Devoir de Philosophie

yiddish, littérature.

Publié le 06/05/2013

Extrait du document

yiddish, littérature. 1 PRÉSENTATION yiddish, littérature, écrits en langue yiddish, produits par les Juifs ashkénazes établis depuis le 2 XIIe siècle dans différentes contrées d'Europe centrale et orientale, puis dans le monde entier. LES ORIGINES Dès le XIIe siècle, des troubadours juifs parcourent l'Allemagne en récitant des traductions en yiddish des poésies épiques et des romans courtois des gentils, comme les juifs appellent alors les chrétiens. La littérature yiddish ancienne (v. 1250- v. 1540) et la littérature yiddish intermédiaire (v. 1540-v. 1800) sont écrites en yiddish occidental, dialectes d'Allemagne et des Pays-Bas, qui est remplacé au XIXe siècle par une nouvelle langue littéraire fondée sur le yiddish oriental, de Slavonie et des pays baltes. Alors que l'hébreu est la langue des lettrés, des textes sacrés, de la liturgie, de la correspondance ou de la comptabilité, la littérature yiddish s'adresse aux masses juives ne lisant peu ou pas l'hébreu, aux moins instruits, notamment aux femmes. Les premiers documents écrits en yiddish sont fragmentaires et consistent essentiellement en oeuvres de dévotion destinées à rendre la religion juive intelligible à tous, la Bible restant la source principale. Apparaissent alors des traductions littérales du Pentateuque (Augsbourg, 1544), des Psaumes (Venise, 1545) et enfin de la Bible entière (Amsterdam, 1676-1679). Dans le genre de la prose homilétique, la Tsene Urene (Sortez et voyez, Hanau, 1622) est une adaptation édifiante du Pentateuque, composée par le Polonais Jacob ben Isaac Ashkenazi (v. 1550-1625) à l'usage des femmes alphabétisées mais ignorant l'hébreu. Le Livre d'histoires (Bâle, 1602) est une compilation de légendes talmudiques et midrashiques et de contes moraux non juifs. La première oeuvre non religieuse est le Bovo Bukh (Isny), rédigé en 1541 par un juif italien, Elie Bakhur Levita (1469-1549), à partir d'une chanson de geste anglaise connue dans toute l'Europe sous le nom de Beuve de Hanstone (XIIe siècle) : ce roman mêle caractères judaïques et vertus chevaleresques. Les Mémoires de l'Allemande Glückel von Hameln (v. 1645-1724), première mémorialiste femme de la langue yiddish, donnent de précieux renseignements sur la vie des juifs de Hambourg aux XVIIe et XVIIIe siècles et consacrent le rôle de la femme juive. La littérature yiddish se développe sous les influences de la Haskala (mouvement de pensée juif influencé par les Lumières) et du hassidisme. La Haskala, lancée par l'Allemand Moses Mendelssohn dans la première moitié du XIXe siècle, a pour volonté d'apporter le rationalisme des encyclopédistes à la vie juive. Ses partisans considèrent le yiddish comme le jargon des masses et lui préfèrent l'hébreu, langue noble, ou les langues des pays d'accueil. Néanmoins en Europe orientale, les partisans de la Haskala sont contraints de publier en yiddish s'ils veulent éduquer les masses populaires. Paradoxalement, ils contribuent à donner au yiddish, utilisé dans un but strictement utilitaire, le statut de langue littéraire. Ainsi, l'Ukrainien Israel Aksenfeld (1787-1866) compose en yiddish des romans et des drames dirigés contre le hassidisme. Le Polonais Salomon Ettinger (1803-1856) est l'auteur d'une comédie, Serkele (1862), parodiant également la littérature hassidique. Mouvement de renouveau religieux populaire qui s'oppose au judaïsme officiel et à la Haskala, le hassidisme veut donner une dignité à la langue et à la littérature yiddish. Par l'utilisation du yiddish pour propager leur foi et leur message, les rabbis hassidiques en renforcent le prestige. Les écrits hassidiques sont essentiellement constitués d'hagiographies à la gloire des fondateurs et des chefs spirituels du hassidisme, de paraboles, de contes et de récits mystiques. 3 L'ÂGE CLASSIQUE La brève période classique de la littérature yiddish, dans les dernières années du XIXe et les premières du XXe siècle, s'incarne dans trois grands auteurs de fiction : le Russe Shalom Jacob Abramovitch, plus connu sous le nom de Mendele-Mokher- Sefarim (« Mendele le colporteur de livres «), l'Ukrainien Sholem-Aleykhem et le Polonais Isaac Leib Peretz. Tous trois, empruntant souvent les voies de l'humour, décrivent notamment la vie quotidienne du shtetl, le village juif. Leur oeuvre oscille entre des influences populaires et littéraires, et montre également leur intérêt pour la vie hors des ghettos traditionnels. Mendele-Mokher-Sefarim est le véritable créateur de la prose yiddish. Dans ses histoires, il combine un amour passionnément solidaire pour son peuple et un refus des humiliations de la vie du ghetto ( la Jument -- Di klyatshe, 1873 ; Fishké le Boîteux -- Fishke der krumer, 1868-1888). Sholem-Aleykhem, le plus adulé de tous les écrivains yiddish, décrit pour sa part avec humour, tristesse et tendresse l'épopée de la condition juive et du déracinement (Tévié le laitier -- Tevye der milkhiker, 1894-1916), donnant une dimension magique à la vie du peuple dans le shtetl. Isaac Leib Peretz, découvert par Sholem-Aleykhem, assimile quant à lui les influences des grands écrivains russes de son époque et de la littérature classique d'Europe occidentale. Il est le plus intellectuel et le plus cosmopolite des trois, donnant à la littérature yiddish une esthétique universaliste. Ses histoires, ses Contes hassidiques (Khasidish, 1908) et ses pièces (la Nuit sur le vieux marché -- Bay nakht oyfn altn mark, 1907) possèdent une subtilité psychologique digne de ses maîtres d'Europe occidentale. La littérature en langue yiddish s'épanouit dans le sillage de ces trois grands écrivains qui, par leur quête de valeurs nouvelles, créent une véritable littérature yiddish. 4 LA PÉRIODE POSTCLASSIQUE Après 1914, la vie des juifs d'Europe de l'Est se dégrade sous l'influence des guerres, des migrations, des révolutions et des persécutions. Un grand nombre des écrivains yiddish qui survivent à cette succession de drames émigrent aux États-Unis et s'installent à New York, qui devient bientôt l'un des trois centres littéraires yiddish dans le monde avec Varsovie et Odessa ; d'autres partent pour les pays d'Europe occidentale ou pour la Palestine. D'autres, qui vivaient en Russie, sont très affectés par la tourmente de la révolution bolchevique. Parmi les écrivains les plus remarquables de cette période figurent l'Américain d'origine biélorusse Abraham Reisen (1876-1953), auteur de poésies et de nouvelles évocatrices de son enfance misérable en Europe orientale ; l'Américain d'origine polonaise Shalom Asch (1880-1957), qui domine la littérature yiddish de son époque en y introduisant de nouveaux thèmes et se fait connaître d'un public non juif par son roman sur les débuts du christianisme (le Nazaréen -- Der Man fun Nazaret, 1943) ; l'Américain d'origine polonaise Israel Joshua Singer (1893-1944), auteur des Frères Ashkénazi (Brider Ashkenazi, 1936), qui, avec Shalom Asch, perfectionne le genre du grand roman yiddish ; et le Russe Zalman Chneour (1887-1959), qui remet en question les valeurs admises de la religion et de la morale sans pour autant se détacher du judaïsme. Le Biélorusse Moshe Kulbak (1896-1940), poète, romancier et dramaturge de tendance expressionniste, et l'Ukrainien David Bergelson (1884-1952) -- qui évoque, dans des romans (Près du Dniepr -- Baym Dniepr, 1932-36) et des drames (le Prince Reuveni -- Prints Reuveni, 1946), les désillusions du peuple juif et de la révolution russe -- font partie des nombreux écrivains juifs soviétiques qui ont disparu au cours des purges staliniennes. Un groupe d'écrivains yiddish américains -- originaires d'Ukraine, de Biélorussie, de Pologne ou de Galicie --, Di Yunge (« les jeunes «), parmi lesquels Avrom Liessin (1872-1938), Yehoash (ou Yehoyesh, pseudonyme de Solomon Blumgarten, 1972- 1927), Joseph Rolnick (1879-1955), Mani-Leib (1883-1953) délaissent les problèmes sociaux alors au centre de nombreuses oeuvres yiddish et s'attachent à promouvoir une esthétique de l'art pour l'art et un lyrisme personnel. Issus de ce mouvement, Leivick Halpern, dit H. Leivick (1888-1962), qui tente à travers son oeuvre dramatique (le Golem -- Der Goïlem, 1921) et poétique d'insuffler aux jeunes générations le refus du désespoir et de la violence, et Joseph Opatoshu (18861954) qui s'illustre dans le roman historique (Dans les forêts de Pologne -- In poylishe velder, 1921 ; Un jour à Regensburg -- A tog in Regensburg, 1933) et dans des nouvelles réalistes et drôles ayant pour cadre sa Pologne natale. Un autre groupe de poètes et d'écrivains immigrants, les Inzikhist (les « introspectivistes «) parmi lesquels Jacob Glatstein (1896-1971) et A. Leyeles (pseudonyme de Aaron Glanz, 1889-1966), traitent divers thèmes cosmopolites. Isaac Bashevis Singer, frère d'Israel Joshuah Singer, est peut-être le plus grand écrivain yiddish contemporain. Ses romans et nouvelles, parfois fantasques et humoristiques, dans la grande tradition de la littérature yiddish du XIXe siècle, traitent également de thèmes et de problématiques tout à fait contemporains, abordant avec une égale liberté de ton les problèmes des émigrants juifs aux États-Unis, les drames de la culture et de la foi juives dans la Pologne d'avant la Shoah, son histoire personnelle à travers la vie affective de ses personnages. Son humanisme inquiet, son sens de l'humour infaillible et un souffle romanesque peu égalé lui ont valu le prix Nobel de littérature en 1978. 5 POÉSIE, THÉÂTRE ET JOURNALISME La poésie yiddish n'atteint pas une véritable valeur littéraire avant le XXe siècle. Tous les grands poètes yiddish sont nés en Europe de l'Est ; la plupart ont émigré vers les États-Unis ou la Palestine. Les plus remarquables sont Simon Samuel Frug (1860-1916), auteur de chants exprimant sa nostalgie pour Sion ; Morris Rosenfeld (1862-1923), qui passe la plus grande partie de sa vie dans le Lower East Side de Manhattan, à New York, et s'attache à dépeindre la misère et l'exploitation des ouvriers juifs, et Haïm Nahman Bialik, le plus grand des poètes modernes de langue hébraïque, qui a également écrit des poèmes en yiddish. Parmi les principaux poètes écrivant en langue yiddish, il y a Melech Ravitch (1895-1979), établi à Montréal, et trois écrivains qui ont immigré aux États-Unis : Aaron Zeitlin (1898-1973), Itzik Manger (1901-1969) et Chaim Grade (1910-1982), célèbre pour ses poèmes évoquant l'Holocauste ou les yeshivas (écoles religieuses juives). Apparu dès l'époque médiévale, le théâtre yiddish s'est constitué sous les influences des troubadours et de leur répertoire (miracle, mystère et moralité), du carnaval puis de la commedia dell'arte. Des compagnies juives se forment et élaborent leur propre répertoire et leurs propres personnages, présentés à l'occasion de cérémonies familiales ou publiques, ou de célébrations comme la fête de Pourim. Au fil des temps, la tradition du pourimshpil (« drame de Pourim «), qui retrace l'histoire de la reine Esther (Livre d'Esther), se diversifie en introduisant d'autres épisodes bibliques, en recherchant des variantes et en recourant à l'improvisation. À la fin du XVIIIe siècle, les transformations politiques et économiques survenues en Europe orientale bouleversent la vie des communautés juives ; le théâtre yiddish change de façon radicale. En 1876, la rencontre à Ia?i, en Roumanie, d'une troupe d'acteurs itinérants (les Broder Zinger) avec le poète Abraham Goldfaden (1840-1908) se traduit par la fondation du premier théâtre yiddish dont la vocation est d'instruire et de distraire. Dans le contexte de la Haskala, Salomon Ettinger, Israel Aksenfeld, mais aussi Isaak Baer Levinsohn (1788-1860) ou Abraham Baer Gottlober (1811-1899) privilégient le genre comique et satirique de dénonciation sociale. Abraham Goldfaden, quant à lui, crée un théâtre de divertissement, inspiré de la tradition du pourimshpil. Le dernier quart du XIXe siècle en Europe orientale voit une recrudescence de l'antisémitisme et des pogroms (fermeture des théâtres juifs en Russie en 1883) : avec l'émigration massive des populations juives, le théâtre yiddish essaime dans le monde entier. Étapes sur la route vers les États-Unis, Londres et Paris accueillent l'une et l'autre des troupes théâtrales yiddish, New York en devenant la capitale. Souvent rivales, les troupes installées sur le Lower East End promeuvent un théâtre populaire, notamment grâce à Jacob Gordin (1853-1909) qui, empruntant ses thèmes à Friedrich von Schiller, William Shakespeare, Victor Hugo et Franz Grillparzer, crée des drames historiques et moralisateurs, à David Pinski (1872-1959) et à Shloime Anski (1863-1920), auteur du Dibbouk (Der Dibek, 1916), légende dramatique en quatre actes inspirée des légendes médiévales juives. En Europe orientale, de nombreux théâtres s'établissent au début du XXe siècle, à Riga, Odessa, Vilnius ou Varsovie. Simultanément victime de persécutions et bénéficiaire, de 1918 à 1948, de l'aide de l'État, le théâtre yiddish d'Union soviétique (Moskver Yiddish Kunsttheater) acquiert une grande notoriété, notamment à Berlin, grâce au talent de ses acteurs, tels Solomon Mikoels (1890-1948) et de sa direction (Aleksandr Granovsky et Benjamin Zuskin). Il doit cependant fermer ses portes en 1948, à la suite de l'interdiction des activités culturelles juives en Union soviétique. Le journalisme a également un rôle significatif dans le développement de la littérature yiddish. L'absence de maisons d'édition et la pauvreté économique des lecteurs potentiels limitant la vente de livres, la plupart des écrivains tirent du journalisme leur subsistance. Le premier journal yiddish est l'hebdomadaire Kol Mevasser (« la Voix annonciatrice «), fondé à Odessa en 1863. En 1865, le premier quotidien yiddish, Yiddishes Tageblat, voit le jour à New York. The Forward, quotidien new-yorkais créé par l'éditeur et écrivain américain Abraham Cahan en 1897, existe encore en yiddish et en anglais. 6 L'ÉVOLUTION RÉCENTE La littérature yiddish en provenance des États-Unis a pris une orientation universaliste. Les principaux interprètes de cette nouvelle culture sont le linguiste Max Weinreich (1894-1969), auteur d'une Histoire de la langue yiddish (History of the Yiddish Language, 1973), et Haim Greenberg (1889-1953), essayiste et promoteur du sionisme. La Shoah est évoqué dans d'innombrables témoignages en yiddish, récits du martyre et de l'héroïsme, et enquêtes sur la nature du mal. De ces oeuvres se détachent la poésie et le théâtre d'Itzhak Katzenelson (1885-1944), qui a participé à l'insurrection du ghetto de Varsovie et a été exécuté dans un camp de concentration. L'un de ses poèmes, le Chant du peuple juif assassiné (Dos lid fun oïsgehargten yidishn folk, post. 1945), composé en 1943-1944, est considéré comme l'une des expressions littéraires les plus fortes de la tragédie de la Shoah. D'autres témoins de cette tragédie sont Mordecai Gebirtig (1877-1942), Hersh Glik (1922-1944), Emanuel Ringelblum (1900-1944), l'auteur de Chroniques du ghetto de Varsovie (Notitsn fun Varshever geto, 1952), et Elie Wiesel (né en 1928), auteur de nombreux romans traitant de la Shoah. Très actif en Israël, le théâtre yiddish connaît à la fin du XXe siècle un certain regain au Canada, en Argentine, en Australie, en Afrique du Sud et Europe orientale et occidentale. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« 1927), Joseph Rolnick (1879-1955), Mani-Leib (1883-1953) délaissent les problèmes sociaux alors au centre de nombreuses œuvres yiddish et s’attachent à promouvoir une esthétique de l’art pour l’art et un lyrisme personnel.

Issus de ce mouvement, Leivick Halpern, dit H.

Leivick (1888-1962), qui tente à travers son œuvre dramatique (le Golem — Der Goïlem, 1921) et poétique d’insuffler aux jeunes générations le refus du désespoir et de la violence, et Joseph Opatoshu (1886- 1954) qui s’illustre dans le roman historique (Dans les forêts de Pologne — In poylishe velder, 1921 ; Un jour à Regensburg — A tog in Regensburg, 1933) et dans des nouvelles réalistes et drôles ayant pour cadre sa Pologne natale.

Un autre groupe de poètes et d’écrivains immigrants, les Inzikhist (les « introspectivistes ») parmi lesquels Jacob Glatstein (1896-1971) et A.

Leyeles (pseudonyme de Aaron Glanz, 1889-1966), traitent divers thèmes cosmopolites. Isaac Bashevis Singer, frère d’Israel Joshuah Singer, est peut-être le plus grand écrivain yiddish contemporain.

Ses romans et nouvelles, parfois fantasques et humoristiques, dans la grande tradition de la littérature yiddish du XIXe siècle, traitent également de thèmes et de problématiques tout à fait contemporains, abordant avec une égale liberté de ton les problèmes des émigrants juifs aux États-Unis, les drames de la culture et de la foi juives dans la Pologne d’avant la Shoah, son histoire personnelle à travers la vie affective de ses personnages.

Son humanisme inquiet, son sens de l’humour infaillible et un souffle romanesque peu égalé lui ont valu le prix Nobel de littérature en 1978. 5 POÉSIE, THÉÂTRE ET JOURNALISME La poésie yiddish n’atteint pas une véritable valeur littéraire avant le XXe siècle.

Tous les grands poètes yiddish sont nés en Europe de l’Est ; la plupart ont émigré vers les États-Unis ou la Palestine.

Les plus remarquables sont Simon Samuel Frug (1860-1916), auteur de chants exprimant sa nostalgie pour Sion ; Morris Rosenfeld (1862-1923), qui passe la plus grande partie de sa vie dans le Lower East Side de Manhattan, à New York, et s’attache à dépeindre la misère et l’exploitation des ouvriers juifs, et Haïm Nahman Bialik, le plus grand des poètes modernes de langue hébraïque, qui a également écrit des poèmes en yiddish.

Parmi les principaux poètes écrivant en langue yiddish, il y a Melech Ravitch (1895-1979), établi à Montréal, et trois écrivains qui ont immigré aux États-Unis : Aaron Zeitlin (1898-1973), Itzik Manger (1901-1969) et Chaim Grade (1910-1982), célèbre pour ses poèmes évoquant l’Holocauste ou les yeshivas (écoles religieuses juives). Apparu dès l’époque médiévale, le théâtre yiddish s’est constitué sous les influences des troubadours et de leur répertoire (miracle, mystère et moralité), du carnaval puis de la commedia dell’arte.

Des compagnies juives se forment et élaborent leur propre répertoire et leurs propres personnages, présentés à l’occasion de cérémonies familiales ou publiques, ou de célébrations comme la fête de Pourim.

Au fil des temps, la tradition du pourimshpil (« drame de Pourim »), qui retrace l’histoire de la reine Esther (Livre d’Esther), se diversifie en introduisant d’autres épisodes bibliques, en recherchant des variantes et en recourant à l’improvisation.

À la fin du XVIII e siècle, les transformations politiques et économiques survenues en Europe orientale bouleversent la vie des communautés juives ; le théâtre yiddish change de façon radicale.

En 1876, la rencontre à Iaşi, en Roumanie, d’une troupe d’acteurs itinérants (les Broder Zinger) avec le poète Abraham Goldfaden (1840-1908) se traduit par la fondation du premier théâtre yiddish dont la vocation est d’instruire et de distraire.

Dans le contexte de la Haskala, Salomon Ettinger, Israel Aksenfeld, mais aussi Isaak Baer Levinsohn (1788-1860) ou Abraham Baer Gottlober (1811-1899) privilégient le genre comique et satirique de dénonciation sociale.

Abraham Goldfaden, quant à lui, crée un théâtre de divertissement, inspiré de la tradition du pourimshpil. Le dernier quart du XIXe siècle en Europe orientale voit une recrudescence de l’antisémitisme et des pogroms (fermeture des théâtres juifs en Russie en 1883) : avec l’émigration massive des populations juives, le théâtre yiddish essaime dans le monde entier.

Étapes sur la route vers les États-Unis, Londres et Paris accueillent l’une et l’autre des troupes théâtrales yiddish, New York en devenant la capitale.

Souvent rivales, les troupes installées sur le Lower East End promeuvent un théâtre populaire, notamment grâce à Jacob Gordin (1853-1909) qui, empruntant ses thèmes à Friedrich von Schiller, William Shakespeare, Victor Hugo et Franz Grillparzer, crée des drames historiques et moralisateurs, à David Pinski (1872-1959) et à Shloime Anski (1863-1920), auteur du Dibbouk (Der Dibek, 1916), légende dramatique en quatre actes inspirée des légendes médiévales juives. En Europe orientale, de nombreux théâtres s’établissent au début du XXe siècle, à Riga, Odessa, Vilnius ou Varsovie.

Simultanément victime de persécutions et bénéficiaire, de 1918 à 1948, de l’aide de l’État, le théâtre yiddish d’Union soviétique (Moskver Yiddish Kunsttheater) acquiert une grande notoriété, notamment à Berlin, grâce au talent de ses acteurs, tels Solomon Mikoels (1890-1948) et de sa direction (Aleksandr Granovsky et Benjamin Zuskin).

Il doit cependant fermer ses portes en 1948, à la suite de l’interdiction des activités culturelles juives en Union soviétique. Le journalisme a également un rôle significatif dans le développement de la littérature yiddish.

L’absence de maisons d’édition et la pauvreté économique des lecteurs potentiels limitant la vente de livres, la plupart des écrivains tirent du journalisme leur subsistance.

Le premier journal yiddish est l’hebdomadaire Kol Mevasser (« la Voix annonciatrice »), fondé à Odessa en 1863.

En 1865, le premier quotidien yiddish, Yiddishes Tageblat, voit le jour à New York.

The Forward, quotidien new-yorkais créé par l’éditeur et écrivain américain Abraham Cahan en 1897, existe encore en yiddish et en anglais. 6 L’ÉVOLUTION RÉCENTE La littérature yiddish en provenance des États-Unis a pris une orientation universaliste.

Les principaux interprètes de cette nouvelle culture sont le linguiste Max Weinreich (1894-1969), auteur d’une Histoire de la langue yiddish (History of the Yiddish Language, 1973), et Haim Greenberg (1889-1953), essayiste et promoteur du sionisme.

La Shoah est évoqué dans d’innombrables témoignages en yiddish, récits du martyre et de l’héroïsme, et enquêtes sur la nature du mal.

De ces œuvres se détachent la poésie et le théâtre d’Itzhak Katzenelson (1885-1944), qui a participé à l’insurrection du ghetto de Varsovie et a été exécuté dans un camp de concentration.

L’un de ses poèmes, le Chant du peuple juif assassiné (Dos lid fun oïsgehargten yidishn folk , post.

1945) , composé en 1943-1944, est considéré comme l’une des expressions littéraires les plus fortes de la tragédie de la Shoah.

D’autres témoins de cette tragédie sont Mordecai Gebirtig (1877-1942), Hersh Glik (1922-1944), Emanuel Ringelblum (1900-1944), l’auteur de Chroniques du ghetto de Varsovie (Notitsn fun Varshever geto, 1952), et Elie Wiesel (né en 1928), auteur de nombreux romans traitant de la Shoah.

Très actif en Israël, le théâtre yiddish connaît à la fin du XXe siècle un certain regain au Canada, en Argentine, en Australie, en Afrique du Sud et Europe orientale et occidentale. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.

Tous droits réservés.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles