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Supplement au voyage de bougainville-- la forme

Publié le 23/02/2011

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Le supplément au voyage de Bougainville se compose principalement de 3 éléments différents : –.la conversation fictive que soutiennent A et B  –.le discours du vieillard tahitien   –.le dialogue fictif entre Orou et l'aumônier    La composition de l'½uvre pourrait paraître déconcertante a première vue. En effet, ces éléments peu homogènes sont décalés aussi bien dans l'espace que dans le temps, ne respectant pas l'ordre chronologique et sont disperses dans les 5 parties qui divisent et organisent le texte. On peut observer des enchâssement de discours   (dialogue dans un autre dialogue, conte dans le dialogue) : Diderot introduit, à l’intérieur du dialogue entre A et B qui constitue la structure principale de l’½uvre,  le discours du vieux Tahitien au chapitre II, puis le dialogue entre Orou, sa famille et l’aumônier aux chapitres III et IV, interrompu par le récit très bref de B avec l’histoire de Polly Baker à la fin du chapitre III. La cohésion de cet ensemble est donc assure par une mise en abyme ou deux personnages présentent les discours en réalité fictifs comme un réel Supplément au voyage de Bougainville, sans en préciser  l'auteur .  Le seul intérêt de ce voyage  pour l'auteur est de donner un semblant de réalité a ses propos.   Il est  intéressant de constater le glissement  qui peut s’opérer entre les différentes formes littéraires contenues dans le Supplément au voyage de Bougainville. En effet, les discours, très distincts les uns des autres apportent une disparité de tons et peuvent correspondre a des genres différents. Tout d'abord, les personnages A et B entrent en scène comme dans une pièce de théâtre et introduisent  la harangue véhémente  du vieillard tahitien qui s’apparente aux grandes tirades du théâtre classique, mais également a un pamphlet qui dénonce la nocivité des m½urs européennes. Dans le troisième chapitre, les allégations répétées et mécaniques de l'aumônier , qui s'écrie « Mais, ma religion! Mais, mon état! Les bonnes m½urs, l'honnêteté! « rappellent le comique de répétition . La pantomime qui s'ensuit « il s'agitait, il se tourmentait; il détournait ses regards des aimables suppliantes, ils les ramenaient sur elles, il levait ses yeux et ses mains au ciel.« s'apparente a des didascalies comme si B lisait les indications scéniques.  Ces exemples de theatralisation permettent d'affirmer que Diderot entendait bien user de tous les effets dramatiques tant tragique que comique dans son texte pour mêler ainsi les registres. Tout au long du texte, la confrontation des points de vue entre B et  A  ou l'echange l’aumônier  et Orou, qui cherche a faire réfléchir son interlocuteur et a l'amener par le raisonnement à la vérité, font penser a un dialogue philosophique. Le récit de voyage, le témoignage, en référence au voyage de Bougainville contribuent a créer une fable de Tahiti qui apparaît comme une utopie et qui permet un retour réflexif du lecteur sur la société dans laquelle il vit, plus qu’il ne conduit à des solutions définitives . Nous avons egalement un  récit rétrospectif des expériences amoureuses de l’aumônier et une sorte d' apologue dans la partie consacree au discours de Polly Baker.   Les parties narratives sont brèves et les descriptions réduites a l'essentiel,  l'auteur se montre très concis . Nous ne savons rien non plus du cadre dans lequel se déroule la conversation entre Orou  et l'aumônier et peu de détails ne nous sont donnes sur les nuits amoureuses de ce dernier, ni sur A et B dont même les noms ne sont pas connus. Diderot ne fait donc aucun effort de pittoresque et nous invite a lire ce texte comme un conte dans lequel le cadre importe moins que la leçon.   II)La forme dialogue  1.  1.  Le Supplément au voyage de Bougainville est tout entier un discours direct. La narration s'efface derrière laes paroles des personnages parmis lesquels B joue un rôle d'analogue : il distribue la parole aux personnages, décide de donner un moment de parole au vieillard, puis ensuite a Orou  et a l'aumônier et tout a coup a Polly Baker.  Il apparaît comme le metteur en scène des enchâssements de dialogues et son choix  oriente la signification de l'ensemble.    1. L'emploi du dialogue  a ici non seulement une fonction dramatique, mais surtout philosophique et dialectique.  En effet, elle favorise a la fois la démarche maïeutique (« l’accouchement des esprits «  selon Socrate), qui permet de faire découvrir a un interlocuteur son erreur et de l'amener a énoncer une vérité qu'il détenait cachée en lui, et a la démarche dialectique, qui permet par la confrontation de deux thèses opposées de construire une autre vérité. Pour Diderot, un texte à fonction argumentative n’est jamais un monologue, même s’il privilégie une thèse : il réfute, confirme, anticipe les objections. Il s'agit ici d'un texte polyphonique ou l'auteur laisse entendre explicitement, plusieurs voix, plusieurs thèses qu’il confronte avec vivacité : Orou défend la loi naturelle et la raison, quand l'aumônier  défend sa religion, ses m½urs, son état ; A s'oppose a B , les voix du vieillard et de Polly Baker s'en prennent aux fondements de la civilisation européenne . Enfin, la démarche est bien maïeutique puisqu'elle permet la reconnaissance  par l'aumônier de la relativité de ses convictions et l'adoption d'une morale provisoire pour B. Diderot présente l’intérêt d’engager un dialogue plutôt que de prêcher une doctrine. On peut replacer cette volonté dans le contexte idéologique de l'époque. Le siècle des lumières correspondait a un siècle où les valeurs morales et philosophiques se fondent difficilement sur une vérité révélée, mais davantage sur des interrogations, des remises en cause, où le penseur prêche le faux afin de parvenir au vrai. Le dialogue permet l'échange de point de vue, l'enrichissement des thèses et la délibération, il offre la pensée la liberté de se développer librement et interdit le dogmatisme , c'est à dire l'expression d'une pensée unique. Le recours au dialogue semble alors plus conforme à un dessein philosophique.      1. L'emploi du dialogue  a ici non seulement une fonction dramatique, mais surtout philosophique et dialectique.  En effet, elle favorise a la fois la démarche maïeutique (« l’accouchement des esprits «  selon Socrate), qui permet de faire découvrir a un interlocuteur son erreur et de l'amener a énoncer une vérité qu'il détenait cachée en lui, et a la démarche dialectique, qui permet par la confrontation de deux thèses opposées de construire une autre vérité. Pour Diderot, un texte à fonction argumentative n’est jamais un monologue, même s’il privilégie une thèse : il réfute, confirme, anticipe les objections. Il s'agit ici d'un texte polyphonique ou l'auteur laisse entendre explicitement, plusieurs voix, plusieurs thèses qu’il confronte avec vivacité : Orou défend la loi naturelle et la raison, quand l'aumônier  défend sa religion, ses m½urs, son état ; A s'oppose a B , les voix du vieillard et de Polly Baker s'en prennent aux fondements de la civilisation européenne . Enfin, la démarche est bien maïeutique puisqu'elle permet la reconnaissance  par l'aumônier de la relativité de ses convictions et l'adoption d'une morale provisoire pour B. Diderot présente l’intérêt d’engager un dialogue plutôt que de prêcher une doctrine. On peut replacer cette volonté dans le contexte idéologique de l'époque. Le siècle des lumières correspondait a un siècle où les valeurs morales et philosophiques se fondent difficilement sur une vérité révélée, mais davantage sur des interrogations, des remises en cause, où le penseur prêche le faux afin de parvenir au vrai. Le dialogue permet l'échange de point de vue, l'enrichissement des thèses et la délibération, il offre la pensée la liberté de se développer librement et interdit le dogmatisme , c'est à dire l'expression d'une pensée unique. Le recours au dialogue semble alors plus conforme à un dessein philosophique.      Le Supplement au voyage de Bougainville est donc ½uvre qui combine des emprunts à plusieurs genres qui en font un complément précieux pour l’étude de la philosophie :dialogue philosophique, conte, apologue, utopie…Diderot emploie à l’écriture de cet ouvrage tout ce qui fait l’esprit léger et élégant des conversations des salons des Lumières et fait preuve de recherche d’un style plus naturel que celui des modèles rhétoriques traditionnels par l’enchâssement des dialogues, la vivacité du conte et des moyens empruntés à l’esthétique théâtrale. On voit donc que Diderot ne veut pas seulement instruire, mais veut surtout plaire et faire réfléchir le lecteur.   II)        • Registres variés : pathétique et polémique dans le discours du vieillard, polémique dans les réparties d’Orou, comique dans l’attitude de l’aumônier, dans certaines répliques de A et B.

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