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soit le seul lien de naissance qui lui convienne ; dans ces conditions en effet, chacune conserverait son unité et ne serait plus en butte aux difficultés dont nous venons de faire état.

Publié le 22/10/2012

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soit le seul lien de naissance qui lui convienne ; dans ces conditions en effet, chacune conserverait son unité et ne serait plus en butte aux difficultés dont nous venons de faire état. — P. Mais alors, chacune des pensées est une, mais n'est pensée de rien ? — S. C'est impossible. — P. Alors, pensée de quelque chose ? — S. Oui. — P. Qui est ou qui n'est pas ? — S. Qui est. — P. N'est-ce pas de quelque chose d'un que cette pensée pense comme recouvrant l'ensemble et constituant un caractère unique ? — S. Oui. — P. Dès lors, est-ce que ce ne sera pas une Forme ce qui est ainsi pensée comme étant un, et toujours le même sur toutes choses ? — S. Cela paraît aussi évident. — P. Mais alors, n'est-il pas nécessaire que l'affirmation de la participation des choses aux Formes t'impose d'adopter l'une de ces deux thèses : ou bien c'est de pensées que chaque chose est faite, et tout pense ; ou bien ce sont des pensées qui cependant ne pensent pas ? — S. C'est également dépourvu de fondement. Parménide, 132bc 5. LES FORMES COMME MODÈLES OU PARADIGMES [SOCRATE-PARMÉNIDE] — S. À mes yeux, voici la meilleure solution : ces Formes subsistent dans la Nature à titre de paradigmes ; toutes les autres choses leur ressemblent et sont des copies, et leur participation aux Formes consiste uniquement en ce qu'elles sont faites à leur image. — P. Alors si une chose ressemble à la Forme, est-il possible que cette Forme ne soit pas semblable à la chose qui est faite à son image, dans la mesure où celle-ci en est la copie ? ou bien y a-t-il moyen que le semblable ne soit pas semblable à son semblable ? — S. Il n'y en a pas. — P. Et n'est-il pas tout à fait nécessaire que le semblable et son semblable participent à la même unité ? — S. Tout à fait. — P. Or ce par quoi les semblables sont semblables du fait qu'ils y participent, est-ce que ce n'est pas la Forme en soi ? — S. Si, absolument. — P. Il n'est donc pas possible qu'une chose soit semblable à une Forme, ni la Forme à une autre chose. Car autrement, à côté de la Forme il apparaîtra toujours une autre Forme, et si celle-ci est semblable à quelque chose, une autre encore et jamais il ne cessera d'apparaître indéfiniment une nouvelle Forme, si la Forme apparaît semblable à la chose qui participe d'elle. — S. C'est tout à fait vrai. — P. Donc ce n'est pas par ressemblance que les choses participent aux Formes, et il faut trouver autre chose que la participation. Parménide, 132d-133a 6. LA FORME COMME PRINCIPE D'UNITÉ ET L'ARGUMENT DU TROISIÈME HOMME [PARMÉNIDE-SOCRATE] — P. Je pense que ce qui te conduit à poser en son unité, chaque Forme, c'est ceci : quand tu juges que plusieurs choses sont grandes, tu estimes sans doute qu'il y a pour qui étend le regard sur toutes un aspect un et identique, ce qui te fait penser que le Grand est un. — S. Tu dis vrai. — P. Mais si en même façon ton âme étend son regard sur le Grand en soi et les choses grandes, ne va-t-il pas se manifester une nouvelle unité du Grand, nécessaire pour que l'ensemble se manifeste comme grand ? — S. C'est vraisemblable. — P. C'est donc une nouvelle Forme de la Grandeur qui va apparaître, s'ajoutant au Grand en soi et aux choses qui y participent ; et aux éléments de cet ensemble s'ajoutera une nouvelle Forme leur permettant d'être Grands. Mais alors c'en est fini de l'unité que tu voulais accorder respectivement à chaque Forme : c'est à l'infini que chacune va se multiplier. Parménide, 131e-132b 7. UNE COUPURE ABSURDE ENTRE DEUX MONDES [PARMÉNIDE-SOCRATE] — P. Si on veut avec toi poser à part une Forme unique correspondant à chacune des choses que l'on définit... la difficulté majeure est celle-ci : on pourrait prétendre qu'à les définir comme nous le faisons, les Formes ne se prêtent même pas à être connues, et pour démontrer à qui le prétendrait qu'il est dans l'erreur, il faudrait être non seulement un contradicteur riche d'expérience et bien doué de nature, mais au surplus décidé à suivre une démonstration fort longue et tirée de loin, faute de quoi celui qui réduirait les Formes à être inconnaissables serait convaincant. — S. Et pourquoi donc, Parménide ? — P. Parce que, Socrate, toi-même et quiconque comme toi posent une essence absolue et en soi de chaque chose, vous commenceriez par reconnaître qu'aucune de ces réalités n'est en nous. — S. En effet, comment pourrait-elle être encore absolue et en soi ? — P. Bien dit. Ainsi, toutes celles des Formes qui sont ce qu'elles sont par leurs relations mutuelles, c'est en relation avec des Formes qu'elles ont leur réalité, mais non pas en relation aux choses qui parmi nous leur correspondent, à titre de copies ou à un autre titre, celles dont nous prenons le nom par participation. Quant à ces choses qui parmi nous ont le même nom que les Formes, c'est, à leur tour, avec des choses qu'elles sont en relation et non pas avec les Formes, et c'est d'elles-mêmes et non pas des Formes que relèvent toutes ces choses qui portent le même nom. — S. Que

« LA CONCEPTION DU SAVOIR 219 nécessaire que le semblable et son semblable partici­ pent à la même unité?- S.

Tout à fait.- P.

Or ce par quoi les semblables sont semblables du fait qu'ils y participent, est-ce que ce n'est pas la Forme en soi? -S.

Si, absolument.- P.

Il n'est donc pas possible qu'une chose soit semblable à une Forme, ni la Forme à une autre chose.

Car autrement, à côté de la Forme il apparaîtra toujours une autre Forme, et si celle-ci est semblable à quelque chose, une autre encore et jamais il ne cessera d'apparaître indéfiniment une nouvelle Forme, si la Forme apparaît semblable à la chose qui participe d'elle.

-S.

C'est tout à fait vrai.

- P.

Donc ce n'est pas par ressemblance que les choses participent aux Formes, et il faut trouver autre chose que la participation.

Parménide, 132d-133a 6.

lA FORME COMME PRINCIPE D'UNITÉ ET L'ARGUMENT DU TROISIÈME HOMME [PARMÉNIDE-SOCRATE] -P.

Je pense que ce qui te conduit à poser en son unité, chaque Forme, c'est ceci : quand tu juges que plusieurs choses sont grandes, tu estimes sans doute qu'il y a pour qui étend le regard sur toutes un aspect un et identique, ce qui te fait penser que le Grand est un.- S.

Tu dis vrai.- P.

Mais si en même façon ton âme étend son regard sur le Grand en soi et les choses grandes, ne va-t-il pas se manifester une nouvelle unité du Grand, nécessaire pour que l'ensemble se manifeste comme grand? -S.

C'est vraisemblable.

-P.

C'est donc une nouvelle Forme de la Grandeur qui va apparaître, s'ajoutant au Grand en soi et aux choses qui y participent ; et aux éléments de cet ensemble s'ajoutera une nouvelle Forme leur permet­ tant d'être Grands.

Mais alors c'en est fini de l'unité. »

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