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Sciences et techniques de 1920 à 1929 : Histoire

Publié le 01/01/2019

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TÉLÉPHONE ET PHONOGRAPHE. Le réseau téléphonique français est à la traîne. Il faut attendre septembre 1928 pour que soit mis en service le premier central automatique. Mais les lignes sont extrêmement rares, onéreuses et dispersées. Aux antipodes de l'«Universal Service» américain, un système de voyants lumineux signale aux opératrices les appels prioritaires. Si le téléphone est encore réservé à une petite élite, le phonographe en revanche conquiert le marché français. Malgré sa durée d’écoute très limitée - trois minutes par face -, le disque 78 tours se vend bien. Pathé et Deutsche Grammophon Gesellschaft dominent le marché européen. L’archaïsme de la technique de prise de son nuit à la qualité des enregistrements et, surtout, bannit des studios certains instruments peu audibles comme la contrebasse. Procédé révolutionnaire, l’enregistrement électro-mécanique mis au point en 1925 permet de relever le défi. Le microphone RCA supplante définitivement le pavillon en métal. Dès lors, les ventes de phonographes devenus portatifs connaissent un essor spectaculaire, tandis que les premiers juke boxes font leur apparition.

LA NAISSANCE DE LA TSF. Dans le domaine de la radiodiffusion commerciale, l’Amérique fait figure de pionnière: le nombre de stations passe de trente en 1921 à sept cents en 1926! C’est pour éviter cette prolifération inorganisée qu’en Grande-Bretagne, le ministre des Postes, Neville Chamberlain, impose un regroupement des différentes sociétés de production: la British Broadcasting Company voit le jour en novembre 1922. Après une modification de son statut en janvier 1927, elle devient la British Broadcasting Corporation et bénéficie pour une durée de dix années du monopole de la radiodiffusion. La France connaît l’essor simultané de radios publiques et privées, dont la plus célèbre reste Radiola. Partout, les émissions musicales constituent alors la majorité des programmes et assurent notamment la réputation des radios allemandes qui proposent des retransmissions du festival de Bayreuth ou de Dresde. Mais la TSF devient également un moyen d’information: la victoire de Warren Harding à l’élection présidentielle américaine du 2 novembre 1920 est couverte par la station KDKA de Pittsburgh. Le reportage politique vient de naître.

 

LA SILHOUETTE DES ANNÉES FOLLES. 1920: des décombres de la Grande Guerre surgit un monde nouveau. Aux antipodes des toilettes de la Belle Époque, reléguées aux greniers, une silhouette filiforme franchit le seuil des salons. Les compositions fastueuses de Paul Poiret vieillissent mal. A l’image de la femme qu’elle invente, Coco Chanel s’habille seule, sans corset ni camériste, porte le cheveu court, le mollet découvert. Hommage aux non-couleurs, sa petite robe noire, agrémentée d’un collier de perles blanches, s’immisce dans toutes les garde-robes mondaines. Dans l’air du temps, Jean Patou partage le goût de l’élégante simplicité. Ses vêtements de sport conquièrent Biarritz, Deauville et la Côte d’Azur. Mais les années vingt sont aussi extravagantes et luxueuses. Souliers de satin, éventails de plumes d’autruche, broderies et franges multicolores défient les esprits les plus excentriques. La décoration est à l’honneur, les sourcils s’épilent, les pommettes se tatouent, les lèvres se dessinent au raisin. Mais la décennie s’achève sur un retour au classicisme qui tire un trait noir sur les Années folles.

UNE ALLEMAGNE LUCIDE. Avec sa «révolution conservatrice», l’écrivain Thomas Mann prône comme antidote à la barbarie le retour à la tradition de la culture européenne. Reflets des débats intellectuels qui animent une Allemagne inquiète, ses romans appellent l’artiste à jouer un rôle constructeur face aux poussées autoritaires exacerbées par la défaite. Mais Thomas Mann, qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1929, est en marge du courant qui submerge l’art allemand: l’expressionnisme. Porté jusqu’à la Grande Guerre par une vision macabre et nihiliste, ce dernier évolue vers une critique radicale de la société, vers un art révolutionnaire

 

qui bouleverse les règles et traditions scéniques. La stylisation des décors et des attitudes dans les mises en scène de Max Reinhardt, d’Erwin Piscator puis de leur élève Bertolt Brecht inspire un cinéma pictural dont le grand maître d’œuvre est Fritz Lang. La peinture connaît une évolution similaire. Loin de l’exaltation de la peinture expressionniste, la Nouvelle Objectivité qui rassemble notamment Georg Grosz, Otto Dix et Max Beckmann observe et dénonce les excès d’une société tourmentée.

 

 

EN REVENANT DE LA REVUE. C’est avant tout le formidable essor du spectacle parisien qui a permis de baptiser ces années les «Années folles». Le music-hall, bientôt relayé par le disque et la radio, joue alors un rôle euphorisant. Le cinéma, parce qu’il est encore muet et en noir et blanc, ne peut ni couvrir sa voix ni ternir son éclat. Pour résister au 7e art, les grands auteurs de revues - les Willemetz, Lelièvre, Saint-Granier, Rou-vray, Lemarchand et autre Varna - jouent l’opulence, la lumière et la couleur, l’insolite et l’exotique, dans un style dérivé de l’opérette et du cirque. Ce sont souvent les vedettes du caf conc’ d’hier qui animent les revues les

 

plus folles avant de devenir les premières stars du cinéma parlant. Les Ambassadeurs, l’Alcazar, le Bataclan, Bobino, le Casino de Paris, la Cigale, le Concert Mayol, l’Eldorado, l’Empire, les Folies-Bergère, le Moulin-Rouge, l’Olympia et même, pour une saison, le théâtre des Champs-Élysées présentent les chanteurs entre danseurs et illusionnistes, comiques troupiers et acrobates, entourés de «girls» emplumées pour le plus grand bonheur d’un public boulimique.

 

L’EXOTISME DE BOULEVARD. Les 200 000 sol dats noirs américains présents en France au moment de l’armistice ont amené avec eux leur culture et surtout leur musique. Les Années folles seront partiellement une forme dérivée du «Jazz Age» américain. Les scènes des Grands Boulevards ressemblent de plus en plus à celles de Broadway. Avec, en plus, le réservoir de fantasmes et de mythes d’un immense empire colonial. Pas de revue qui se respecte sans un charmeur de serpent, un «Général Alcazar», une danseuse couleur café ou une petite Tonkinoise... Le grand événement parisien de la dé-cennie est d’ailleurs cette Revue nègre créée le 3 octobre 1925 au théâtre des Champs-Élysées et dont nos grands-pères parlent encore avec des frissons dans le dos: on peut y écouter le clarinettiste Sidney Bechet et se laisser prendre au charme sautillant d’une jeune «perle noire» nommée Joséphine Baker. Les deux danses à la mode sont aussi des manifestations frénétiques de cet exotisme: le charleston et le tango sont comme les deux souliers d’une même paire, au point qu’un journal professionnel du music-hall se rebaptise Jazz-Tango.,.

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