Y a-t-il une vérité du rêve ?
Publié le 25/02/2005
Extrait du document
Et comment est-ce que je pourrais nier que ces mains et
ce corps-ci soient à moi ? si ce n'est peut-être que je me compare à ces
insensés, de qui le cerveau est tellement troublé et offusqué par les
noires vapeurs de la bile, qu'ils assurent constamment qu'ils sont des
rois, lorsqu'ils sont très pauvres; qu'ils sont vêtus d'or et de
pourpre, lorsqu'ils sont tout nus; ou s'imaginent être des cruches, ou
avoir un corps de verre. Mais quoi ! ce sont des fous, et je ne serais
pas moins extravagant si je me réglais sur leurs exemples.
Toutefois j'ai ici à
considérer que je suis homme, et par conséquent que j'ai coutume de
dormir et de me représenter en mes songes les mêmes choses, ou
quelquefois de moins vraisemblables, que ces insensés lorsqu'ils
veillent. Combien de fois m'est-il arrivé de songer, la nuit, que
j'étais en ce lieu, que j'étais habillé, que j'étais auprès du feu,
quoique je fusse tout nu dedans mon lit ? Il me semble bien à présent
que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier; que
cette tête que je remue n'est point assoupie; que c'est avec dessein et
de propos délibéré que j'étends cette main, et que je la sens : ce qui
arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout
ceci. Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d'avoir été
souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et
m'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point
d'indices concluants, ni de marques assez certaines par où l'on puisse
distinguer nettement la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout
étonné; et mon étonnement est tel qu'il est presque capable de me
persuader que je dors. "
2 Texte
Pascal Pensées 104/361 Pléiades, Gallimard)
"Imagination: c'est cette
partie dominante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté,
et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours;car elle serait
règle infaillible de la vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.
Mais étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa
qualité,marquant du même caractère le vrai et le faux.
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