 millions d'exemplaires. Cet engouement est symptomatique d'une évolution socioculturelle mettant en avant la transformation et la diversification des pratiques culturelles et de loisirs, l'augmentation du temps non travaillé. Les succès de la presse « senior « (tel Notre temps, qui tire à plus d'un million d'exemplaires depuis 1997), la santé florissante de la presse sportive, de la presse féminine, de la presse à sensation et d'indiscrétion, des magazines régionaux et de voyage, etc., sont emblématiques de cette évolution. 11 AU SEUIL DU XXIE SIÈCLE 11.1 Le temps des empires de presse La croissance des empires de presse constitue un des éléments majeurs du journalisme au xxe siècle. Au Royaume-Uni, Rupert Murdoch, le plus grand propriétaire de journaux, dirige un conglomérat gigantesque de médias. Il détient News Corporation, The Sun, News of the World, The Times, Sunday Times, et Today. Daily Mail and General Trust, une autre société, contrôle The Daily Mail, The Mail on Sunday, The London Evening Standard et toute une série de titres régionaux. En France, cette concentration détermine la constitution de groupes de presse, comme celui de Robert Hersant ou d'Émilien Amaury. D'autres groupes importants jouent un rôle clef sur le marché, tel Hachette-Filipacchi (presse, audiovisuel, édition). La mise en régie d'un nombre croissant de titres semble être une dominante de l'époque, même si de nombreuses histoires de presse débutent encore. mais la gageure est de plus en plus difficile à relever. 11.2 L'heure d'Internet Parmi les autres grands faits de la période doivent être relevées deux révolutions technologiques : la publication assistée par ordinateur (PAO) et Internet, qui ont permis le développement de systèmes sophistiqués de composition électronique, où des ordinateurs mémorisent les informations. L'utilisation croissante de la composition électronique et de la transmission de données a permis le développement de journaux nationaux avec des installations d'impression décentralisées. Elle a également permis de gérer de plus en plus la presse en fonction de la demande (éditions locales de Ouest-France par exemple) et d'élargir de façon notable la diversité des possibilités de mise en page. Autre révolution : les journaux en ligne. On ne peut préjuger de la présentation qu'aura, tôt ou tard, le journal. Forme électronique ou non ? Certains se risquent à faire un pronostic. Il est vrai que la plupart des grands quotidiens ou périodiques ont d'ores et déjà un service en ligne sur Internet, qui permet à la fois de promouvoir les publications par un autre canal que la vente des versions « papier « et d'offrir des services non disponibles sur les versions kiosques. Ces services ne se substituent pas aux journaux. Voici donc une nouvelle phase de transition de laquelle devraient ressortir des modèles de distribution de l'information encore diversifiés -- ce qui, à vrai dire, ne serait que la poursuite du processus entamé au cours du Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. XIXe siècle.
histoire

« 5 LE XVIII E SIÈCLE : LA PRESSE, CANAL DU POLITIQUE 5. 1 La tentation d’une presse libre Au XVIII e siècle en France, à la différence de l’Angleterre où la presse est déjà engagée dans la lutte politique ( voir quatrième pouvoir), les instruments privilégiés des débats d’idées demeurent le livre et le libelle.

L’activité journalistique n’est pas encore considérée comme un métier à part entière.

Et de façon générale, les nouvellistes n’ont pas bonne presse… Surveillée, censurée (sauf pour certains titres bilingues publiés sous le manteau en Hollande et diffusés clandestinement), la presse doit attendre la période révolutionnaire pour que la pression événementielle et la curiosité qu’elle fait naître au sein de l’opinion lui confèrent toute son importance et son rôle capital dans l’arène politique.

Le rôle des Lumières est aussi très important : la curiosité intellectuelle du XVIII e siècle et les élans frondeurs de certains intellectuels favorisent le développement d’un idéal de libre arbitre politique dont la presse constitue un lieu de représentation et un canal de diffusion. 5. 2 Le tournant des années révolutionnaires La Révolution française marque une étape fondamentale dans l'histoire de la presse.

Quelques années après la naissance du premier quotidien ( le Journal de Paris, 1777) sont établis pour la première fois les grands principes de la liberté de la presse, qui servent de programme, durant tout le XIXe siècle, aux revendications des journalistes du monde entier.

L'article XI de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789) affirme, en effet, « la libre communication de la pensée et des opinions comme un des droits les plus précieux de l'homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». De 1789 à 1800, plus de 1 500 titres paraissent, allant du pamphlet de parution irrégulière publié par un seul homme au véritable quotidien d’information rédigé par toute une équipe.

Les ténors de la Révolution, tels Camille Desmoulins, fondateur du Vieux Cordelier, ont souvent une tribune de presse où s’exprimer. Il y a certes des freins à la liberté de la presse, dus à l’instabilité gouvernementale : objet de houleux débats, elle est à plusieurs reprises suspendue et, en 1800, un décret rétablit le régime de l’autorisation préalable, le contrôle et la censure. Nonobstant, cette flambée de publications et le rôle central des journaux dans le débat et le combat politique de la dernière décennie du XVIII e siècle soulignent la puissance acquise par le journal auprès de l’opinion.

Certes, la lecture est encore l’apanage des élites et il faut attendre le XIXe siècle pour que sa lente démocratisation entraîne une diffusion auprès du peuple.

Néanmoins, le journal s’est imposé comme le canal privilégié de transmission de l’information politique.

Son statut est reconnu dans le déroulement du débat public. 5. 3 Reprise en main Après la période révolutionnaire, la sévère surveillance à laquelle l'Empire et la monarchie de Juillet soumettent la presse témoigne d'une prise de conscience très nette de ce pouvoir (sinon déstabilisateur, du moins de forte influence sur l’opinion). Les rédacteurs du National jouent un rôle central dans le déclenchement des Trois Glorieuses (Révolution de juillet 1830), répondant ainsi à l’intensification de la censure de presse au cours des années 1820.

Jusqu'en 1881, la presse française lutte pour reconquérir la liberté à laquelle elle a goûté pleinement de 1789 à 1792. 6 INDUSTRIALISATION, LIBERTÉ ET MASSIFICATION Au XIXe siècle en France, la presse vit trois révolutions successives : l’industrialisation des procédés de reproduction, l’explosion des tirages de la grande presse populaire à bas prix, l’obtention de la loi fondamentale de liberté de la presse en 1881 et la démocratisation du régime de l’information. 6. 1 Deux périodes dans le siècle Pendant la première moitié du XIXe siècle, le journal reste un produit rare et cher et qui évolue peu dans sa forme : la mise en page ne cherche pas à séduire et le texte, simplement découpé en colonnes, comporte peu de titres.

Le journal est encore réservé à une élite cultivée et fortunée.

En effet, le prix des journaux, vendus avant tout par abonnement, est grevé par le droit de timbre, taxe prélevée par les autorités sur chaque numéro diffusé.

En 1826, le coût de cette taxe représente 47 p.

100 des dépenses du quotidien le Constitutionnel .

Cependant, à partir des années 1830, la donne évolue. 6. 2 Naissance d’une grande industrie Les mutations techniques débouchent sur une industrialisation progressive.

De 1810 aux années 1880 sont mis au point les presses à cylindre, l’impression recto verso, l’encre industrielle, les rotatives (1845), le papier bobine (1865), la photographie, la machine à écrire, la Linotype (1884, qui permet l’accélération de la composition et le moulage automatique des caractères).

Ces progrès se marient à la modernisation des transports (chemin de fer, poste) et à celle des messageries de presse, qui révolutionnent la diffusion des journaux en instaurant un mode de diffusion au numéro, en kiosque, chez les libraires, par crieurs de journaux.

Enfin, le télégraphe, puis les transcripteurs rapides (1830-1880), indissociables de la naissance des premières agences de presse (en France : Havas, en 1832), élargissent et accélèrent le marché des nouvelles en en améliorant la qualité informative.

Partant de cette évolution et de l’inflation des tirages, l’entreprise de presse cesse d’être artisanale pour devenir industrielle et concurrentielle. 6. 3 Expansion de la presse populaire en France Cette expansion est rendue possible par la disponibilité des lecteurs.

Plus on avance dans le siècle, plus le journal est prisé.

La progressive généralisation de l’instruction, l’urbanisation, les soubresauts de la vie politique, le développement des moyens de communication aiguillonnent l’intérêt de la population pour l’information et les opinions que la presse répercute.

Objet de médiation entre le citoyen et le monde, elle devient un guide, un moyen d’information, ainsi qu’un lieu de divertissement.. »

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