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Tous nos désirs peuvent ils être comblés ?

Publié le 16/01/2011

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Le désir,  « action de désirer, d’aspirer à avoir, à obtenir, à faire quelque chose «, selon le dictionnaire Larousse. Du latin « desiderare « et « considerare « signifiant respectivement : regretter l’absence de l’astre du signe favorable de la destinée et, contempler les astres pour savoir si la destinée était favorable, le désir représente donc un attente qui ne cherche qu’à être satisfaite. Il est difficile d’imaginer un homme dépourvu de désirs, d’attentes, de souhaits, au contraire, chaque homme a ses aspirations propres, personnelles qu’il tente tout au long de sa vie de combler, autant que possible.

Envies, rêves, souhaits, est il réellement possible d’assouvir tous nos désirs ? Nous sommes nous déjà posé la question si nous voulions tous les voir comblés ? La difficulté n’est pas de savoir si le désir peut être réalisé, mais bien si tous ceux d’un homme peuvent l’être.

Le désir, une notion abstraite et éphémère tout en étant permanente et pertinente. Essayons d’expliquer plus clairement notre raisonnement, le désir, « une notion abstraite «, est la quête d'un objet, d’un objectif, d’une personne que l'on imagine ou que l'on sait être source de satisfaction. On désire que ce qu'on n'a pas mais que l’on aimerait avoir, cela s'accompagne donc nécessairement d’un sentiment de privation, de vide, de manque. Seul le vieux désire rester jeune, seul le laid désire être beau. Platon expose cette thèse dans le Banquet, dans un dialogue mettant en scène Socrate dans une discussion arrosée où il est question de l’amour et du désir. Mais le désire reste finalement très complexe, il peut être durable, peut ne jamais s’interrompre, comme il peut s’assouvir en peu de temps. Ce sentiment peut s’avérer se transformer en douleur, en souffrance et plus encore s’il n’est pas aisé à combler. On comprend, dans ces conditions, que satisfaire ses désirs c'est alors mettre fin à une sorte de souffrance plus ou moins forte.

On en déduit donc que la réalisation de désirs peut alors contribuer au bonheur, mais l’aboutissement de tous ne rend pas forcément plus heureux. Le bonheur étant lui-même relatif, selon Kant, le bonheur est «  l'état dans le monde d'un être raisonnable, à qui dans tout le cours de son existence, tout arrive suivant son souhait et sa volonté", dans sa Critique de la raison pratique, autrement dis, connaître le bonheur, serait-ce tout simplement voir ses désirs assouvis au fur et à mesure de leur apparition ? D’une autre manière, voir la réalité se plier à l'ensemble de ses exigences ? Ce bonheur ne deviendrait il pas monotone s’il devenait commun ? Ce raisonnement paraît trop simple, et pourtant n’est il pas exacte ?

Le désir peut paraître telle une ressource naturelle éternellement renouvelable. Revenons à l'expression « tous nos désirs « : Combler tous ses désirs serait les satisfaire sans exception, sans relâche, au fur et à mesure qu'ils apparaissent. Or ne s'agit-il pas là d'un processus sans fin ? Par définition, un désir, une fois accompli, renaît. En effet, de la satisfaction passée naît le regret qui est lui même un nouveau désir. En ce sens, accomplir tous ses désirs n'est nullement la recette du bonheur, elle exigerait beaucoup trop d’énergie au quotidien pour finalement, peu de satisfaction. Celui qui choisirait ce mode de vie serait sans cesse en mouvement, incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.

Tout homme aimerai être heureux, connaître le bonheur absolu. Un homme, s’il mettait corps et âme à la réalisation de ses désirs y arriverait surement, mais d’autres éléments doivent être pris en compte, l’homme n’est pas seul, d’autres personnes veulent la même chose que lui, et ces autres personnes désirent à leur tour autre chose pour l’homme en question. C’est là que les deux notions « pouvoir « et « vouloir « entrent en ligne de compte. Un homme peut faire tout ce qu’il peut pour assouvir ses désirs, il n’obtiendra pas forcément ce qu’il veut. D’un autre sens, ce n’est pas parce qu’il s’évertue à vouloir quelque chose qu’il pourra l’avoir.

C’est en effet ce qui me semble le plus incongru dans la bonne réalisation de tous les désirs, certains sont absolument irréalisables. Il existe deux catégories de désirs : les désirs quotidiens, ponctuels autrement dit réalisables tel le fait d’avoir une bonne note à un devoir ou de passer une bonne journée, et il y a les autres, les désirs vains. Les sciences entrent alors parfois dans la partie, « je désire vieillir moins vite «, certaines parades existent en effet pour éviter les signes du vieillissement mais, ces femmes et hommes qui aspirent à rester jeunes peuvent ils réellement lutter contre le temps ? C’est au négatif que nous devons répondre à cette question, certaines conséquences sont inéluctables. D’autres désirs se méritent « je désire être président «, la volonté n’est plus alors suffisante pour les accomplir, les facultés intellectuelles et autres rentreront ici en ligne de compte.

On peut rajouter à notre raisonnement que certains de nos désirs font partis de notre inconscient, n’est il alors pas impossible des les contrôler ? De ce fait de les assouvir ? Dans la psychanalyse Freudienne, le désir est inconscient, il est en rapport avec l'histoire infantile. Il naît de l'écart entre le besoin et la demande. Les pulsions sont des désirs, les pulsions de ne contrôlent pas, les désirs ne se contrôlent ils pas ? Un syllogisme faux si l’on tient compte du raisonnement antérieur, mais pas entièrement. Le désir du violeur à l’affût, du voleur récidiviste, de la jeune femme boulimique est il contrôlable ? Certaines choses nous dépassent, l’inconscient est un des facteurs qui nous empêche de réaliser pleinement nos désirs, les plus enfouis.

Répondons alors à notre question initiale « tous nos désirs peuvent ils être comblés «, mon cœur utopiste aimerait dire oui, mais ma raison est pour le non. La volonté, la motivation ne sont pas des facteurs assez puissants pour influencer nos vies jusqu’à la rendre parfaite, si l’on considère bien sur que le fait de réaliser tous ses désirs la rendrait parfaite L’environnement, les conditions de notre époque actuelle, notre entourage ainsi que la complexité de notre inconscient nous amène à répondre par la négative à cette problématique. L’homme a des désirs qu’il s’évertuera à réaliser tout au long de sa vie mais le fait est qu’il ne les réalisera pas en intégralités. Finissons sur cette citation de Schopenhauer « Tout désir n’est qu’un manque et représente une suite sans fin «.

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