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Ses : la crise du syndicalisme

Publié le 17/04/2011

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1. Un syndicalisme français en criseLes signes de la crise Des acteurs en déclin : les syndicats (légalisés par la loi de Waldeck-Rousseau, 1884), c’est-à-dire des associations dont l’objectif principal est de défendre les intérêts communs à des actifs, ont joué un rôle historique fondamental. Mais ils connaissent une baisse réelle de leurs effectifs : c’est la désyndicalisation. Des chiffres significatifs : alors que le taux de syndiqués chez les salariés (pourcentage d’actifs payant une cotisation syndicale annuelle) était de 42 % en 1949, de 22 % en 1981, il n’est que de 8 % aujourd’hui. L’audience des syndicats s’est également affaiblie : le nombre de journées individuelles de grève dans le privé en France diminue depuis 1976 (sauf en 1979, 1982, 1995, et de 1998 à 2003). Les syndicats n’initient plus toujours les conflits, ni n’en ont le contrôle. En effet, des coordinations autonomes leur font concurrence depuis 1995. La signature d’accords par des syndicats minoritaires (allongement des durées de cotisations pour la retraite dans le public, réforme du régime Assedic pour les intermittents du spectacle) pose des problèmes de crédibilité et de confiance. Même les manifestations de rue de la traditionnelle fête du 1er Mai (journée internationale des travailleurs) sont boudées. Un syndicalisme divisé La crise n’affecte pas autant le premier et le plus ancien syndicat : le premier syndicat de France, le MEDEF, c’est-à-dire le syndicat des patrons, se maintient. Le plus ancien, la Confédération générale du travail (CGT), est heurté de plein fouet par une désyndicalisation qui accompagne le déclin du parti communiste français et, de façon plus générale, celui du mouvement ouvrier et de la classe ouvrière. Les autres syndicats connaissent une évolution très inégale : elle est incertaine pour la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), Force ouvrière (FO) ou la Confédération générale des cadres (CGC), qui ont tendance à protéger les plus qualifiés. À l’inverse, on assiste à la naissance de syndicats autonomes (Sud), qui semblent davantage suivre l’avis de leurs bases et contester les compromis hâtifs. 2. Les facteurs explicatifs de la criseLe déclin de la société industrielle La fin de la classe ouvrière : Alain Touraine et François Dubet expliquent la désyndicalisation salariée par la décomposition du mouvement ouvrier, la désagrégation de la conscience de classe ouvrière et l’émergence de nouveaux mouvements sociaux. La société postindustrielle : la société industrielle a laissé la place à une société fondée sur l’essor et la diversité du secteur tertiaire, et les préoccupations des individus se sont détournées des conditions de travail. L’individualisme et la critique de la syndicratie Le déclin des consciences collectives : il est lié à la montée des consciences individuelles avec l’individualisme. Le monde du travail s’est divisé avec l’essor du chômage et des emplois atypiques et l’incapacité relative des syndicats à lutter contre la précarisation de l’emploi. Certaines critiques vont plus loin encore : il est possible de parler de syndicratie, en tant que pouvoir des représentants syndicaux éloignés de leurs bases et qui pensent avant tout à leur carrière politique personnelle. La théorie du free rider : quant à la faible participation des salariés aux grèves, elle peut partiellement s’expliquer par le paradoxe du cavalier seul ou du passager clandestin mis en lumière par Mancur Olson : à quoi bon prendre le risque de perdre de l’argent et d’être mal vu par la direction, si, en cas de succès, on profite des acquis sociaux gagnés par les grévistes ? Il est sans doute pertinent d’expliquer également la crise syndicale par l’action des dirigeants politiques : d’une part, la remise en cause d’acquis sociaux par le patronat ; d’autre part, les politiques néo-libérales mises en place depuis 20 ans.

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