Sujet d'invention sur la poésie

Imaginez le débat entre un partisan de la poésie en toute liberté et un partisan d'une poésie soucieuse de respecter les règles formelles à tout prix. Le ton sera volontiers ironique.

Bonjour à tous et bienvenue sur le spécial direct de France Culture, le thème de notre débat d’aujourd’hui sera porté sur la poésie. Nous savons que le genre poétique a été étudié depuis bien longtemps, les poètes eux, sont tout d'abord des hommes qui appartiennent à leur propre époque. Leur volonté est d'exprimer ce qu'ils ressentent en transposant leurs pensées par la poésie. Comme le genre poétique est rempli de contraintes, il est donc nécessaire de se demander si ces contraintes peuvent ou non nuire à l'expression libre et originale de l'auteur. Nous allons en apprendre d’avantage grâce à nos deux invités, Jean Desbois et Didier Cornal, tous deux passionnés de poésie, mais ayant des opinions très variées sur le sujet. Bonjour Jean, bonjour Didier.

Pour débuter l’émission, pourriez vous chacun présenter globalement le type de poésie que vous défendez.

« - Bonjour Jean-Luc, je ne pense pas que nous puissions utiliser le terme « type » de poésie, puisque dans ce cas là nous parlerions du registre ou bien de la composition, mais ici, nous pouvons plus parler d’un choix, celui des poètes. On appelle la versification, l'ensemble des règles et des techniques concernant l'écriture du poème. Vers le milieu du XIX^e siècle, les poètes se sont affranchis de ces règles et ont créé leurs propres normes poétiques. Les poètes ont donc le choix d’une écriture libre, ou de celle suivant la versification, dite classique. Pour ma part j’ai une grande préférence pour la poésie classique. Ronsard, membre de la Pléiade, est le parfait exemple d’un poète classique, mêlant la musicalité, la rythme des vers, sur un fond lyrique. »

Le présentateur donne alors la parole à l’autre auditeur ….

« - En effet, si certains poètes choisissent de respecter les règles formelles de la poésie, comme par exemple, la règle du sonnet, des rimes, du nombre de syllabes de chaque vers ; En revanche, d’autres - et je pense que ce sont ceux qui prennent la meilleure décision -  ne suivent pas d’instructions, on appellera cela, la poésie en toute liberté, ou les vers libres. En fait, certains poètes depuis le début du siècle se sont écartés de la poésie traditionnelle. Ils ont assoupli les règles de la versification. Ils sont à l’origine de la poésie moderne. Par exemple, prenez Baudelaire. D’une part, il choisit de respecter les règles formelles comme par exemple dans son sonnet Parfum exotique, mais d’une autre part, il choisit la prose , comme dans le doublet de L’Invitation au voyage, où il allie musicalité et originalité sans pour autant respecter les règles sacrées. Et finalement, le résultat est, pour ma part, d’autant plus réussi, et cette méthode de doublet lui permet ainsi d’exprimer ses idées plus intensément. »

Vous dites que pour vous c’est la meilleure décision, pouvez vous approfondir Mr Cornal.

- Disons que, toutes ces règles à respecter, enfin permettez moi, toutes ces contraintes à suivrent sont…

 Expliquer l’emploie du mot « contraintes »

- J’utilise ce mot car il y a beaucoup trop de choses auxquelles le poète doit faire attention dans la poésie classique, il faut qu’il fasse bien attention de prendre tout en compte, et on pourrait se demander, si ces contraintes ne pourraient –elles pas nuire à la qualité de l’oeuvre. Par exemple, un vers peut être beaucoup plus poétique en onze syllabes qu'en douze, si pour arriver à ce douze il a fallu en modifier toute la magie, dans le seul but de respecter les régles. Comme l’avait dit Verlaine « cela préfere l’impair », en effet, on voit que ce poète préfere l’heptasyllabe, au détriment du fameux alexandrin.

Et qu’en pense, Mr Desbois ?

- Je pense qu’il est vrai que les contraintes formelles peuvent être un obstacle, même une entrave,  pour le poète, de par ses exigence de rimes et de forme, cependant certains poètes parviennent a exprimer ce qu'ils veulent tout en respectant les contraintes formelles qui ne sont donc pas un obstacle a toute forme d'expression libre et originale, mais les contraintes sont présentes partout autour de l'auteur et non pas seulement dans la forme du poème en lui même. En effet, tout dépend de la manière de traiter ces codes formels. Prenons par exemple, les grands poètes classiques, comme Dante, en respectant la poésie classique, ils arrivent tout de même à faire des poèmes magnifiques, ou ils partagent leurs sentiments. Ainsi la versification respectée et maîtrisée permet de donner un rythme, avec les rimes, les nombres de syllabes et les différentes formes poétiques fixes.

- Oh mais je ne dénigre en aucune façon la poésie classique, ni le \"merveilleux balancé de l'alexandrin\". Mais je prétends seulement qu'il faut être un Baudelaire, ou tout autre grand poète, pour prétendre faire des alexandrins, car respecter le nombre de syllabes est une contrainte rigoureuse, et il faut beaucoup de talent pour que les rimes n'apparaissent pas artificielles, choisies pour faire la rime et pas pour le sens avant tout. De plus, dans la composition, le poète doit combiner les idées et la forme et donc cela l’amène parfois à se focaliser sur la forme et donc moins d’idées n’en ressortent, je pourrais même dire, qu’on peut en perdre.                                      

- Oui mais comme Valéry le disait, ce sont ces « gênes exquises » qui donnent un élan supplémentaire à la création. Ainsi, le poète, en ayant acquéri le cadre , et la maîtriste, pourra s’aventurer davantage dans la création, et produire un travail fantastique !

 Nous allons devoir mettre fin à ce débat, et laisser place aux informations. Nous remercions chaleureusement nos deux invités de leur intervention sur France Culture.