Roman de Mélusine - littérature.

Roman de Mélusine - littérature. 1 PRÉSENTATION Roman de Mélusine, roman français en prose de Jean d'Arras, achevé vers 1390 et dédié à Jean de Berry, seigneur de Lusignan. 2 LA NOBLE HISTOIRE DES LUSIGNAN En choisissant une fée comme personnage de son roman, Jean d'Arras offre au duc de Berry, qui vient d'acquérir le château des Lusignan, une prestigieuse origine mythique : de Mélusine, « mère Lusigne «, serait issue la lignée des Lusignan en Poitou. Dans son chapitre « Comment ce livre fut fait par le commandement de Jehan, filz du roi de France, duc de Berry et d'Auvergne «, le chroniqueur Jean d'Arras explique la matière de son roman : « il est arrivé que des fées prennent l'apparence de très belles femmes et que plusieurs en aient épousé. Elles leur avaient fait jurer de respecter certaines conditions [...] Tant qu'ils observaient ces conditions, ils jouissaient d'une situation élevée et d'une grande prospérité. Et aussitôt qu'ils manquaient à leur serment, ils perdaient leurs épouses et la chance les abandonnait peu à peu «. 3 LA MALÉDICTION DE LA FÉE Mélusine est la fille du roi Élinas d'Albany (« Écosse « en celtique) et de la fée Pressine. Elle a deux soeurs semblables à elle par la beauté, Mélior et Palestine. Les trois soeurs décident de châtier leur père pour avoir trahi leur mère. Elles l'enferment alors dans une montagne. Pressine, furieuse de perdre ainsi son époux, décide de punir ses filles. Mélior est enfermée au Chatel de l'Espervier en la Grant Arménie et doit veiller sur un épervier et concéder aux chevaliers de passage toute son attention, mais pas son amour. Palestine est retenue dans une montagne de l'Aragon afin de garder le trésor de son père. Le supplice le plus cruel est infligé à Mélusine qui voit, chaque samedi, la partie inférieure de son corps « de la ceinture jusqu'en bas « se transformer en serpent. Elle peut cependant être heureuse si un chevalier accepte de l'épouser, mais celui-ci devra prêter serment de ne pas chercher à la voir le jour de sa métamorphose. 4 MÉLUSINE, FEMME ET MÈRE EXEMPLAIRE Un jour, Mélusine rencontre auprès de la fontaine de la Soif (fontaine de Faée) le seigneur Raimondin, fils du roi des Bretons qui, après avoir tué par accident son oncle le comte Almery de Poitiers, fuit à travers la forêt . Elle l'attire par magie et lui accorde son aide, « Par Dieu, Raimondin, je suis, après Dieu, celle qui peut le plus t'aider ici-bas et changer tes maux en joies ! [...] Je viens d'un pays que tu ne connais pas. Je peux faire de toi un homme riche et puissant, si tu acceptes de m'épouser. « Elle met cependant une condition au mariage, « Mon très cher seigneur, tu dois jurer de ne jamais chercher à me voir le samedi, car c'est ce jour que je travaillerai à accroître ta fortune. « Celui-ci fait le serment d'éviter son épouse ce jour, permettant ainsi à Mélusine de devenir une femme et une mère exemplaire. Ils ont dix enfants, vaillants et preux -- beaucoup deviennent rois --, mais tous ont hérité de leur mère une tare physique : Renaud a un seul oeil, Horrible en a trois tandis que Geoffroy a une dent très longue. Mélusine amène à son époux la prospérité, élève la forteresse du château de Lusignan et étend le domaine familial au Poitou, à la Guyenne, à la Gascogne et à la Bretagne. 5 LE SERMENT BRISÉ Un samedi, le frère de Raimondin s'étonne de l'absence de Mélusine, et éveille la jalousie du comte. Celui-ci cherche alors à surprendre son épouse et perce de la pointe de son épée la porte derrière laquelle se cache Mélusine. Il aperçoit alors « Mélusine qui était dans son bain, femme jusqu'au nombril, peignant ses cheveux, serpente du nombril aux pieds «. Il décide de taire à sa femme sa découverte, mais, un jour de courroux, lui reproche d'être responsable des méfaits et des tares de ses enfants en lui avouant connaître son secret. Il se repent aussitôt, mais « ce fut trop tard «. Victime du parjure de son mari -- « Mon ami tu as rompu le serment « --, Mélusine doit alors supporter et souffrir sa pénitence jusqu'au jour du jugement parce qu'il l'a trahie. Elle s'assied alors sur une fenêtre du château, le regard tourné vers les champs et les jardins, et s'envole sous la forme d'un serpent « aussi légèrement que si elle eut des ailes «. 6 UNE HISTOIRE POPULAIRE ET INTEMPORELLE Popularisée par la famille de Lusignan dont elle est devenue la protectrice, l'histoire de Mélusine a rencontré une grande faveur dès le XVIe XVe siècle, avec le Livre de la vie de Mellusigne (1401), version poétique du conte établie par Couldrette. Au siècle, Paracelse l'amalgame aux ondines, génies de la mythologie nordique. Représentée torse nu, avec de longs cheveux blonds et une queue de serpent, elle est parfois pourvue d'ailes de chauve-souris. Son histoire devient l'un des thèmes favoris de la poésie allemande à l'époque romantique. Goethe s'est également inspiré de la légende pour écrire son conte fantastique, la Nouvelle Mélusine. La Vouivre, de Marcel Aymé (1943), en est également une lointaine réminiscence. 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