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Une œuvre d'art doit-elle être belle ?

Publié le 06/05/2011

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Il est arrivé à chacun de vivre cette expérience familière qui est de s’arrêter à la vue d’une peinture, d’une sculpture ou en écoutant une partition musicale avant de la juger comme étant belle. Il est commun de considérer que la beauté est l’unique finalité de toute création artistique. Mais porter un tel jugement sur une œuvre d’art est un acte délicat, voire impossible. En considérant qu’une œuvre d’art ne peut être belle pour tout le monde, la beauté est-elle vraiment une condition nécessaire ?

 

Une œuvre d’art est le résultat d’un processus de création qui fait émerger du néant une production artistique qui n’est jamais une simple reproduction mais une présentation personnelle et subjective du monde selon la perception de l’artiste et sa sensibilité propre.

Il suffit de se demander ce qui caractérise une œuvre d’art pour penser immédiatement à sa beauté. La notion de beauté désigne d'un point de vue objectif un rapport d'harmonie qui se rencontre dans l'objet. D'un point de vue subjectif, est beau ce qui donne un sentiment d’harmonie, d'unité et d’équilibre.

Les notions d’art et de beauté sont réellement indissociables. En effet, étant destinée à plaire à l’observateur, à l’émouvoir et exalter ses sens afin de le propulser vers une sensation de plénitude et de satisfaction, l’œuvre d’art est automatiquement assimilée à la beauté.

Cependant, tout le monde ne partage pas le même sentiment ni  n’éprouve la même émotion face au même objet. Ainsi, quand nous affirmons qu'une œuvre d'art est belle, nous devons garder en mémoire que nous exprimons seulement l'effet qu'elle produit sur nos sens et qu'il ne s'agit en aucun cas d'une vérité absolue.

La notion de « beauté » est donc une notion à laquelle renvoie le jugement de goût. En effet, lorsqu’on affirme que « c’est beau », on ne fait pas appel à un jugement de connaissance qui implique un certain savoir et donc beaucoup d’objectivité mais à un jugement de la valeur de l’objet en fonction du plaisir qu’il apporte à son spectateur.

Or, à partir du moment où la beauté d’une œuvre d’art dépend de la sensibilité de la personne qui la regarde, le jugement esthétique acquiert un caractère subjectif. Ainsi, le critère de beauté ne dépend plus de l’objet mais du sujet qui le perçoit. La beauté devient donc une notion relative qui ne peut prétendre à une validité universelle.

La beauté d’une œuvre d’art n’est cependant pas le seul critère qui détermine sa valeur et lui octroie le mérite de ceux qui la perçoivent. Force est de constater que plusieurs œuvres d’art jugées comme étant « belles » représentent un sujet laid ou repoussant dans la réalité sans que cela  porte atteinte à sa valeur artistique.

Selon Picasso : «  La peinture n'est pas faite pour décorer les appartements, c'est un instrument de guerre, offensif et défensif, contre l'ennemi. » La fonction de l’art n’est donc pas uniquement de plaire à l’œil et d’envoûter les sens. Il a également et surtout un rôle moral, thérapeutique, commémoratif, religieux, pédagogique…

Dans la catégorie de l’art engagé, nous pouvons citer Guernica de Picasso qui représente une scène de violence, de douleur, de mort et d'impuissance. Si on ne ressent aucun plaisir à regarder ces corps désarticulés et déformés, on se sent impliqué dans ce spectacle d’horreur à travers lequel l’artiste espagnol traduit son indignation en dénonçant les massacres de la guerre.

 

En conclusion, rien ne s’oppose à reconnaître et à apprécier la beauté d’une œuvre d’art à condition d’élargir le sens de ce terme et apprendre à l’apprécier en gardant en tête que toute œuvre artistique est le reflet de l’âme et de la sensibilité de son auteur ; et que sa compréhension permet un enrichissement et une amélioration de notre vison du monde.

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