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— T. Si. — S. Ainsi, unanimement contestée, la Vérité

Publié le 22/10/2012

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— T. Si. — S. Ainsi, unanimement contestée, la Vérité de Protagoras ne sera vraie pour personne, ni pour un autre que lui, ni pour lui. Théététe, 170a- 17 1 c 5. DE L'IMAGE À L'ESSENCE : DE L'OPINION À LA SCIENCE [SOCRATE-HERMOGÈNE] — S. Allons, voyons, Hermogène, en ce qui concerne les choses qui existent, quel est ton avis ? Crois-tu que leur essence est relative à chaque individu, comme le prétend Protagoras disant que « l'homme est la mesure de toutes choses «, ce qui paraît signifier : telles m'apparaissent les choses, telles elles sont pour moi, telles elles t'apparaissent, telles elles sont pour toi ? ou bien es-tu d'avis qu'en elles-mêmes, elles possèdent quelque permanence de leur essence ? — H. Pour ma part, Socrate, il m'est déjà arrivé dans mon embarras de me laisser aller à la thèse de Protagoras, alors que pourtant je ne crois pas précisément qu'il en soit ainsi. — S. Dis-moi, t'est-il déjà arrivé de te laisser aller jusqu'à ne pas croire absolument qu'il existe un homme méchant ? — H. Non, par Zeus, j'en ai assez souvent fait l'expérience pour être entièrement convaincu que certains hommes sont méchants et même qu'il n'en manque pas. — S. Et des hommes tout à fait bons, n'as-tu pas encore cru qu'il en existe ? — H. Fort peu. — S. Mais tu l'as cru ? — H. Oui. — S. Que t'en semble là-dessus ? n'es-tu pas d'avis que ceux qui sont tout à fait bons sont tout à fait raisonnables, ceux qui sont tout à fait méchants tout à fait déraisonnables ? — H. C'est bien ce que je pense. — S. Est-il donc possible, si Protagoras disait vrai, et si la vérité, c'est que les choses sont telles qu'elles appa- raissent à chacun, est-il possible que certains d'entre nous soient raisonnables, d'autres déraisonnables ? — H. Non certes. — S. Voilà du moins une chose dont tu es bien convaincu : puisqu'il y a raison et déraison, il est impossible que Protagoras dise vrai, car l'un ne serait en rien vraiment plus raisonnable que l'autre, si les opinions de chacun sont pour chacun la vérité. — H. C'est exact. — S. Mais je pense que tu n'es pas non plus de l'avis d'Enthydème pour qui toutes les choses existent toujours simultanément pour tous semblablement. Car les uns ne sauraient non plus être bons, les autres méchants, si vertu et vice étaient toujours semblablement pour tous. — H. Tu dis vrai. — S. Par conséquent, s'il n'est pas vrai que toutes choses soient toujours simultanément pour tous semblablement et s'il n'est pas vrai non plus que chacune soit propre à chacun, il est évident que les choses ont en elles-mêmes un certain être permanent, qui n'est pas relatif à nous, qui n'est pas notre fait, et que les choses ne sont pas entraînées de ci de là par l'image que nous nous en faisons, mais que les choses existent par elles-mêmes selon l'être que leur confère leur nature. — H. Il me semble, Socrate, qu'il en est bien ainsi. — S. Mais alors, les choses ayant ainsi leur nature, est-ce qu'il n'en ira pas de même des activités qui les concernent ? est-ce que ces activités elles-mêmes ne sont pas une forme déterminée de réalité ? — H. Assurément, elles aussi. — S. C'est donc conformément à leur nature propre que ces activités ont lieu, et non pas conformément à l'opinion que nous nous en faisons. Par exemple, si nous nous mettons à découper une des choses qui existent, devons-nous découper chacune comme nous voulons et au moyen de ce que nous voulons ? n'est-ce pas en voulant découper chacune conformément à la nature du couper et de l'être coupé et en nous servant de l'instrument naturellement approprié que nous réussirons à découper et que nous le ferons correctement, alors qu'en allant contre la nature nous manquerons le but et n'abou- tirons à rien ? — H. C'est mon avis. — S. Et si nous entreprenons de brûler quelque chose, ce n'est pas en nous conformant à toute opinion qu'il faut le faire, mais selon celle qui est correcte ? et cette dernière n'est-elle pas celle qui dit comment et avec quoi chaque chose est par nature propre à être brûlée ? — H. C'est bien cela. — S. Et ainsi du reste ? — H. Parfaitement. Cratyle, 385e-387b 6. LA CONDITION DE POSSIBILITÉ DE LA CONNAISSANCE [SOCRATE-CRATYLE] — S. Examine, mon cher Cratyle, ce qu'il m'arrive souvent, pour ma part, de rêver : Devons-nous oui ou non affirmer qu'il existe un Beau, un Bon en soi, et de même pour chacun des êtres pris individuellement ? — C. A mon avis, il faut l'affirmer, Socrate. — S. Examinons donc cet en soi. Il ne s'agit pas de savoir si un visage est beau, ou quelque chose de ce genre, car toutes apparaissent en proie à l'écoulement ; parlons du beau en soi : n'est-il pas toujours identique à lui-même ? — C. Nécessairement. — S. Est-il possible, s'il ne cesse de s'évader, de le qualifier correctement, en commençant par dire qu'il est ceci, puis qu'il est tel ; ou bien n'est-ce pas une nécessité que, dans le temps que nous parlons, il devienne aussitôt un autre soi, qu'il s'évade, et qu'il ne soit plus tel ? — C. C'est forcé. — S. Ce qui n'est jamais dans le même état, comment serait-il quelque chose ? Car à supposer qu'il vienne à conserver le même état, pendant ce temps-là du moins il est clair qu'il ne change en rien ; et s'il le conserve toujours et qu'il est toujours le même, comment changerait-il ou serait-il en mouvement puisqu'il ne s'écarte en rien de la nature qui lui

« lA CONCEPTION DU SAVOIR 201 raissent à chacun, est-il possible que certains d'entre nous soient raisonnables, d'autres déraisonnables ? - H.

Non certes.

-S.

Voilà du moins une chose dont tu es bien convaincu : puisqu'il y a raison et déraison, il est impossible que Protagoras dise vrai, car l'un ne serait en rien vraiment plus raisonnable que l'autre, si les opinions de chacun sont pour chacun la vérité.

- H.

C'est exact.

-S.

Mais je pense que tu n'es pas non plus de l'avis d'Enthydème pour qui toutes les choses existent toujours simul­ tanément pour tous semblablement.

Car les uns ne sauraient non plus être bons, les autres méchants, si vertu et vice étaient toujours semblablement pour tous.

- H.

Tu dis vrai.

-S.

Par conséquent, s'il n'est pas vrai que toutes choses soient toujours simultanément pour tous semblablement et s'il n'est pas vrai non plus que chacune soit propre à chacun, il est évident que les choses ont en elles-mêmes un certain être permanent, qui n'est pas relatif à nous, qui n'est pas notre fait, et que les choses ne sont pas entraînées de ci de là par l'image que nous nous en faisons, mais que les choses existent par elles-mêmes selon l'être que leur confère leur nature.

- H.

Il me semble, Socrate, qu'il en est bien ainsi.

-S.

Mais alors, les choses ayant ainsi leur nature, est-ce qu'il n'en ira pas de même des activités qui les concer­ nent? est-ce que ces activités elles-mêmes ne sont pas une forme déterminée de réalité ? - H.

Assu­ rément, elles aussi.

-S.

C'est donc conformément à leur nature propre que ces activités ont lieu, et non pas conformément à l'opinion que nous nous en fai­ sons.

Par exemple, si nous nous mettons à découper une des choses qui existent, devons-nous découper chacune comme nous voulons et au moyen de ce que nous voulons? n'est-ce pas en voulant découper cha­ cune conformément à la nature du couper et de l'être coupé et en nous servant de l'instrument naturelle­ ment approprié que nous réussirons à découper et que nous le ferons correctement, alors qu'en allant contre la nature nous manquerons le but et n'abou-. »

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