Devoir de Philosophie

ses-tu pas comme moi que c'est malgré eux que les gens sont privés des bonnes choses, de leur plein gré des mauvaises ?

Publié le 22/10/2012

Extrait du document

ses-tu pas comme moi que c'est malgré eux que les gens sont privés des bonnes choses, de leur plein gré des mauvaises ? or n'est-ce pas un mal de faire erreur sur ce qui est vrai, un bien d'être dans le vrai ? ne crois-tu pas qu'avoir une opinion conforme à ce qui est, c'est être dans le vrai ? — G. Eh bien, ce que tu dis est juste et je crois que c'est malgré soi qu'on est privé de l'opinion vraie. — S. N'est-ce pas le cas lorsqu'on est victime d'un vol, ou d'un sortilège ou d'une violence ? — G. De nouveau je ne comprends pas. — S. C'est à croire que je parle comme un tragique ! Je dis qu'on est victime d'un vol quand on est dissuadé, et quand on oublie ; car dans un cas on se voit, sans qu'on s'en aperçoive, dépouillé par le temps, dans l'autre par une argumentation. Tu saisis, maintenant ? — G. Oui. — S. Ensuite je dis qu'on est victime d'une violence quand la peine ou la douleur fait changer d'opinion. — G. Ceci également, je l'ai compris et je t'approuve. — S. Enfin on est victime d'un sortilège, je pense que tu le dirais comme moi, quand on change d'opinion ou bien pour avoir été séduit par le plaisir, ou bien pour avoir été troublé par la peur. — G. En effet, il semble que tout ce qui trompe ensorcelle. République III, 4 1 2e-4 1 3c 7. COMMENT SITUER L'OPINION [SOCRATE-GLAUCON] — S. Si quelqu'un dont nous disons qu'il a l'opinion mais non la connaissance se fâchait contre nous et contestait la vérité de ce que nous avançons, serions-nous à même de le raisonner et de le persuader en douceur, en lui dissimulant qu'il n'est pas en bonne santé ? — G. C'est ce qu'il faut faire. — S. Allons, examine ce que nous lui dirons ; à moins que tu préfères que nous l'interrogions, en l'assurant que s'il connaît quelque chose, loin d'en être jaloux, nous nous réjouirions de voir quelqu'un qui sait quelque chose. Dis-nous : celui qui connaît, connaît-il quelque chose ou rien ? Toi, Glaucon, fais-moi les réponses à sa place. — G. Je répondrai qu'il connaît quelque chose. — S. Quelque chose qui est ou quelque chose qui n'est pas ? — G. Quelque chose qui est ; comment en effet, s'il n'est pas, quelque chose pourrait-il être connu ? — S. Ainsi voilà une chose que nous tenons pour bien établie, si grand puisse être le nombre de cas que nous examinerions : ce qui est absolument est absolument connaissable. — G. C'est parfaitement établi. — S. Bien ; mais si quelque chose se trouve être tel qu'il est et qu'il n'est pas, sa place ne devrait-elle pas être intermédiaire entre l'être pur et simple et le néant absolu ? — G. C'est bien cela : intermédiaire. — S. Ainsi, la connaissance se rapportant à l'être et l'ignorance nécessairement au non-être ce qui se rapporte à cet intermédiaire, c'est quelque chose d'intermédiaire, et il faut chercher quelque chose qui se trouve être intermédiaire entre l'ignorance et la science. République V, 476d-477b 8. SPÉCIFICITÉ DE L'OBJET DE L'OPINION [SOCRATE-GLAUCON] — S. Ne disons-nous pas que l'opinion est quelque chose ? — G. Si, bien sûr. — S. Est-ce une faculté autre que la science ou est-ce la même ? — G. C'en est une autre. — S. Ainsi c'est un objet qui est assigné à l'opinion, un autre à la science, chacune selon sa faculté propre. — G. Exactement. — S. Donc l'objet naturel de la science, c'est l'être, c'est de savoir ce qu'il en est de l'être. Mais d'abord il me semble qu'une précision s'impose. — G. Comment cela ? — S. Nous appellerons : facultés, ce genre de réalités qui nous rendent capables de ce dont nous sommes capables, nous aussi bien que quoi que ce soit d'autre qui possède capacité : c'est ainsi que je dis que la vue et l'ouïe sont des facultés, si tu saisis l'espèce de réalité dont je veux parler. — G. Je saisis. — S. Écoute ce qu'il m'en semble. D'une faculté je ne vois ni couleur, ni forme, ni aucune qualité de cette sorte non plus que bien d'autres dont il me suffit de prendre quelques-unes en considération pour décider en moi-même que ceci est telle chose, cela telle autre chose ; dans le cas de la faculté, je prends uniquement en considération son objet et la fonction qu'elle assume ; c'est ainsi que j'ai qualifié chacune de faculté, donnant le même nom à celle qui s'ordonne à un objet identique et assume une fonction identique, un nom différent si l'objet et la fonction diffèrent... Maintenant, revenons en arrière : la science, dis-tu qu'elle est une faculté, ou dans quel genre de réalité la ranges-tu ? — G. J'en fais une faculté et même la plus puissante de toutes. — S. Et l'opinion, en ferons-nous une faculté, ou bien la rapporterons-nous à quelque autre espèce ? — G. Nullement, puisque c'est uniquement ce par quoi nous sommes capables d'opiner qui constitue l'opinion. — S. Pourtant tu viens de reconnaître que la science n'est pas identique à l'opinion. — G. En effet, comment un homme sensé pourrait-il identifier ce qui est infaillible et ce qui ne l'est pas ? — S. Parfait, il est clair que nous nous accordons à dire que l'opinion diffère de la science. — G. Oui. — S. Chacune des deux étant capable de produire un effet différent, c'est bien un objet différent qu'elle a par nature ? — G. Nécessairement. — S. Or la science a pour objet l'être, elle est naturellement destinée à savoir ce qu'il est ? — G. Oui. — S. Et l'opinion, disons-nous, à opiner ? — G. Oui. — S. Ce qu'elle opine, est-ce exactement la même chose que la science connaît ? Le connaissable et l'opinable seront-ils identiques, ou est-ce impossible ? — G. C'est impossible, en vertu de

« 186 PLATON PAR LUI-MÊME tu préfères que nous l'interrogions, en l'assurant que s'il connaît quelque chose, loin d'en être jaloux, nous nous réjouirions de voir quelqu'un qui sait quelque chose.

Dis-nous : celui qui connaît, connaît-il quelque chose ou rien ? Toi, Glaucon, fais-moi les réponses à sa place.

- G.

Je répondrai qu'il connaît quelque chose.- S.

Quelque chose qui est ou quelque chose qui n'est pas?- G.

Quelque chose qui est; comment en effet, s'il n'est pas, quelque chose pourrait-il être connu ? -S.

Ainsi voilà une chose que nous tenons pour bien établie, si grand puisse être le nombre de cas que nous examinerions : ce qui est absolument est absolument connaissable.

- G.

C'est parfaitement établi.

-S.

Bien ; mais si quelque chose se trouve être tel qu'il est et qu'il n'est pas, sa place ne devrait­ elle pas être intermédiaire entre l'être pur et simple et le néant absolu? - G.

C'est bien cela : intermédiaire.

- S.

Ainsi, la connaissance se rapportant à l'être et l'ignorance nécessairement au non-être ce qui se rap­ porte à cet intermédiaire, c'est quelque chose d'inter­ médiaire, et il faut chercher quelque chose qui se trouve être intermédiaire entre l'ignorance et la science.

République V, 476d-477b 8.

SPÉCIFICITÉ DE L'OBJET DE L'OPINION [SOC RA TE-GLAUCON] -S.

Ne disons-nous pas que l'opinion est quelque chose? - G.

Si, bien sûr.

-S.

Est-ce une faculté autre que la science ou est-ce la même?- G.

C'en est une autre.- S.

Ainsi c'est un objet qui est assigné à l'opinion, un autre à la science, chacune selon sa faculté propre.- G.

Exactement.- S.

Donc l'objet naturel de la science, c'est l'être, c'est de savoir ce qu'il en est de l'être.

Mais d'abord il me semble. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles